Organisée par le Groupe Le Matin, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication et avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), cette édition marque la relance d’un rendez-vous littéraire longtemps attendu, réunissant auteurs, éditeurs, journalistes et lecteurs autour d’une même passion : la littérature.
Inédit dans le paysage médiatique marocain, cet événement marque la première fois qu’un groupe de presse organise une Rentrée Littéraire au Maroc. Une initiative audacieuse qui témoigne de la vision du Groupe Le Matin, désireux de dépasser son rôle d’observateur pour devenir acteur et catalyseur de la vie culturelle. À travers cette démarche, le média affirme sa volonté de replacer le livre et la lecture au centre du débat public, en tissant des liens entre créateurs, institutions et lecteurs, et en réaffirmant que la culture demeure un levier essentiel du développement et du rayonnement du pays.
Cette première édition de la nouvelle ère s’est déroulée du 1er au 3 novembre, marquant un moment fort pour la scène littéraire marocaine, qui retrouvait ainsi un rendez-vous annuel après plusieurs années d’absence.
Un programme au service du lecteur
Mohammed Haitami, PDG du Groupe Le Matin, a rappelé le chemin parcouru pour en arriver là : «Depuis plusieurs années, le Groupe Le Matin s’intéresse à la promotion du livre et de la lecture, en accueillant auteurs et autrices et en créant des espaces de diffusion et d’échange. Cette rentrée littéraire est un engagement renouvelé pour réunir l’écosystème du livre, susciter la curiosité des lecteurs et faire rayonner la culture au Maroc.» Il a insisté sur le rôle des médias dans ce processus, soulignant que «la lecture est un état d’esprit qu’il faut cultiver malgré les distractions des réseaux sociaux» et que l’événement constitue un véritable baromètre des préoccupations et des inspirations des auteurs et des éditeurs.
Soutien institutionnel et hommage à Retnani
Pour sa part, Ali Alaoui Sossey, commissaire de l’événement, a mis en avant l’hommage rendu à une figure emblématique du monde du livre, feu Abdelkader Retnani, dont le parcours a profondément marqué l’édition et la promotion de la lecture au Maroc. Fondateur de la maison d’édition La Croisée des Chemins et initiateur de la première Rentrée Littéraire marocaine, Retnani a consacré plus de 45 ans de sa vie à faire rayonner la culture et le livre, tant sur le plan national qu’international. Cette cérémonie inaugurait un rituel annuel d’hommage aux bâtisseurs du livre, une manière de préserver la mémoire et d’inspirer les générations futures.
La lecture, un engagement pour l’avenir
Cette Rentrée Littéraire, par son nouveau souffle, réunit ainsi l’ensemble des acteurs du livre – auteurs, autrices, éditeurs, libraires, imprimeurs et médias – dans une démarche de promotion culturelle durable, offrant un espace unique pour découvrir, échanger et partager autour de la littérature marocaine et francophone. Elle marque un engagement fort du Groupe Le Matin et de ses partenaires en faveur de la lecture et de la création littéraire, tout en soulignant que la culture constitue un pilier essentiel pour le développement intellectuel et social des nouvelles générations.
En clôture, l’événement a réaffirmé que la lecture n’est pas seulement un plaisir personnel, mais un acte citoyen et un vecteur de transmission culturelle.
Questions à Mohammed Haitami, PDG du Groupe «Le Matin»
Pouvez-vous nous expliquer comment le Groupe «Le Matin» en est venu à s’intéresser au livre et à la lecture ?
Cet engagement s’inscrit dans un processus entamé il y a plusieurs années. Nous avons commencé par le concept du «Book Club», qui consistait à accueillir chaque année une cinquantaine d’auteurs, en arabe comme en français, pour présenter leurs romans, essais et récits. De cette initiative est née l’idée de créer des kiosques de lecture dans les parcs, afin de permettre au plus grand nombre d’emprunter gratuitement des ouvrages et de découvrir la richesse de notre littérature.
Qu’est-ce qui a motivé la création de cette Rentrée Littéraire ?
Nous avons constaté qu’au Maroc, malgré l’engouement pour le livre – visible notamment lors du Salon du livre de Rabat ou du Salon de la jeunesse à Casablanca – il n’existait pas d’espace unique où l’ensemble de l’écosystème du livre pouvait se rencontrer. La Rentrée Littéraire est donc apparue comme une nécessité : un moment annuel structurant, permettant de connaître les centres d’intérêt des auteurs et des éditeurs, tout en servant de baromètre de la société.
Comment le programme de cette première édition a-t-il été conçu ?
Nous avons voulu aller au-delà de la simple présentation de nouveautés. Le programme comprend des master class sur l’école et la lecture, la critique littéraire, des lectures à voix haute et des rencontres. Tout est pensé autour du lecteur. Nous avons, également, rassemblé éditeurs, auteurs, libraires, imprimeurs et distributeurs afin de favoriser les échanges et, éventuellement, formuler des propositions aux décideurs publics pour renforcer la structuration du secteur.
Quelle est la vision du Groupe «Le Matin» derrière cette initiative ?
Pour nous, un média ne se limite pas à transmettre de l’information : il doit s’engager dans la société. Comme nous le faisons dans le sport ou l’éducation, nous voyons la culture et la lecture comme un devoir envers les générations futures. La lecture est un état d’esprit : elle nécessite calme et concentration, à l’opposé des distractions numériques qui absorbent aujourd’hui tant de jeunes. Cette Rentrée Littéraire est donc à la fois un geste symbolique et un engagement concret pour montrer que la culture compte et qu’elle contribue au rayonnement du pays.
Questions a Ali Alaoui Sossey, commissaire de la Rentrée Littéraire 2025–2026
Quelles ont été les motivations à l’origine de cet événement ?
L’idée est née d’un constat simple : au Maroc, malgré l’essor du secteur du livre ces dernières années, il n’existait pas de moment structurant, comparable à ce que l’on observe dans les pays où le livre occupe une place majeure. Plusieurs initiatives avaient été lancées il y a quatre ans, mais elles n’avaient pas su s’installer durablement. Nous avons donc souhaité investir cette idée afin de créer un rendez-vous régulier, permettant au secteur de se structurer davantage et de fédérer l’ensemble de l’écosystème autour de la lecture.
Quel rôle la jeunesse joue-t-elle dans cette première édition ?
La jeunesse est au cœur de notre démarche. Nous savons que les jeunes sont fortement exposés au digital et aux écrans, ce qui peut limiter leur curiosité et leur esprit critique. À travers cette Rentrée Littéraire, nous leur proposons une alternative : le livre et la lecture. Les activités mises en place – lectures à voix haute, ateliers et master class – visent à développer leurs compétences d’analyse, de réflexion et de critique, tout en leur offrant l’expérience concrète de l’univers du livre.
Comment avez-vous conçu le programme et choisi les thématiques ?
Le fil rouge de notre programmation est le lecteur, en particulier le jeune lecteur, et l’école. Les ateliers sont variés : lecture à voix haute, créativité, et même des sessions sur le fonctionnement du cerveau pour aider les jeunes à comprendre comment optimiser leur lecture. Chaque activité est pensée pour rendre la lecture accessible et attrayante, en favorisant l’appropriation de cette pratique.
Comment voyez-vous l’évolution de cet événement dans les années à venir ?
Cette première édition, qui a mobilisé une vingtaine d’éditeurs et de nombreux auteurs, est très prometteuse. À l’avenir, nous souhaitons élargir le nombre de partenaires et d’organisations impliquées, afin de transformer cette Rentrée Littéraire en un véritable momentum pour le livre au Maroc. L’objectif est de créer un rendez-vous annuel fort, qui fédère le secteur et incite de plus en plus de jeunes à s’approprier la lecture comme un outil de culture et de réflexion.
Déclaration de Ghizlane Drous, directrice du Livre, des bibliothèques et des archives, ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication
«Ce partenariat entre le Groupe “Le Matin” et le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, au sein du département de la Culture, illustre une volonté commune de placer le livre au cœur du paysage culturel national. Il n’est guère nécessaire de souligner que cette initiative est non seulement louable, mais également essentielle pour la promotion de la lecture et du livre. De telles actions sont indispensables, car la lecture concerne chacun d’entre nous et requiert l’implication de tous. Le ministère, à lui seul, ne saurait tout accomplir. Sa mission consiste à soutenir diverses initiatives et actions, mais le succès de la promotion du livre et de la lecture dépend également de l’engagement des médias, de la société civile et de l’ensemble des acteurs concernés. Il s’agit d’une entreprise collective, nécessitant un effort concerté pour faire progresser cette cause nationale. Dans ce cadre, le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication organise la troisième édition du Salon international du livre pour l’enfant et la jeunesse, qui se tiendra à Casablanca, à Amphaparc, du 8 au 16 novembre courant. Cette édition revêt un caractère particulier, puisqu’elle accueillera l’Unicef en tant qu’invité d’honneur et célébrera l’œuvre universelle du Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry. Le choix de cette œuvre n’est pas anodin : Antoine de Saint-Exupéry, célèbre écrivain et aviateur français, a écrit “Le Petit Prince”, dont l’inspiration trouve écho au Maroc, dans notre cher Sahara. Cette célébration coïncide également avec le cinquantième anniversaire de la Marche Verte, offrant l’opportunité de véhiculer les valeurs universelles du “Petit Prince”, valeurs en parfaite harmonie avec celles de notre pays. Il convient de rappeler que cette œuvre, la plus traduite au monde avec plus de 250 langues, trouve ici un lien unique avec le patrimoine et l’histoire culturelle du Maroc.»
Un week-end d’échanges et d’ateliers pour célébrer la lecture et la création
La journée de samedi a donné le ton en plaçant l’école au centre de la réflexion. L’enjeu était clair : comment encourager les élèves à lire et à renouer avec le plaisir du livre ? Les discussions ont mis en évidence la nécessité de faire évoluer les pratiques et de multiplier les approches créatives pour susciter la curiosité des jeunes lecteurs : intégration du livre dans les projets éducatifs, valorisation des expériences de terrain, innovation pédagogique...
Dans la continuité, un atelier consacré au fonctionnement du cerveau face à la lecture a permis de mieux comprendre comment se construit l’acte de lire : attention, mémoire, motivation... autant d’éléments qui façonnent la capacité à se concentrer et à s’approprier un texte. Une manière d’articuler sciences cognitives et apprentissage pour mieux accompagner les lecteurs en devenir.
La journée s’est clôturée sur la thématique de l’écriture créative, invitant les participants à explorer leur imaginaire et à libérer leur expression personnelle. L’atelier a insisté sur la puissance du récit, qu’il soit poétique ou narratif, et sur l’importance de développer sa voix singulière. Une manière d’encourager chacun à écrire, à raconter et à transmettre.
Le second jour a ouvert un autre chantier fondamental : la place de la critique littéraire dans l’écosystème culturel. Un échange nourri a permis de rappeler son rôle essentiel dans la valorisation des œuvres, la construction d’un dialogue entre écrivains et lecteurs, et l’enrichissement du paysage littéraire. La critique a été pensée non comme un jugement, mais comme un outil de transmission, d’apprentissage et d’émancipation. Cette idée de partage s’est prolongée avec un atelier dédié à la lecture à voix haute, envisagée comme une performance et un acte collectif. L’objectif : dépasser la lecture silencieuse pour renouer avec l’oralité, transmettre l’émotion du texte et créer un moment de présence entre lecteur et auditoire.
Enfin, un atelier centré sur le journalisme littéraire a permis d’explorer une autre manière d’accompagner les œuvres : par l’entretien, l’écoute et l’écriture. Comment interroger un auteur ou une autrice ? Comment transmettre sa pensée sans la trahir ? Une initiation qui a mis en lumière l’importance de développer des regards sensibles et informés sur la création.
Au fil des séances, une conviction s’est imposée : la lecture, l’écriture et la critique forment un triptyque essentiel pour nourrir la vie culturelle. Encourager la lecture dès le plus jeune âge, comprendre les processus d’apprentissage, stimuler l’imaginaire, penser la création et apprendre à en parler... autant de pistes qui ont traversé ces deux jours et qui appellent à être prolongées.
