L’émotion était palpable mercredi soir au Sofitel Jardin des Roses à Rabat. Pour sa deuxième escale littéraire du mois, le «Book Club Le Matin» a ouvert un moment suspendu avec l’écrivain Youssouf Amine Elalamy, venu présenter «La vie lui va si bien», roman-hommage à la figure maternelle.
Un texte pudique, structuré en courts chapitres comme autant de fragments de mémoire, lu et discuté en présence d’un public conquis. Modérée par Abdelilah Krim, professeur universitaire à l’Université Ibn Tofail, la rencontre a débuté par un rappel de la trajectoire singulière de l’auteur : de Larache à New York, de la stylistique à la narration visuelle, Elalamy tisse depuis 1998 une œuvre éclectique, primée à l’échelle nationale et internationale, traversée par les questions de l’intime, du collectif, et du lien entre écriture et mémoire.
Pour l’auteur, le réel est une source intarissable de romanesque. «Je suis fasciné par le réel, et encore plus par l’espèce humaine. Je suis toujours en veille. Je capte des détails, j’observe, je note mentalement. La littérature, c’est cette capacité à sublimer le quotidien sans le trahir.»
Un texte pudique, structuré en courts chapitres comme autant de fragments de mémoire, lu et discuté en présence d’un public conquis. Modérée par Abdelilah Krim, professeur universitaire à l’Université Ibn Tofail, la rencontre a débuté par un rappel de la trajectoire singulière de l’auteur : de Larache à New York, de la stylistique à la narration visuelle, Elalamy tisse depuis 1998 une œuvre éclectique, primée à l’échelle nationale et internationale, traversée par les questions de l’intime, du collectif, et du lien entre écriture et mémoire.
La mère comme fil conducteur
«La vie lui va si bien» est une déclaration d’amour à la maman de Youssouf Amine Elalamy, et à travers elle, à toutes les mères – une figure rendue universelle par la finesse du regard porté sur elle. L’écrivain y décrit l’attente, les silences, les détails du quotidien avant que la parole maternelle ne s’ouvre, lentement. «Maman se lève pour me servir à manger, mais elle ignore que c’est d’histoire que j’ai faim», écrit-il dans un passage lu à voix haute par l’auteur. Loin de l’entretien formel, Youssouf Amine Elalamy préfère l’écoute patiente et les digressions feintes pour faire surgir les récits enfouis. Il raconte comment, chaque midi, il déjeune avec sa mère, et laisse la conversation révéler par bribes une vie de souvenirs, de douleurs, de résilience. Le tricot devient ainsi une métaphore de l’écriture : «Elle tricote, moi j’écris. Elle noue des fils de laine, moi je noue des fils d’encre».Une écriture qui interroge et apaise
Le roman est tissé de questions. Près de quarante chapitres s’achèvent sur des interrogations ouvertes, comme une invitation faite au lecteur de penser, ressentir, prolonger. «L’écriture a peut-être moins apaisé l’auteur que sa mère elle-même», confie Elalamy. «En lui laissant la place pour se raconter, je l’ai vue retrouver des liens oubliés, redonner corps à des visages et des souvenirs». L’écrivain précise dans ce sens que «représenter, c’est rendre présent. En lui permettant de parler, je lui ai offert l’occasion de rendre présents les absents. Son mari, ses parents, son enfance.»Le mythe et le réel entremêlés
Ce roman est aussi une exploration du romanesque dans le quotidien. Le personnage du coq, «vieil animal domestique épargné par le grand-père», incarne cette idée. En partant d’un souvenir familial réel, Elalamy construit une allégorie de la condition humaine : «Le coq a été épargné. Il a vécu jusqu’à un âge avancé, devenant majestueux. La vie lui allait si bien. C’est cette idée que j’ai voulu saisir, pour dire que la vie nous va à tous – parfois sans qu’on en ait conscience».Pour l’auteur, le réel est une source intarissable de romanesque. «Je suis fasciné par le réel, et encore plus par l’espèce humaine. Je suis toujours en veille. Je capte des détails, j’observe, je note mentalement. La littérature, c’est cette capacité à sublimer le quotidien sans le trahir.»
