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L'avenir prometteur de l’industrie des engrais au Maroc (Fitch)

Fitch Solutions maintient une perspective positive pour l’industrie marocaine des engrais, grâce à une demande croissante et à des investissements massifs du gouvernement et du Groupe OCP. Alors que le Royaume diversifie ses partenariats et s’engage auprès des pays africains, des défis demeurent, notamment en matière de gestion de l’eau. Dans une nouvelle étude, Fitch dévoile ainsi les perspectives et les risques à surveiller pour l’avenir de ce secteur stratégique pour le Maroc et pour le monde.

Selon Fitch, les engrais représentent une source importante de devises pour le Maroc, comptant pour 12,9% 
des revenus d’exportation du pays en 2023.
Selon Fitch, les engrais représentent une source importante de devises pour le Maroc, comptant pour 12,9% des revenus d’exportation du pays en 2023.
Dans une nouvelle étude, Fitch Solutions maintient une perspective positive pour l’industrie marocaine des engrais à moyen et long terme. Cette performance est portée par les vastes réserves de phosphates du pays, soutenu par une augmentation des investissements dans un contexte d’une demande mondiale croissante.

En 2023, selon les données de l’US Geological Survey, le Maroc détenait 67,6% des réserves mondiales de phosphates, mais représentait 15,9% de la production mondiale. Le Groupe OCP, qui est chargé de son extraction, sa transformation, sa valorisation et son exportation, renforce son positionnement.

Entre 2014 et 2018, la production moyenne annuelle de phosphates au Maroc était de 30,14 millions de tonnes. Cette production a augmenté de 22,8% entre 2019 et 2023 pour atteindre 37 millions de tonnes. Fitch Solutions estime que cette tendance devrait se poursuivre, soutenue par des investissements massifs de l’État et de l’OCP, le géant mondial des solutions de nutrition des plantes et des engrais phosphatés. Bien que les prix des engrais aient considérablement diminué par rapport à leur pic de 2022, ils restent supérieurs aux moyennes de 2015-2019. D’ailleurs, les perturbations du commerce des engrais et les restrictions d’exportation de phosphates en Chine ont conduit les gouvernements du monde entier à prioriser l’accès à ces produits pour garantir la sécurité alimentaire, notamment les pays d’Afrique subsaharienne.

Fitch Solutions estime que le Groupe OCP et le gouvernement marocain renforceront leur engagement dans le secteur des engrais avec les pays africains. Dans ce sens, en mai 2024, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a établi un partenariat stratégique avec le groupe OCP pour améliorer l’accès aux engrais en Afrique, contribuant ainsi au développement durable de l’agriculture sur le continent. «Le Maroc est désormais le deuxième investisseur sur le continent africain, après l’Afrique du Sud, et nous estimons que l’agriculture sera l’un des secteurs prioritaires de cet investissement. Une illustration de cet engagement est la création en 2016 de la filiale OCP Africa, dédiée au développement durable de l’agriculture africaine, ainsi qu’aux investissements dans des usines d’engrais au Nigeria et au Ghana», indique l’étude.

Résultat, le Maroc est désormais le premier exportateur d’engrais pour le continent africain, représentant 15% des importations totales du continent en engrais en 2023, contre 8,3% en 2012 et seulement 0,1% en 2004. «Nous estimons que le commerce des engrais avec les pays africains offre un potentiel considérable pour le Maroc, car le continent enregistre les taux d’adoption d’engrais les plus faibles au monde. Cela représente donc des opportunités significatives pour améliorer les rendements agricoles et favoriser l’expansion de l’agriculture en Afrique», soutient Fitch.



À l’échelle globale, les engrais constituent une source importante de devises étrangères pour le Maroc, représentant 12,9% des revenus d’exportation du pays en 2023. Le rôle du pays en tant qu’exportateur mondial d’engrais s’est considérablement renforcé au cours de la dernière décennie. En 2012, le Maroc représentait 3,2% des exportations mondiales totales d’engrais, un chiffre qui a grimpé à 5,9% en 2023. De même, le Royaume occupe une position particulièrement stratégique dans le domaine des engrais à base de phosphate, avec une part de 25,9% des engrais minéraux ou chimiques phosphatés produits dans le monde.

Le Brésil reste le plus grand importateur d’engrais marocains, représentant 19,9% des exportations du pays pour ce produit en 2023, contre 36% en 2013, ce qui montre une diversification croissante des partenaires commerciaux du Maroc, avec d’autres grands importateurs comme l’Inde, le Bangladesh et l’Argentine. Pour Fitch, l’emplacement géographique du Maroc est un avantage stratégique pour son industrie des engrais, lui permettant d’atteindre les marchés asiatiques, européens et africains.



«En conséquence, nous prévoyons une augmentation des investissements du gouvernement dans le Groupe OCP, accompagnée d’un renforcement des collaborations entre le Maroc et les organisations internationales concernant la production d’engrais», souligne l’étude. Dans ce sens, en novembre 2024, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a accordé un prêt de 200 millions d’euros au Groupe OCP afin de soutenir ses nouvelles installations de dessalement à des fins industrielles pour une gestion durable des ressources. De même, en septembre 2024, la Société financière internationale (IFC) a octroyé un prêt de 100 millions d’euros au groupe.

Certains défis néanmoins persistent

Bien que Fitch Solutions maintienne une perspective positive pour ce secteur, certains risques persistent. L’extraction et la transformation des phosphates en engrais nécessitent d’importantes quantités d’eau, ce qui constitue un problème majeur pour le Maroc. Selon la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture), le niveau de stress hydrique du pays est de 50,8%, comparé à une moyenne mondiale de 18,6% et à 8,41% en Europe.

L’accent mis par le gouvernement sur le renforcement de ses capacités de dessalement, notamment grâce au prêt mentionné de la BERD et à l’achat de technologies de dessalement auprès des États-Unis en septembre 2024, est une initiative positive à cet égard.

Par ailleurs, Fitch identifie également les prix du gaz naturel comme un facteur de risque important, pouvant influencer la compétitivité du secteur.
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