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Entretien avec le fondateur du Festival «On Marche», Taoufiq Izeddiou

Le Festival international de danse contemporaine à Marrakech «On Marche» inaugure la série d’événement célébrant «Marrakech, capitale de la culture dans le monde islamique pour l’année 2024». Le Festival, prévu du 1er au 9 mars, est placé sous le signe de la spiritualité en danse. Il célébrera le patrimoine exceptionnel et la riche histoire de la ville ocre. Le point avec le fondateur et directeur du festival Taoufiq Izeddiou.

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Entretien avec le fondateur du Festival «On Marche», Taoufiq Izeddiou
Taoufiq Izeddiou.



Le Matin : Le festival «On Marche» va inaugurer la série d’événements artistiques qui célébreront le statut de Marrakech, capitale de la culture dans le monde islamique. C’est une grande responsabilité pour vous ?

Taoufiq Izeddiou :
Dès le départ, j’ai conçu la programmation du festival autour de la spiritualité en danse contemporaine. Tout le programme est orienté vers cette question et aussi vers comment mettre des spectacles en résonance avec le Palais Bahia et la place Jemaâ El Fna. On a aussi pris en considération la musique et la danse traditionnelles marocaines comme source d’inspiration pour les danseurs contemporains. C’est une grande responsabilité, certes, mais on est au cœur de cette réflexion sur les spiritualités en danse contemporaine. C’est une fierté aussi de voir que la danse fait partie de cette célébration, car elle est toujours vue comme étrangère et fait peur. Il y a une résistance par rapport à cet art, car il touche au corps. Aujourd’hui, avoir un événement phare de la danse contemporaine dans la célébration de la capitale de la culture dans le monde islamique est une vraie reconnaissance pour la danse et pour les danseurs. On ne peut qu’être responsables, fiers et rassurés par rapport à l’avenir. «On Marche» invite des chorégraphes marocains confirmés et d’autres de la Palestine, la Jordanie, la Tunisie, l’Algérie, et d’autres pays du monde islamique. Chacun d’entre eux donne sa vision et son questionnement sur le monde qui ne peut qu’enrichir le programme du festival et donner plus d’écho à la danse à travers cette capitale islamique.



Cette édition est l’occasion pour faire connaître notre culture et notre patrimoine, quelle programmation proposez-vous dans ce sens ?

La programmation de la 17e édition d’«On Marche» est faite pour répondre aux besoins de la danse sur le territoire et sur le continent. On a «Nafass On Marche», la première formation professionnalisante en danse contemporaine qui a commencé avec le programme «Tarkiz» à Rabat et Casablanca. «Nafass», lancé à Marrakech, aide les danseurs à l’écriture chorégraphique, à la dramaturgie, au regard sur la danse, à la transmission et en même temps à approfondir leur technicité et le lien avec leur capacité et faiblesse corporelles. Il y a aussi «Taklif», le premier concours de danse contemporaine pour les jeunes chorégraphes qui en est à sa deuxième édition. Ce concours a un esprit pédagogique, car il propose, comme Prix, des résidences de création à l’international pour avoir un regard extérieur. On programme 4 spectacles de la génération «Taklif 2023» afin de voir l’évolution de leur travail. «Le forum sur le corps dans l’espace intellectuel marocain», qui a commencé l’année dernière, se poursuivra avec l’intervention de plusieurs universitaires au Maroc. Il permet de questionner la place du corps dans notre quotidien. Il y a aussi une programmation entre espaces public et scénique. Dans ce cadre, le spectacle «Panique olympique» pour les amateurs, semi-professionnels et professionnels est prévu le samedi 9 mars sur la place Jemaâ El Fna. C’est important pour nous d’élargir le public et de montrer que la danse n’a pas d’âge ou de corps et c’est ce qui fait sa richesse. Il y a également une soirée cinéma afin de mettre le doigt sur la question du corps dans les films. Le festival est un hub pour parler de toutes les questions en rapport avec la danse. Nous invitons des chorégraphes marocains et internationaux confirmés. Nous voulons que le public voit la diversité de la danse et l’impact du corps à l’échelle internationale.

Outre le Maroc, qui sont les pays invités au Festival en 2024 ?

Nous invitons des chorégraphes du Canada, de Palestine, de Jordanie, de Tunisie, de France, d’Allemagne, de Belgique, d’Algérie et d’Espagne.

Quels seront les temps forts de la 17e édition de «On Marche» ?

Tout est un temps fort, vu que la programmation est conçue en concordance avec les besoins urgents de la danse. Il y a le grand spectacle «Panique olympique#4» d’Agnès Pelletier. Vincent Dupont et Bernardo Montet, qui sont de grandes légendes de la danse, présenteront la chorégraphie «Silex et craie». Je peux citer aussi la participation du grand artiste Olivier Dubois, de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, directeurs du Centre chorégraphique de Franche-Comté à Belfort en France. La figure incontournable de la danse canadienne, Danièle Desnoyers, présentera une pièce en cocréation avec moi-même. Il y aura le spectacle du jeune chorégraphe marocain sollicité partout dans le monde, Youness Atbane. Je cite aussi la présence de la palestinienne Sama Wakim. Pour la soirée de clôture, il y aura les résultats du casting avec un jury pointu et professionnel.

Que pensez-vous de la situation actuelle de la danse au Maroc ?

Aujourd’hui, il y a une vraie écoute de la part du ministre de la Culture, Mohammed Mehdi Bensaïd, et de la part de son directeur des arts, Hicham Abkari. On soutient depuis 2 ans tout ce qu’on propose, mais il faut passer à un projet global, car les besoins de la danse diffèrent de ceux des autres arts. On a besoin de formations adaptées ouvertes, de lieux de danse et de repères pour les danseurs. La danse a aussi besoin de la réflexion, de la théorie, de l’intervention des scientifiques pour déterminer la place et l’importance du corps dans notre société dès le jeune âge. Il faut créer un marché durable pour la danse au Maroc afin d’encourager les danseurs à s’y installer. Aujourd’hui, on les forme, mais vu qu’il n’y a pas d’événement tout au long de l’année, ils vont ailleurs. Il faut créer une formation continue pour les danseurs, les chorégraphes et les formateurs.
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