Samedi 11 mai à 16 h sur le stand de Sochepress : Une foule monstre se bouscule devant les portes, restées obstinément closes, d’un écrivain de fantaisie saoudien, au grand désespoir du fan-club éconduit. Échappées à cette horde étonnamment bibliophile, deux jeunes femmes scannent les stands à la recherche d’une célébrité manquée par les caméras de télévision et les écrans «Tiktok». Leur choix s’arrête sur un monsieur penché sur un exemplaire de son recueil, qu’il dédicace avec le soin et l’art du poète. Le problème, c’est que le concept de la dédicace échappe totalement aux jeunes femmes. La plus audacieuse des deux s’approche pour demander à la responsable du stand la raison pour laquelle le monsieur écrit sur un livre destiné à être vendu, mais surtout s’il est connu ! Étrange concept qu’est la notoriété...
Sans mot dire, Mostafa Nissabouri continue de griffonner d’une écriture petite son invitation à «habiter poétiquement sur terre». Ce désir demeuré inchangé, depuis la fondation des revues marocaines Souffles (1966) et Intégral (1971), préserve le poète et le maintient suspendu au-dessus des marées d’idées et des ressacs idéologiques. La poésie est son Eldorado, mais surtout son refuge qui le protège de l’absurde d’une société qui se pixélise.Au tout début de «La variable poétique en premier», il confie «On se réveille un matin avec la ferme intention d’interrompre les visites qu’on rend habituellement, quelques fleurs à la main, à ses phrases convalescentes». Libérer les phrases de leur sens, de leur essence même, du fonctionnement de la pensée ou de leur polyphonie, a pour espoir de leur offrir le loisir de se métamorphoser en étoile errante dans le firmament : Une promesse d’éternité...
L’écriture de Nissabouri est à la mesure de son esprit : épaisse et abyssale. Elle rend hommage aux lieux physiques de ses pérégrinations : la dune, l’arbre, la montagne et la mer accueillent le déploiement de sa prose et s’en magnifient. Mais ce sont surtout les territoires abstraits qui sont glorifiés dans ce recueil polymorphe, qui plaide pour un évanouissement des frontières entre légendes antiques et songeries présentes. Il nous parlera alors de la présence, de l’absence, de la solitude ou de la mort, de la résurrection ou de ce chaos du monde, «une horreur en passe d’étendre sa mainmise sur nos existences confuses».
C’est en dégustant le texte, par bouchées lentes, que l’on peut en apprécier le sens, la littéralité ou la sonorité. Lire Nissabouri à l’ère de l’infobésité est un exercice salutaire pour s’extraire de l’inertie de la langue et de l’affligeant premier degré.
Dans l’intersigne, Nissabouri écrit : «Lui ne sait pas s’il vit ou s’il rêve, au diapason d’un ciel intérieur, avec des rimes ambulantes, avec leurs échos conjugués, avec le même cœur battant, blotti dans la même lumière, où l’éternité promet en échange, d’un mystère d’être réciproque». Bercés par ces mots communs qui étincellent d’un sens nouveau, l’on est invité à voyager au cœur de ce qui fait humanité : la pensée, le rêve et l’émotion.
Sans mot dire, Mostafa Nissabouri continue de griffonner d’une écriture petite son invitation à «habiter poétiquement sur terre». Ce désir demeuré inchangé, depuis la fondation des revues marocaines Souffles (1966) et Intégral (1971), préserve le poète et le maintient suspendu au-dessus des marées d’idées et des ressacs idéologiques. La poésie est son Eldorado, mais surtout son refuge qui le protège de l’absurde d’une société qui se pixélise.Au tout début de «La variable poétique en premier», il confie «On se réveille un matin avec la ferme intention d’interrompre les visites qu’on rend habituellement, quelques fleurs à la main, à ses phrases convalescentes». Libérer les phrases de leur sens, de leur essence même, du fonctionnement de la pensée ou de leur polyphonie, a pour espoir de leur offrir le loisir de se métamorphoser en étoile errante dans le firmament : Une promesse d’éternité...
L’écriture de Nissabouri est à la mesure de son esprit : épaisse et abyssale. Elle rend hommage aux lieux physiques de ses pérégrinations : la dune, l’arbre, la montagne et la mer accueillent le déploiement de sa prose et s’en magnifient. Mais ce sont surtout les territoires abstraits qui sont glorifiés dans ce recueil polymorphe, qui plaide pour un évanouissement des frontières entre légendes antiques et songeries présentes. Il nous parlera alors de la présence, de l’absence, de la solitude ou de la mort, de la résurrection ou de ce chaos du monde, «une horreur en passe d’étendre sa mainmise sur nos existences confuses».
C’est en dégustant le texte, par bouchées lentes, que l’on peut en apprécier le sens, la littéralité ou la sonorité. Lire Nissabouri à l’ère de l’infobésité est un exercice salutaire pour s’extraire de l’inertie de la langue et de l’affligeant premier degré.
Dans l’intersigne, Nissabouri écrit : «Lui ne sait pas s’il vit ou s’il rêve, au diapason d’un ciel intérieur, avec des rimes ambulantes, avec leurs échos conjugués, avec le même cœur battant, blotti dans la même lumière, où l’éternité promet en échange, d’un mystère d’être réciproque». Bercés par ces mots communs qui étincellent d’un sens nouveau, l’on est invité à voyager au cœur de ce qui fait humanité : la pensée, le rêve et l’émotion.