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Aquaculture : le Maroc prépare son offensive sur le marché mondial

L’Agence nationale de développement de l’aquaculture enclenche une étude stratégique d’envergure pour repositionner l’aquaculture marocaine sur les marchés internationaux. Objectif : cibler les débouchés les plus porteurs, comprendre les attentes des acheteurs et doter les opérateurs d’un véritable arsenal export. Une étape déterminante pour transformer un potentiel reconnu en puissance exportatrice assumée.

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Le Maroc veut accélérer son offensive sur les marchés internationaux de l’aquaculture. L’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) lance une étude stratégique d’envergure visant à identifier les débouchés les plus porteurs et à doter les opérateurs marocains d’un véritable arsenal pour l’export. Le secteur progresse, les volumes augmentent et la demande mondiale explose : c’est le moment d’agir, selon l’ANDA.

Le programme de l’Agence met ainsi sur la table un chantier structuré, conçu pour comprendre les marchés, analyser les attentes et transformer le potentiel aquacole du Royaume en avantage compétitif. La démarche débute par une exploration fine des marchés : entretiens avec producteurs et exportateurs, compréhension des contraintes, identification des destinations les plus attractives, analyse des prix, des importations et des tendances de consommation. Tout sera décortiqué dans le cadre de cette étude.

L’objectif est clair : établir une liste restreinte de marchés prioritaires, mesurer leur dynamique, évaluer les exigences réglementaires et sanitaires, et hiérarchiser les opportunités. La deuxième étape de l’étude impliquera une immersion directe dans les pays ciblés. Le consultant ira à la rencontre des acheteurs, écoutera les importateurs, analysera les chaînes de distribution, identifiera les tendances de labellisation et les bonnes pratiques logistiques. L’objectif : obtenir une vision précise des attentes des marchés et des conditions d’accès pour les produits marocains, du loup-bar au maigre, en passant par les huîtres et les moules.



Cette étude ne sera pas uniquement analytique : elle devra, également, élaborer une stratégie. Positionnement par marché, différenciation, segments porteurs, actions concrètes, branding sectoriel... Le Maroc entend se présenter à l’international avec une image plus forte, plus claire et plus compétitive.

La seconde phase de la consultation est tout aussi cruciale. Un guide opérationnel sera conçu pour accompagner les exportateurs : un document complet, simple et pratique, couvrant normes, certifications, procédures douanières, exigences sanitaires, étiquetage, conditionnement, transport et instruments de paiement. Trois ateliers seront ensuite organisés à Rabat, Agadir et Dakhla pour vulgariser ces outils et renforcer les capacités du secteur : formation, échanges et accompagnement seront au programme.

L’objectif final : permettre aux opérateurs marocains de franchir un cap et de s’installer durablement sur des marchés exigeants et en pleine expansion. Avec cette étude, le Maroc ambitionne de passer d’un potentiel reconnu à une puissance exportatrice affirmée, inscrivant l’aquaculture parmi les filières stratégiques de l’économie bleue nationale.

Pour rappel, l’ANDA avait bénéficié d’un financement de la Banque islamique de développement pour le projet «Making Aquaculture Work for Market and Social Inclusiveness Project», dont une partie sera utilisée pour financer l’étude sur le potentiel des marchés internationaux pour les produits aquacoles marocains.

Selon les données de la Banque mondiale, le potentiel du secteur marocain est considérable : la production actuelle, estimée à 3.600 tonnes, ne représente qu’une infime part de ce potentiel. Grâce à des investissements publics et privés soutenus, le Royaume vise à produire 300.000 tonnes et créer 30.000 emplois au cours de la prochaine décennie. La production actuelle couvre déjà une grande diversité d’espèces – poissons, palourdes, moules, huîtres, algues et crevettes – avec de nouvelles perspectives dans l’algoculture et la conchyliculture.

Parallèlement, des réformes sont en cours pour établir un cadre plus favorable : identification des zones aquacoles les mieux adaptées, mise en place d’une réglementation moderne et renforcement des échanges commerciaux, ouvrant un meilleur accès aux marchés mondiaux. Aujourd’hui, le Maroc compte 322 exploitations agréées, visant une production annuelle supérieure à 124.000 tonnes.

Aux yeux de la Banque mondiale, les perspectives sont prometteuses. La consommation nationale de produits de la mer augmente, portée par la croissance démographique et une meilleure sensibilisation aux bienfaits nutritionnels, tandis que les opportunités d’investissement devraient dépasser un milliard de dollars cette année. L’aquaculture apparaît comme un levier clé pour réduire les importations, stabiliser l’offre intérieure et renforcer la résilience économique.

«Le groupe de la Banque mondiale est prêt à accompagner le Royaume et l’ANDA pour faire de l’aquaculture une priorité nationale. Nous soutenons la simplification du cadre réglementaire, la réduction des risques liés aux investissements et la mobilisation de financements, en nous appuyant sur l’expertise de la Société financière internationale afin de renforcer l’engagement du secteur privé», souligne l’institution.

Les premiers résultats tangibles incluent la gestion durable des ressources marines et côtières, la restauration des forêts et dunes littorales, ainsi qu’une meilleure protection des populations contre les inondations et l’érosion. La deuxième phase du Programme sur l’économie bleue en Afrique du Nord apporte une assistance technique ciblée à l’ANDA pour renforcer ses capacités en matière de développement durable de l’aquaculture, incluant analyse, formations à l’élevage durable de crevettes, méthodologie de sélection des sites aquacoles et feuille de route pour développer l’algoculture, autant d’éléments essentiels pour concrétiser la vision aquacole du Maroc.
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