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Aquaculture : quelle place pour le Maroc dans un marché mondial en pleine croissance ?

L’aquaculture a encore de beaux jours devant elle. La filière devrait assurer une production de 111 millions de tonnes d’ici 2032. Le Royaume dispose déjà de prérequis aussi bien naturels que réglementaires et stratégiques pour pouvoir débrider le développement de son aquaculture. Mais à condition, tout de même, de dépasser les contraintes, à l’instar de la problématique d’accès au foncier, le financement et l’absence d’un cadre fiscal adapté.

Selon les données fournies en février dernier par le département de la Pêche maritime, la filière aquacole au Maroc compte quelque 442 projets et fermes aquacoles d’une capacité de production cible dépassant les 300.000 tonnes par an à terme.
Selon les données fournies en février dernier par le département de la Pêche maritime, la filière aquacole au Maroc compte quelque 442 projets et fermes aquacoles d’une capacité de production cible dépassant les 300.000 tonnes par an à terme.
L’aquaculture est promise à de belles perspectives de croissance à l’échelle mondiale à l’horizon 2032. Selon les prévisions de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), contenues dans son dernier rapport sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, la production mondiale d’animaux aquatiques devrait atteindre 205 millions de tonnes (en équivalent poids vif) d’ici à 2032, dont 111 millions de tonnes provenant de l’aquaculture et 94 millions de tonnes de la pêche de capture, soit une montée de 17% et de 3%, respectivement.

Dans ce tableau, l’aquaculture devrait peser pour 54% de la production totale d’animaux aquatiques et fournir 60% des produits alimentaires aquatiques destinés à la consommation humaine, estimés à 184 millions de tonnes, soit 90% de la production totale. Le Maroc qui dispose d’une stratégie de développement de l’aquaculture à l’horizon 2030 devra donner un réel coup de fouet au rythme de réalisation des projets de fermes aquacoles aussi bien marine que terrestre, si le pays veut réellement tirer profit de ce potentiel mondial de croissance. Les données de l’agence onusienne indiquent par ailleurs que la consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale progressera de 12% pour atteindre en moyenne 21,3 kilogrammes par habitant en 2032, principalement sous l’effet de la hausse des revenus et de l’urbanisation, et des améliorations dans les pratiques après capture ainsi que dans la distribution des aliments et dans les préférences alimentaires des consommateurs. Malheureusement, regrettent les experts de la FAO, la consommation apparente par habitant continuera de diminuer en Afrique.



Cette projection est aux yeux de l’organisation onusienne, particulièrement alarmante pour les pays d’Afrique subsaharienne, car nombre d’entre eux dépendent des produits alimentaires aquatiques pour satisfaire leurs besoins nutritionnels, en particulier en protéines animales et en micronutriments. Les exportations de produits aquatiques poursuivront leur progression, mais ne représenteront que 34% de la production totale en 2032, contre 38% en 2022. Les prix, quant à eux, devraient continuer de baisser légèrement jusqu’en 2025-2027, tant en valeur nominale qu’en valeur réelle, avant de repartir à la hausse. Dans l’ensemble, entre 2022 et 2032, la FAO s’attend à ce que les prix du poisson croissent modérément en valeur nominale, mais diminuent en valeur réelle. Selon les projections, la population mondiale devrait atteindre 9,7 milliards de personnes d’ici à 2050, soit 1,7 milliard de plus qu’en 2022. Cette situation aura une forte incidence sur l’offre et la demande d’aliments aquatiques d’origine animale. Pour maintenir jusqu’en 2050 la consommation apparente de ces aliments à son niveau estimatif de 2022, à savoir 20,7 kilogrammes par habitant, la FAO recommande d’accroître l’offre totale d’aliments aquatiques d’origine animale de 36 millions de tonnes (en équivalent poids vif), ce qui représenterait une hausse de 22%. D’où la nécessité, selon les experts de l’institution, de réaliser la transformation bleue afin que les aliments aquatiques jouent un rôle plus important dans l’éradication de la faim et de la pauvreté au niveau mondial. Selon les données fournies en février dernier par le département de la Pêche maritime, la filière aquacole au Maroc compte quelque 442 projets et fermes aquacoles d’une capacité de production cible dépassant les 300.000 tonnes par an à terme.

Aquaculture : 7 milliards de DH à investir dans le secteur à terme

Portés par des opérateurs privés, ces projets devraient engloutir des investissements estimés à environ 5 milliards de dirhams et créer à terme plus de 7.000 emplois directs supplémentaires. Les projets sont répartis le long du littoral national et présentent des diversités en termes de taille et de filières.

La filière aquacole dans le Royaume demeure toutefois peu développée, comparativement à d’autres pays de la région, en raison de la persistance de plusieurs contraintes, dont le foncier, le financement et une fiscalité adaptée. Le Maroc présente, quand même, un grand potentiel aquacole au niveau de son littoral. Pour rappel, le nouveau modèle de développement (NMD) estime que le secteur de l’aquaculture mérite une forte impulsion pour réaliser les objectifs qui lui ont été impartis dans le plan Halieutis. Il recommande la mise en œuvre d’un plan de développement de ce secteur afin de prévoir l’instauration de mesures incitatives pour faciliter l’accès aux intrants aquacoles et accompagner les investisseurs par un appui technique et financier approprié en liaison avec des objectifs précis d’investissement, de transfert et de développement de savoir-faire. La mobilisation pleine et entière du potentiel de l’économie bleue requiert, selon le NMD, l’accélération de la mise en œuvre des schémas de développement des neuf régions littorales du Maroc. Ces derniers serviront de levier au développement de «clusters côtiers» pour attirer des investissements orientés vers des activités créatrices de richesses et soucieuses de la préservation des littoraux.

La production aquacole mondiale dame le pion à la pêche

Selon la FAO, en 2022, la production, l’utilisation et le commerce de denrées halieutiques et aquacoles ont atteint des niveaux records. À l’échelle mondiale, la production s’est établie à un volume inédit de 223,2 millions de tonnes, dont 185,4 millions de tonnes (en équivalent poids vif) d’animaux aquatiques et 37,8 millions de tonnes (en poids humide) d’algues. La production aquacole mondiale a, elle aussi, atteint un record absolu à 130,9 millions de tonnes, dont 94,4 millions de tonnes d’animaux aquatiques et 36,5 millions de tonnes d’algues. Pour la première fois, la production d’animaux aquatiques d’élevage (51%) a surpassé celle de la pêche de capture (49%) dans la production totale d’animaux aquatiques destinés à la consommation humaine. Ce qui représentait l’équivalent de 20,7 kilogrammes par personne. La consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale par personne a continué de progresser, atteignant un taux annuel d’environ 1,4% en passant de 9,1 kilogrammes en 1961 à 20,6 kilogrammes en 2021, un phénomène imputable à la hausse des disponibilités, aux avancées réalisées dans les techniques de conservation et de distribution des aliments, à l’évolution des préférences des consommateurs et à la croissance des revenus. Toujours selon la FAO, les exportations de produits issus d’animaux aquatiques ont augmenté de 19% en valeur entre 2019 et 2022. Ce sont 38% donc de la production totale qui ont ainsi été exportés, pour un montant de 192 milliards de dollars. Il s’agit d’un nouveau record mondial, qui représente plus de 9,1% du commerce agricole total (hors produits forestiers) et environ 1% de l’ensemble du commerce de marchandises (en valeur) en 2022. Ces chiffres masquent d’importantes disparités entre les régions et les pays, selon la FAO. Ainsi, on doit aux pays asiatiques 70% de la production totale d’animaux aquatiques. Viennent ensuite les pays d’Europe ainsi que d’Amérique latine et des Caraïbes (9% pour chaque région), d’Afrique (7%), d’Amérique du Nord (3%) et d’Océanie (1%). En 2022, la Chine est restée le principal producteur (36%), suivie de l’Inde (8%), de l’Indonésie (7%), du Vietnam (5%) et du Pérou (3%).
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