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«Calle Málaga» : Maryam Touzani fait de la vieillesse et du deuil un cinéma lumineux

«Calle Málaga» de Maryam Touzani plonge le spectateur au cœur d’une médina de Tanger habitée par les souvenirs et la mémoire. À travers le regard de Maria Angeles, interprétée par Carmen Maura, le film transforme le quotidien et la vieillesse en un terrain d’émotions, de désir et de transmission, révélant comment le cinéma peut sublimer le deuil et célébrer la vie à tout âge.

Présenté au 22e Festival international du film de Marrakech (FIFM 2025), «Calle Málaga» marque un tournant dans le cinéma de Maryam Touzani. Inspiré de la vie de sa grand-mère espagnole ayant vécu à Tanger et dédié à sa mère, décédée brutalement il y a trois ans, le film transforme la douleur de la perte en catalyseur créatif. Sélectionné pour représenter le Maroc aux Oscars 2026 et récompensé par le Prix du public à la Mostra de Venise, le long métrage s’impose comme un récit intime et universel sur la vieillesse, la liberté et les liens qui nous façonnent.

Tanger : mémoire, attachement et repères

Le film suit Maria Angeles (interprétée par la légendaire Carmen Maura, 79 ans), une femme qui refuse de quitter son appartement de la «Calle Málaga», malgré la volonté de sa fille Clara (Marta Etura) de vendre la maison. La réalisatrice y explore le lien viscéral à un lieu : une rue, un quartier, des habitudes quotidiennes, parfois plus puissants que les liens du sang.

À travers les ruelles anciennes, les marchés colorés et les terrasses de cafés de Tanger, le film restitue la chaleur et la bienveillance de la ville, tout en montrant la coexistence harmonieuse de ses habitants, y compris les communautés espagnoles attachées à la cité. L’appartement de Maria Angeles n’est pas qu’un décor : il est le reflet de sa vie, de ses souvenirs et de son identité.

Vieillir, c’est encore vivre

Le long-métrage affirme un message essentiel : la vieillesse peut être un nouveau départ. Maria Angeles refuse qu’on lui retire le droit d’exister pleinement à 79 ans. Maryam Touzani filme avec pudeur et dignité, révélant le désir, la tendresse et le choix qui persistent même à un âge avancé.

Transmission et objets chargés de mémoire

Chaque objet dans l’appartement – du tourne-disque familial au mortier hérité de son arrière-grand-mère – raconte une histoire et contribue à la transmission de la mémoire et de l’identité. Ces détails montrent que notre vie est faite de rencontres, de lieux et d’objets qui nous façonnent, donnant à chaque scène une profondeur émotionnelle et historique.

L’amour à tout âge

La rencontre entre Maria Angeles et Abslam, l’antiquaire, ouvre une parenthèse tendre et inattendue. Leurs gestes timides, leurs sourires retenus et leur humour discret rappellent que l’amour et le besoin de connexion peuvent surgir à tout âge. «Calle Málaga» montre que la vieillesse n’efface ni la sensualité ni le désir d’être regardé.

Une expérience partagée au FIFM

Au Festival, le film a suscité éclats de rire et applaudissements, preuve que sa profondeur émotionnelle ne l’empêche pas de toucher et de faire sourire. Maryam Touzani, émue, a rappelé les défis du tournage et la force de son équipe, tandis que Carmen Maura apporte toute la subtilité et la puissance émotionnelle requises pour incarner Maria Angeles.

Avec «Calle Málaga», Maryam Touzani confirme sa place parmi les voix majeures du cinéma marocain : une cinéaste qui filme l’intime avec douceur, humanité et fidélité aux lieux et aux histoires personnelles, transformant le deuil et la mémoire en un art universellement touchant.
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