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Le groupe CDG, champion national des investissements climatiques

Le premier exercice national de chiffrage des investissements climatiques portés par les entreprises et établissements publics vient de livrer ses enseignements. Il révèle que le groupe CDG se positionne en tête du classement avec un score d’évaluation de 100%, confirmant son rôle moteur dans la transition verte du Royaume. La Caisse de dépôt et de gestion est suivie par d’autres opérateurs publics de premier plan, notamment Masen, le groupe OCP, l’ONEE ou encore la RAM, qui consolident à leur tour leur engagement croissant en faveur du climat et du développement durable. L’étude menée par le département des Finances avec l’assistance d’un cabinet spécialisé, a montré que sur les 54 milliards de dirhams investis par le portefeuille public, près de 60% sont à vocation climatique. Cette étude pilote constitue un prélude à l’instauration d’un système national intégré de chiffrage climatique des investissements publics.

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Le département des Finances s’est prêté à un exercice inédit : le chiffrage des investissements climatiques des entreprises et établissements publics (EEP). En effet, dans le cadre du renforcement du cadre national de transparence sur la finance climatique, aligné sur l’Initiative internationale pour la transparence de l’action climatique et conformément aux engagements du Royaume dans l’Accord de Paris, les services de Nadia Fettah Alaoui, en coordination avec les partenaires institutionnels et techniques, ont procédé, avec l’assistance d’un cabinet spécialisé, à classer et à chiffrer les investissements climatiques réalisés par un échantillon pilote d’établissements et d’entreprises publics sur la période 2022-2024.



Cet exercice s’est basé sur trois étapes complémentaires, à savoir la sélection d'un échantillon pilote de 271 entités recensées dont 44 classées prioritaires et 10 retenues pour un chiffrage climatique en fonction de critères combinant, entre autres, la capacité financière, l'impact climatique sectoriel et la maturité institutionnelle en matière de reporting environnemental. Cette démarche s’inscrit dans une approche stratégique visant à doter le Maroc d’un système national intégré de chiffrage climatique des investissements publics. Les conclusions de cette première étude mettent en évidence un engagement tangible des EEP en faveur du climat, avec 58 projets identifiés totalisant 54 milliards de dirhams, dont près de 32 milliards (59%) à vocation climatique directe ou indirecte. Ces investissements traduisent ainsi la contribution croissante du portefeuille public à la mise en œuvre de la politique nationale de transition verte et de soutenabilité budgétaire. L’analyse montre que les investissements climatiques des EEP couvrent un spectre sectoriel assez large, allant de l’énergie et l’eau à l’industrie extractive, aux infrastructures et au financement.

Les entités les plus engagées dans cette dynamique sont notamment le groupe CDG, qui obtient un score d’évaluation de 100%, suivi de l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) (93%), de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (80%), du Groupe OCP (80%), des Autoroutes du Maroc (80%), du Groupe Tanger Med Special Agency (80%), de l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (60%), de l’Office national des aéroports (60%), du Holding Al Omrane (53%) et de l’Agence marocaine pour l’énergie solaire (47%). Précision importante : le chiffrage s’est appuyé sur une méthodologie internationalement reconnue, notamment les marqueurs Rio de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), permettant de qualifier chaque projet selon sa contribution à l’atténuation des émissions ou à l’adaptation au changement climatique. Les projets recensés témoignent de la diversité des approches et des priorités sectorielles. Parmi eux figurent, à titre d’exemple, un projet solaire majeur de 1,42 milliard de dirhams entièrement climatique porté par l’Agence marocaine pour les énergies durables (MASEN), sept projets d’adaptation forestière et de préservation de la biodiversité de l’ANEF mobilisant 5,9 milliards de dirhams, douze projets de décarbonation industrielle et de gestion durable de l’eau du groupe OCP pour 10,39 milliards de dirhams dont 89% climatiques, ou encore quatre projets d’infrastructures portuaires durables portés par Tanger Med Special Agency intégrant adaptation et verdissement.

L’étude souligne également les marges de progression encore importantes pour certains acteurs, notamment la CDG, l’ONDA et ADM dont la part climatique des projets reste inférieure à 25%. Cette disparité reflète un potentiel de montée en puissance significatif si les critères climatiques sont intégrés dès la conception des projets. Elle met aussi en lumière la nécessité d’un cadre national harmonisé de reporting climat, d’une standardisation des indicateurs et d’un renforcement des compétences techniques pour assurer la comparabilité et la fiabilité des données. Au-delà des chiffres, cette initiative constitue une étape fondatrice dans l’intégration des EEP à la finance climat nationale, ouvrant la voie à une mobilisation accrue des financements internationaux et à un meilleur positionnement du Maroc comme acteur crédible et transparent de la transition verte. L’étude recommande d’élargir ce chiffrage à l’ensemble du portefeuille public afin de consolider la visibilité, la transparence et la crédibilité du Royaume dans les négociations climatiques mondiales.

Dans cette même optique, l’Agence nationale de gestion des participations de l’État (ANGSPE) a engagé depuis octobre 2024 une démarche intégrée de responsabilité sociétale alignée sur sa mission de gestion durable des participations publiques. Celle-ci s’articule autour de trois volets : l’analyse de matérialité des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance, la mise en place d’une gouvernance dédiée à travers un comité de pilotage et une communauté de référents, et enfin le déploiement opérationnel des engagements à travers la formation, le suivi des performances et la reddition transparente. Ainsi, cette première évaluation marque un tournant dans la gouvernance du portefeuille public marocain, en inscrivant la performance climatique au cœur des stratégies d’investissement et en jetant les bases d’un modèle de développement plus durable, inclusif et résilient.
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