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Comment le Maroc doit préparer sa transition vers l’Industrie X.0 (IRES)

Alors que la quatrième révolution industrielle bat son plein à l’international, le Maroc s’interroge déjà sur les contours de l’Industrie X.0. Une étude stratégique de l’IRES explore les enjeux à prendre en compte pour inscrire le Royaume dans la trajectoire de cette industrie de demain.

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Notre époque est marquée par des bouleversements industriels d’une ampleur inégalée. Tandis que de nombreux pays peinent encore à intégrer pleinement la 4e révolution industrielle, d’autres, plus ambitieux, se projettent déjà vers l’Industrie X.0, ce futur aux contours encore flous, mais riche en promesses de progrès. Au Maroc, une réflexion de grande envergure a été menée par l’Institut Royal des études stratégiques (IRES) pour cerner les enjeux et perspectives de cette nouvelle ère industrielle. Son rapport, intitulé «L’Industrie du futur», constitue une feuille de route précieuse pour préparer le Royaume à cette inévitable mutation technologique, économique et sociale.

Une vision globale des révolutions à venir

Qu’est-ce que l’Industrie X.0 ? Ce concept avant-gardiste englobe en réalité une succession de «révolutions industrielles» allant de 1.0 à 6.0, chacune marquant des ruptures majeures dans les processus de production et de consommation. Comme le souligne un expert contributeur, «ces différentes phases ont conduit à des transformations significatives du monde industriel, et la prochaine étape que constitue l’Industrie X.0 s’annonce tout aussi déterminante».



Le rapport de l’IRES explore en détail ces différents paliers technologiques. L’Industrie 1.0 représentait l’ère de la mécanisation, suivie par la production de masse (2.0), puis l’automatisation (3.0). L’actuelle Industrie 4.0, marquée par la numérisation et l’Internet des objets, sera relayée par une cinquième phase axée sur la customisation de masse via l’impression 3D et la réalité augmentée. Enfin, la sixième révolution verrait l’émergence d’usines entièrement autonomes et interconnectées grâce à l’intelligence artificielle.

Les leviers d’une transition industrielle réussie

Si les promesses de gains de productivité et d’efficacité sont alléchantes, le chemin vers l’Industrie X.0 n’en demeure pas moins semé d’embûches. L’IRES identifie plusieurs leviers indispensables à activer pour garantir une transition en douceur. «L’asservissement des technologies pour l’industrie a profondément transformé les industries, les sociétés et les économies à l’échelle mondiale. Il est primordial d’asservir ces nouvelles technologies aux problématiques industrielles concrètes», insistent les experts de l’IRES dans le rapport «L’Industrie du futur».

Autre prérequis : la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée, en mesure de «piloter l’implémentation de ces technologies dans le milieu de travail». Sur ce point, le Maroc accuse encore un retard à combler en termes de formation adéquate. Une infrastructure numérique robuste, avec un réseau haut débit et des capacités de traitement de données à la hauteur, figurent aussi parmi les conditions de réussite listées. Mais au-delà des aspects techniques, le rapport interpelle également les pouvoirs publics et les opérateurs sur la nécessité d’un cadre réglementaire apte à «soutenir l’innovation tout en préservant un juste équilibre économique et social». Un défi de taille pour les décideurs !

Le Maroc à l’heure des choix stratégiques

Face à ces défis de l’Industrie X.0, quelle est la position du Maroc ? L’étude brosse un constat nuancé de la maturité industrielle du pays. D’un côté, le Royaume a indéniablement amorcé ces 15 dernières années une dynamique d’industrialisation vertueuse, visant à se positionner stratégiquement au sein des chaînes de valeur mondiales. Un pari payant, mais qui se heurte aujourd’hui à certaines limites selon les auteurs du rapport. «Malgré ces avancées notables, des défis persistent en termes de coordination avec d’autres politiques publiques, notamment dans les domaines cruciaux de l’éducation et de la recherche scientifique», analysent-ils sans détour.

Une faille d’autant plus préoccupante que le développement du capital humain est identifié comme l’un des principaux moteurs de l’Industrie X.0. «Dans le domaine du développement du capital humain, il est crucial de valoriser l’éducation et la formation technique de haute qualité, alignées sur les besoins spécifiques de l’industrie. Cela passe par l’investissement dans les programmes d’éducation technique et professionnelle, capables de forger un vivier de travailleurs hautement qualifiés», est-il recommandé.

Si aucune stratégie directement consacrée à l’industrie du futur n’a encore été définie au Maroc, l’IRES plaide avec force pour que le Royaume embrasse résolument cette nouvelle trajectoire. «Face à l’adoption rapide des technologies à l’échelle mondiale, il est impératif que notre pays opère sa transition vers une industrie innovante et technologiquement avancée», insistent les experts de l’Institut. Une feuille de route ambitieuse est ainsi proposée, structurée autour de six dimensions complémentaires : compétitivité, réglementation, technologie, capital humain, financement et aspects sociaux. Des chantiers de grande envergure, mais indispensables selon le rapport pour «asseoir durablement la position du Maroc au sein de l’économie industrielle mondiale».

Six dimensions complémentaires à prendre en compte

En effet, le renforcement de la compétitivité industrielle du Maroc passe selon le rapport par l’adoption des technologies les plus avancées. Cela permettra d’optimiser les processus opérationnels pour gagner en efficacité, tout en plaçant l’innovation au cœur des activités productives. Parallèlement, l’instauration d’un cadre réglementaire adéquat est considérée comme un levier déterminant pour favoriser l’émergence d’un environnement propice à l’innovation et à l’intégration des nouvelles technologies dans le paysage industriel national. Rester aligné sur le rythme effréné des progrès technologiques mondiaux est un impératif indispensable selon l’étude. Dans cette optique, le Maroc doit investir massivement dans le déploiement d’infrastructures numériques de pointe, tout en encourageant activement la transformation digitale au sein même de son tissu entrepreneurial. Le développement d’un vivier de compétences hautement qualifiées est également érigé en priorité absolue, ces ressources humaines étant les chevilles ouvrières indispensables pour orchestrer la transition réussie du Royaume vers le modèle de l’Industrie X.0.

La question du financement est également abordée comme un défi de taille à relever, la concrétisation de cette ambitieuse feuille de route nécessitant la mobilisation de moyens financiers colossaux, qu’ils proviennent des sphères publiques ou privées. Ces capitaux substantiels permettront d’impulser l’élan d’innovation et de transformation technologique indispensable. Enfin, au-delà des considérations économiques, l’étude attire l’attention sur les répercussions sociétales profondes que l’avènement de l’Industrie X.0 ne manquera pas de générer, en matière d’emploi, de formation professionnelle ou encore d’inclusion sociétale. Bien que conscientes des enjeux, les entreprises marocaines ne semblent pas encore pleinement armées pour ce changement de paradigme. L’enquête réalisée par l’IRES auprès d’un échantillon représentatif révèle «une certaine sensibilisation, mais encore trop peu d’actions concrètes pour préparer la transition».

Le constat est sans appel : l’émergence de l’Industrie X.0 représente pour le Maroc un défi d’une envergure inédite, mais aussi une formidable opportunité de développement si le pays parvient à se hisser dans le peloton de tête des nations industrialisées du futur. Comme le martèle l’IRES, le Royaume doit se doter d’une véritable stratégie multidimensionnelle pour «impulser l’innovation, développer le capital humain et intégrer activement les chaînes de valeur mondiales». Un avertissement fort, qui se conclut sur une note d’espoir : «Bien que la route soit encore longue, le Maroc possède de solides atouts pour réussir cette mutation, à condition d’adopter une approche résolument visionnaire, mais aussi pragmatique et inclusive». L’avenir industriel du pays se joue dès aujourd’hui.
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