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Yacine Retnani : Le Maroc sur la bonne voie vers «Rabat capitale mondiale du livre 2026»

Alors que Rabat est désignée Capitale mondiale du livre pour l'année 2026, le ministère de la Culture s'active pour faire de cette distinction un tournant décisif dans la promotion de la lecture et de la littérature dans le pays. Pour Yacine Retnani, éditeur à La Croisée des Chemins et propriétaire des librairies Carrefour des Livres, le secteur de l'édition marocaine est en ébullition et ses professionnels sont pleinement engagés pour faire de Rabat une capitale littéraire à l'échelle mondiale.

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Il est vrai que pour avoir un point de vue dénué d’optimisme, il est inutile d’interroger Yacine Retnani. Il a trop longtemps bataillé pour le livre et la littérature pour laisser quiconque attenter à son entrain. Mais on a, tous, envie d’y croire et l’éditeur/libraire semble avoir de quoi stimuler un état d’esprit positif. «Nous sommes sur le bon chemin pour faire de “Rabat capitale mondiale du livre 2026” un événement marquant, si l’on se mobilise tous : Professionnels du secteur, pouvoirs publics et citoyens. Il en faut peu pour offrir au livre la place qui lui revient de droit dans le quotidien des Marocains».

En témoigne, selon Retnani, le Salon international de l'édition et du livre (SIEL) qui, en à peine trois éditions à la capitale, a enregistré une augmentation de 32% du nombre de visiteurs. Ce succès est, en partie, dû aux investissements de la ville hôte, mais également à la capacité du ministère de la Culture à adapter l'événement aux standards internationaux. «Aujourd’hui, le Salon de Rabat a dépassé Paris en termes d’attraction pour les éditeurs internationaux», affirme-t-il.

Vers un Maroc littéraire

Cependant, l'ambition de faire de Rabat une véritable capitale du livre ne devrait pas se limiter aux frontières de la ville, ni aux événements majeurs. Yacine Retnani espère voir une multiplication d’initiatives à travers tout le Maroc, pour créer une véritable explosion de la culture littéraire. «Je rêve de voir des panneaux publicitaires 4x3 de livres dans les rues, de création de prix littéraires prestigieux et d’événements itinérants organisés dans les régions les plus reculées», confie-t-il. Retnani évoque également l’importance de créer des événements autour de la lecture dans des associations d’enfants défavorisés, afin de rendre le livre accessible à tous. Ceci est de l’essor de tous les professionnels du livre, y compris les auteurs qui devraient donner de leur temps pour toucher le public.

Pour l’éditeur, Rabat peut être le point de départ d’une véritable transformation culturelle qui ruissellerait sur tout le pays et atteindrait même l’Afrique. «Nous devons traîner l'Afrique dans notre sillage et faire du Maroc un modèle pour le développement du livre et de la lecture», spécifie-t-il. «Je suis d’ailleurs personnellement investi dans la création prochaine d’un salon de littérature africaine à Casablanca, en partenariat avec des acteurs publics et privés», ajoute-t-il, enthousiaste.

Un redressement nécessaire

Malgré les défis économiques connus auxquelles sont confrontées les maisons d'édition, Yacine Retnani se réjouit des récentes avancées, notamment en matière de droits d'auteurs. En effet, les écrivains bénéficient désormais de 15% des subventions accordées à l’édition de leurs ouvrages. «C’est un pas en avant pour améliorer le statut et la rémunération des écrivains. Cette mesure obligera les éditeurs à partager les aides perçues, c’est un geste essentiel pour soutenir la création littéraire», note-t-il.

Cependant, d’autres défis subsistent, notamment en ce qui concerne le piratage qui ronge le secteur du livre. Et c’est en sa qualité de libraire cette fois-ci que Yacine Retnani s’alarme. Bien que cela reflète l'existence d'un public lecteur, il met en garde contre les effets néfastes de ce phénomène sur l’économie des livres et sur la survie des libraires. D’ailleurs, l’Association des libraires indépendants marocains (ALIM), dont il fait partie, ne cesse de signaler l’urgence de mettre en place des mécanismes de protection plus efficaces. «Si peu de livres marocains sont piratés, les livres étrangers sont vendus en nombre. C’est mortel pour les libraires qui, comme moi, ont fait le choix difficile, mais assumé, de ne pas faire de livres scolaires et de promouvoir de la littérature exclusivement», explique-t-il.

La jeunesse au cœur du changement

Si le Salon international du livre Jeunesse n’a pas encore fait ses preuves, Yacine Retnani y voit déjà un signe encourageant pour l’avenir du livre au Maroc. «Sachez que l’on a déjà vu naître quelques maisons d’édition Jeunesse en plus des maisons d'édition déjà existantes qui commencent à s’intéresser à ce secteur. Nos jeunes lisent de la fantaisie et de la science-fiction. C’est un marché énorme que nous devons développer», affirme Retnani qui exhorte les auteurs à s’intéresser davantage à cette cible clé, pour développer la lecture de la littérature marocaine.

Par ailleurs, l’intégration des nouvelles technologies dans le secteur éditorial est une autre piste de développement. Lors des récentes Assises des Industries culturelles et créatives, des discussions sur l’intelligence artificielle et l’édition ont suscité un grand intérêt. «Ces technologies pourraient enrichir nos catalogues et accélérer les processus éditoriaux. Mais nous devons également rester vigilants face aux utilisations frauduleuses de ces outils», conclut l’éditeur qui insiste sur la nécessité de prendre le train du développement mondial dans le domaine du livre et de l'édition.
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