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«Fil à Fil : Exploration moderne de la tapisserie» : une immersion dans l’art de la transmission signée Mostafa Maftah

«Fil à Fil : Exploration moderne de la tapisserie», organisée en partenariat avec la Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’Éducation-Formation, propose des créations qui témoignent non seulement du talent artistique de Mostafa Maftah, mais aussi de l’importance de la préservation des savoir-faire traditionnels. Chaque tapis tissé devient une toile vivante, portant en lui les émotions, les méditations et les histoires de l’artiste.

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Fasciné par les couleurs et les tapis depuis son enfance, l’artiste Mostafa Maftah présente, jusqu’au 8 mai à Rabat, des créations témoins de transmission et d’échanges singuliers. Organisée par la Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’Éducation-Formation, l’exposition «Fil à Fil : Exploration moderne de la tapisserie» propose un regard profond sur l’héritage culturel du Maroc à travers l’art du tissage de tapis, également connu sous le nom de «Zarabi». Mostafa Maftah utilise le tapis comme un médium pour explorer les dynamiques sociales et culturelles.



Dans un échange avec l’historienne de l’art et critique culturelle Elsa Guily, Maftah révèle son processus créatif et l’importance de la transmission des savoir-faire artisanaux. Pour cet artiste multidisciplinaire, l’art du tapis va au-delà de la simple création artistique. C’est un moyen de communication, un langage universel qui relie le passé au présent. «Dans le tissage, il est important de ne pas nier le passé, qui est là pour transmettre au futur. En faisant appel à toute mon existence, le geste devient un langage universel. La transmission est en ce sens liée à une méditation sur soi. Il y a un va-et-vient, un échange entre moi et l’objet. C’est de l’ordre de la sensation. C’est pour cela que je dois mettre mes mains pour transmettre». Maftah donne à l’œuvre toute la profondeur de son vécu d’artiste, transmettant ses sensations à travers chaque geste : «Je lui confère une âme par mon toucher, avec mon temps, mes changements. L’œuvre vit avec moi. Elle abdique face à mes émotions, mes méditations et mes états d’âme».

La pratique artistique de Mostafa Maftah révèle le côté relationnel et humain du tissage. Influencé dès son enfance par la dimension sociale de ce travail, il a choisi d’intégrer sa femme Malika dans son processus de création. «Malika vient d’une tribu du sud du Maroc, dans les gorges du Toudra. C’est une région qui a su maintenir la transmission de ses savoir-faire artisanaux. Le tapis au Maroc change comme le langage et ses dialectes, qui varient de l’Atlas au Rif. Le tapis aussi ressent ces variations. Malika me transmet ce savoir-faire régional particulier et, en retour, je lui donne mon savoir d’artiste “contemporain”. Avec le tapis, nous avons un langage créatif commun, comme une poétique de notre relation», confie-t-il à Elsa Guily. L’œuvre de Maftah est d’abord sociale. Il aime l’interaction avec le public et cherche toujours à l’introduire dans sa pratique artistique. Il cherche à stimuler le dialogue et à promouvoir la liberté d’expression en espace public. Son engagement en faveur de la transmission des savoir-faire traditionnels et de la création d’un espace de discussion intergénérationnel témoigne de sa vision inclusive de l’art comme un outil de transformation sociale.

Le processus de création artistique de ce lauréat des Beaux-arts de Casablanca et de Marseille qui expose depuis 1977 est intimement lié à son environnement et à son héritage culturel. Mostafa Maftah aime intégrer les matières et les objets dans son travail pour produire des histoires qui font appel au vécu et à la mémoire. Son intérêt à la diversité des techniques et des médiums n’est pas dicté par une volonté de rupture avec la peinture. Mostafa Maftah aime laisser la liberté à sa toile, à sa peinture.
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