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Gestion d'actifs : Comment l’épargne informelle peut devenir un levier de croissance

L'Association des Sociétés de Gestion et Fonds d'Investissement Marocains (ASFIM) a organisé sa conférence annuelle "ASFIM 2024" ce mercredi 13 novembre, mettant en lumière les défis liés à l’épargne nationale. L’accent a été mis sur la nécessité de diversifier les produits financiers et d'encourager l'inclusion digitale pour transformer l’épargne informelle en un moteur de la croissance économique.

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Le niveau actuel de l’épargne nationale, estimé à 28% du PIB, reste insuffisant pour financer les nombreux projets en cours, a affirmé Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, lors de la conférence ASFIM 2024. La ministre a souligné l’ambitieux agenda économique du Maroc, les réformes structurelles en cours telles que le renforcement de l’État social, le développement des infrastructures et les efforts de décarbonation, ainsi que l'envergure des événements à venir comme l’organisation de la Coupe du Monde 2030 et de la Coupe d’Afrique des Nations 2025. Elle a évoqué un déficit de financement moyen annuel de 28 milliards de dirhams (MMDH) sur les cinq dernières années. La ministre a souligné que l’épargne à long terme est peu exploitée, la majorité des placements étant réalisés sur du court terme, et a encouragé les acteurs financiers à développer des produits adaptés aux besoins des épargnants, notamment les particuliers qui représentent actuellement seulement 7% des actifs sous gestion.

Les OPCVM, un acteur stratégique dans le financement de l’économie

Réda Hilali, président de l'ASFIM, a mis en avant la forte croissance de l’industrie de la gestion collective, avec une collecte record de 130 MMDH au cours des 18 derniers mois. L’encours sous gestion a atteint 660 MMDH, représentant environ 45% du PIB. Selon Hilali, cette performance reflète la confiance accrue des investisseurs, essentiellement les institutionnels, dont les placements ont progressé de 76 milliards de dirhams sur les 18 derniers mois.

Le rôle stratégique des OPCVM (Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) a également été souligné : ils financent l’État à hauteur de 310 milliards de dirhams en titres du Trésor et injectent 190 milliards de dirhams dans les dettes privées. "Notre industrie contribue à plus d'un tiers des volumes échangés à la Bourse de Casablanca et à 50% des levées de fonds, se positionnant comme un acteur central du financement des grands chantiers du pays," a affirmé Hilali.

Vers un cadre législatif pour dynamiser la gestion d’actifs

Nezha Hayat, présidente de l' autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), a mis l’accent sur le nouveau cadre législatif en préparation, qui introduira des produits tels que les ETF et les OPCVM en devises, répondant notamment aux besoins des Marocains résidant à l’étranger. Elle a également souligné l’importance d’encourager l’innovation, en permettant aux gestionnaires d’actifs d’accéder aux produits dérivés et aux marchés internationaux.

Selon Hayat, ce cadre renforcé vise à aligner l'industrie de la gestion d'actifs marocaine sur les meilleurs standards internationaux, garantissant ainsi davantage de sécurité et de transparence aux investisseurs. Ce projet de loi devrait marquer un tournant pour l’industrie des OPCVM, en positionnant le Maroc comme un modèle en Afrique pour la mobilisation de l’épargne.

Mounya Dinar: Les défis d’une épargne faible et d’un besoin d’inclusion financière

Lors du panel intitulé "L’épargne et son rôle dans l’économie", Mounya Dinar, Directrice du Pôle Marchés des Capitaux à Al Barid Bank, a abordé les obstacles structurels à l’épargne nationale, estimée à 12% du PIB, selon l'intervenante. Elle a précisé que les crises récentes, telles que la pandémie de Covid-19, la sécheresse et l’inflation, ont altéré la capacité des ménages à épargner. L’épargne financière est dominée par des dépôts liquides d'environ 700 milliards de dirhams et des placements à terme de 210 milliards, mais une part importante de cette épargne reste informelle, comme les tontines ou les prêts familiaux.

Mounya Dinar a insisté sur la nécessité de diversifier les produits financiers pour s’adapter aux comportements des ménages. Elle a révélé que 50% de l’épargne nationale est orientée vers des fonds d’urgence, tandis que seulement 20 à 30% servent à des projets de moyen à long terme, tels que l'éducation et l'achat de logement. "L’éducation financière et des incitations fiscales adaptées sont essentielles pour encourager une épargne plus productive," a-t-elle ajouté. Un rapport de Bank Al-Maghrib de 2021 a d'ailleurs montré que seulement 35% des Marocains possèdent une connaissance suffisante des produits bancaires.

Dinar a également souligné le rôle important de la digitalisation, avec 90% des Marocains possédant un téléphone mobile. Cette situation pourrait faciliter l’inclusion financière, surtout dans les zones rurales. En démocratisant l'accès aux produits d'épargne, le Maroc pourrait transformer l’épargne informelle en un levier structuré pour le développement économique.

L'épargne nationale doit être mieux canalisée pour soutenir les grands projets de développement du Maroc. Le défi reste de taille, face aux comportements d’épargne traditionnels et au besoin d’inclusion financière. Mais avec un cadre législatif en cours et des initiatives pour diversifier les produits financiers, les perspectives de croissance sont encourageantes. La gestion collective, avec les OPCVM en tête, apparaît comme un acteur central de cette transformation, contribuant activement au financement de l’économie marocaine.
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