Conformément aux attentes du marché, Bank Al-Maghrib (BAM) a maintenu le taux directeur inchangé à 2,25%, son niveau le plus bas depuis trois ans. Cette décision repose sur une approche réfléchie, incluant une évaluation approfondie et actualisée de plusieurs éléments fondamentaux sur le plan économique et financier, dans un contexte international encore incertain, a expliqué le gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, lors du point de presse qui a suivi la dernière Réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al-Maghrib pour l’année 2025, tenue le 16 décembre courant.
Bank Al-Maghrib opte ainsi pour une approche prudente, maintenant l’équilibre entre soutien à la croissance et préservation de la stabilité des prix, tout en conservant une marge de manœuvre face aux chocs potentiels.
Outre la maîtrise de l’inflation, la croissance économique s’accélère, tirée notamment par une solide performance des activités non agricoles. Elle devrait atteindre 5% cette année, soit le niveau le plus élevé des six dernières années, à l’exception de 2021, où le PIB avait bondi de près de 8%, compensant la baisse de 7,1% observée en 2020 en raison des impacts de la crise sanitaire de la Covid-19.
Si la production et la valeur ajoutée agricoles restent volatiles (+5% cette année, après -4,8% l’année dernière), les activités non agricoles affichent une croissance vigoureuse. Celles-ci devraient atteindre cette année leur plus haut niveau depuis quatre ans, à +5%, après +4,8% en 2024 et +3,9% un an plus tôt. La croissance économique globale devrait se consolider à 4,5% en moyenne durant la période 2026-2027, soutenue par l’élan de l’investissement, conduisant à une amélioration du taux de chômage, déjà ressentie cette année.
Le crédit au secteur non financier se renforce, mais à quel prix ?
Le financement de l’économie suit une tendance haussière. Après +2,6% en 2024, le crédit au secteur non financier s’accélérerait à 4,1% en 2025 et à 5% en 2026 et 2027. Il est tiré par les prêts à l’équipement pour les entreprises privées (+17% à fin octobre 2025) et les crédits accordés aux sociétés publiques (+11% à fin octobre dernier).
Cependant, Abdellatif Jouahri a souligné un constat majeur : sur le volet de la transmission des précédentes décisions du Conseil, la baisse des taux débiteurs assortissant les crédits bancaires au secteur non financier demeure partielle. Le recul cumulé depuis le début de l’assouplissement monétaire en juin 2024 ressort au troisième trimestre 2025 à 58 points de base (pb), contre 75 pb pour le taux directeur. Le Wali de la Banque centrale a déclaré que ce dossier sera l’un des sujets abordés lors de la prochaine réunion entre Bank Al-Maghrib et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), prévue le 8 janvier 2026, aux côtés de la question des dépassements de lignes de crédit.
À ce sujet, Jouahri a rappelé que, lors des phases de hausse des taux, la Banque centrale avait appelé les banques à adopter une approche fondée sur l’évaluation du risque et à examiner les dossiers au cas par cas. Aujourd’hui, au niveau de la transmission des précédentes décisions du Conseil, il existe un certain décalage, attribué notamment à la forte proportion des contrats à taux fixe au Maroc, représentant environ 85% des encours. En d’autres termes, la transmission complète prendra du temps, au fur et à mesure que les anciens crédits seront remboursés et remplacés par de nouveaux à taux plus bas.
«En s’appuyant notamment sur le Programme “Intelaka” a, lancé en 2020, les parties signataires s’engagent à créer un écosystème plus favorable au développement des TPE. Le dispositif “Intelaka” a mobilisé 9 milliards de DH au profit de 38.000 entreprises. Avec cette Charte, l’ambition est de doubler au minimum cette performance», a déclaré Abdellatif Jouahri.
Selon lui, l’inclusion financière des TPE passe d’abord par un dispositif national d’accompagnement couvrant l’ensemble de leur cycle de vie. Dans ce cadre, les parties prenantes – banques, institutions de microfinance, CGEM, Maroc PME, ministères concernés, BAM et Fondation marocaine pour l’éducation financière – s’engagent à déployer des mesures concrètes via des offres ciblées.
Le second levier porte sur l’évaluation du risque. Un système de scoring national spécifique aux TPE sera développé, en complément des dispositifs de notation interne des banques et des institutions de microfinance, afin de mieux appréhender le profil de risque de ce segment et d’accompagner son amélioration progressive.
Ainsi, la Banque centrale se concentrera d’abord sur la mise en place du ciblage de l’inflation. Une phase pilote (essai blanc) sera entamée en 2026, avec notamment l’appui technique du Fonds monétaire international (FMI). La mise en œuvre effective du ciblage d’inflation est prévue à partir de 2027.
Rappelons que le processus de réforme du régime de change reste, depuis 2020, au stade de l’élargissement de la bande de fluctuation du dirham de ±2,5 à ±5% par rapport à un cours central fixé par Bank Al-Maghrib sur la base d’un panier de devises composé de l’euro et du dollar américain, respectivement à hauteur de 60 et 40%.
Pour mémoire, cette directive du 31 mai 2024, publiée au Journal officiel de l’UE le 19 juin et entrée en vigueur le 10 juillet 2024, accorde aux États membres une période de transition jusqu’au 10 janvier 2026 pour la transposer dans leur législation nationale. Elle vise à imposer aux banques de pays tiers un cadre réglementaire unifié et renforcé, aligné sur les normes prudentielles applicables aux établissements européens.
Les banques marocaines actives en Europe se trouvent ainsi à la veille d’un changement majeur. À défaut d’une solution, elles seraient lourdement impactées par ce socle commun d’exigences en matière d’autorisation, de supervision, de gouvernance et de reporting. Au-delà du coût pour les établissements bancaires, l’enjeu touche directement les transferts financiers de la diaspora marocaine en Europe. Face à l’échéance du 10 janvier 2026, la task force marocaine doit donc agir rapidement et efficacement.
Pour rappel, BNP Paribas est entrée en discussions exclusives avec le Groupe Holmarcom, partenaire et actionnaire de la BMCI depuis 30 ans, en vue d’une éventuelle cession de sa participation de 67% au capital de sa filiale marocaine BMCI. Selon les deux groupes, ces discussions sont à un stade préliminaire. BNP Paribas et Holmarcom communiqueront en temps voulu si un projet venait à se concrétiser, conformément à la réglementation applicable.
Bank Al-Maghrib opte ainsi pour une approche prudente, maintenant l’équilibre entre soutien à la croissance et préservation de la stabilité des prix, tout en conservant une marge de manœuvre face aux chocs potentiels.
Éléments fondamentaux de justification
L’inflation reste maîtrisée, évoluant à des niveaux bas. Elle s’est établie à 0,8% en moyenne sur les dix premiers mois de 2025, grâce notamment à l’amélioration de l’offre de produits alimentaires (huile d’olive) et à la baisse des prix des carburants. Les projections indiquent une remontée progressive vers 1,3% en 2026 et 1,9% en 2027, des niveaux compatibles avec l’objectif de stabilité des prix. Sa composante sous-jacente ressortirait également à 0,7% cette année et l’année prochaine, avant de s’accélérer à 1,9% en 2027. De plus, les anticipations d’inflation restent bien ancrées : les experts du secteur financier tablent au quatrième trimestre 2025 sur un taux moyen de 2% à l’horizon de huit trimestres et de 2,2% à celui de douze trimestres.Outre la maîtrise de l’inflation, la croissance économique s’accélère, tirée notamment par une solide performance des activités non agricoles. Elle devrait atteindre 5% cette année, soit le niveau le plus élevé des six dernières années, à l’exception de 2021, où le PIB avait bondi de près de 8%, compensant la baisse de 7,1% observée en 2020 en raison des impacts de la crise sanitaire de la Covid-19.
Si la production et la valeur ajoutée agricoles restent volatiles (+5% cette année, après -4,8% l’année dernière), les activités non agricoles affichent une croissance vigoureuse. Celles-ci devraient atteindre cette année leur plus haut niveau depuis quatre ans, à +5%, après +4,8% en 2024 et +3,9% un an plus tôt. La croissance économique globale devrait se consolider à 4,5% en moyenne durant la période 2026-2027, soutenue par l’élan de l’investissement, conduisant à une amélioration du taux de chômage, déjà ressentie cette année.
Une évolution favorable des comptes extérieurs
Les données sur les échanges sont aussi encourageantes. Outre le renforcement des exportations (+4,5% en 2025), portées par l’amélioration des ventes de phosphate et surtout la reprise prévue des expéditions de l’industrie automobile, les recettes de voyages devraient atteindre un record de 155 milliards de dirhams en 2027. De plus, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) s’accroîtraient de 3,1% en moyenne annuelle entre 2025 et 2027, à un niveau inédit de 130 milliards de DH. De même, les flux d’investissements directs étrangers continueraient de se renforcer, avec des recettes annuelles équivalentes à 3,5% du PIB. Les avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib se raffermiraient également pour atteindre trois records successifs : 425,2 milliards cette année, 437,9 milliards en 2026 et 448,2 milliards l’année suivante, assurant une couverture de près de cinq mois et demi d’importations de biens et services.Le crédit au secteur non financier se renforce, mais à quel prix ?
Le financement de l’économie suit une tendance haussière. Après +2,6% en 2024, le crédit au secteur non financier s’accélérerait à 4,1% en 2025 et à 5% en 2026 et 2027. Il est tiré par les prêts à l’équipement pour les entreprises privées (+17% à fin octobre 2025) et les crédits accordés aux sociétés publiques (+11% à fin octobre dernier).
Cependant, Abdellatif Jouahri a souligné un constat majeur : sur le volet de la transmission des précédentes décisions du Conseil, la baisse des taux débiteurs assortissant les crédits bancaires au secteur non financier demeure partielle. Le recul cumulé depuis le début de l’assouplissement monétaire en juin 2024 ressort au troisième trimestre 2025 à 58 points de base (pb), contre 75 pb pour le taux directeur. Le Wali de la Banque centrale a déclaré que ce dossier sera l’un des sujets abordés lors de la prochaine réunion entre Bank Al-Maghrib et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), prévue le 8 janvier 2026, aux côtés de la question des dépassements de lignes de crédit.
À ce sujet, Jouahri a rappelé que, lors des phases de hausse des taux, la Banque centrale avait appelé les banques à adopter une approche fondée sur l’évaluation du risque et à examiner les dossiers au cas par cas. Aujourd’hui, au niveau de la transmission des précédentes décisions du Conseil, il existe un certain décalage, attribué notamment à la forte proportion des contrats à taux fixe au Maroc, représentant environ 85% des encours. En d’autres termes, la transmission complète prendra du temps, au fur et à mesure que les anciens crédits seront remboursés et remplacés par de nouveaux à taux plus bas.
Jouahri veut insuffler une nouvelle dynamique au financement des TPE
Face à un chômage persistant et à la vulnérabilité du tissu entrepreneurial, le gouverneur de Bank Al-Maghrib place de grands espoirs dans la Charte relative au financement et à l’accompagnement des très petites entreprises (TPE), signée le 4 décembre dernier. Cette initiative, qui s’inscrit dans le cadre des Hautes Orientations Royales, traduit l’engagement des parties signataires à mieux servir un segment représentant près de 94% du tissu productif national.«En s’appuyant notamment sur le Programme “Intelaka” a, lancé en 2020, les parties signataires s’engagent à créer un écosystème plus favorable au développement des TPE. Le dispositif “Intelaka” a mobilisé 9 milliards de DH au profit de 38.000 entreprises. Avec cette Charte, l’ambition est de doubler au minimum cette performance», a déclaré Abdellatif Jouahri.
L’accompagnement, priorité absolue
Le Wali de Bank Al-Maghrib insiste sur deux leviers stratégiques. Le premier concerne l’accompagnement, devenu indispensable face à la fragilité structurelle des TPE. Près de 80% d’entre elles réalisent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 3 millions de dirhams, avec une forte volatilité de leur activité. «Pour rendre leurs dossiers bancables et assurer leur pérennité, ces entreprises doivent se doter de fondamentaux solides. À titre d’illustration, 42% des dossiers “Intelaka” ont été rejetés faute de viabilité», a souligné le gouverneur.Selon lui, l’inclusion financière des TPE passe d’abord par un dispositif national d’accompagnement couvrant l’ensemble de leur cycle de vie. Dans ce cadre, les parties prenantes – banques, institutions de microfinance, CGEM, Maroc PME, ministères concernés, BAM et Fondation marocaine pour l’éducation financière – s’engagent à déployer des mesures concrètes via des offres ciblées.
Le second levier porte sur l’évaluation du risque. Un système de scoring national spécifique aux TPE sera développé, en complément des dispositifs de notation interne des banques et des institutions de microfinance, afin de mieux appréhender le profil de risque de ce segment et d’accompagner son amélioration progressive.
Ciblage de l’inflation et flexibilisation du régime de change
Concernant la réforme du régime de change, ce chantier reste un long processus. Privilégiant une approche prudente, Jouahri insiste sur la préparation des opérateurs à maîtriser les risques, particulièrement en matière de couverture contre le risque de change. De plus, ce processus doit satisfaire constamment à des prérequis, notamment en termes de solidité des fondamentaux macroéconomiques et d’adaptation du cadre de politique monétaire au ciblage d’inflation.Ainsi, la Banque centrale se concentrera d’abord sur la mise en place du ciblage de l’inflation. Une phase pilote (essai blanc) sera entamée en 2026, avec notamment l’appui technique du Fonds monétaire international (FMI). La mise en œuvre effective du ciblage d’inflation est prévue à partir de 2027.
Rappelons que le processus de réforme du régime de change reste, depuis 2020, au stade de l’élargissement de la bande de fluctuation du dirham de ±2,5 à ±5% par rapport à un cours central fixé par Bank Al-Maghrib sur la base d’un panier de devises composé de l’euro et du dollar américain, respectivement à hauteur de 60 et 40%.
Directive européenne : un accord avec la France, dans l’attente du feu vert de Bruxelles
Concernant la directive européenne susceptible de perturber l’implantation des banques marocaines en Europe et les transferts des MRE, Abdellatif Jouahri se veut rassurant. La task force constituée par Bank Al-Maghrib, le gouvernement et le secteur bancaire est parvenue à un accord avec les autorités françaises sur les modalités d’application de la directive. Toutefois, sa validation définitive demeure conditionnée à l’approbation de la Commission européenne. Selon le Wali, cette percée constituera un socle pour les négociations avec les autres pays concernés.Pour mémoire, cette directive du 31 mai 2024, publiée au Journal officiel de l’UE le 19 juin et entrée en vigueur le 10 juillet 2024, accorde aux États membres une période de transition jusqu’au 10 janvier 2026 pour la transposer dans leur législation nationale. Elle vise à imposer aux banques de pays tiers un cadre réglementaire unifié et renforcé, aligné sur les normes prudentielles applicables aux établissements européens.
Les banques marocaines actives en Europe se trouvent ainsi à la veille d’un changement majeur. À défaut d’une solution, elles seraient lourdement impactées par ce socle commun d’exigences en matière d’autorisation, de supervision, de gouvernance et de reporting. Au-delà du coût pour les établissements bancaires, l’enjeu touche directement les transferts financiers de la diaspora marocaine en Europe. Face à l’échéance du 10 janvier 2026, la task force marocaine doit donc agir rapidement et efficacement.
Deal BNP Paribas-Holmarcom sur BMCI
Interpellé au sujet des discussions exclusives entre BNP Paribas et le Groupe Holmarcom pour la cession de BMCI, Jouahri a souligné que ces négociations sont à un stade préliminaire et que Bank Al-Maghrib n’intervient pas à ce stade. Selon le Wali, ces discussions peuvent aboutir à un accord ou non. En revanche, si un accord est conclu pour un changement de contrôle, cela nécessiterait une demande de nouvel agrément. À ce sujet, Jouahri a rappelé la procédure en vigueur et que la décision finale sur le dossier revient au comité des établissements de crédit.Pour rappel, BNP Paribas est entrée en discussions exclusives avec le Groupe Holmarcom, partenaire et actionnaire de la BMCI depuis 30 ans, en vue d’une éventuelle cession de sa participation de 67% au capital de sa filiale marocaine BMCI. Selon les deux groupes, ces discussions sont à un stade préliminaire. BNP Paribas et Holmarcom communiqueront en temps voulu si un projet venait à se concrétiser, conformément à la réglementation applicable.
