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Économie bleue : comment le Maroc entend jouer le rôle de fédérateur en Afrique

Le Maroc est déterminé à jouer un rôle clé dans le développement de l’économie bleue en Afrique. Le Royaume, qui partage l’Atlantique et la Méditerranée avec bon nombre de pays du continent, entend ainsi être un fédérateur des stratégies africaines autour d’une économie bleue durable et inclusive. L’objectif du Maroc étant de permettre à l’Afrique de renforcer sa résilience aux changements climatiques et s’assurer sa souveraineté alimentaire. Ainsi, le Royaume organise tout au long de la semaine en cour l’«Africa Ocean Week», un ensemble d’événements de haut niveau réunissant ministres, experts internationaux et bailleurs de fonds pour unifier la voix du continent en perspective du Sommet des océans qui sera organisé par les Nations unies en juin 2025 à Nice en France.

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Le Maroc entend jouer un rôle pilote dans le processus de développement d’une économie bleue africaine durable et inclusive. Le 7 octobre à Tanger, le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki, a ainsi donné le coup d’envoi officiel à un événement hautement stratégique : l’«Africa Ocean Week 2024». La première journée de ces rencontres de haut niveau a été marquée par le démarrage des travaux préparatoires des experts. L’événement, qui se déroule jusqu’au 10 octobre, est dédié à la promotion de l’économie bleue et à la gestion durable des ressources marines en Afrique, réunissant ministres, experts, scientifiques et représentants internationaux.

L’atelier des experts, qui a eu lieu lors de la première journée, constitue une base de préparation de la réunion des ministres qui doit avoir lieu aujourd’hui (8 octobre) dans le cadre de la «Ceinture bleue». Une initiative, rappelons-le, qui a été lancée par le Royaume et que se sont appropriée les pays africains en 2016 lors de la COP 22. La troisième journée de la Semaine des océans, quant à elle, sera consacrée à des consultations africaines afin de préparer le Sommet des océans qui sera organisé, en juin 2025, par les Nations unies à Nice en France. «Ces consultations devraient permettre à notre continent d’aller à cette grand-messe mondiale avec une seule voix», déclare M. Sadiki à l’issue de ses rencontres bilatérales avec les ministres africains de la Pêche et de l’Aquaculture.



Les discussions bilatérales du ministre marocain avec ses homologues de la Sierra Leone, du Sénégal, de la Guinée-Conakry, de la Libye et de Madagascar, entre autres, ont porté sur des thématiques de coopération et sur les problématiques et les défis communs. La rencontre des ministres a également abordé le développement des bonnes pratiques et le transfert de ces dernières, en plus d’explorer les pistes devant permettre de renforcer les capacités des pays pour l’instauration d’une gouvernance «durable» de la mer et développer les bases d’une production à travers l’aquaculture. Un secteur qui monte en puissance et qui devra, selon M. Sadiki, combler le déficit en matière de produits de la mer et améliorer la consommation de ces derniers à l’échelle du continent. «Ces rencontres expriment la volonté commune de promouvoir des solutions durables pour les océans, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et au développement socio-économique des communautés côtières», développe le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime.

Dans le cadre de ses entretiens bilatéraux, M. Sadiki a reçu Ahmadou Moustapha Ndiaye, directeur Pays pour le Maghreb de la Banque mondiale. Cette rencontre a permis d’explorer les opportunités de financement et d’appui technique pour les projets de développement de l’économie bleue dans le continent. «Dans un contexte global de coopération renforcée, le Maroc collabore étroitement avec ses partenaires africains, affirmant ainsi son rôle central dans la transformation de l’économie bleue. Les discussions et projets de coopération technique et financière mis en avant cette semaine illustrent l’engagement du Maroc et de ses partenaires à promouvoir une économie bleue durable et inclusive. Cela est essentiel pour répondre aux défis environnementaux, économiques et sociaux auxquels sont confrontés les pays africains riverains des océans», précise M. Sadiki. L’«Africa Ocean Week» sera, par ailleurs, marqué par des événements majeurs, dont la réunion des ministres du bureau de la COMHAFAT (Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les États africains riverains de l’océan Atlantique), la troisième session de la Conférence de haut niveau sur l’«Initiative de la Ceinture bleue» (Blue Belt Initiative BBI) et la réunion du Blue Africa Summit qui rassemblera, le 10 octobre, des leaders africains, des experts scientifiques et des acteurs économiques pour débattre des enjeux de l’économie bleue.

L’économie bleue, un réservoir intarissable d’emplois

Selon la Banque mondiale, l’économie bleue recèle un potentiel en or en termes de création d’emplois. En Afrique, elle en génère déjà près de 50 millions. Ce chiffre devra sensiblement augmenter au cours des prochaines décennies pour atteindre 78 millions d’emplois à l’échelle du continent d’ici à 2063. Ces emplois sont non seulement créés dans les secteurs de l’économie bleue traditionnels (pêche, transport maritime ou tourisme côtier, par exemple), mais aussi dans de nouveaux secteurs comme la biotechnologie et les énergies renouvelables marines. «Si elle est gérée de manière durable, l’économie bleue pourrait devenir un moteur économique qui entraîne de multiples effets positifs, non seulement pour la création d’emplois, mais aussi pour la sécurité alimentaire, l’amélioration des moyens de subsistance, la conservation de la biodiversité et le renforcement de la résilience au changement climatique», estiment les experts de l’Institution de Bretton Woods qui affirment que le Maroc investit activement dans son économie bleue. Avec le soutien de la Banque mondiale et de son prêt-programme pour les résultats en faveur de l’économie bleue, le Royaume a mis en place un programme centré sur le développement économique et l’emploi, la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles. Cependant, nuancent les analystes de l’Institution mondiale, pour maximiser les retombées de l’économie bleue, le Maroc doit s’attaquer d’urgence aux conséquences du changement climatique.

Le Royaume est d’ailleurs considéré comme un pays à haute vulnérabilité climatique : les températures y augmentent de 0,2°C par décennie en moyenne depuis les années 1960, soit le double de la moyenne mondiale (+0,1°C). Selon le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dans la région méditerranéenne, la température annuelle moyenne à la surface est déjà supérieure de 1,5°C aux niveaux préindustriels. La fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les sécheresses, ne cessent de progresser. Ce qui accroît le risque d’incendie de forêt. «Le littoral marocain, où se concentrent environ 80% des industries du pays et qui contribue à près de 60% au PIB, est particulièrement menacé par les effets du changement climatique.

Entre 1984 et 2016, l’érosion côtière a atteint en moyenne 14 centimètres (cm) par an sur la côte méditerranéenne du pays et 12 cm par an sur la côte atlantique, soit environ le double de la moyenne mondiale», alertent la Banque mondiale. Pour assurer une croissance durable, la Banque mondiale recommande au Maroc de renforcer la résilience climatique de tous les secteurs de l’économie bleue, en particulier le tourisme côtier. Outre l’érosion côtière qui endommage les infrastructures touristiques essentielles, l’évolution des conditions météorologiques peut aussi modifier le comportement des touristes. Des études ont montré que d’ici 2030, du fait du changement climatique, la région méditerranéenne pourrait être trop chaude pour le tourisme : les touristes sont près de 70% à déclarer qu’ils choisiront une autre destination si les températures deviennent inconfortables, et plus de 80% à affirmer qu’ils iraient ailleurs si les plages venaient à disparaître

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