Marché à terme : De quoi parle-t-on ?
Un marché à terme est un espace où acheteurs et vendeurs concluent des contrats fixant à l’avance le prix et la date d’échange d’un actif. Ces actifs peuvent être de diverses natures : matières premières comme le pétrole et l’or, devises étrangères, indices boursiers, actions ou encore taux d’intérêt. L’intérêt de ces marchés est double :- Se couvrir contre les fluctuations des prix (couverture)
- Spéculer sur les variations futures des actifs sous-jacents
- Le marché de gré à gré, offrant une flexibilité contractuelle mais un risque de contrepartie.
- Le marché organisé, encadré par des plateformes boursières avec des contrats standardisés et sécurisés.
1. Les swaps de change : une protection contre la volatilité des devises
Un swap de change est un contrat par lequel deux parties échangent un montant dans deux devises différentes à un taux fixé à l’avance, pour une durée déterminée. Ce mécanisme permet aux banques de se couvrir contre les risques de change et à Bank Al-Maghrib d’optimiser la gestion des réserves en devises et la liquidité du dirham.
2. Les swaps de taux au jour le jour (OIS) : un levier pour la liquidité bancaire
Les swaps de taux au jour le jour (OIS) sont des prêts interbancaires à très court terme, à travers lesquels les banques échangent des liquidités à un taux fixé. Ils sont indexés sur le MONIA (Moroccan Overnight Index Average), le taux de référence du marché interbancaire marocain. Ce mécanisme joue un rôle essentiel dans l'ajustement des liquidités des banques et la couverture contre la volatilité des taux d’intérêt à court terme. Exemple concret : Une banque disposant d’excédents de liquidités peut prêter à une autre banque ayant un besoin de financement immédiat. Le taux appliqué est basé sur le MONIA, garantissant transparence et compétitivité.
Un impact indirect mais déterminant pour les entreprises
L’instauration du marché à terme interbancaire s’inscrit dans la stratégie de flexibilisation du régime de change marocain. Selon Hicham Boularbah, expert en Risk Management devises et matières premières et directeur de Haris Financial, ce marché va renforcer la transparence et la liquidité, tout en offrant aux entreprises marocaines des mécanismes de couverture plus efficaces contre les fluctuations des devises. Les banques joueront désormais le rôle de market makers, en affichant des cotations sur l’ensemble de la courbe de change à terme et des taux interbancaires. Cela permettra d’ancrer davantage la confiance des opérateurs économiques et d’améliorer la compétitivité des entreprises marocaines sur les marchés internationaux. "L’existence de ces cotations entre les banques va apporter une liquidité à l’ensemble du marché et un ancrage beaucoup plus transparent pour les couvertures que font les entreprises marocaines", nous explique l'expert.Bien que ce marché soit réservé aux transactions interbancaires, son existence aura un effet positif sur les entreprises. En facilitant la gestion des risques pour les banques, celles-ci pourront proposer des conditions plus avantageuses pour les instruments de couverture destinés aux importateurs et exportateurs. Ainsi, les entreprises marocaines pourront mieux gérer les variations de l’euro et du dollar, réduisant ainsi leur exposition aux risques de change. "C’est une brique supplémentaire pour que le marché de change marocain soit plus efficient, plus transparent, plus flexible et plus liquide", affirme Hicham Boularbah. Plutôt qu’une réponse immédiate à des risques économiques tels que l’inflation ou la volatilité du dirham, cette réforme vise à doter les entreprises marocaines, via leurs banques, des outils nécessaires pour mieux se prémunir contre les fluctuations des devises.
En revanche, ce marché interbancaire n’a pas vocation à attirer les investisseurs étrangers, puisqu’il est réservé aux banques marocaines et aux intermédiaires agréés. "Il ne s’ouvre pas aux investisseurs étrangers ou aux banques étrangères", précise notre interlocuteur. Son objectif premier reste d’améliorer l’efficience du marché de change national et de renforcer la capacité des entreprises locales à couvrir leurs risques dans un cadre plus structuré.
Une modernisation du système financier marocain en marche
Le lancement du marché à terme interbancaire s’inscrit dans une dynamique plus large de modernisation du système financier marocain. D’autres évolutions sont prévues, notamment l’introduction d’un marché à terme sur les actions à la Bourse de Casablanca. "C’est une brique supplémentaire pour que le marché de change marocain soit plus efficient, plus transparent, plus flexible et plus liquide", affirme Hicham Boularbah.Ce changement accompagne également la transformation structurelle de la Bourse, qui a adopté une nouvelle gouvernance en holding en novembre 2024, avec un cadre réglementaire renforcé publié au Bulletin officiel du 6 février 2025.
Le Maroc franchit ainsi une nouvelle étape stratégique vers un marché financier plus flexible, plus liquide et mieux adapté aux exigences des acteurs économiques nationaux.
