Le Salon national des artistes contemporains émergents : le tremplin qui manquait

Ils ne sont pas moins de quarante artistes émergents, passés au crible d’un comité de sélection indépendant, qui vont exposer leur travail lors de la première édition de ce qui va communément s’appeler le Salon de Casablanca.



Bien plus qu’une exposition collective, le Salon se caractérise par des activités annexes essentielles au développement artistique et professionnel de la scène émergente. Au programme, on retrouve donc des ateliers, des workshops, des masterclass et des conférences, le tout animé par des professionnels nationaux et internationaux. En pourvoyant les artistes émergents d’outils de professionnalisation, le Salon espère favoriser leur intégration dans un écosystème pas toujours accueillant.

Un tremplin pour l’art

L’idée d’un Salon de Casablanca, à l’image du Salon de Montrouge à Paris, a longtemps bercé Ilyass Alami-Afilal qui bataille, depuis des années, pour plus de visibilité et de reconnaissance de la scène émergente. Depuis 2020, les actions de l’association Beaux-Arts Solidarité Maroc (Basma) s’emploient à référencer et à attirer l’attention sur les futurs grands talents. Cette première édition du Salon national des artistes contemporains émergents va ainsi offrir aux jeunes créateurs un espace de reconnaissance, où ils peuvent présenter leurs œuvres, échanger avec des experts d’art et des collectionneurs, tout en se présentant au grand public.

Dans sa démarche pour exposer les jeunes talents, le Salon a également l’ambition de briser les barrières d’accès au monde de l’art pour le public. Dans le but de démocratiser l’art, des ateliers d’initiation et des programmes pédagogiques ont été mis en place, accessibles à tous. À travers cette ouverture, le Salon compte participer à l’éducation artistique et à insuffler un goût pour l’art contemporain au sein de la société marocaine.

Formation continue

Le Salon propose une série d’ateliers à l’attention des artistes, mais également ouverts au grand public à la Villa des arts de Casablanca. Ces rendez-vous permettront aux visiteurs de s’initier à divers médiums : peinture, sculpture, dessin en perspective, collages, aquarelle, sculpture sur argile et calligraphie. Ces sessions offrent une opportunité unique d’explorer la création artistique en découvrant plusieurs techniques de base sous la conduite d’artistes confirmés. En parallèle, des masterclass destinées aux jeunes artistes sont prévues, abordant des thèmes essentiels pour une carrière artistique réussie. Les participants pourront approfondir leur savoir-faire en gestion de carrière, dessin d’observation, peinture cellulosique, photo-storytelling et gravure contemporaine, grâce aux interventions de professionnels nationaux et internationaux. À venir également deux conférences, hébergées à l’hôtel Kaan, qui vont se tenir les 5 et 7 novembre, portant sur les «Dessins et desseins» et «L’intelligence artificielle et les arts visuels». Le public y est gracieusement convié.

L’ambition culture

Pour Ilyass Alami-Afilal, Casablanca représente le cadre idéal pour accueillir un salon d’art contemporain, surtout dans un contexte où la ville a vu ses grands événements culturels et artistiques se déplacer vers d’autres centres comme Marrakech ou Rabat. Ce projet vise à redonner à Casablanca la place qu’elle mérite sur la scène culturelle, en tant que berceau historique de l’art plastique au Maroc, notamment avec l’héritage de l’École de Casablanca. Cette initiative est d’autant plus pertinente et essentielle qu’elle s’inscrit dans la Vision Maroc 2030, qui met un point d’honneur à promouvoir la culture et à encourager la jeunesse.Le Salon ambitionne non seulement de soutenir les jeunes artistes marocains, mais aussi de placer le Maroc en tant qu’acteur influent de la scène artistique mondiale. Dès la deuxième édition, le lancement du Prix «Jeune talent de l’Année» récompensera les artistes les plus prometteurs et encouragera les pratiques artistiques contemporaines locales. De plus, un colloque international sur le marché de l’art est prévu, avec un accent particulier sur les défis uniques rencontrés par les jeunes talents africains.

Le point de rencontre

Pour tenir sa promesse, le Salon de Casablanca a organisé deux conférences en amont de l’inauguration. Celle qui s’est tenu le 25 octobre à l’hôtel Kaan a été particulièrement riche en enseignement. Portant sur le thème «Galeries d’art et artistes visuels émergents : rapports et enjeux», la table ronde a réuni des personnalités influentes de la scène artistique marocaine. Hicham Daoudi du Comptoir des Mines Galerie, Abla Ababou de la galerie éponyme, Hassan Sefrioui de Shart Galerie et parrain de l’émission «Dream Artist», Aziza Laraki de Kent Galerie, ainsi que Mehdi Hadj Khalifa de Venise Cadre, ont partagé leur expertise sur la place des jeunes talents et leur positionnement dans le paysage artistique marocain. Les galeristes ont abordé les démarches clés pour qu’un jeune artiste puisse exposer dans des galeries renommées, mettant en avant les bonnes pratiques et les erreurs à éviter pour se faire une place durable dans le milieu. Ce dialogue a permis de démystifier les attentes des galeries, tout en offrant aux jeunes créateurs des perspectives précieuses pour affiner leur approche professionnelle et optimiser leur visibilité. Il va sans dire que cette conférence a donné le ton de ce que le Salon de Casablanca brigue comme objectif et comme qualité.