Menu
Search
Mardi 10 Décembre 2024
S'abonner
close
Mardi 10 Décembre 2024
Menu
Search
lock image Réservé aux abonnés

Petites et grandes histoires du Maroc : un deuxième opus passionnant

Rachid Boufous n’a pas fini de raconter le Maroc. Après le succès de son premier recueil «Petites et grandes histoires du Maroc», le revoilà qui revient avec un autre recueil de chroniques historiques, deuxième d’une série qu’il espère nombreuse, toujours chez la maison d’édition Le Fennec.

No Image
S’il n’est pas historien à proprement parler, Rachid Boufous est épris d’histoire, celle de son pays tout comme celle du monde. Sa passion était telle qu’il passait son temps à rédiger des chroniques qu’il partageait avec ses amis, des textes qui regorgeaient d’anecdotes, d’événements marquants, d’éclairages, mais surtout de sens. Très vite, son entourage l’exhorte à consigner ses pépites dans un objet livre qui puisse être acquis, offert et transmis.



Prenant pour thème central la vie d’un personnage ou d’un événement marquant, le récit remonte les fils de l’histoire pour explorer le tissu socio-politique d’une époque donnée et expliquer les forces et les tractations que subit le Royaume. À distance, chacune des chroniques participe à éclairer un aspect de l’identité marocaine et à asseoir la fameuse «spécificité marocaine» qui a permis au Maroc d’être «la plus ancienne monarchie du monde».

Si le premier tome des «Petites et grandes histoires du Maroc» se permet le grand voyage à travers les époques, le deuxième tome se limite à l’exploration du règne des Dynasties Saâdienne et Alaouite. Et pour cause...

L’embellie Saâdienne

C’est sous les Saâdiens que prospère l’institution du Makhzen, en particulier durant le règne d’Ahmed El Mansour Addahbi. Sultan puissant et esthète, il fait prospérer le Maroc et le plonge dans un fast que lui envient les Européens et les Turcs. C’est également Addahbi qui mena l’offensive à Tumbuktu, mettant fin à l’empire Songhai et s’assurant la soumission et la loyauté de toute la région subsaharienne.

Le livre est truffé de faits historiques avérés, depuis la bataille des trois rois qui a laissé des cicatrices indélébiles dans l’imaginaire portugais, à la défaite de l’empereur Songhaï Askia et la récupération de l’or africain, en passant par la construction du Palais Badii et le présage funeste d’un bouffon qui prédit sa destruction.

Les alliances du Sultan Saâdien avec les forces étrangères n’étaient pas rares, que ce soit pour affronter d’autres puissances étrangères ou pour mater un soulèvement ou une trahison intérieure. Cela étant dit, jamais El Mansour Addahbi ne s’est soumis. Sa mort va malheureusement fragiliser le Royaume, qui sera alors tenaillé par les rivalités fraternelles.

Un récit Alaouite

Pour entrer dans l’Ère Alaouite, il fallait bien rappeler le mythe fondateur de la dynastie en évoquant Hassan Addakhil, l’Alaouite descendant direct du Prophète de l’Islam et qui, doté d’une Baraka pour guérir les palmiers dattiers du Tafilalet, s’installe définitivement dans l’oasis. Ce sont ses descendants qui mèneront la campagne, pour réunifier le Royaume au déclin de la Dynastie Saâdienne.

Très vite on découvre l’histoire de Abid Al Boukhari, ou la forte armée noire établie par le Sultan Moulay Ismaïl et qui, à la mort de ce dernier, gagne tellement en pouvoir qu’elle fait et défait les sultans.

Mais le récit Alaouite ne s’arrête pas aux exploits et aux personnages de la dynastie. On découvre l’ère entière avec ses caïds, ses brigands, ses bienfaiteurs étrangers et ses héros. De Raïsouni à El Glaoui, en passant par Abdelkrim El Khattabi, autant de Marocains ont fait l’histoire de la Dynastie Alaouite, au même titre que ses Sultans et ses Rois.

La lecture croisera également le nom d’Inès de Bourgoing, alias la Maréchale Lyautey, qui fonde la base du système de santé tel qu’on le connaît, mais aussi celui du Docteur Mauchamp, péri à cause de sa recherche sur les dégâts de la sorcellerie. Les personnages hauts en couleur de Jacques Lebaudy, Moulay Abdellah Amghar, Moïse de Maïmonide et bien d’autres, font partie de ce tome.

Ce que l’on aime dans la façon de faire de Boufous, c’est que ses chroniques romancées, à l’écriture plaisante, rafraîchissent l’histoire enseignée dans l’éducation nationale et consultent celle peu accessible des volumes spécialisés. Bon conteur qu’il est, Boufous essaye de réconcilier les Marocains avec une histoire qu’ils ignorent et qui a de quoi alimenter leur fierté et leur identité, loin des discours creux du chauvinisme agressif.
Lisez nos e-Papers
Nous utilisons des cookies pour nous assurer que vous bénéficiez de la meilleure expérience sur notre site. En continuant, vous acceptez notre utilisation des cookies.