La cinquième édition du championnat national de slam-poésie du Maroc, organisée récemment par l'association SLAM'AROC dans le cadre du Festival D'KLAM 2025, a marqué un moment charnière dans cette aventure. Après des mois de sélections et de compétitions acharnées, cet événement a vu le sacre d'Amine Mkallech comme champion national. Fatine Fatmi et Adil Bennis ont respectivement décroché la deuxième et troisième place. Les dernières étapes du championnat organisées à l'Institut français de Casablanca, partenaire majeur de cette édition, en collaboration avec l'association Koun Aktif et Hip Hop Family, ont offert aux spectateurs une série de performances saisissantes, démontrant la force et la pertinence du slam au Maroc. Amine représentera le Maroc à la Coupe d'Afrique de Slam-Poésie, qui se tiendra en Guinée Conakry du 28 septembre au 6 octobre 2025.
De Casablanca aux scènes internationales, le slam marocain ne cesse de rayonner.
Le Festival D'KLAM, devenu une référence incontournable, s'inscrit dans cette dynamique en offrant un espace de rencontre et d'échange où se croisent des poètes locaux et internationaux. Ce festival, qui met en lumière la diversité des voix et des langues du Maroc, n'a cessé de croître, attirant un public fidèle et de plus en plus nombreux à chaque édition. La participation d'invités prestigieux, comme Arnaud Baana Enono (Faithfull), secrétaire général de la Coupe d'Afrique de Slam-Poésie, Zakli Kokouvi (Menteur Ambulant), ambassadeur de la Coupe d'Afrique de Slam-Poésie du Togo, et Woèbagnon Eusèbe Eyram Tamatekou (Aka Jeff Eusébio), champion du Togo 2024 a enrichi cette cinquième édition en ajoutant une dimension internationale à l'événement.
Cette année, le championnat a enregistré 73 candidatures venant des quatre coins du pays, preuve de l'ampleur et de l'engouement suscités par cette discipline. Les poètes ont livré des performances en plusieurs langues, dont le français, l'anglais, l'arabe, l'amazigh et la darija, offrant un véritable miroir de la diversité linguistique et culturelle marocaine. Au nom de l'association Slam'Aroc, Fatine Moubsit et Younes Aomari nous invitent à plonger au cœur de cette scène slam dynamique et passionnée, en explorant l'histoire, les enjeux et les perspectives de cet art oratoire au Maroc.
Younes Aomari : Itinéraire d'un slammeur passionné
Pouvez-vous nous retracer votre parcours et ce qui vous a conduit à vous investir dans le slam et l'écriture ?
J’ai commencé à écrire à l’âge de 11 ans, fasciné par les jeux de mots et la manière dont on peut transformer le vocabulaire quotidien en art. Mes premiers écrits étaient en arabe, mais c’est à 13 ans, après avoir participé à un atelier de slam, que j’ai aussi commencé à écrire en français. L’exploration de la poésie dans différentes langues est une de mes passions, et aujourd’hui, j’écris en arabe, français, anglais et en darija. Au-delà de l’écriture, j’éprouve un immense plaisir à créer des espaces de partage et de créativité. Mon premier atelier de slam s’est tenu devant ma classe en deuxième année du bac. J’ai ensuite rejoint un club universitaire appelé Speech Night, où nous partagions nos poèmes et débattions de nos idées. En 2021, avec un ami, nous avons fondé Moroccan Poets, un collectif qui nous a offert un refuge pendant la quarantaine à travers des rencontres d’écriture et des événements comme Mic Maftuh. En 2024, j’ai rejoint Slam’aroc en tant que président de l’Association. Ces dernières années, j’ai eu le privilège de voir certaines de mes œuvres publiées dans des magazines littéraires et de rencontrer des artistes partageant la même passion.
Qu’est-ce qui vous motive, aujourd’hui, à poursuivre cette aventure artistique ?
Au départ, le Slam n’a pas été un choix conscient pour moi, mais plutôt une découverte. J’écrivais déjà dans un style proche du slam avant même de connaître le genre. En apprendre davantage sur le Slam n’a été que la confirmation de ce que je faisais instinctivement. Aujourd'hui, ce qui me motive à poursuivre cette aventure artistique, c’est la liberté d’écriture, l’aspect inclusif de la discipline, ainsi que la performance. Le fait de pouvoir faire face à un public et de transmettre des émotions puissantes à travers les mots est un véritable défi. C’est aussi un moyen pour moi de documenter le monde et mon propre vécu à travers mon art.
Comment pensez-vous et écrivez-vous vos textes ?
Mon processus d’écriture est généralement arbitraire et imprévu. C’est souvent déclenché par un besoin d’un souffle, d’un silence aussi, quand les pensées deviennent très bruyantes et qu’on a besoin de leur offrir un espace physique. L’écriture est une solution prometteuse. Je me retrouve en face d’un cahier, de mon ordi ou des notes de mon téléphone. J’écris toutes mes pensées et après, je passe aux rimes, aux métaphores, mais ce qui compte, c’est de trouver une bonne formule au message que je veux convoyer, que ceci soit un partage d’une expérience douloureuse, un cri de justice ou un photographe en mot d’un moment passant. J’appelle le processus arbitraire, car l’inspiration peut venir aussi dans la forme d’une métaphore à explorer ou simplement d’une rime découverte durant une conversation. Écrire un poème peut prendre d’une heure à 3 mois. Ceci dépend de ma satisfaction du résultat qui varie de temps à l’autre.
Pouvez-vous nous parler des tendances émergentes dans le monde du slam ?
Le monde du slam reconnaît différentes tendances et ce qui est apparent dans la scène marocaine, c’est plus de diversité linguistique. Le Slam connaissait une prédominance du darija et du français, mais aujourd’hui nous trouvons aussi l’arabe classique, le tamazight, l’anglais et l’espagnol. Au niveau des sujets, les tendances sont communes partout au monde. Les préoccupations des jeunes qui forment la majorité des slameurs sont l’égalité, la justice climatique, la liberté, l’identité, la santé mentale, les défis sociaux, l’amour, etc.
Quel constat faites-vous de l’état de cet art oratoire aujourd’hui au Maroc et en Afrique ?
La scène africaine est bien développée quand on parle du Slam, avec des communautés riches, des scènes diverses et des opportunités manifestées dans des compétitions et des festivals, et cela inclut les championnats nationaux ainsi que la Coupe d’Afrique et la Coupe du monde. Dans le continent, le slam au Maroc se retrouve toujours dans le début de sa croissance, mais à un rythme sûr. Avec une communauté jeune et passionnée, un public affamé et des buts précis, le Slam au Maroc va sûrement rayonner. Cependant, les défis sont les mêmes dans tout le continent. L’introduction d’une nouvelle pratique artistique prend du temps pour que la scène l’adopte. Et cela comprend le public, mais aussi les investissements des fonds étatiques ou autres qui supportent la professionnalisation du slam au Maroc, mais aussi dans le continent. Et j’aime bien attirer l’attention vers les défis du travail en Afrique. À part l’infrastructure, l’échange artistique est souvent difficile avec les procédures de visa et les charges incroyables de mobilité.
Quel est selon vous l'impact social et politique du slam ?
L'impact social du slam se retrouve dans le sens de la communauté qu'il développe, dans la manière dont il libère le poète et l'auditeur de la solitude lorsqu'ils découvrent que leurs expériences sont universelles, ce qui contribue à renforcer l'estime de soi et la santé mentale. En dehors de cela, le slam aide à acquérir un bon ensemble de compétences utiles dans la vie de tous les jours, de la prise de parole en public à une meilleure maîtrise du choix des mots et de l'expression de soi. Pour l'impact politique, je ne dirais pas que la poésie peut influencer la politique de manière directe, mais elle peut sensibiliser sur certains sujets et ainsi aider le public à voir des perceptions différentes. Ce qui différencie le Slam de la poésie classique, c'est qu'il est vocal et qu'il parvient plus rapidement au public que la plupart des autres formes.
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur le projet D’Klam ?
Le projet D’Klam est le nom que nous avons choisi pour la coupe du Maroc de slam poésie depuis l’édition de 2022 qui était la troisième édition que le Maroc a reconnu. C’est un Festival de slam qui a pour but principal la qualification d’un champion marocain à la Coupe d’Afrique et à la Coupe du monde de slam poésie, et dans ce parcours de championnat, le festival inclut des scènes ouvertes et des ateliers où nous travaillons sur l’amélioration de tous les volets du slam (l’écriture, la performance et des thèmes divers) ainsi que des ateliers autour de la professionnalisation artistique et des guides pour l’organisation des événements de slam. Ce programme a reconnu, cette année, une formule hybride en combinant l’espace virtuel et physique, ce qui nous a donné la possibilité d’atteindre des slameurs partout au Maroc tout au long des 2 mois du programme.
Est-ce que le slam est une forme d'art accessible à tous ?
À mon avis, le slam est parmi les arts les plus accessibles, s’il n’est pas le plus accessible. Nous n’avons besoin que d’une langue, d’un stylo et du papier pour l’écrire, et rien de plus que notre voix pour le transmettre au public. Par contre, jouer des instruments ou peindre demande l’investissement de plus de ressources. Le Slam est libre des règles de poésie classiques (les structures, les rimes, etc.), ce qui compte est de garder l’esprit de poésie qui peut être résumé dans l’image poétique et la musicalité des mots.
Pensez-vous que les scènes Slam portent la poésie, plus que les moyens classiques tels que le livre, ou les lectures publiques ?
Je pense que chaque moyen touche à son audience de sa propre manière. Le Slam se distingue par sa flexibilité et son approche de contact direct avec l’auditeur. Comme le Slam est toujours écrit pour monter sur scène, ceci le garde proche de son audience et lui donne plus de chances pour inspirer d’autres artistes et attirer plus de poètes à l’essayer. Je crois que la poésie a toujours fait partie de notre société et il est temps que le slam fasse sa contribution aussi.
Quels sont les projets de l’Association Slam’aroc ?
L’objectif principal de notre Association Slam’aroc est de cultiver la scène de slam poésie et de la professionnaliser au Maroc. Dans cette poursuite, nous prévoyons de continuer à organiser le championnat national ainsi que des résidences artistiques. En outre, nous continuons toujours avec nos Open Mic et nos ateliers virtuels. Nous cherchons aussi à soutenir nos slameurs avec des opportunités de publications et de production.
Parcours de Younes Aomari
Younes Aomari, connu sous son nom de scène «Otakuflow», est un poète et slameur marocain reconnu pour son engagement artistique. Co-fondateur de «Moroccan Poets» et actuel président de l’association Slam’aroc, il joue un rôle central dans l’organisation du championnat national de slam au Maroc. Il a également co-organisé et animé «7ed L'Klam FL'uzine», un café slam mensuel, ainsi que d'autres open mics et activités en ligne. Younes anime régulièrement des ateliers de slam dans divers contextes, rassemblant un public varié et enrichissant la scène culturelle marocaine par ses rencontres slam. Sur le plan médiatique, il est le co-animateur de «Divartatay», un podcast novateur explorant les liens entre l’art et la neurodivergence, tout en promouvant une approche inclusive du monde créatif. Il a également pris part à des initiatives d’envergure telles que le camp d’été «Olive Writer’s 2022» et le programme «Artivism 2023».
Ses écrits, porteurs d’une voix authentique et percutante, ont été publiés sur des plateformes et dans des revues littéraires renommées, notamment «Space City Underground», «Ripple Lit», et l’association «Paris Lit Up».
À bâtons rompus avec Fatine Moubsit, fondatrice de l’association Slam'aroc et directrice du Festival D’Klam
Comment le slam est-il venu à vous ?
J'ai toujours écrit depuis mon enfance, sans vraiment savoir comment qualifier mes écrits. Je ressentais le besoin de partager mes mots, mais sans encore connaître le terme qui définit ce que je faisais. Je me disais que ce n’était pas de la poésie classique comme celle connue sur les bancs de l’école et régie par des règles, je savais au fond de moi que ce que je faisais était différent. D’autant plus que je m’intéressais non seulement au processus de l’écriture, mais à la dimension de l’oralité également, car j’appréciais déclamer mes poésies et faire entendre mes mots.
C’est en 2013, à l’adolescence, que j'ai découvert le slam grâce à une amie qui m'a fait écouter un slam qui résonnait profondément en moi. Cela a été un tournant, car cela a répondu à ma quête identitaire : quel est ce genre d'écriture et comment le nommer ? J’ai donc commencé à m’intéresser de près au slam poésie qui me semblait être le plus proche de ce que je faisais et à chercher activement à rencontrer des personnes qui partagent la même passion.
Il y avait des précurseurs dans le monde du slam déjà au Maroc, mais que je connaissais peu, comme c’était un art qui n’était pas très connu à l’époque et pas très médiatisé au Maroc.
En 2014, j'ai remporté mon premier prix de poésie et de monologue à l'occasion de la journée de la francophonie, ce qui m’a permis de fouler ma première grande scène. Puis, en 2015, j'ai remporté un concours de slam à l’occasion de la Journée européenne des langues. Ce qui a marqué un autre pas vers ma reconnaissance en tant que slameuse.
En 2018, j'ai été couronnée championne de la première Coupe du Maroc de slam poésie, ce qui m'a permis de représenter le Maroc à la Coupe d’Afrique de slam poésie au Tchad. Cette victoire m’a amenée à devenir ambassadrice de la Coupe d’Afrique de slam poésie au Maroc dès 2019. Mon rôle a évolué vers l'organisation du championnat du Maroc, avec la création de Slam’aroc pour accompagner cet essor.
Au fil des années, des projets comme les cafés slam et la deuxième édition de la Coupe du Maroc en 2020, adaptée à la situation de la pandémie, ont vu le jour. Le Slam est devenu pour moi bien plus qu'une passion : c'est un moyen de fédérer, de transmettre et de créer une communauté d'artistes, avec des événements comme le festival D’Klam qui continuent de prospérer aujourd'hui.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Depuis mon jeune âge, j’ai beaucoup apprécié lire des livres de tout genre et écouter de la musique classique, ma plongée dans ces deux mondes m’a naturellement frayé le chemin vers l’écriture et l’apprentissage du piano et m’a fait découvrir la poésie déclamée. J’ai eu par la suite une vie enrichie continuellement par différentes disciplines que ce soit académique comme la psychologie clinique, ou artistique comme la musique la poésie. À différents moments de ma vie, j’ai été à la rencontre de ces possibilités d’expression et au fur et à mesure j'ai pu construire quelque chose qui a pris aujourd'hui forme.
Quelle liberté le slam donne-t-il au poète ?
Le slam donne au poète la liberté d’être sujet porteur de sa propre parole. Une parole qui élève, qui narcissise et qui, dans le croisement avec un auditoire à l’écoute, délivre un sentiment de reconnaissance et de renaissance.
On ne peut parler de slam sans évoquer cette liberté d’expression, tant sur le fond – les thématiques abordées – que sur la forme et la langue. Le slam répond à un besoin humain, une nécessité de s’élever au-delà de la simple parole. La poésie devient alors une mise en mot du langage dans une autre forme.
Même au sein d’une même société ou culture, nous parlons différents langages. Ce qui est dit, ce qui est parlé, devient un espace de dépôt et de projection, où chacun peut puiser pour tenter de trouver l’objet de sa quête.
Dans les arts oratoires, l’artiste, avec son langage singulier, devient le porte-parole des autres. Il ne vit pas en dehors de la société. Il porte un discours qui met en scène des vécus et les mouvements qui l’animent, mais aussi ceux de la société. Il ingère le fait social, l’incorpore, le transforme, et nous en livre une œuvre d’art, colorée par sa subjectivité.
Enfin, l’oralité occupe une place centrale dans la vie humaine. Elle permet de transmettre, de communiquer, d’accéder à la culture. L’art oratoire transforme une parole profane, de tous les jours, en une parole pensée, cadencée, articulée – une parole savante. Le pratiquant de cette forme d’art y trouve une sublimation du vécu brut, et c’est, à mon sens, ce qui résume le fait de travail poétique.
Quelle place occupe l’écriture dans votre processus de création ?
L’écriture répond avant tout à un besoin urgent de créer, de mettre des mots sur l’indicible, de faire sortir des choses de moi pour les déposer dans un monde externe après les avoir portées en moi. Mon processus s’inscrit dans une démarche introspective. Mes espaces de publication (ouvrages ou réseaux sociaux) deviennent des dépôts psychiques transitionnels, où mes mots, en attente d’élaboration, se déposent dans un avant/après.
Je suis particulièrement attirée par la dimension autobiographique et introspective, présente dans mes textes, qu’ils soient poétiques ou en prose. J’affectionne une poésie sombre ou brute, faite de vers mélancoliques. Mes sujets plongent dans les abysses de soi, explorent les expériences vécues et surtout la manière dont elles ont été vécues. Mes textes sont traversés de remises en question, de tristesse, de colère, de douleur... autant d’affects mis en mots pour apaiser les maux ressentis. Il ne s’agit pas de pessimisme : la joie existe quand mes mots parviennent à dire ce qui va mal.
Mon immersion dans le monde de la clinique analytique, à travers mon métier de psychologue clinicienne et ma propre thérapie, m’a ouverte à une exploration de soi que le processus créatif emprunte pour sublimer le brut en œuvre d’art. C’est un va-et-vient constant : l’artiste en moi se nourrit de clinique psychanalytique, et la clinicienne en moi trouve un autre mode d’être à travers la slameuse. C’est un retour à soi, vers soi et sur soi... Une passerelle pour que mes affects soient subjectivés et symbolisés.
Ce double mouvement m’interroge et m’étonne, enrichissant ma pratique. Le slam a transformé ma posture de psychologue clinicienne, toujours en construction. C’est une clinique du slam poésie qui se met en scène, où le parfait n’est pas attendu, mais où le manque, le vide, l’ennui, le répugnant et le dégoûtant trouvent un espace pour être accueillis, questionnés, mis en mots, sublimés. L’idée est de faire de l’art tissé aux métiers de la psyché humaine ma vocation.
Comment l’association Slam’aroc soutient-elle les jeunes slameurs émergents et favorise-t-elle leur développement artistique ?
Un désir... un souhait... qui vole de ses propres ailes.
En 2019, j’ai fondé Slam’aroc pour promouvoir le slam au Maroc et créer une vraie communauté autour de cette pratique. Ce qui a commencé comme un groupe Whatsapp s’est transformé en une association qui se projette en fédération des slameurs/euses marocain(e)s
Slam’aroc est un lieu de rencontre, de partage et d’harmonie pour poètes, slameurs et amoureux des mots. Un espace de co-naissance, de création de lien, pour élargir le réseau du slam au Maroc et au-delà, en créant des passerelles, en encourageant la collaboration et l’entraide.
Notre but est d’inscrire le slam poésie dans un cadre de passion, accueillir toute création, promouvoir cette culture et faire se rencontrer les générations dans un mouvement vivant et constant.
Pouvez-vous nous parler de l’événement D’Klam ? Quel rôle ont des compétitions de slam ?
Un amour, une passion... D’Klam a été créé pour redynamiser le slam poésie au Maroc, en offrant un espace d’expression où chacun peut partager ses mots. Cet événement permet de rendre le slam plus accessible et de valoriser l’art oratoire, tout en offrant une scène aux jeunes talents. D’Klam propose un véritable espace d’expression : papier, stylo, micro.
L’organisation de cet événement est la concrétisation d’un concept visant à promouvoir la culture du slam poésie au Maroc et à permettre la visibilité des artistes marocains. Il s’agit d’un tremplin vers une ouverture sur d’autres cultures, tout en mettant en valeur la richesse de la culture marocaine à l’échelle internationale. Au-delà d’un simple concours, D’Klam constitue une passerelle artistique, faisant voyager la diversité linguistique et culturelle du pays à travers le monde. Chaque artiste marocain devient alors porteur d’une identité, représentant un Maroc pluriel et une jeunesse qui s’exprime.
Des perspectives à venir...
Nous souhaitons organiser D’Klam chaque année, au lieu de tous les deux ans, mais aussi mettre en place des concours régionaux, de véritables championnats locaux. À terme, l’objectif est de créer un festival national et international de slam poésie au Maroc, en invitant des artistes professionnels étrangers. Nous visons également l’intégration du Maroc comme pays hôte de la Coupe du Monde de slam poésie, avec l’ambition d’organiser un championnat mondial sur notre territoire.
Comment voyez-vous l'avenir du slam au Maroc ?
Il me semble que le slam commence à occuper une place de plus en plus importante ces deux dernières années. D’une part, il devient un outil d’apprentissage de la langue dans certains centres de langue, comme l’Institut français, mais également dans plusieurs cours de poésie classique, où il a permis de raviver cet amour perdu pour la poésie. Aujourd’hui, les jeunes s’intéressent de plus en plus au slam comme une forme d’expression oratoire, libératrice et vivante.
Cette discipline artistique commence à être reconnue, notamment avec l’instauration du concours Moubdiat en mars 2022, une belle initiative du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication. Le slam, tout comme le rap, fait désormais partie des catégories de ce concours.
Le Champion du Maroc de slam poésie représente le pays à la Coupe d’Afrique et à la Coupe du Monde de slam poésie. Rien que cette représentation contribue à valoriser davantage le slam.
Aujourd’hui, de nombreuses scènes ouvertes, ateliers et manifestations en lien avec le slam poésie fleurissent un peu partout au Maroc. Notre objectif, en tant qu’association Slam’aroc, est de participer activement à sa promotion dans tout le pays, y compris dans ses recoins les plus éloignés.
Tout cela annonce déjà un bel avenir pour le slam au Maroc dans les années à venir.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans le slam ?
Allez-y sans trop y penser ! Car il y a des choses que le slam arrive à panser ! Que ce soit pour les personnes qui écrivent déjà, qui font du slam ou qui ne se sont pas encore autorisés de le faire, car tout être humain à mon sens est un être de l’écrit comme il est être de parole... j’ai envie de dire : Donnez vie à vos mots, aimez-les et même s’il vous arrive de les détester, faites parler cet affect de haine.. Il paraît que ça crée des merveilles !
Fatine Moubsit : la voix de transformation entre psychanalyse et slam
Fatine Moubsit est une psychologue clinicienne, poétesse éditée, et slameuse, dont les textes introspectifs explorent avec profondeur les méandres de l’âme humaine. Artiste invitée dans de nombreux festivals internationaux de slam, elle est également fondatrice de l’association Slamaroc et ambassadrice de la Coupe d’Afrique de Slam Poésie au Maroc depuis 2019 et directrice du festival D’KLAM. En s’appuyant sur son expérience en psychologie clinique, Fatine allie art et soin dans une démarche singulière. Elle propose des ateliers de médiation thérapeutique par l’écriture et le slam, offrant à chacun un espace d’expression et de transformation. Dans le cadre de sa pratique, elle accompagne également des personnes en souffrance psychologique, mêlant créativité et écoute dans son approche. Co-présidente de l’association Sublimots et co-animatrice de l’émission Slamatoova sur Radio Pulsar, Fatine multiplie les initiatives pour promouvoir l’art oratoire. Elle œuvre activement à la création de ponts artistiques entre le Maroc et d’autres horizons, tout en partageant sa passion pour le verbe et l’humain à travers des actions de médiation et des rencontres autour des mots. Fatine a publié plusieurs recueils dont «Écrit et cris», «Tay Tay» (en darija issu du concept Bzaf Men Chwya : un concept d’écriture brute), «Journal de ma noirceur» et «Ils s’attendent à ce que je crève et je ne cesserai de les décevoir».Biographie du champion D’Klam 2025
Né à Oujda en 1991, Amine Mkallech vit et travaille à Jerada. C'est un artiste marocain, conteur, poète et dramaturge, diplômé en 2017 de l'Institut supérieur d'art dramatique et d'animation culturelle (Isadac) à Rabat. Son parcours a commencé en tant qu'écrivain avec quelques réflexions et tentatives d'écriture de paroles de rap au cours de son adolescence. Son expérience de l’écriture a renforcé son rapport à la lecture.Amine a reçu de nombreux Prix lors de concours de poésie et a participé à divers festivals nationaux de cet art. Il est également impliqué dans le théâtre tant au niveau national qu’international.
Sa véritable passion pour l’art n’a commencé qu’après avoir rejoint l’Isadac en 2013. Il a encadré plusieurs ateliers d’art dramatique pour enfants, adolescents et adultes, dans différentes villes du Maroc. En tant que comédien, il a participé à quelques œuvres télévisuelles, cinématographiques et théâtrales telles que les séries «Ridat Al-Walida», «Yaqut wa Anbar» ainsi que les films «Les Harkis», réalisé par le cinéaste français Philippe Faucon, «Les tempêtes» de la cinéaste franco-algérienne Dania Raymond-Bouguenou et le film expérimental «L’mina» réalisé par Randa Maroufi.
Amine a aussi participé à la pièce théâtrale «Bonbon amer» réalisée par Jihane Chakiri. Ses expériences personnelles et militantes ont servi de catalyseur à sa créativité.
