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Hydrogène vert : le Maroc attise les ardeurs des investisseurs

Dans un marché international très concurrentiel, le Royaume jouit de plusieurs atouts pour se positionner en tant qu’acteur compétitif sur la filière de l’hydrogène vert. Le pays vient aussi de dévoiler «l’Offre Maroc» qui ouvre la voie aux investisseurs nationaux et internationaux. Selon les acteurs du secteur, cette offre a déjà trouvé écho chez de nombreux investisseurs. Décryptage.

Ce 11 mars est un jour à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de la transition énergétique au Royaume. La publication de «l’Offre Maroc» en matière d’hydrogène vert, via une circulaire du Chef du gouvernement datée de ce jour, signe le début d’une nouvelle ère impulsée par les Hautes Directives Royales données lors de la séance de travail présidée par S.M. le Roi Mohammed VI, le 22 novembre 2022 et des Hautes Instructions de Sa Majesté, contenues dans le discours du vingt-quatrième anniversaire de la Fête du Trône le 29 juillet 2023. L’objectif est de valoriser les atouts dont dispose le pays en la matière et répondre au mieux aux projets portés par les investisseurs mondiaux dans cette filière prometteuse.

À vrai dire, le Royaume a toutes les cartes en main pour se positionner comme un acteur majeur dans ce secteur naissant. Le Maroc émerge comme un hub attractif et compétitif pour la filière de l’hydrogène vert dans le monde, grâce non seulement à sa situation géographique stratégique aux portes de l’Europe, mais aussi grâce à son ouverture à l’international.



«Nous sommes le seul pays africain connecté à la fois aux marchés gaziers, électriques et maritimes avec l’Europe et au-delà, et qui nous garantissent un acheminement efficace de l’hydrogène vert et ses dérivés. Nous disposons également d’accords de libre-échange avec plusieurs pays qui permettent aux investisseurs d’accéder à un marché de plus de 2,5 milliards de consommateurs», estime Tarik, directeur général délégué de l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Masen), qui précise que «notre position de hub africain nous confère une position privilégiée à l’échelle du continent, offrant d’importantes opportunités commerciales et un potentiel prometteur en totale synergie, notamment avec le projet de Gazoduc Nigéria-Maroc». Ce n’est pas tout. Outre sa position géostratégique, le Royaume jouit d’autres atouts significatifs dans sa manche pour le développement de la filière. Il s’agit de la stabilité politique, économique et sociale, la robustesse de son tissu industriel et économique, l’expérience avérée dans le développement de projets renouvelables d’envergure pour la production d’une électricité verte compétitive, des infrastructures répondant aux meilleurs standards internationaux et un capital humain qualifié.

Ceci, en plus de «L’Offre Maroc» pour la production d’hydrogène vert qui déroule le tapis rouge aux investisseurs ou consortiums désirant intervenir sur un ou plusieurs maillons de la chaîne de valeur de cette filière au potentiel considérable. Ceci dans la mesure où cette molécule, produite par électrolyse de l’eau en utilisant de l’électricité provenant de sources renouvelables, est envisagée comme un vecteur clé pour parvenir à la neutralité carbone, un objectif mondial visant à équilibrer les émissions de gaz à effet de serre par leurs réduction et absorption.

D’où le grand intérêt pour «L’Offre Maroc» qui concerne uniquement les projets intégrés de l’amont depuis la production d’électricité de source renouvelable et l’électrolyse, jusqu’à l’aval avec la transformation de l’hydrogène vert en ammoniaque, méthanol, carburants synthétiques, etc., ainsi que la logistique y afférente pour son conditionnement, stockage et transport. Selon la circulaire de la primature, des avantages non négligeables sont proposés, positionnant ainsi le pays comme un acteur compétitif sur la scène internationale. Citons à ce titre le foncier qui représente un enjeu clé pour le développement de la filière de l’hydrogène vert. L’État, veillant dans un cadre contractuel à préserver le foncier public et garantir sa bonne utilisation, a identifié un foncier public significatif, de l’ordre d’un million d’hectares. Il sera ainsi procédé lors d’une première phase à la mise à disposition des investisseurs de 300.000 hectares à répartir en lots de 10.000 à 30.000 hectares, en fonction de la taille des projets prévus. «Il s’agit de projets à très grande échelle, puisque nous parlons de 10.000 à 30.000 hectares alloués par projet, et qui devront répondre à un ensemble de critères relatifs notamment à la solidité financière des investisseurs ou consortiums, à leurs expériences dans les différents segments de la chaîne de valeur, ainsi qu’à la vision de leur projet et des externalités positives pour le Royaume», détaille Tarik Hamane.

Le Royaume pourrait capturer plus de 4% de la demande mondiale

«L’Offre Maroc» s’articule aussi autour d’une infrastructure compétitive à planifier, mutualiser, développer et maintenir, conformément aux meilleurs standards internationaux et en fonction des besoins et de l’évolution de l’industrie de l’hydrogène vert. S’y ajoutent la mise en place de mesures incitatives et de l’accompagnement des porteurs de projets et des conventions-cadre d’investissement entre l’État et l’investisseur. Celles-ci prévoient des clauses de rendez-vous pour évaluer régulièrement l’avancement du programme d’investissement, dans le cadre d’une relation État-Investisseur marquée par la transparence et un respect strict des règles de confidentialité.

Autant d’atouts naturels, humains et géographiques qui offrent au Royaume un avantage significatif face à une concurrence croissante sur le marché mondial de l’hydrogène vert. D’ailleurs, nombreuses sont les études qui classent le Maroc parmi les cinq pays présentant le plus grand potentiel en matière de production d’hydrogène vert. Dans ce cadre, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) estime qu’à moyen terme, le Royaume pourrait capturer plus de 4% de la demande mondiale. Un potentiel qui se confirme au regard de l’intérêt exprimé, à ce jour, par une centaine d’investisseurs nationaux et internationaux. «À travers cette offre, le Royaume vise à se positionner en tant qu’acteur compétitif sur cette filière d’avenir, tout en maximisant les retombées positives, notamment en termes d’intégration industrielle horizontale ou verticale, de création d’emplois, de développement local des territoires abritant les projets, ainsi que les retours financiers pour l’État», avance Tarik Hamane.

Tarik Hamane, Directeur Général Délégué de Masen

Hydrogène vert : le Maroc attise les ardeurs des investisseurs



«Grâce à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, le Maroc joue un rôle clé dans la transition énergétique mondiale : il consolide sa position en tant que hub énergétique à travers le développement de l’hydrogène vert, appuyé par le lancement de “L’Offre Maroc”. Le Royaume est un partenaire solide, fiable et attractif : l’un des meilleurs potentiels renouvelables au monde, un foncier public significatif dédié et une expertise avérée dans le développement de projets d’énergies renouvelables d’envergure et d’infrastructures de classe mondiale, le pays propose une offre opérationnelle et incitative, propice à l’investissement, pouvant desservir une demande locale et une demande à l’export. Nous aspirons à devenir une destination privilégiée pour cette filière prometteuse et invitons les investisseurs à se joindre à cette dynamique.»

Le rôle moteur du privé

Le développement de la filière hydrogène vert au Maroc, soutenu par «L’Offre Maroc», offre un potentiel important pour la création d’emplois, l’implantation d’industries locales et l’attraction d’investissements étrangers. L’intégration horizontale et verticale de cette industrie émergente peut stimuler la création d’industries locales tout le long de la chaîne de valeur de la production d’hydrogène vert, contribuant, d’une part, à la compétitivité des projets et, d’autre part, à l’essor d’un écosystème industriel national : de la fabrication d’équipements pour la production d’électricité renouvelable aux équipements pour les unités d’électrolyse en passant par le stockage du produit final. La chaîne de valeur de l’hydrogène vert pourrait ainsi offrir aux industriels de vastes opportunités d’intégration. Les possibilités d’intégration verticale sont également significatives : des industries énergivores à forte empreinte carbone pourraient délocaliser une partie de leur production consommatrice d’hydrogène vert au Maroc, permettant ainsi de décarboner leurs activités tout en réduisant considérablement leurs coûts. Il est important de signaler que pour cette filière, le privé joue le rôle moteur dans le développement du secteur de l’hydrogène vert, l’État étant fortement mobilisé au côté des investisseurs en vue de la concrétisation des retombées économiques escomptées par le Maroc.
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