Lorsqu’on invite Hassan Darsi à exposer dans un espace, il y amène ses agaves. Tel un symbole de résistance à l’hostilité du monde, au déracinement ou à l’oubli, ses plantes voyageuses s’accrochent aux pots qu’il a tagués de mots arabes guidant son processus créatif. En réalité, ce sont ses idées qu’il garde sous l’œil pour ne jamais perdre de vue l’essentiel de son engagement. Dans «Poem», «il est question de partage, d’expérience et d’éveil», souligne Abdallah Kerroum, commissaire de l’exposition et compagnon de route de Darsi. Ici, l’art n’est jamais neutre, jamais suspendu, toujours ancré.
Dans «Le square d’en bas», ce qui pourrait passer pour une maquette est bien plus que cela. Il s’agit en réalité d’un monument condamné à la disparition que l’artiste tentait de sauvegarder, alors même que les bulldozers le guettaient. L’artiste engage alors une course contre la montre pour en garder une trace, puis remodule sa création en détruisant des parties qui disparaissaient en temps réel sous le poids des machines. «On n’a pas pu le sauver, mais je ne suis pas dans la détresse. Je suis dans l’art», dit-il. Une phrase qui contient et dit tout : l’abandon, la dignité, la résilience.
Dans «Sarab», les échafaudages deviennent mirages. «Je subvertis et je poétise les outils des gens qui construisent», explique Darsi. Ce sont des structures rigides censées donner corps aux constructions ou aux projets, que l’artiste vient couvrir de couleurs et de transparence : «Un hymne contre l’opacité dans laquelle on vit», confie l’artiste.
Dans un esprit provocateur et ironique, la série «Dents de sagesse» exhibe des molaires démesurées, couvertes de dorure. Il s’agit de la propre dent de l’artiste qui, extraite car cariée, sert de modèle et devient allégorie de la sagesse pervertie. L’or recouvre ici la carie, comme le pouvoir et l’argent corrompent la sagesse.
Hassan Darsi est cet artiste rare dont chaque geste est un acte engagé. «Sa démarche artistique totale le pousse à s’investir pleinement dans son environnement et à l’intégrer au processus créatif à l’échelle de la vie», signe Abdallah Kerroum en épilogue du catalogue.
Fragments d’un corps collectif
«Poem» rassemble les œuvres des cinq dernières années, mais qui s’inscrivent dans un continuum tissé d’engagement lucide et de force combative. L’exposition est pensée en fragments, chacun autonome, tous en dialogue.Dans «Le square d’en bas», ce qui pourrait passer pour une maquette est bien plus que cela. Il s’agit en réalité d’un monument condamné à la disparition que l’artiste tentait de sauvegarder, alors même que les bulldozers le guettaient. L’artiste engage alors une course contre la montre pour en garder une trace, puis remodule sa création en détruisant des parties qui disparaissaient en temps réel sous le poids des machines. «On n’a pas pu le sauver, mais je ne suis pas dans la détresse. Je suis dans l’art», dit-il. Une phrase qui contient et dit tout : l’abandon, la dignité, la résilience.
Dans «Sarab», les échafaudages deviennent mirages. «Je subvertis et je poétise les outils des gens qui construisent», explique Darsi. Ce sont des structures rigides censées donner corps aux constructions ou aux projets, que l’artiste vient couvrir de couleurs et de transparence : «Un hymne contre l’opacité dans laquelle on vit», confie l’artiste.
Motif politique
Mais c’est avec «Les soulèvements» que le politique se dévoile sensiblement. Une centaine de petits cubes, encrés de couleurs, jaillissent d’un disque vertical. Ils évoquent des pierres, des vagues, les jetées sur lesquelles l’artiste travaille depuis 2008. «Le motif peut être décoratif, mais aussi hautement politique. Ces structures disent à la fois le conflit israélo-palestinien, le séisme d’Al Haouz et les manifestations populaires». En écho à cette série, «Vestiges» est composée des traces aléatoires des mêmes cubes, projetés sur le papier, laissant deviner des cartographies de constructions, ou de ruines...Dans un esprit provocateur et ironique, la série «Dents de sagesse» exhibe des molaires démesurées, couvertes de dorure. Il s’agit de la propre dent de l’artiste qui, extraite car cariée, sert de modèle et devient allégorie de la sagesse pervertie. L’or recouvre ici la carie, comme le pouvoir et l’argent corrompent la sagesse.
Hassan Darsi est cet artiste rare dont chaque geste est un acte engagé. «Sa démarche artistique totale le pousse à s’investir pleinement dans son environnement et à l’intégrer au processus créatif à l’échelle de la vie», signe Abdallah Kerroum en épilogue du catalogue.
