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Rachida Belkacem : Permettre aux auteurs de tous les continents une visibilité et une mise en lumière, c’est la préoccupation du Prix René Depestre

Le premier Prix René Depestre sera décerné le 18 novembre 2023 à Paris. Parmi ses finalistes, les Marocaines Sofia Bennani, Hayat Chrif et Karima Echcherki. Le jury de l’édition 2023 est présidé par l’écrivaine Rachida Belkacem. Rencontre avec cette romancière franco-marocaine pour parler de ce concours.

Rachida Belkacem.
Rachida Belkacem.
Le Matin : Vous présidez le jury du Prix René Depestre, pour quelles raisons avez-vous accepté cette mission ?

Rachida Belkacem : Tout d’abord, je tiens à remercier les organisateurs : les Éditions Milot et l’association Adventus Nova, particulièrement son président, Donel Saint-Juste, et l’ensemble des membres du jury pour leur confiance. Depuis quelques années, je me suis intéressée à la sphère du livre. Je suis très heureuse de me voir confier l’honneur de présider ce Prix. À mon sens, le livre possède depuis toujours cette puissance du partage et celle d’accompagner l’âme humaine à s’élever. Et ce Prix répond à cela du fait qu’il dépasse les frontières de la France pour continuer à créer des passerelles culturelles.

Écrire à mon sens, c’est continuer à espérer un lendemain meilleur, principalement au milieu des multiples événements dans le monde que nous traversons tous actuellement (guerres, séismes, pandémie...). Présider et participer à ce Prix, c’est d’abord une occasion de rendre hommage à l’illustre et unique poète romancier et essayiste René Depestre, activiste politique œuvrant pour des valeurs humanistes qui ont traversé les frontières. C’est dans ce contexte que ce Prix s’inscrit : combats, partage et liberté au-delà des frontières.



En quoi ce Prix est-il important pour vous ?

La France est souvent désignée comme une nation littéraire, cependant l’international produit de très grands écrivains. Permettre aux auteurs de tous les continents une visibilité et une mise en lumière, c’est la préoccupation de ce Prix. La force de ce Prix permet de faire rencontrer un public avec une œuvre, et ce quel que soit le pays.

La liste des finalistes a été dévoilée récemment. Comment avez-vous trouvé la moisson de cette première édition ?

Fidèle à la richesse du monde, des œuvres puissantes, inédites et brillantes.

Que pensez-vous des participations marocaines à ce concours ?

Le Maroc recèle au sein de son paysage littéraire de grands noms dans principalement trois langues : le français, le berbère et l’arabe.

De nouveaux auteurs émergent de la scène littéraire, ils imposent de nouveaux registres, réflexions et créations inédits avec une valeur esthétique propre.

Quels sont les critères de sélection des ouvrages ?

Nous avons la précieuse contribution des membres du jury professionnel du milieu littéraire et de l’écriture avec lequel nous avons conclu des critères de sélection. Certains ouvrages ont été rapidement écartés, car ne répondant pas aux conditions du Prix.

Sensibiliser et créer des possibilités promotionnelles pour les jeunes auteurs reste indispensable pour encourager la création littéraire.

Selon vous, sera-t-il difficile de choisir un lauréat ?

Évidemment, de nombreuses lectures et échanges sur la qualité, la forme, le fond et la puissance du message de l’œuvre ont été consacrés.

Dans cette sélection, il y a des œuvres, une richesse avec des créations profondes et touchantes.

Dans le contexte international actuel, le Prix Depestre a-t-il une résonance particulière ?

Absolument au-delà de la symbolique, c’est la rencontre des univers, des talents, des mémoires, des luttes, des tumultes du monde avec l’amour des mots.Cette période de crise a été totalement bouleversée pour les auteurs, nous avons trouvé utile de maintenir et d’encourager à la création, car c’est une opportunité de témoigner des battements de cœur du monde à travers la plume. Un Prix comme un lieu unique des possibles, il répond à la mission ambitieuse d’unir les hommes autour du livre.

Comment votre franco-marocanité influence-t-elle vos écrits ?

Une richesse et une complémentarité permettant de donner une plus grande amplitude à ma personnalité et à mes écrits. Être Franco-Marocaine est un privilège que je savoure à chaque instant.

Comment percevez-vous votre rôle d’écrivaine dans la société ?

Juste comme une manière d’interagir avec le monde, l’écriture a cette force de créer du lien et de libérer la parole. Une manière de rappeler à l’homme l’importance de sa liberté.

Quels sont les sujets que vous aimez explorer dans vos livres et qu’est-ce qui influence votre choix ?

J’aime amorcer une réflexion autour de certaines thématiques : souffrance, deuil, dépassement de soi. Mes écrits parlent de l’intime de manière simple en faisant écho au quotidien de chacun.

Quels conseils donneriez-vous aux écrivains qui veulent réussir ?

D’écrire souvent et de lire obstinément. Écrire sur ce qui nous anime le plus et ce qui fait de nous des hommes fragiles, puissants et vivants. Transformer cela en force, celle de l’œuvre.

Parlez-nous de vos projets ?

Continuer à écrire, j’ai la chance de continuer à travers des salons, d’aller à la rencontre des lecteurs prochainement au Salon du livre de Soissons qui se tiendra les 7 et 8 octobre 2023 et qui mettra les femmes et la poésie à l’honneur. Actuellement, je réfléchis sur un projet autour de la thématique des femmes et du silence. J’imagine ce projet entre la France et d’autres pays. À travers l’écriture, nous pouvons changer notre regard, notre vision et notre interprétation du monde. Cela reste la seule possibilité d’apprendre qui nous sommes. Cela immensifie notre vision et dilate notre cœur.
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