Le projet de production de l’hydrogène vert et d’ammoniac à Dakhla porté par la société Dahamco est sur les bons rails. La plateforme en projet couvrira un foncier de 553.435 ha et mobilisera un investissement total de 254 milliards de dirhams dont 40 milliards de dirhams pour la première phase. Ce qui devrait permettre la création à terme de 3.100 emplois. «Dahamco a obtenu des droits fonciers et les autorisations locales nécessaires pour son projet bien avant la mise en place de l’Offre du Maroc pour le développement de l’hydrogène vert en novembre 2022», déclare en exclusivité au journal «Le Matin», le président de l’entreprise, Tom Hanson.
En effet, nous confie le patron de la société, le site d’implantation du projet à Dakhla a été identifié en 2021. Les approbations du Centre régional d’investissement (CRI), elles, ont été actées en juillet 2022. «Dans la foulée de ce processus administratif, la majorité des terrains devant abriter le projet ont été cadastrés. Ce dernier a, d’ailleurs, été inclus dans le projet de loi de finances 2024. Valeur aujourd’hui, sa conception est entièrement finalisée, ses co-investisseurs mobilisés et ses débouchés ont été clairement définis. Nous sommes donc prêts à avancer depuis déjà un bon moment», nous révèle Hanson. Selon lui, les raisons qui ont présidé au choix du site d’installation du projet sont claires. Il s’agit d’abord de la complémentarité entre les profils quotidiens, hebdomadaires, mensuels et annuels du vent et du soleil.
Le site du projet jouit également d’une proximité de la plateforme portuaire, en cours de construction (Dakhla Atlantique) et d’une ville abritant l’ensemble des services publics nécessaires, dont des écoles, des hôpitaux et un aéroport.
La plateforme en projet produira de l’ammoniac vert (gNH3), obtenu en mélangeant de l’hydrogène vert et de l’azote capturé dans l’air via un processus baptisé «Haber-Bosch». Le projet de Dahamco sera aménagé en plusieurs phases. Pour Hanson, le dimensionnement du projet en phases garantira à l’entreprise un coût moyen compétitif et évitera les risques liés à une adoption «trop précoce», dans le cas où certaines technologies feraient un bond en avant en termes de coûts. Si tout va comme le souhaite le top management de la société, la première phase du projet sera opérationnelle en 2031 et portera sur une capacité de production d’environ 1 million de tonnes par an de gNH3. Les phases suivantes du projet devraient, elles, entrer en service à des intervalles de 4 à 5 ans à partir de l’opérationnalisation de la première. «La surface foncière sécurisée pour le projet correspond à l’ensemble de la superficie sur laquelle celui-ci sera étendu. Toutefois, la surface réellement utilisée ne représente qu’environ 2,5% de cette superficie.
D’autres activités n’impactant pas les flux de vent pourront être développées sur les 97,5% restants du site», précise le patron de Dahamco. Pour financer l’aménagement de sa plateforme, Dahamco prévoit une formule alliant fonds propres et dette. «À ce stade, il est encore trop tôt pour préciser exactement comment cela sera réalisé eu égard à l’évolution des contextes géopolitiques à l’échelle mondiale et qui pourra influencer les options de financement», explique Hanson. Les volumes d’ammoniac vert à produire dans la première phase du projet seront exclusivement destinés à l’exportation. «Pour cette première phase, nous serons en mesure de produire à un coût acceptable pour nos clients. Pour les phases suivantes, nous pourrions également produire partiellement pour l’industrie locale. Nous avons des idées précises à ce sujet, mais nous préférons ne pas les détailler pour le moment», souligne Hanson.
À l’export, les marchés cibles de Dahamco, dans le cadre de la première phase du projet, sont la région dite ARA (Amsterdam-Rotterdam-Anvers) en Europe pour des utilisations dans l’industrie et le secteur du transport maritime. S’agissant des marchés visés pour les phases suivantes du projet, ils dépendront de l’évolution de la demande locale et internationale. «Nous sommes confiants qu’il y aura une demande importante si le prix reste abordable», relève Hanson.
À en croire le président de la société, le projet porté par Dahamco devra normalement respecter son calendrier de réalisation. En effet, à la différence des autres projets soumis dans le cadre de l’offre Maroc, celui de Dahamco avait déjà décroché les autorisations nécessaires. «Si nous parvenons à signer l’accord final manquant du projet d’ici le premier trimestre 2025 au plus tard, nous serons en mesure d’atteindre sa mise en service commerciale en 2031, à condition qu’il n’y ait pas de nouveaux retards», affirme Hanson. L’un de défis à la production de l’ammoniac vert est certainement l’intermittence des énergies renouvelables qui constitue, en effet, un facteur important à considérer dans la production (moins pour l’hydrogène vert). «Nous avons procédé à la simulation de 25 ans d’opérations en nous basant sur des données historiques de vent et de soleil. Nous sommes donc confiants dans notre capacité à surmonter cet enjeu grâce à une conception adaptée de l’usine», détaille Hanson.
Dahamco a opté pour le procédé «alcalin»
Pour la première phase du projet, Dahamco opte pour des électrolyseurs alcalins. «Cette question nous a été posée à plusieurs reprises, mais compte tenu de notre échelle, avec une capacité d’électrolyse de 1,5 gigawatt (GW), il n’y a vraiment aucune raison de privilégier les électrolyseurs PEM», précise le patron de l’entreprise. À ses yeux, le potentiel du marché marocain est indéniable vu sa proximité avec les marchés de débouchés et la complémentarité de ses ressources éoliennes et solaires. «Ceci dit, le Maroc devra organiser ce secteur avec les soins nécessaires en prenant en considération plusieurs points essentiels», indique Hanson.
Concrètement, le patron de Dahamco alerte sur le risque des pertes dues au sillage. Son explication : un trop grand nombre de projets risque de générer des pertes de rendement (wake losses). Ce qui impactera négativement le coût de l’ammoniac et partant la compétitivité des projets. De même, poursuit-il, les restrictions de site à 30.000 hectares par projet entraîneront des économies d’échelle sous-optimales. Ce qui risque d’impacter le coût de production de l’ammoniac, compliquant ainsi la réalisation de ces projets. L’autre alerte émise par Hanson est liée aux infrastructures communes. En effet, détaille le patron de Dahamco, ces dernières sont, certes, importantes, mais ne doivent pas freiner la mise en œuvre des projets. Par exemple, un décalage entre la disponibilité opérationnelle des ports et celle des projets d’hydrogène/ammoniac/méthanol vert aurait de graves répercussions sur ces projets et compliquerait leur financement.
Hanson juge, en outre, important que l’État veille à ce qu’il n’y ait pas de retards dans l’octroi des permis pour les projets. Car tout retard affecterait négativement la viabilité des investissements. Sans oublier la transparence et la prévisibilité juridique. En fait, estime le patron de Dahamco, les incertitudes autour du cadre légal régissant le secteur augmenteront le coût du financement et, par conséquent, le coût des molécules produites. Le management de Dahamco soulève, également, la complexité des projets «Power-to-X» qui, à ses yeux, est souvent sous-estimée. Cette complexité, poursuit Hanson, ne réside pas dans la production d’électricité verte en amont, mais dans les parties électrochimiques et chimiques. «Peu d’entreprises dans le monde disposent de l’expertise nécessaire pour exploiter en toute sécurité des électrolyseurs et des usines d’ammoniac», fait-il remarquer. S’agissant des débouchés, Hanson soutient que, sans contrat d’achat (offtake), les projets ne pourront pas atteindre leur maturité financière et ne seront donc pas réalisés (à l’exception du projet «Neom»).
À la question portant sur le potentiel du Maroc en termes de volumes produits et chiffre d’affaires à dégager à travers le développement d’une industrie intégrée de production de l’hydrogène vert à l’horizon 2050, Hanson affirme qu’il est difficile de faire une évaluation précise. «Le contenu local en termes d’intégration de l’industrie de l’hydrogène vert est très important. Nous avons prévu, d’ailleurs, une intégration maximale, mais nous n’avons pas de visibilité sur les plans des autres développeurs», conclut Hanson qui souligne que la fabrication locale de composants fait partie intégrante de «notre stratégie», mais uniquement lorsqu’elle apporte une réelle valeur ajoutée. Selon lui, un contenu local qui augmenterait le coût des molécules vertes ne serait pas durable à long terme. «Cela dit, même en tenant compte de ces aspects, le potentiel pour le contenu local reste considérable», ajoute le patron de Dahamco.
En effet, nous confie le patron de la société, le site d’implantation du projet à Dakhla a été identifié en 2021. Les approbations du Centre régional d’investissement (CRI), elles, ont été actées en juillet 2022. «Dans la foulée de ce processus administratif, la majorité des terrains devant abriter le projet ont été cadastrés. Ce dernier a, d’ailleurs, été inclus dans le projet de loi de finances 2024. Valeur aujourd’hui, sa conception est entièrement finalisée, ses co-investisseurs mobilisés et ses débouchés ont été clairement définis. Nous sommes donc prêts à avancer depuis déjà un bon moment», nous révèle Hanson. Selon lui, les raisons qui ont présidé au choix du site d’installation du projet sont claires. Il s’agit d’abord de la complémentarité entre les profils quotidiens, hebdomadaires, mensuels et annuels du vent et du soleil.
Le site du projet jouit également d’une proximité de la plateforme portuaire, en cours de construction (Dakhla Atlantique) et d’une ville abritant l’ensemble des services publics nécessaires, dont des écoles, des hôpitaux et un aéroport.
La plateforme en projet produira de l’ammoniac vert (gNH3), obtenu en mélangeant de l’hydrogène vert et de l’azote capturé dans l’air via un processus baptisé «Haber-Bosch». Le projet de Dahamco sera aménagé en plusieurs phases. Pour Hanson, le dimensionnement du projet en phases garantira à l’entreprise un coût moyen compétitif et évitera les risques liés à une adoption «trop précoce», dans le cas où certaines technologies feraient un bond en avant en termes de coûts. Si tout va comme le souhaite le top management de la société, la première phase du projet sera opérationnelle en 2031 et portera sur une capacité de production d’environ 1 million de tonnes par an de gNH3. Les phases suivantes du projet devraient, elles, entrer en service à des intervalles de 4 à 5 ans à partir de l’opérationnalisation de la première. «La surface foncière sécurisée pour le projet correspond à l’ensemble de la superficie sur laquelle celui-ci sera étendu. Toutefois, la surface réellement utilisée ne représente qu’environ 2,5% de cette superficie.
D’autres activités n’impactant pas les flux de vent pourront être développées sur les 97,5% restants du site», précise le patron de Dahamco. Pour financer l’aménagement de sa plateforme, Dahamco prévoit une formule alliant fonds propres et dette. «À ce stade, il est encore trop tôt pour préciser exactement comment cela sera réalisé eu égard à l’évolution des contextes géopolitiques à l’échelle mondiale et qui pourra influencer les options de financement», explique Hanson. Les volumes d’ammoniac vert à produire dans la première phase du projet seront exclusivement destinés à l’exportation. «Pour cette première phase, nous serons en mesure de produire à un coût acceptable pour nos clients. Pour les phases suivantes, nous pourrions également produire partiellement pour l’industrie locale. Nous avons des idées précises à ce sujet, mais nous préférons ne pas les détailler pour le moment», souligne Hanson.
À l’export, les marchés cibles de Dahamco, dans le cadre de la première phase du projet, sont la région dite ARA (Amsterdam-Rotterdam-Anvers) en Europe pour des utilisations dans l’industrie et le secteur du transport maritime. S’agissant des marchés visés pour les phases suivantes du projet, ils dépendront de l’évolution de la demande locale et internationale. «Nous sommes confiants qu’il y aura une demande importante si le prix reste abordable», relève Hanson.
À en croire le président de la société, le projet porté par Dahamco devra normalement respecter son calendrier de réalisation. En effet, à la différence des autres projets soumis dans le cadre de l’offre Maroc, celui de Dahamco avait déjà décroché les autorisations nécessaires. «Si nous parvenons à signer l’accord final manquant du projet d’ici le premier trimestre 2025 au plus tard, nous serons en mesure d’atteindre sa mise en service commerciale en 2031, à condition qu’il n’y ait pas de nouveaux retards», affirme Hanson. L’un de défis à la production de l’ammoniac vert est certainement l’intermittence des énergies renouvelables qui constitue, en effet, un facteur important à considérer dans la production (moins pour l’hydrogène vert). «Nous avons procédé à la simulation de 25 ans d’opérations en nous basant sur des données historiques de vent et de soleil. Nous sommes donc confiants dans notre capacité à surmonter cet enjeu grâce à une conception adaptée de l’usine», détaille Hanson.
Dahamco a opté pour le procédé «alcalin»
Pour la première phase du projet, Dahamco opte pour des électrolyseurs alcalins. «Cette question nous a été posée à plusieurs reprises, mais compte tenu de notre échelle, avec une capacité d’électrolyse de 1,5 gigawatt (GW), il n’y a vraiment aucune raison de privilégier les électrolyseurs PEM», précise le patron de l’entreprise. À ses yeux, le potentiel du marché marocain est indéniable vu sa proximité avec les marchés de débouchés et la complémentarité de ses ressources éoliennes et solaires. «Ceci dit, le Maroc devra organiser ce secteur avec les soins nécessaires en prenant en considération plusieurs points essentiels», indique Hanson.
Concrètement, le patron de Dahamco alerte sur le risque des pertes dues au sillage. Son explication : un trop grand nombre de projets risque de générer des pertes de rendement (wake losses). Ce qui impactera négativement le coût de l’ammoniac et partant la compétitivité des projets. De même, poursuit-il, les restrictions de site à 30.000 hectares par projet entraîneront des économies d’échelle sous-optimales. Ce qui risque d’impacter le coût de production de l’ammoniac, compliquant ainsi la réalisation de ces projets. L’autre alerte émise par Hanson est liée aux infrastructures communes. En effet, détaille le patron de Dahamco, ces dernières sont, certes, importantes, mais ne doivent pas freiner la mise en œuvre des projets. Par exemple, un décalage entre la disponibilité opérationnelle des ports et celle des projets d’hydrogène/ammoniac/méthanol vert aurait de graves répercussions sur ces projets et compliquerait leur financement.
Hanson juge, en outre, important que l’État veille à ce qu’il n’y ait pas de retards dans l’octroi des permis pour les projets. Car tout retard affecterait négativement la viabilité des investissements. Sans oublier la transparence et la prévisibilité juridique. En fait, estime le patron de Dahamco, les incertitudes autour du cadre légal régissant le secteur augmenteront le coût du financement et, par conséquent, le coût des molécules produites. Le management de Dahamco soulève, également, la complexité des projets «Power-to-X» qui, à ses yeux, est souvent sous-estimée. Cette complexité, poursuit Hanson, ne réside pas dans la production d’électricité verte en amont, mais dans les parties électrochimiques et chimiques. «Peu d’entreprises dans le monde disposent de l’expertise nécessaire pour exploiter en toute sécurité des électrolyseurs et des usines d’ammoniac», fait-il remarquer. S’agissant des débouchés, Hanson soutient que, sans contrat d’achat (offtake), les projets ne pourront pas atteindre leur maturité financière et ne seront donc pas réalisés (à l’exception du projet «Neom»).
À la question portant sur le potentiel du Maroc en termes de volumes produits et chiffre d’affaires à dégager à travers le développement d’une industrie intégrée de production de l’hydrogène vert à l’horizon 2050, Hanson affirme qu’il est difficile de faire une évaluation précise. «Le contenu local en termes d’intégration de l’industrie de l’hydrogène vert est très important. Nous avons prévu, d’ailleurs, une intégration maximale, mais nous n’avons pas de visibilité sur les plans des autres développeurs», conclut Hanson qui souligne que la fabrication locale de composants fait partie intégrante de «notre stratégie», mais uniquement lorsqu’elle apporte une réelle valeur ajoutée. Selon lui, un contenu local qui augmenterait le coût des molécules vertes ne serait pas durable à long terme. «Cela dit, même en tenant compte de ces aspects, le potentiel pour le contenu local reste considérable», ajoute le patron de Dahamco.