La Banque mondiale vient de publier son rapport annuel 2023 sur les investissements privés dans les infrastructures des pays à revenu faible et intermédiaire. Le secteur privé a injecté 86 milliards de dollars dans les infrastructures l’année dernière. Un montant en recul de 5% par rapport à 2022, mais reste au niveau moyen enregistré au cours des cinq années précédentes (2018-2022). En 2023, quelque 68 pays, dont le Maroc, ont bénéficié d’investissements dans le cadre de 322 projets, contre 54 pays et 260 projets en 2022.
Cependant, les investissements privés dans les infrastructures ont diminué dans la plupart des régions en 2023, à l’exception notable du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) et de l’Asie de l’Est-Pacifique. La tendance à la hausse s'est poursuivie dans la région MENA, où les investissements ont quasiment doublé entre 2022 et 2023, pour passer de 1,4 milliard à 2,9 milliards de dollars, soit une hausse de 104%. Cela représente également une augmentation de 37% par rapport à la moyenne des cinq dernières années (2,1 milliards de dollars).De plus, cette année a connu le plus grand nombre de projets parvenant à la clôture financière depuis 2017, avec 14 projets. L'Égypte a été le plus grand contributeur (80%), avec 2,3 milliards de dollars investis dans six projets. Vient ensuite la Tunisie avec deux investissements d'une valeur de 292 millions de dollars. Suit le Maroc avec 117 millions de dollars pour deux projets, devant l’Algérie (72 millions), la Libye (72 millions) et Djibouti (30 millions).
À noter que le rapport «Private Participation in Infrastructure» (PPI), dont le lancement remonte à 1984, rend compte de manière régulière des investissements privés d’infrastructure dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Cette base de données qui compte aujourd’hui 10.000 projets constitue une ressource importante pour suivre les progrès et dégager des tendances, alors que le financement des infrastructures s’impose comme une priorité grandissante dans le monde entier.
«Il est indispensable de disposer de bonnes infrastructures pour permettre aux populations de réaliser pleinement leur potentiel. Avec des budgets publics sous tension et un déficit de financement des infrastructures de plusieurs milliers de milliards de dollars, il faut impérativement une plus grande participation du secteur privé», souligne Guangzhe Chen, vice-président de la Banque mondiale pour les Infrastructures.
Du côté des tendances sectorielles, le volume des investissements dans l’énergie a été multiplié par trois en 2023, au profit principalement de l’Asie de l’Est-Pacifique. Dans le droit fil des efforts de réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre, 97% des projets de production d’électricité ont concerné des énergies renouvelables, contre 93% en moyenne entre 2018 et 2022
En ce qui concerne les pays les plus pauvres du monde, le rapport note que 26 pays éligibles à l’aide de l’Association internationale de développement (IDA) ont reçu en 2023 des engagements d’investissement d’un montant global de 4,3 milliards de dollars, soit une augmentation de 18% par rapport à l’année précédente ; ces pays ont en outre enregistré un nombre record de 53 projets.