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«Inside» : Yassine Mandar explore l’intime à travers l’art numérique

L’artiste Yassine Mandar déploie dans son travail une quête artistique où se mêlent technologie, corps et mémoire. Son exposition «Inside», présentée jusqu’au 29 juillet à l’Institut français de Meknès, invite le public à franchir la surface visible de l’œuvre pour explorer ses dimensions cachées. Par un subtil mélange d’animation, de dessin et de réalité augmentée, l’artiste crée un espace d’interaction sensible et réflexive, où la danse et le mouvement s’incarnent dans une expérience immersive et plurielle.

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Artiste visuel diplômé de l’École des beaux-arts de Casablanca en 2021, Yassine Mandar explore les possibilités expressives des technologies émergentes tout en s’ancrant dans une démarche profondément introspective. À travers son projet «Inside», présenté jusqu’au 29 juillet 2025 à l’Institut français de Meknès, il invite le spectateur à une immersion sensorielle et réflexive au cœur même de l’œuvre.

Une œuvre immersive et interdisciplinaire

Soutenu par l’Institut français du Maroc dans le cadre du programme Lab Digital Maroc, «Inside» s’inscrit dans une recherche qui mêle étroitement art et innovation. En fusionnant dessin, animation vidéo et réalité augmentée, le projet s’articule autour du corps et du mouvement, utilisés comme outils d’exploration de l’intériorité. Cette approche donne à l’œuvre une dimension à la fois physique et poétique, où le geste devient vecteur d’expression.

En mettant en avant la beauté du geste et la symétrie des mouvements corporels, «Inside» établit un dialogue sensible entre danse, art numérique et technologie immersive. Grâce aux outils numériques, les œuvres prennent la forme de compositions interactives, où le mouvement – à la fois capturé et suggéré – révèle son énergie, sa grâce et son expressivité. Ce processus, fondé sur l’interaction et la cohabitation des langages, fait d’«Inside» plus qu’un aboutissement plastique : un espace d’expérimentation interdisciplinaire, propice à la collaboration entre artistes, performeurs et créateurs numériques.

Conçu comme un projet pluridisciplinaire, «Inside» conjugue animation, dessin, réalité augmentée et art digital dans un dialogue fluide et organique. Entamée en 2022, cette recherche fait suite à son projet de fin d’études, dans lequel chaque médium était encore exploré de manière autonome. Ici, Yassine Mandar choisit de les fusionner pour proposer une expérience artistique unifiée, où les frontières entre tangible et virtuel s’estompent. Ce glissement vers l’intime s’annonce dès le titre de l’exposition : «Inside», littéralement «à l’intérieur», une invitation à franchir la surface pour révéler les couches cachées de l’œuvre.

À travers une application mobile dédiée, les visiteurs sont invités à scanner les œuvres afin de découvrir un univers sous-jacent, invisible à l’œil nu, mais porteur de sens. Cette interaction transforme la relation classique entre l’œuvre et le spectateur : il ne s’agit plus seulement de regarder, mais de ressentir, de décoder, de participer.

Une recherche fondée sur la répétition et la mémoire

Au-delà de l’aspect technologique, le travail de Yassine Mandar s’inscrit dans une recherche plastique rigoureuse autour de la répétition, qu’il considère comme un langage visuel à part entière. Ce motif récurrent, qui traverse aussi bien ses animations que ses peintures, lui permet d’explorer les notions de mémoire, de cycle et de transformation. S’inspirant de la culture populaire, de son environnement immédiat et de fragments de souvenirs, l’artiste propose une interprétation abstraite du réel, à la fois sensible et critique.

Acteur engagé de la scène artistique contemporaine marocaine, il a pris part à plusieurs résidences et projets collaboratifs tels que «Golo Jam Zin», «Khaliya», «Global Game Jam» ou encore le Festival Jidar. En 2023, il est sélectionné pour l’exposition collective «10/10», organisée à la Villa des arts de Casablanca et de Rabat. En 2024, il a présenté son exposition solo à l’American Art Center, dévoilant son dernier projet. Chacune de ces expériences vient nourrir son regard et enrichir sa pratique.

Entre tradition plastique et innovation technologique

Ce qui distingue le travail de Yassine Mandar, c’est sa capacité à articuler une vision personnelle du monde avec des outils d’avant-garde. Pour lui, la technologie ne se substitue pas à l’émotion ni à la matière : elle agit comme un pont entre les langages, comme un levier de perception et d’engagement. En cela, «Inside» s’inscrit pleinement dans une génération d’artistes qui cherchent à renouveler les codes de la création contemporaine tout en restant à l’écoute du monde.



En conjuguant intuition artistique, maîtrise technique et sensibilité critique, Yassine Mandar nous rappelle que l’art, à l’ère numérique, peut encore être un lieu d’introspection, de dialogue et de révélation. «Inside», plus qu’une exposition, est une invitation à regarder autrement – et surtout, à regarder en soi.

Yassine Mandar, artiste visuel : «Les nouvelles technologies permettent d’établir un lien plus direct entre l’œuvre et le public»

Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique ?

Depuis mon enfance, l’art a toujours fait partie de ma vie. J’ai obtenu un baccalauréat en arts appliqués. Par la suite, j’ai intégré l’École des beaux-arts de Casablanca, où j’ai pu approfondir ma pratique.

Votre exposition «Inside» se distingue par son approche pluridisciplinaire. Pouvez-vous nous en dire plus ?

«Inside» est un projet que j’ai entamé en 2022, juste après l’obtention de mon diplôme.

ll s’agit d’une exposition pluridisciplinaire qui mêle plusieurs médiums : l’animation vidéo, la réalité augmentée, le dessin et l’art digital. Lors de mon projet de fin d’études, j’utilisais déjà ces disciplines, mais de manière séparée. J’ai eu envie, par la suite, de les réunir dans une seule œuvre cohérente.

Pourquoi ce choix maintenant ?

Auparavant, j’explorais librement les techniques qui me plaisaient : l’animation 2D, la peinture, etc. J’aimais passer de l’une à l’autre sans contrainte. Mais à un moment, j’ai ressenti le besoin de créer un projet global qui rassemble toutes ces disciplines, afin d’en faire une véritable signature artistique.

Pensez-vous que cette approche interdisciplinaire est nécessaire pour les artistes d’aujourd’hui ?

Cela dépend bien sûr de chaque artiste. Pour ma part, même lorsque je me concentre sur une seule forme d’expression, je ressens toujours le besoin de m’inspirer d’autres disciplines. Cela enrichit le travail, le rend plus complet et pertinent.

Pourquoi avoir intitulé le projet «Inside» ?

«Inside», c’est ce qui est à l’intérieur. L’idée est d’inviter le public à dépasser la simple surface de l’œuvre. Grâce à la réalité augmentée, les spectateurs peuvent littéralement «entrer» dans l’œuvre, la scanner et découvrir ce qui s’y cache. Cela crée une interaction nouvelle, une manière plus immersive de percevoir et comprendre l’art.

Quel rôle jouent les nouvelles technologies dans votre démarche ?

Elles sont essentielles. Elles permettent d’établir un lien plus direct entre l’œuvre et le public. Grâce à ces outils, les spectateurs ne se contentent plus de regarder une œuvre : ils interagissent avec elle, ils en découvrent les couches invisibles, ils réagissent. Cela change leur manière de percevoir, et surtout de ressentir l’art.
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