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Bourse de Casablanca : marché à terme, chambre de compensation... les révélations de Kamal Mokdad

Pour Kamal Mokdad, la réussite des dernières IPO témoigne de l’attrait marqué des investisseurs pour la Bourse de Casablanca, ainsi que de son rôle crucial dans le financement des entreprises et le renforcement de l’économie nationale. Après des performances positives en 2023, l’institution vise à consolider les acquis avec notamment l’accélération de deux projets majeurs, le marché à terme et la chambre de compensation, qui donneront naissance au Groupe Bourse de Casablanca. Ce nouveau modèle intégré permettra notamment d’optimiser les investissements, de réduire les délais des opérations et de favoriser l’émergence de produits plus innovants. L’institution renforce, aussi, sa mobilisation en faveur de la finance verte et la promotion du marché sur le plan international.

Kamal Mokdad
Kamal Mokdad
Le Matin : Comment a évolué le marché boursier en 2023, notamment en termes de levées de fonds, de capitalisation et de performances sectorielles ?

Kamal Mokdad :
Permettez-moi de rappeler que la Bourse demeure un véritable baromètre de l’économie et du dynamisme d’un pays, et que les performances actuelles reflètent les anticipations des investisseurs sur la croissance future des entreprises ainsi que leur niveau de confiance plus généralement.

La Bourse de Casablanca a terminé l’année 2023 sur des performances positives avec des indicateurs tous au vert. Le MASI a enregistré une performance de +12,80%, le MASI20 +15,4% et le MASI Mid and Small Cap s’est illustré avec une hausse de +18,6%. Pour leur part, la capitalisation boursière et le volume des transactions se sont établis respectivement à 626 et 65 milliards de Dirhams, en hausse de +11,6% et +12,7%.



Pour ce qui est des indices sectoriels, 13 des 23 secteurs cotés ont enregistré une performance positive à fin 2023, avec certains secteurs qui se sont particulièrement démarqués en affichant des performances plus importantes que d’autres, tels que le secteur de la Participation et Promotion Immobilières (+114,5%), celui des Loisirs et Hôtels (+81,6%) et celui de la Santé (+79,7%).

En termes de financement, la Bourse de Casablanca a permis, au courant de l’année 2023, de lever plus de 1,2 milliard de Dirhams à travers des augmentations de capital et l’introduction en bourse de CFG Bank qui a été un succès à plus d’un titre. Avec un taux de sur-souscription de 35 fois et plus de 23 000 souscripteurs, cette opération a surtout démontré encore une fois que la bourse est un formidable moyen de mobilisation de l’épargne.

En dépit du grand succès de l’opération de CFG, l’objectif d’accélérer les introductions en bourse, pour redynamiser le marché, semble difficile à atteindre. Pourquoi ?

Votre question affirme le grand succès de la récente introduction en bourse de CFG, ce qui illustre clairement le fait que la Bourse de Casablanca intéresse fortement les investisseurs et sert les entreprises à la recherche de capitaux pour financer leur développement. D’ailleurs, nous disposons de tous les prérequis pour atteindre cet objectif, néanmoins, il est nécessaire que l’écosystème et l’ensemble des parties prenantes s’engagent dans cette voie.

L’introduction en Bourse de CFG Bank, celle d’Akdital ou encore celle de TGCC pour n’en citer que les plus récentes, ont remis encore une fois sur la table la problématique principale de la Bourse de Casablanca, à savoir le manque de papier frais face à une forte demande d’investissement qui ne cesse de s’affirmer.

Notre objectif est de faire bénéficier le maximum d’entreprises de ce moyen tant de financement que de pérennisation. La réussite des dernières opérations d’introduction démontre la robustesse de notre argumentaire. La bourse sert le développement, la croissance et l’institutionnalisation des entreprises marocaines, qu’elles soient grandes ou PME. D’ailleurs, l’accessibilité de la Bourse de Casablanca ne cesse d’être mise en avant, notamment à travers la création du marché alternatif, permettant de réaliser une IPO à partir de 5 millions de dirhams et avec une grande facilitation de l’ensemble du processus.

En parallèle, nous sommes très investis dans une approche de proximité avec les entreprises. Nous avons également accompagné des dizaines d’entreprises et avons concrétisé une première introduction en Bourse sur le marché alternatif. D’autres PME ont l’intention de suivre. Il s’agit d’une question de temps pour chacune d’elle.

Quelles sont les mesures envisagées pour stimuler davantage le marché boursier et attirer les entreprises à la cote, particulièrement les PME, sachant que les objectifs fixés par le nouveau modèle de développement (NMD) visent à augmenter, à horizon 2035, le nombre de sociétés cotées à 300 et faire passer la capitalisation boursière totale à 70% du PIB ?

Avant de répondre à votre question, je tiens d’abord à rappeler et insister sur la grande capacité de la Bourse de Casablanca à mobiliser l’épargne. Nous avons pu mobiliser, en l’espace de 3 ans, des demandes de souscription de près de 50 milliards de dirhams, qui ont rendu possibles des levées de fonds de près de 10 milliards de dirhams. Ceci veut dire que nous sommes passés à côté de 40 milliards de dirhams minimum prêts à être investis. La Bourse de Casablanca n’a plus à prouver qu’elle est un levier efficient, utile et pertinent de financement de l’économie. Les objectifs qui lui ont été assignés par le nouveau modèle de développement renforcent davantage son rôle et la positionne pour mieux accomplir sa mission.

Dans ce sens, nous déployons chaque année de nombreuses actions de promotion et d’accompagnement de l’introduction en bourse auprès des entreprises «cotables» à l’échelle nationale. Nous entretenons, tout au long de l’année, des relations de proximité ciblées à travers des «One to One» avec les chefs d’entreprises, et avons également confectionné le programme d’accompagnement qui prépare les entreprises porteuses d’une vision de croissance à répondre aux exigences du marché financier pour pouvoir y recourir.

Parallèlement à tout cela, nous nous sommes alliés à des organismes qui font partie de l’écosystème des entreprises afin de mettre en place des actions de proximité, d’atteindre plus facilement notre cible et de mieux connaitre ses attentes et ses besoins. D’ailleurs, c’est dans ce cadre que s’inscrit la feuille de route que nous avons signée avec la CGEM et avec l’appui de l’AMMC. Cette feuille de route a été élaborée avec une approche consultative et fédératrice de l’écosystème lié à l’entreprise et son financement. Elle s’articule autour de 4 piliers de développement majeurs dont le renforcement du soutien institutionnel, le développement du cadre incitatif, l’accompagnement des entreprises privées et publiques, notamment les petites et moyennes entreprises (PME) membres de la CGEM à travers un programme dédié, et le déploiement d’une communication pour une meilleure visibilité du marché. Actuellement, nous sommes en train de finaliser le plan d’actions impliquant les différentes parties prenantes pour le déploiement de cette feuille de route auprès des différentes parties prenantes.

En devenant une priorité nationale avec l’implication forte de l’ensemble des parties prenantes, pouvoirs publics, autorités, et opérateurs, la Bourse de Casablanca pourra jouer pleinement son rôle d’accélérateur de croissance des entreprises et donc de l’économie nationale, qui pourra s’engager dans une trajectoire de développement rapide, efficace et inclusif.

La mise en place de la chambre de compensation et du marché à terme sont également deux projets très attendus par le marché. Où en êtes-vous ?

Le marché à terme est un outil puissant qui viendra élargir l’offre des produits cotés en bourse et offrir aux investisseurs des mécanismes de couverture contre les risques de marché. Il favorisera la liquidité et permettra ainsi l’exécution d’ordres de grande taille dans les 2 sens, vendeur ou acheteur. Cela dit, l’implémentation d’un marché à terme demeure conditionnée par la mise en place d’une chambre de compensation (CCP), comme édicté par le législateur dans la loi 42-12. L’objectif étant, notamment, de réduire le risque de contrepartie et de garantir la stabilité du marché.

La mise en place de la CCP est très avancée sur l’ensemble des axes du projet. Sur le plan règlementaire, le règlement général ainsi que les règles prudentielles de l’infrastructure de marché ont été publiés au Bulletin officiel du 13 mars 2023 au même titre que ses règles prudentielles inhérentes des futurs membres. Sur le plan technique, la plateforme, fruit d’un développement interne des équipes de la Bourse de Casablanca, est prête et l’environnement de test est ouvert aux membres et éditeurs de la place.

Pour leur part, les banques de la place sont mobilisées et très impliquées dans la mise en place de l’activité de clearing dans la chaine de valeur au sein de leurs institutions respectives, et ce avec l’appui de l’AMMC, de Bank Al-Maghrib et le soutien du GPBM. Ceci constitue un atout majeur dans la réussite de ce projet de mise en place d’une chambre de compensation qui viendra renforcer la stabilité financière à l’échelle nationale.

Avec ces avancées, je peux dire que nous sommes dans la dernière ligne droite pour le lancement de ces deux projets à travers lesquels nous espérons voir effectif un marché à terme qui permettra la cotation de nouveaux instruments financiers et une chambre de compensation qui jouera un rôle crucial dans la gestion des risques de l’ensemble du marché financier.

Ces deux projets majeurs donneront naissance au Groupe Bourse de Casablanca. Un nouveau modèle pour notre institution qui permettra de mettre en place une infrastructure intégrée sur toute la chaîne de valeur. Dans ce sens, toutes les parties prenantes sont mises à contribution. Ce nouveau modèle intégré verticalement permettra d’aligner les orientations, d’optimiser les investissements, de réduire les délais d’exécution et de dénouement des opérations, et de favoriser l’émergence de produits plus innovants.

Qu’en est-il de votre stratégie pour la finance verte et durable ?

À la Bourse de Casablanca, nous sommes convaincus que les enjeux économiques sont intimement liés aux enjeux environnementaux et nous croyons que la décarbonation est une démarche qui ne peut qu’inscrire l’économie dans une trajectoire croissante à travers l’investissement accéléré dans une économie verte. Partant de là, nous engageons nos efforts, en collaboration avec notre écosystème, pour mobiliser les entreprises cotées dans une démarche de durabilité. Concrètement, nous avons signé il y a plus d’un an le Marrakech Pledge 2023 qui est une initiative commune, menée par tous les régulateurs et bourses du continent africain, désireux d’agir collectivement en faveur du développement durable et d’avoir un impact réel sur la promotion de la finance verte. En 2023, nous avons implémenté une nouvelle méthodologie de scoring pour l’indice MASI ESG grâce à un partenariat innovant avec l’un des ténors mondiaux en analyse financière et extra financière, et nous avons signé la charte Qualit’Air, qui nous engage sur 5 volets majeurs, particulièrement sur l’évaluation et la réduction des émissions de gaz à effets de serre ainsi que sur la sensibilisation et l’incitation de l’écosystème à réaliser des actions en faveur du climat. L’ensemble de ces initiatives vise à mobiliser davantage notre écosystème en faveur de la protection de l’environnement et du financement vert.

L’un des axes majeurs de votre stratégie est d’attirer les investisseurs internationaux et faire rayonner le marché sur le plan régional et international. Quelle est votre feuille de route à ce sujet ?

Avant tout, permettez-moi de situer la Bourse de Casablanca dans la région. Nous sommes la première Bourse du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest et la deuxième du continent derrière Johannesburg. Nous comptons d’ailleurs pour le tiers des IPO de tout le continent sur les 3 dernières années. De ce fait, la Bourse de Casablanca rayonne d’ores et déjà dans son environnement continental. Cela dit, nous réalisons régulièrement des opérations de promotion du marché boursier marocain vis-à-vis des investisseurs étrangers. Dans ce sens, sur les dernières années, nous avons rencontré la communauté financière londonienne, new-yorkaise et dubaïote pour promouvoir les opportunités d’investissement dans notre marché boursier.

Nous réitérons cette initiative encore en 2024 à travers notre édition annuelle du Morocco Capital Market Days (MCMD) prévue en mai prochain, à Londres. Nous perpétuons ainsi cet événement annuel qui s’est installé comme le rendez-vous incontournable de la Bourse de Casablanca et des entreprises cotées marocaines avec les investisseurs internationaux.

Parallèlement à cela, nous participons à des événements internationaux et régionaux, en notre qualité de membre de l’African Securities Exchanges Association (ASEA), et qui ont pour vocation de faire connaitre notre marché et de créer des espaces de networking pour les entreprises cotées hors frontières.

Comment s’annonce l’année 2024 et quels sont vos projets les plus prioritaires ?

Nous sommes confiants quant à l’année en cours et pensons que la Bourse de Casablanca augure une bonne dynamique de l’activité économique nationale, soutenue par l’opérationnalisation des différents programmes de développement socio-économiques et par l’accélération des actions de l’État pour l’investissement.

L’opérationnalisation également de notre feuille de route commune avec la CGEM, dont je salue l’engagement et l’implication, constituera une excellente dynamique en perspective et profitera in fine à l’économie du Maroc.

La Bourse de Casablanca a démontré ces dernières années sa forte capacité à mobiliser les fonds nécessaires au financement du développement des entreprises. Nous continuerons donc à œuvrer pour renforcer notre rôle en tant que Bourse utile et accessible qui soutient les entreprises marocaines petites comme grandes et publiques comme privées afin d’aller sur le chemin d’une croissance forte, durable et inclusive.
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