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Économie bleue : les sciences comportementales bientôt intégrées dans les politiques publiques

Projet ambitieux chez le département de l’Économie et des finances. Il planche sur un projet de développement et de mise en œuvre d’un programme de renforcement de l’efficacité des politiques publiques liées à l’économie bleue en y intégrant les sciences comportementales et les disciplines connexes. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé afin de sélectionner un cabinet spécialisé qui accompagnera les services de Nadia Fettah dans le déploiement de ce programme. L’adoption des sciences comportementales devrait permettre de favoriser la coordination verticale et horizontale et de renforcer la capacité et la sensibilisation à l’économie bleue des parties prenantes.

Le Maroc cherche à améliorer les politiques actuelles par la planification budgétaire et la coopération intersectorielle dans les secteurs bleus et à développer l’économie bleue grâce à une meilleure coordination institutionnelle verticale et horizontale.
Le Maroc cherche à améliorer les politiques actuelles par la planification budgétaire et la coopération intersectorielle dans les secteurs bleus et à développer l’économie bleue grâce à une meilleure coordination institutionnelle verticale et horizontale.
L’État s’apprête à franchir un nouveau pas dans la consolidation de l’efficience des politiques publiques liées à l’économie bleue. Le département des Finances est, en effet, sur un projet de développement et de mise en œuvre d’un programme d’étude et renforcement des capacités en matière d’intégration des sciences comportementales et disciplines connexes dans les politiques publiques associées à l’économie bleue. Un appel à manifestation d’intérêt est ainsi lancé pour sélectionner un cabinet spécialisé afin d’accompagner les services de Nadia Fettah Alaoui dans l’implémentation de ce programme.

Le projet s’inscrit dans le cadre de l’appui technique de la Banque mondiale au programme national de développement de l’économie bleue. L’intégration des sciences comportementales devrait permettre de favoriser la coordination verticale et horizontale et à renforcer la capacité et la sensibilisation à l’économie bleue parmi les parties prenantes. Le projet permettra également à l’État d’améliorer la qualité de la formation en faisant appel à des experts qui partageront les meilleures pratiques internationales en matière de sciences du comportement et de leadership collaboratif.



En appliquant la science comportementale et le leadership collaboratif, le programme en projet contribuera à améliorer la coordination entre les parties prenantes et à favoriser la gestion intégrée des écosystèmes marins et côtiers pour renforcer la résilience climatique. Le consultant retenu devra apporter son assistance au ministère en deux phases. La première consistera en un diagnostic comprenant notamment une étude préliminaire approfondie pour diagnostiquer les aspects clés de la collaboration pour l’économie bleue. Cette analyse permettra de cerner les besoins spécifiques, d’identifier les lacunes existantes et de définir les points d’entrée opportuns pour l’intégration des techniques des sciences comportementales. Il s’agira également de développer un programme exécutif certifiant en sciences du comportement, négociation, communication, et leadership adaptatif et collaboratif en plus de l’élaboration d’une trousse à outils pour appliquer les connaissances du Programme de certificat exécutif en sciences du comportement.

Quant à la deuxième phase de l’assistance technique, elle portera sur la mise en œuvre du programme exécutif à l’aide de la trousse à outils et l’apport d’un accompagnement technique soutenu et d’une assistance à la mise en œuvre pour le groupe exécutif formé, visant à faciliter la réalisation de diverses initiatives et activités relevant des sciences comportementales. Le programme ciblera l’unité dédiée au programme de l’économie bleue du département des Finances et les partenaires cibles (département du Développement durable, la Direction générale des collectivités locales, la Direction des ports et du domaine public maritime, l’Agence nationale du développement de l’aquaculture, l’Agence nationale des eaux et forêts, la Société marocaine de l’ingénierie touristique, l’Office national marocain du tourisme- ONMT et l’Institut national de la recherche halieutique).

Économie bleue : un potentiel en or à libérer

Rappelons que le Royaume a mis en place le programme national d’économie bleue conformément aux préconisations du nouveau modèle de développement (NMD) dans le cadre du Programme pour les résultats (PPR) pour le développement de l’économie bleue (EB), lequel avait fait l’objet du contrat de prêt, signé en juin 2022 avec la Banque mondiale. La mise en œuvre du PPR pour l’économie bleue est pilotée et coordonnée par le ministère de l’Économie et des finances. Huit entités d’exécution. Alors que le PPR se concentre sur un sous-ensemble des secteurs bleus, d’autres départements et ministères sectoriels devraient participer au programme gouvernemental plus large sur l’économie bleue. Ce dernier vise à libérer le potentiel des zones marines et côtières en tant que vecteur de création d’une économie plus résiliente et inclusive. Le programme repose sur trois piliers principaux : la sécurité alimentaire nationale, devenue plus stratégique compte tenu de la crise internationale, le développement économique et la création d’emplois et la durabilité et la résilience des ressources naturelles. Le Maroc cherche ainsi à améliorer les politiques actuelles, par la planification budgétaire et la coopération intersectorielle dans les secteurs bleus, et à développer l’économie bleue grâce à une meilleure coordination institutionnelle verticale et horizontale, au sein et entre les secteurs concernés. La Banque mondiale appuie dans ce sens le Maroc à établir et à commencer à mettre en œuvre le programme national avec le programme pour les résultats pour le développement de l’économie bleue. Cette opération, couvrant une période de cinq ans, à partir de l’exercice 2023, vise à construire les bases du programme gouvernemental avec trois objectifs spécifiques : développer les cadres institutionnels du pays, améliorer la gestion intégrée des ressources naturelles et renforcer des secteurs sélectionnés pour une économie bleue résiliente au climat dans les zones ciblées. De même, le PPR contribuera à la vision à long terme du Royaume en développant des cadres institutionnels et en renforçant les secteurs bleus sélectionnés. Il vise à soutenir le développement d’un nouveau modèle opérationnel, associant toutes les parties prenantes, afin d’amorcer la transition vers une économie bleue inclusive et résiliente au changement climatique. Le PPR contribuera à l’affinement et à la définition détaillée du programme national gouvernemental.

Les bienfaits des sciences du comportement pour les politiques publiques

Selon la Banque mondiale, les sciences comportementales sont un outil pour l’élaboration de meilleures politiques. Ces sciences, traditionnellement exploitées pour inciter les individus à adopter certains comportements, sont de plus en plus utilisées aujourd’hui pour mettre au point des politiques et des programmes de manière plus réaliste et efficace. Aux Pays-Bas, par exemple, le ministère des Infrastructures et des eaux avait appliqué ce prisme comportemental à la conception d’un programme destiné à améliorer la mobilité, étendre l’utilisation des transports publics et encourager des modes de travail flexibles.

L’Institution de Bretton Woods observe ainsi que les projets ayant été conçus à la lumière des sciences comportementales sont deux fois plus efficaces que les autres. De même, les savoirs comportementaux peuvent contribuer à promouvoir des comportements prosociaux. «Nous vivons aujourd’hui dans un monde fracturé où la promotion de l’empathie et, plus généralement, des comportements prosociaux peut jouer un rôle clé dans la mise en place d’institutions politiques et de sociétés pacifiques, soudées et productives», explique l’Institution mondiale qui affirme que le potentiel des sciences comportementales est loin d’avoir été pleinement exploré. Les institutions se sont certes dotées d’équipes spécialisées, mais cela ne suffit pas à ses yeux.

La Banque recommande ainsi de faire en sorte que ceux qui déterminent et exécutent les politiques acquièrent des savoirs de base en sciences du comportement afin d’avoir connaissance des outils à leur disposition pour concevoir et exécuter de meilleurs projets, mais aussi qu’ils aient conscience de leurs biais personnels et schémas de pensée susceptibles de les limiter et de restreindre l’impact de leurs programmes. De fait, la plupart des pays ayant adopté ces sciences organisent des activités d’apprentissage à l’intention de l’ensemble de leurs institutions, sous la forme de formations immersives, d’ateliers ou encore de programmes de certification. Grâce à ce travail de sensibilisation et à cette montée des compétences, l’apport des sciences du comportement peut transformer la manière dont seront envisagés les politiques, les programmes et les solutions de développement.
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