Menu
Search
Vendredi 19 Décembre 2025
S'abonner
close
Vendredi 19 Décembre 2025
Menu
Search

Julia Ducournau au FIFM : «Je suis là pour vivre les films, pas pour les juger»

Membre du jury de la 22ᵉ édition du Festival international du film de Marrakech (28 novembre – 6 décembre 2025), la réalisatrice et scénariste française Julia Ducournau revient sur la singularité du FIFM, son rapport aux premiers films et l’esprit collégial qui unit les membres du jury. Elle confie la manière dont elle aborde ce rôle, entre bienveillance, curiosité et respect des jeunes cinéastes.

Ph. Saouri
Ph. Saouri
Le Matin : Qu’est-ce que cela représente pour vous d’être membre du jury du Festival international du film de Marrakech (FIFM) ?

Julia Ducournau : C’est à la fois un honneur et un immense plaisir. C’est un festival qui met en avant les premiers et les deuxièmes films, et, en tant que cinéaste, j’éprouve toujours une vraie joie à voir éclore de jeunes réalisateurs. Les premiers films portent une énergie particulièrement forte, presque brutale : une envie de briser les murs, d’exister. C’est une intensité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Je trouve formidable que le festival leur offre cet espace, et je me sens privilégiée d’en faire partie.



Y a-t-il une différence entre un festival qui privilégie les premiers films et un festival plus généraliste ?


Oui, véritablement. L’énergie n’est pas la même, et la manière dont les réalisatrices et réalisateurs nous transmettent leur travail est différente aussi.

À Marrakech, il y a cette particularité : les cinéastes présentent leur film avant la projection. On voit immédiatement que c’est un moment chargé de fragilité, de fierté et de vulnérabilité. Cela nous met naturellement dans une disposition d’écoute et d’encouragement, avec l’envie de recevoir le film avec bienveillance et ouverture.

Donc, pour vous, les petites défaillances éventuelles ne comptent pas vraiment ?

Oh non, je ne suis pas là pour juger ou sanctionner ! Je suis là pour ressentir les films, les vivre, et partager une expérience humaine avec ceux qui les ont faits. À travers leurs œuvres, j’ai le sentiment de partager un fragment de leur humanité et de la nôtre. Je ne suis absolument pas là pour critiquer ou mettre des notes.

Comment se passent les échanges avec les autres membres du jury ?

Très bien. Ce qui est très positif, c’est que nous allons tous dans la même direction. Nous partageons cette idée que le jury n’est pas un lieu de notation, mais un espace d’écoute et d’accompagnement des films. C’est ce que nous nous sommes dit dès notre première rencontre : nous sommes dans un espace commun, alignés dans nos intentions. C’est quelque chose que j’ai immédiatement apprécié.

Et que pensez-vous de la composition du jury cette année ?

Je trouve que c’est un jury véritablement progénérationnel : toutes les tranches d’âge sont représentées. Sa dimension internationale en fait un ensemble très complet, où chacun apporte une sensibilité issue de son parcours et de son horizon culturel.

Cela crée un jury équilibré, qui reflète autant la diversité du cinéma mondial que la pluralité des regards que l’on porte sur les films.
Lisez nos e-Papers