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Entrepreneuriat Tech : un écosystème en quête d’acteurs agiles

Alors que le Maroc veut accélérer le développement de son écosystème entrepreneurial, les initiatives pour appuyer ces efforts se multiplient au service des créateurs d’entreprises. S’inscrivant dans la continuité des relations entre le Maroc et la France, la French Tech s’active pour créer les conditions favorables de dynamisation de l’écosystème des startups au Maroc et lui permettre de se connecter aux quelque cent communautés French Tech dans le monde.

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La visite du Président Emmanuel Macron témoigne d’une volonté bilatérale de donner un coup de boost aux relations entre les deux pays. Le volet économique a, d’ailleurs, été mis en avant lors de cette visite. Et c’est dans ce même cadre de solidité des relations entre le Maroc et la France que s’inscrit l’initiative de la French Tech. Comme l’explique son président, Jérôme Mouthon, «la France fait partie du Top 3 des partenaires commerciaux du Maroc, il semblait donc logique que la French Tech, écosystème français unique qui réunit des startups, mais aussi des investisseurs, des décideurs et des community builders, puisse exister au Maroc afin de prendre part à cette dynamique».

Les tendances technologiques façonnent l’avenir des startups

Par définition, la startup est une jeune entreprise innovante avec un fort potentiel de développement. Elle est donc la structure la mieux adaptée pour le secteur technologique. Agilité, capacité à innover, à s’adapter, à agir et à réagir efficacement sont des atouts qu’une startup développe plus naturellement. Ce sont aussi les caractéristiques du secteur de la technologie qui est en mutation perpétuelle. D’où, le développement de la startup tech qui est une jeune entreprise innovante, qui développe une solution technologique pour créer de nouveaux usages, services ou produits avec une ambition de forte croissance. Ce type de startups se focalise sur les marchés variés comme le secteur du numérique (Marketplace, FinTech, logiciels etc.) que le secteur de la DeepTech (quantique, cybersécurité, intelligence artificielle...), celui de la santé (BioTech, dispositifs innovants...) ou encore celui de la transition écologique (batteries électriques, biocarburants, etc.). Elle peut être purement numérique ou industrielle et fait souvent appel à du capital-risque pour financer sa Recherche & Développement, son implantation industrielle ou sa croissance. Une ouverture de cet écosystème numérique sur le monde est nécessaire pour l’aider à se développer au même rythme que les pays avancés dans ce domaine. De l’avis de Jérôme Mouthon, «l’un des principaux défis reste la taille du marché marocain, qui limite l’expansion rapide des startups locales. L’Europe, et en particulier la France, pourrait être un relais de croissance pour les entrepreneurs marocains».

Qu’est-ce que la French Tech Maroc ?

La French Tech Maroc, qui fait partie du réseau mondial La French Tech, est née de l’initiative d’entrepreneurs français, binationaux et marocains à Casablanca. Cette communauté réunit des entrepreneurs, des fondateurs de startups, des investisseurs, et d’autres parties prenantes de l’écosystème des startups au Maroc. Cet écosystème œuvre au succès du mouvement La French Tech en favorisant les échanges et les rencontres et se veut être le lien entre les startups marocaines et le réseau mondial des communautés de la French Tech. Le mouvement de la French Tech Maroc s’étend sur l’ensemble du Royaume et prévoit d’avoir une représentation dans chacune des 12 régions du pays.

La mission de la French Tech Maroc est :

• Accélérer le développement de l’écosystème des TIC au Maroc.

• Faciliter l’implantation des entrepreneurs souhaitant développer leur activité au Maroc.

• Donner de la visibilité aux startups fondées par des entrepreneurs français opérant au Maroc.

• Créer des ponts entre l’écosystème marocain et les autres écosystèmes numériques dans le monde.

• Catalyser les initiatives digitales, entrepreneuriales, sociales et culturelles.

Ce réseau s’attache, également, à promouvoir l’innovation et la technologie auprès des jeunes talents et des entrepreneurs marocains. Autre mission : renforcer les liens entre les startups locales, les investisseurs et les grandes entreprises, tout en cultivant une culture de l’entrepreneuriat tournée vers l’avenir.

Comment se déroule le soutien des startups ?

Connectée à une communauté qui fédère des entrepreneurs marocains, français et binationaux passionnés par la technologie et l’innovation, la French Tech Maroc a pour objectif de créer un cadre propice aux échanges et rapprocher les fondateurs de startups des investisseurs et partenaires. «Nous cherchons à fédérer autour de nous des startups, mais aussi de grandes entreprises françaises présentes au Royaume», explique Jérôme Mouthon, résumant ainsi l’ambition de la French Tech Maroc de faire du Maroc un pôle d’innovation dynamique en Afrique du Nord. Ce réseau international permet aux entrepreneurs marocains d’accéder à des ressources, des financements et des partenaires en France et ailleurs. Des événements trimestriels, organisés sous forme de rencontres ou d’afterworks, facilitent ces échanges. Ces rassemblements permettent aux startups marocaines de tisser des liens avec des experts de la tech, des investisseurs et d’autres acteurs du monde des affaires. «La French Tech Casablanca s’efforce d’accompagner ces jeunes pousses dans leur évolution, pour qu’elles atteignent une taille et une maturité leur permettant de rayonner non seulement au Maroc, mais aussi à l’international», note M. Mouthon. «La French Tech est un superbe pont entre la France et le Maroc et elle permet de favoriser les échanges et collaborations, promouvoir les talents marocains et français dans divers domaines afin de créer des synergies et des opportunités d’affaires. De plus, l’accompagnement et le réseau dont dispose la French Tech permet de favoriser l’évolution de nos domaines d’expertise dans plusieurs secteurs», souligne Wafa Rhallam, CEO associée de Visioprocess Maroc.

Initier les jeunes à l’entrepreneuriat

Parmi ses initiatives phares, la French Tech Maroc organise le Concours annuel «HackTonFutur», un programme destiné aux élèves marocains. Ce concours invite les jeunes, dès la quatrième année, à concevoir des solutions technologiques pour relever des défis dans des domaines tels que la santé, l’éducation ou encore le voyage. À travers cette compétition, la French Tech cherche à insuffler aux jeunes générations une culture entrepreneuriale. Comme le souligne Jérôme Mouthon, «accompagner le potentiel de la jeunesse en dynamisant l’écosystème entrepreneurial, c’est aussi créer la relève».

La dernière édition, dédiée à la TravelTech, a rassemblé près de 500 jeunes talents désireux d’innover dans le secteur du voyage. En favorisant la réflexion et la créativité, la French Tech aide ces jeunes à comprendre les opportunités offertes par les technologies modernes et les encourage à envisager des carrières dans l’innovation. De plus, les finalistes bénéficient d’un mentorat par des entreprises partenaires de renom, telles qu’Orange, la Fondation Crédit du Maroc et Bolloré Logistics, ce qui leur permet d’affiner leurs projets tout en développant leurs compétences entrepreneuriales.

Jérôme Mouthon, président de la French Tech Casablanca et président Middle East du Groupe Teads : «L’Europe, et en particulier la France, pourrait être un relais de croissance pour les entrepreneurs marocains»

Entrepreneuriat Tech : un écosystème en quête d’acteurs agiles
Jérôme Mouthon, Président de la French Tech Casablanca et Président Middle East du Groupe Teads



Le Matin : La visite du Président français, Emmanuel Macron, au Maroc met en lumière les synergies potentielles entre les deux pays, en particulier dans le secteur de la tech. Qu’en pensez-vous ?

Jérôme Mouthon : Absolument, cette visite est une excellente opportunité pour renforcer les liens entre les écosystèmes numériques du Maroc et de la France. Nous observons un dynamisme croissant au Maroc, notamment avec la mise en place de la stratégie «Maroc Digital 2030». Mais l’un des principaux défis reste la taille du marché marocain, qui limite l’expansion rapide des startups locales. L’Europe, et en particulier la France, pourrait être un relais de croissance pour les entrepreneurs marocains.

La French Tech Maroc joue un rôle important dans cette dynamique. Comment vous définissez-vous et quelles sont vos priorités ?

La French Tech Casablanca, bien que française de nom, est avant tout une initiative marocaine. Notre communauté est composée en majorité de Marocains passionnés par la tech et l’innovation. Nous avons créé un espace où les entrepreneurs, qu’ils soient expérimentés ou débutants, peuvent se connecter et échanger. En plus de nos événements, nous nous efforçons de connecter les startups locales à l’écosystème global de la French Tech, facilitant ainsi l’accès aux marchés étrangers.

Concrètement, comment la French Tech Casablanca soutient-elle les startups marocaines dans leur développement ?

Nous organisons des événements réguliers, des after-works, et des rencontres avec des entrepreneurs de tous horizons. Par exemple, nous travaillons étroitement avec le Technopark et d’autres structures d’accélération marocaines pour offrir aux startups un réseau solide de partenaires et de mentors. La French Tech n’a pas de financement direct, mais nous jouons un rôle de facilitateur en mettant en relation les entrepreneurs marocains avec des partenaires potentiels, que ce soit en France, au Moyen-Orient ou en Afrique.



Vous avez mentionné la stratégie «Maroc Digital 2030». Comment la French Tech Casablanca s’inscrit-elle dans cette feuille de route ?

Nous nous alignons parfaitement sur cette vision de l’avenir numérique du Maroc. Depuis quatre ans, nous travaillons à sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat en lançant des initiatives telles que le challenge «Actons Futur». Nous encourageons les élèves, de la quatrième à la terminale, à concevoir des projets innovants. L’idée est de développer une culture de la startup dès le plus jeune âge et d’inciter les nouvelles générations à envisager l’entrepreneuriat comme une carrière possible.

Vous avez aussi un projet ambitieux pour 2025. Pouvez-vous nous en parler ?

Oui, nous organisons un concours national qui se déroulera dans cinq villes marocaines, dont Tanger, Rabat, Casablanca et Guelmim. Ce programme est axé sur les femmes entrepreneures : nous sélectionnerons une lauréate dans chaque ville et l’accompagnerons ensuite dans un tour des différentes communautés French Tech en France. Ce sera pour elles l’occasion de se faire mentorer et de nouer des liens commerciaux avec leurs homologues français, renforçant ainsi les ponts entre les écosystèmes tech marocain et français.

Quel avenir envisagez-vous pour les startups marocaines dans ce contexte d’échanges internationaux ?

L’objectif n’est pas uniquement de créer des «licornes» marocaines, même si ce serait une réussite symbolique. Nous souhaitons surtout voir émerger des PME solides, capables de générer de l’emploi et de contribuer au développement économique du pays. La French Tech Casablanca s’efforce d’accompagner ces jeunes pousses dans leur évolution, pour qu’elles atteignent une taille et une maturité leur permettant de rayonner non seulement au Maroc, mais aussi à l’international.

Wafa Rhallam, CEO associée de Visioprocess Maroc : «Nous avons besoin de passer à l’étape supérieure et d’avoir accès à des financements plus conséquents et avantageux»

Entrepreneuriat Tech : un écosystème en quête d’acteurs agiles
Wafa Rhallam, CEO Associée de Visioprocess Maroc



Le Matin : Présentez-nous d’abord Visioprocess...

Wafa Rhallam :
Visioprocess est une startup qui a développé le logiciel Smartglobe, une solution informatique SAAS qui collecte, analyse et agit en temps réel et à distance sur la consommation énergétique d’un ou de plusieurs bâtiments en simultané. À ce jour, les clients Smartglobe ont enregistré une baisse nette entre 30 et 40% sur leurs factures énergétiques, en moins de 24 mois. Au-delà de la sensibilisation qu’apporte Smartglobe sur l’impact énergétique, le logiciel répond à plusieurs enjeux mondiaux et qui touchent directement l’Afrique :

• La hausse irréversible du coût de l’énergie : +102% de hausse de consommation énergétique au Maroc en 2022.

• La Vision Royale 2030 qui vise une réduction de 20% de notre consommation énergétique.

• L’entrée en vigueur de la taxe carbone européenne pour les exportateurs.

• L’investissement lourd pour des travaux de rénovation énergétique

• L’absence d’outils couvrant les 3 métiers de l’exploitation des bâtiments/industries sur une seule interface (EMS, GTC, GMAO).

Nous proposons 3 outils en un et au

choix :

1. L’Energy manager (EMS) : Collecte des données de consommation des équipements des bâtiments en temps réel qui permettent d’identifier et d’être alerté en cas de dérives anormales (gaz, électricité, fluides...)

2. La gestion technique centralisée (GTC) : Programmation et pilotage des équipements à distance ; alerte en cas de panne ou d’arrêt non programmé.

3. La gestion de maintenance assistée par ordinateur (GMAO) : Génération de tickets et suivi en temps réel des interventions et intégration des gammes de maintenance préventive avec planification.



Quel regard portez-vous sur le développement de l’écosystème entrepreneurial marocain ?

L’écosystème entrepreneurial marocain est en pleine expansion et en l’occurrence les startups. Étant moi-même basée au Technopark Casablanca qui est le vivier des startups tech et digitales, je vois bien l’engouement et l’accélération dans ces domaines. C’est une aubaine pour le Maroc, mais également pour les sociétés étrangères qui voient le potentiel marocain. Ce qui est intéressant c’est que nous devenons, via ces nouvelles entreprises des partenaires et/ou sous-traitants de sociétés étrangères qui ne viennent plus débaucher les talents qui quittent leur pays, mais au contraire font travailler ces entreprises qui elles-mêmes créent de l’emploi et participent au développement économique du pays.

Comment des initiatives, comme la French Tech, peuvent-elles promouvoir les startups ?

La French Tech est un superbe pont entre la France et le Maroc et elle permet de favoriser les échanges et collaborations, promouvoir les talents marocains et français dans divers domaines afin de créer des synergies et des opportunités d’affaires.

De plus, l’accompagnement et le réseau dont dispose la French Tech permettent de favoriser l’évolution de nos domaines d’expertise dans plusieurs secteurs. Pour ma part, je suis secrétaire générale de la Proptech Maroc by la French Tech Maroc et ce réseau d’experts dans la technologie au service de l’immobilier et la construction permet de se tenir informé des nouveautés dans le domaine, d’échanger avec des experts, créer des opportunités d’affaires et favoriser les synergies.

Quel accompagnement pour garantir la réussite d’une jeune entreprise ?

Le financement est un enjeu majeur, en tant que startup et le domaine de la Green Tech et l’efficacité énergétique sont encore nouveaux pour beaucoup malgré les avantages de nos technologies qui sont avant tout au service de l’exploitant.

Aujourd’hui, heureusement que notre financement se fait via nos fonds propres en tant qu’associés et grâce au chiffre d’affaires généré par nos dossiers en cours. Ceci étant, et maintenant que nous sommes en phase d’expansion via les demandes d’études qui se multiplient au Maroc, mais également dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Gabon ou encore le Sénégal, nous devons nous préparer à répondre à la demande tout en continuant à développer nos fonctionnalités, notamment l’intégration de l’IA pour le premier trimestre 2025, et cela passe nécessairement par du financement. Reste à trouver lesquels et sous quelles conditions...

C’est sur cet aspect que nous devons appuyer les entrepreneurs en priorité et pour cela avoir des subventions, des crédits à taux très avantageux, car on parle souvent de startups comme étant des jeunes sociétés qui sont à la phase d’idée, voire de POC (étude de faisabilité), mais pour des startups comme la nôtre, en pleine expansion, nous avons besoin de passer à l’étape supérieure et d’avoir accès à des financements plus conséquents et avantageux qui nous permettent de nous développer rapidement et surtout sereinement.

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