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Généralisation de l’AMO : Pourquoi les assureurs et les intermédiaires s’inquiètent

Lors de la 8ᵉ rencontre annuelle de la FNACAM, la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire a été mise en avant, suscitant de vives inquiétudes parmi les compagnies et intermédiaires d’assurance. Cette réforme majeure entraînera un transfert massif de clients des assureurs privés vers la CNSS, remettant en question le modèle d’affaires de nombreux courtiers et assureurs. Pas moins de 4 milliards de DH de primes vont donc disparaître pour le secteur, sans oublier la problématique des emplois dédiés à la branche santé.

La 8ᵉ édition de la rencontre annuelle de la Fédération nationale des agents et courtiers du Maroc (FNACAM) a mis en avant la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) et ses répercussions sur le métier d'intermédiaire d’assurance. Si la profession s’inscrit pleines dans ce chantier, elle ne cache pas ses grandes préoccupations quant à son impact sur leur modèle d’affaires et leurs activités. Et pour cause, cette grande réforme induira le basculement d’un nombre important de clients des assureurs privés vers la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

Il s’agit particulièrement de la «Population 114», qui désigne l’ensemble des actifs et titulaires de pensions (du secteur privé) y compris leurs ayants droit, qui continuent d’avoir une couverture médicale, soit au moyen de contrats groupe auprès de compagnies d’assurances, de mutuelles, ou dans le cadre de caisses internes. La loi 65-00, instaurant l’AMO, a autorisé, via son article 114, les entreprises assurées auprès des compagnies d’assurance à maintenir leur couverture pendant une période transitoire avant leur basculement vers la CNSS. La date de ce transfert n’est pas encore fixée, elle est suspendue au décret d’application.



«La généralisation de l’AMO à l’ensemble de la population est une fierté nationale, et nous nous engageons pleinement dans ce chantier. Néanmoins, il représente un grand défi pour notre secteur qui devra passer par une zone de perturbation, que ce soit pour les compagnies ou les intermédiaires», alerte Farid Bensaid, président de la FNACAM. Selon lui, ce passage à l’AMO, impactera sérieusement les intermédiaires d’assurance particulièrement dont le portefeuille comprend majoritairement de «La maladie».

Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine de l'assurance (FMA), est sur la même longueur d’onde et semble, aussi, appuyer le président de la FNACAM. «Le transfert de l’Assurance maladie de base, de nos 1,4 million d’assurés, à la CNSS n’est pas réjouissant pour le secteur et ne se fera pas sans dégâts, pour toutes les parties prenantes : les assurés, les intermédiaires et les compagnies», a soutenu Hassan Bensalah. D’abord, les entreprises et les salariés vont voir leur cotisation augmenter de manière significative. Selon ses estimations, il faudra payer en moyenne 1% de plus de la masse salariale hors taxe pour basculer à la CNSS, sans tenir compte du coût de la complémentaire et celui des couvertures décès et invalidité.



Pour les entreprises d’assurance, ce sont pas moins de 4 milliards de DH de primes (sur la branche santé) qui vont disparaître, sans oublier le nombre des collaborateurs qui sont dédiés à cette branche. L’assurance maladie liée à l’article 114 représente environ 13,3% de l’assurance non-vie. Elle contribue pour certains courtiers à plus de 30% des commissions perçues. «Ce sont plus de 400 millions de DH de commissions qui va falloir chercher à compenser.», alerte le président de la FMA. À ses yeux, ce défi, aux côtés d’autres risques sur la branche Non-Vie, arrive à un moment où la croissance de l’activité vie s’essouffle, avec un ralentissement de la collecte suite à la remontée des taux d’intérêt et la révision du cadre fiscal.

«La situation est inquiétante et je vous invite à ouvrer ensemble pour concevoir des garanties complémentaires non seulement pour la “Population 114”, mais pour l’ensemble de la population AMO. Nous avons d’ailleurs travaillé avec la FNACAM et l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (Acaps) pour que les agents et courtiers puissent s’ouvrir à d’autres métiers et diversifier leurs activités, mais dans le cadre de notre métier de gestion et de garantie des risques», a précisé Mohamed Hassan Bensalah devant un parterre constitué notamment des représentants de la CNSS, de l’Acaps, des compagnies et des intermédiaires d’assurance.

«Nous demandons plus de temps pour nous préparer et préparer nos clients à ce basculement» a demandé Farid Bensaid. Mais pour Hassan Boubrik, «on ne peut pas demander à gagner du temps au détriment d’une réforme majeure en faveur des assurés et de la population cible». Selon le directeur général, la profession a eu suffisamment de temps pour s’y préparer puisque le chantier de généralisation de l’AMO a commencé en 2005. Aujourd’hui, un véritable coup d'accélérateur a été donné à ce mégaprojet social au profit de tous les Marocains.

Pour Hassan Boubrik, la profession (compagnies et intermédiaires), doit activer d’autres leviers de développement, notamment l'assurance maladie complémentaire. Il a invité le secteur à travailler ensemble sur ce volet.

De son côté, le président de l'Acaps, Abderrahim Chaffai, estime que l’avenir de métier d’assurance repose sur la capacité de la profession à s’adapter aux changements et à innover.

Selon lui, pour que la généralisation de la couverture maladie soit pleinement effective, il est essentiel de transférer aux régimes AMO les salariés et retraités des secteurs public et privé actuellement couverts en vertu de l’article 114 de la loi n° 65-00 relative à l’AMO. «Le maintien de la couverture médicale de base dans le cadre de l’article 114 pour une grande proportion de la population constitue une entrave aux principes fondamentaux consacrés par le préambule de la loi n° 65-00 précitée, à savoir la solidarité et l’équité, et compromet le jeu de la loi des grands nombres, remettant ainsi en cause la mutualisation des risques maladie. Cela montre l'urgence de la situation et la nécessité de s’y préparer», a souligné le président de l’Acaps. Il a ajouté que l’Autorité travaille avec l’ensemble des acteurs sur l’évaluation de l’impact de ce basculement sur le secteur des assurances. L’objectif est de se préparer à cette réforme inéluctable en proposant des solutions pour développer l’assurance maladie complémentaire, tout en trouvant un positionnement adéquat pour les intermédiaires d'assurance.
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