L’Afrique a réalisé des avancées «significatives» pour s’ériger en puissance émergente de l’innovation. Du Maroc, où les agriculteurs s’appuient sur l’innovation pour faire face à la pénurie d’eau, à Nairobi (Kenya) ou encore Accra (Ghana), où les familles envoient et reçoivent de l’argent via leurs téléphones mobiles, la technologie est devenue la règle sur le continent, apportant des solutions aux défis les plus pressants dans les domaines de la santé, de l’éducation et de durabilité. La déclaration est de Chakib Alj.
Le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) s’exprimait, le 11 octobre, lors d’une conférence sur «L’innovation en Afrique». Le patron des patrons marocains affirme, chiffres à l’appui, qu’en dépit d’une baisse significative du financement des startups dans le monde en 2022, l’Afrique a poursuivi sa tendance à la hausse, avec 4,9 milliards de dollars de capitaux propres levés, répartis sur près de 700 accords.
La fintech pointe en tête, avec 1,9 milliard de dollars, soit une part de 39% du financement total. «Mais nous pouvons encore faire mieux et aller plus loin», estime Alj. D’ailleurs, l’Afrique ne pèse actuellement que 0,2% en valeur des startups au niveau mondial. En effet, alors que de nombreuses startups ont un grand potentiel, un nombre significatif d’entre elles lâche prise au cours de leurs premières années, et ce pour différentes raisons. «Soutenir la croissance de l’Afrique en tant que puissance technologique est ainsi essentiel pour l’industrialisation et la croissance du continent. Des actions concertées et des mesures audacieuses devraient être prises de toute urgence par tous les acteurs publics et privés», recommande le président de la CGEM devant un parterre constitué des ministres marocains, africains et de représentants du Fonds monétaire international (FMI) et du secteur privé.
Alj insiste beaucoup sur l’importance du financement pour la survie des startups. «La résolution de l’écart de financement devrait être abordée de toute urgence, en créant et en promouvant davantage de véhicules de financement innovants, ainsi qu’en mobilisant le capital institutionnel ou Corporate vers l’innovation», explique-t-il. Les fonds sont donc essentiels, mais les talents sont tout aussi importants.
Alj suggère, par ailleurs, la construction d’une work force numérique capable de naviguer dans un environnement en constante évolution. Ce qui nécessite, selon lui, une meilleure éducation, de meilleurs programmes de développement des compétences et un meilleur accès à Internet. «Travaillons sur ces facteurs grâce à des partenariats publics-privés efficaces», recommande-t-il. Le défi, à ses yeux, est de retenir à l’échelle locale les talents qualifiés africains.
Notons qu’au Maroc, entre 20 et 30% des talents formés au numérique quittent le pays chaque année pour s’offrir des opportunités en Europe notamment. «Au lieu de simplement nous inquiéter de la fuite des cerveaux, nous devrions travailler à offrir un environnement plus attractif aux ressources humaines africaines, ainsi qu’un cadre épanouissant pour qu’ils puissent pleinement exploiter leur potentiel et réaliser leurs rêves», insiste Alj. Son explication : «un environnement florissant comprend un climat commercial propice et sain, une législation de soutien, une meilleure qualité de vie et un dialogue ouvert avec les décideurs politiques». Le tout assorti d’une facilitation de l’accès au marché. De même, accélérer la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) permettra de libérer le potentiel du commerce numérique sur le continent. Ce qui permettra aux entreprises d’élargir leur portée, avec un potentiel pour stimuler la production économique totale de 29.000 milliards de dollars d’ici 2050.
Enfin, la création d’un réseau technologique panafricain pourrait favoriser la collaboration, l’investissement et le partage de technologies entre les acteurs africains, et exploiter le potentiel collectif de nos réservoirs de talents, de nos marchés et de nos ressources, conclut Alj.
«Par rapport à son PIB, le Royaume peut faire pratiquement 10 fois mieux pour renforcer notre capacité à innover en faveur de l’amélioration de la qualité des services et la création d’emploi», précise Mezzour. Aux yeux d’Abe Selassie, directeur du département Afrique au sein du FMI, une grande part du développement du continent ces dernières années revient à l’émergence et l’adoption des nouvelles technologies. Toutefois, développe-t-il, trois ingrédients sont à améliorer : l’accès aux capitaux, la formation des talents et le renforcement de l’innovation qui constituent, selon lui, une condition clé pour booster la productivité et la compétitivité.
À ces ingrédients s’ajoutent, selon Ursula Owusu, ministre de la Communication et de la digitalisation au Ghana, qui participait à la conférence, des politiques publiques favorables à la promotion du secteur, le développement des partenariats avec le privé, l’amélioration des infrastructures et la modernisation de la réglementation dédiée. En abordant la question de développement de la digitalisation, le vice-président de la CGEM, Mehdi Tazi, qui est également opérateur dans le secteur des assurances, souligne que l’inclusion financière des populations à revenu limité est un objectif majeur de son entreprise. Selon lui, le taux de pénétration de l’assurance dans cette frange de la population demeure faible, soit 0,03%. Pour inverser la tendance, Tazi affirme que son entreprise, qui compte se développer dans la micro-assurance, devra absolument investir dans le digital. Ce processus nécessitera, selon lui, des talents spécialisés et une adaptation des infrastructures technologiques. n
Le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) s’exprimait, le 11 octobre, lors d’une conférence sur «L’innovation en Afrique». Le patron des patrons marocains affirme, chiffres à l’appui, qu’en dépit d’une baisse significative du financement des startups dans le monde en 2022, l’Afrique a poursuivi sa tendance à la hausse, avec 4,9 milliards de dollars de capitaux propres levés, répartis sur près de 700 accords.
La fintech pointe en tête, avec 1,9 milliard de dollars, soit une part de 39% du financement total. «Mais nous pouvons encore faire mieux et aller plus loin», estime Alj. D’ailleurs, l’Afrique ne pèse actuellement que 0,2% en valeur des startups au niveau mondial. En effet, alors que de nombreuses startups ont un grand potentiel, un nombre significatif d’entre elles lâche prise au cours de leurs premières années, et ce pour différentes raisons. «Soutenir la croissance de l’Afrique en tant que puissance technologique est ainsi essentiel pour l’industrialisation et la croissance du continent. Des actions concertées et des mesures audacieuses devraient être prises de toute urgence par tous les acteurs publics et privés», recommande le président de la CGEM devant un parterre constitué des ministres marocains, africains et de représentants du Fonds monétaire international (FMI) et du secteur privé.
Alj insiste beaucoup sur l’importance du financement pour la survie des startups. «La résolution de l’écart de financement devrait être abordée de toute urgence, en créant et en promouvant davantage de véhicules de financement innovants, ainsi qu’en mobilisant le capital institutionnel ou Corporate vers l’innovation», explique-t-il. Les fonds sont donc essentiels, mais les talents sont tout aussi importants.
Pour la construction d’une work force numérique
Les startups technologiques ne se contentent pas de créer des solutions innovantes, mais elles génèrent également des opportunités d’emploi pour la population de notre continent, qui doublera d’ici 2050. «N’oublions pas que 50% de cette population aura moins de 25 ans. Ce que certains voient comme un risque, mais que je choisis de considérer comme un atout considérable», détaille le patron de la CGEM.Alj suggère, par ailleurs, la construction d’une work force numérique capable de naviguer dans un environnement en constante évolution. Ce qui nécessite, selon lui, une meilleure éducation, de meilleurs programmes de développement des compétences et un meilleur accès à Internet. «Travaillons sur ces facteurs grâce à des partenariats publics-privés efficaces», recommande-t-il. Le défi, à ses yeux, est de retenir à l’échelle locale les talents qualifiés africains.
Notons qu’au Maroc, entre 20 et 30% des talents formés au numérique quittent le pays chaque année pour s’offrir des opportunités en Europe notamment. «Au lieu de simplement nous inquiéter de la fuite des cerveaux, nous devrions travailler à offrir un environnement plus attractif aux ressources humaines africaines, ainsi qu’un cadre épanouissant pour qu’ils puissent pleinement exploiter leur potentiel et réaliser leurs rêves», insiste Alj. Son explication : «un environnement florissant comprend un climat commercial propice et sain, une législation de soutien, une meilleure qualité de vie et un dialogue ouvert avec les décideurs politiques». Le tout assorti d’une facilitation de l’accès au marché. De même, accélérer la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) permettra de libérer le potentiel du commerce numérique sur le continent. Ce qui permettra aux entreprises d’élargir leur portée, avec un potentiel pour stimuler la production économique totale de 29.000 milliards de dollars d’ici 2050.
Enfin, la création d’un réseau technologique panafricain pourrait favoriser la collaboration, l’investissement et le partage de technologies entre les acteurs africains, et exploiter le potentiel collectif de nos réservoirs de talents, de nos marchés et de nos ressources, conclut Alj.
Digitalisation : le Maroc peut faire pratiquement 10 fois mieux !
Qu’en est-il du Maroc ? Au Royaume, la transition numérique figure parmi les priorités absolues de l’Exécutif Akhannouch. D’ailleurs, ce gouvernement est le premier à avoir constitué un ministère dédié à ce chantier stratégique de l’économie nationale». L’affirmation est de la ministre de tutelle, Ghita Mezzour, qui prenait part à ce débat qui a pour objectif d’explorer les moyens pour renforcer la compétitivité du continent dans le domaine technologique en vue de relever les défis du développement inclusif et du changement climatique. Selon Mezzour, le Maroc recèle des talents avec environ 130.000 jeunes formés dans le domaine de l’informatique. Le Royaume forme chaque année quelque 8.000 profils dans cette spécialité. De même, le pays compte à ce jour pas moins de 3.000 startups. La ministre rappelle que plusieurs initiatives ont été lancées afin de promouvoir ce secteur. Il s’agit notamment de la mise en place du label «Jeune entreprise innovante». Une initiative de soutien et d’appui aux compétences dans le domaine du numérique. Cependant, nuance la ministre, le Maroc a encore du chemin à parcourir puisqu’il n’a, à ce jour, atteint que 10% de son potentiel dans le domaine de la digitalisation.«Par rapport à son PIB, le Royaume peut faire pratiquement 10 fois mieux pour renforcer notre capacité à innover en faveur de l’amélioration de la qualité des services et la création d’emploi», précise Mezzour. Aux yeux d’Abe Selassie, directeur du département Afrique au sein du FMI, une grande part du développement du continent ces dernières années revient à l’émergence et l’adoption des nouvelles technologies. Toutefois, développe-t-il, trois ingrédients sont à améliorer : l’accès aux capitaux, la formation des talents et le renforcement de l’innovation qui constituent, selon lui, une condition clé pour booster la productivité et la compétitivité.
À ces ingrédients s’ajoutent, selon Ursula Owusu, ministre de la Communication et de la digitalisation au Ghana, qui participait à la conférence, des politiques publiques favorables à la promotion du secteur, le développement des partenariats avec le privé, l’amélioration des infrastructures et la modernisation de la réglementation dédiée. En abordant la question de développement de la digitalisation, le vice-président de la CGEM, Mehdi Tazi, qui est également opérateur dans le secteur des assurances, souligne que l’inclusion financière des populations à revenu limité est un objectif majeur de son entreprise. Selon lui, le taux de pénétration de l’assurance dans cette frange de la population demeure faible, soit 0,03%. Pour inverser la tendance, Tazi affirme que son entreprise, qui compte se développer dans la micro-assurance, devra absolument investir dans le digital. Ce processus nécessitera, selon lui, des talents spécialisés et une adaptation des infrastructures technologiques. n