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Adoption des crypto-actifs : le Maroc au 58e rang mondial !

Publié par Bybit en partenariat avec DL Research, le Rapport «The World Crypto Rankings 2025» dresse un panorama mondial de l’adoption des crypto-actifs. Si les économies développées dominent le classement grâce à des cadres réglementaires solides et une intégration institutionnelle avancée, le Maroc illustre le profil de nombreux marchés émergents : une adoption réelle portée par les usages, mais freinée par un environnement juridique et institutionnel encore fragile.

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Le Rapport «The World Crypto Rankings 2025» vient d’être publié par Bybit en partenariat avec DL Research. Cette étude s’appuie sur 28 indicateurs et 92 points de données pour analyser la manière dont les crypto-actifs s’intègrent progressivement dans la vie quotidienne à travers le monde. L’étude évalue l’adoption selon quatre piliers : le taux de pénétration des utilisateurs, l’usage transactionnel, le niveau de préparation institutionnelle, notamment en matière d’environnement juridique, et la pénétration culturelle, qui mesure l’intérêt du public, l’éducation et la visibilité numérique. Portées par des cadres réglementaires complets et évolutifs, une acceptation institutionnelle croissante et des écosystèmes innovants, les économies développées se distinguent nettement à l’échelle mondiale. Le classement est ainsi dominé par Singapour (1er), suivi des États-Unis (2e), de la Lituanie (3e), de la Suisse (4e) et des Émirats arabes unis (5e).

Le Maroc au 58e rang mondial

Dans ce contexte, le Maroc se classe au 58e rang mondial sur 79 pays fortement intégrés dans l’écosystème des crypto-actifs. Cette position traduit une adoption réelle, mais incomplète, marquée par un décalage structurel entre les usages observés et le niveau d’encadrement institutionnel. La situation du Maroc s’inscrit dans une région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) caractérisée par de fortes disparités internes.



Le Rapport souligne que la région ne suit pas un modèle homogène d’adoption, mais se structure autour de profils très contrastés. Les crypto-actifs y remplissent des fonctions différentes selon les contextes économiques et institutionnels. Dans les pays du Golfe, ils constituent principalement un outil d’innovation, d’investissement et de diversification financière. En revanche, en Afrique du Nord et dans certaines parties du Levant, l’adoption est largement informelle et répond davantage à des besoins de contournement de l’inflation, des contrôles des capitaux et de l’accès limité aux services bancaires traditionnels. Cette dynamique est essentiellement tirée par les usages, malgré des cadres réglementaires restrictifs et l’absence de politiques publiques structurantes. Dans ce paysage régional, les Émirats arabes unis dominent largement le classement, portés par un cadre réglementaire avancé, une intégration institutionnelle poussée et une activité soutenue sur les marchés crypto formels. Le Maroc, à l’inverse, se caractérise par des performances élevées sur l’usage, mais un cadre institutionnel faible.

Des usages dynamiques, portés par les échanges et les «stablecoins»

L’analyse par sous-indicateurs met en évidence ces déséquilibres. Sur le plan de l’usage transactionnel, le Maroc affiche une performance nettement supérieure à son classement global, se hissant à la 24e place mondiale. Cette dynamique se reflète également dans l’activité sur les plateformes d’échange centralisées, où le pays se classe 23e au niveau mondial en valeur de crypto-actifs reçus, témoignant d’une activité soutenue sur les marchés d’échange. Le taux de détention de crypto-actifs est lui aussi relativement élevé, avec un classement au 24e rang mondial, signalant une adoption significative au sein de la population, en dépit des restrictions réglementaires en vigueur. Le Rapport souligne par ailleurs le rôle important des «stablecoins» dans les usages observés au Maroc. Rapportée à la taille de l’économie, la valeur des flux en «stablecoins» place le Royaume parmi les pays les plus actifs sur cet indicateur, confirmant que ces actifs jouent un rôle central dans les transferts de valeur, les paiements et les usages transactionnels, indépendamment du niveau de formalisation du marché.

Une préparation institutionnelle parmi les plus faibles du classement

Ces performances d’usage sont toutefois contrebalancées par des indicateurs institutionnels très faibles. La clarté réglementaire du Maroc est classée 72e au niveau mondial, tandis que la préparation institutionnelle globale du pays chute à la 77e place. Le Rapport souligne que cette incertitude réglementaire persistante limite la structuration du marché, freine l’émergence d’infrastructures formelles et constitue un obstacle majeur à une adoption plus large, en particulier du côté des acteurs institutionnels, bancaires et financiers. Cette situation illustre un schéma récurrent dans plusieurs économies émergentes, où l’usage progresse plus rapidement que l’encadrement juridique et institutionnel. Au final, le classement du Maroc révèle un profil représentatif de nombreux marchés crypto émergents : un pays où les crypto-actifs sont effectivement utilisés, notamment pour des fonctions transactionnelles et de transfert de valeur, mais où l’absence de cadre clair empêche une intégration avancée dans le système financier formel. Le Rapport conclut que cette dissociation entre adoption par l’usage et institutionnalisation constitue l’un des traits marquants de l’écosystème crypto mondial en 2025, et que le Maroc en offre une illustration significative au sein de la région MENA et au-delà. La demande croissante des utilisateurs, particulièrement parmi les populations plus jeunes, suggère un marché qui pourrait évoluer rapidement avec les cadres politiques et financiers appropriés. Rappelons, dans ce cadre, que le ministère de l’Économie et des finances a publié, le 31 octobre 2025, l’avant-projet de loi encadrant les crypto-actifs, marquant une étape majeure dans la régulation et le développement de ce secteur.
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