L’économie numérique mondiale est en pleine effervescence, portée par des perspectives de croissance exceptionnelles. C’est ce que confirme l’Organisation de coopération numérique dans son dernier Rapport dédié au secteur. Les projections sont impressionnantes : l’économie numérique devrait progresser à un taux de 9,5% en 2026, un rythme trois fois plus rapide que la croissance anticipée pour l’économie mondiale. Grâce à cette accélération, elle devrait représenter 22% du PIB mondial en 2026, soit une valeur estimée à près de 28.000 milliards de dollars américains.
Atteindre ce potentiel exige toutefois une compréhension claire des 18 forces qui façonnent cette déferlante, forces qui peuvent à la fois générer des opportunités sans précédent et exacerber les inégalités.
• Premier axe : les écosystèmes intelligents durables
Il met en évidence la manière dont l’intelligence artificielle (IA) et les données créent de la valeur tout en posant des défis en matière d’énergie et d’accès équitable aux technologies. L’IA devient ainsi plus spécialisée, orientée vers des usages sectoriels précis, tandis que les interfaces de programmation (API) favorisent un partage de données plus sûr et transparent. Cette évolution ouvre la voie à une «intelligence ambiante» où capteurs et calcul en périphérie créent une couche invisible d’automatisation. Mais la dépendance énergétique de ces systèmes impose de repenser la durabilité de l’économie numérique.
Deux tendances émergentes pourraient transformer profondément ce domaine : l’essor d’une IA «agentique», capable d’exécuter seule des tâches complexes, et l’arrivée de robots généralistes plus flexibles et abordables, susceptibles de révolutionner plusieurs industries.
• Deuxième axe : les communautés autonomisées
Il s’intéresse à l’impact social et humain de la transformation numérique. L’IA rend possible une hyperpersonnalisation des services, notamment dans la santé et l’éducation, mais bouleverse aussi le monde du travail, créant une urgence en matière de requalification et de compétences numériques. La protection du bien-être numérique devient une priorité face à la désinformation et à l’hyperconnexion, tandis que les expériences hybrides, mêlant réel et virtuel, gagnent du terrain.
À plus long terme, deux défis majeurs se profilent : la fracture de l’IA, qui risque d’accentuer les inégalités entre ceux qui maîtrisent la technologie et les autres, et le développement des interfaces cerveau machine, à la frontière entre le biologique et le numérique, soulevant d’importantes questions éthiques et sociales.
• Troisième axe : confiance et sécurité
Ces piliers sont essentiels à toute économie numérique prospère. La cybersécurité de bout en bout devient une nécessité collective face à des écosystèmes toujours plus interconnectés. Les pays cherchent à renforcer leur souveraineté numérique, bâtissant leurs propres infrastructures et normes, au risque de fragmenter le paysage technologique mondial en blocs concurrents. Dans le même temps, le commerce numérique connaît une accélération sans précédent, nécessitant de nouvelles règles pour encadrer les échanges de données et de services.
Deux tendances émergentes appellent une vigilance particulière : la préparation à l’ère quantique, dont les avancées pourraient rendre obsolètes les systèmes de sécurité actuels, et la convergence des technologies de pointe (IA, robotique, biotechnologie), qui promet des innovations majeures, mais impose aussi de repenser les cadres de confiance et de gouvernance.
La bonne nouvelle est que la perception de cette préparation a fortement augmenté. Alors que l’an dernier seulement 49% des répondants jugeaient le secteur privé prêt, ce chiffre atteint aujourd’hui 94%. Le secteur public a également progressé, passant de 37 à 70%.
Cependant, cette préparation reste hétérogène. L’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie centrale se positionnent généralement en tête, souvent en catégorie «pionnier» ou «avancé», notamment pour la cybersécurité, l’innovation et l’IA. L’Amérique du Nord affiche par exemple le niveau le plus élevé pour le renforcement de la cybersécurité de bout en bout.
En revanche, certaines régions comme le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine se situent encore dans les catégories «fonctionnelle» ou «fondamentale» pour plusieurs tendances. Elles font face à des obstacles persistants, notamment en termes d’infrastructures de calcul et de talents spécialisés. Malgré ces défis, elles restent optimistes quant au potentiel de croissance, notamment pour la collaboration de données via API et pour alimenter une économie numérique durable, grâce à des investissements stratégiques comme l’énergie solaire.
1. Renforcer la gouvernance et la confiance
Les gouvernements et les organismes multilatéraux doivent réduire la fragmentation réglementaire et harmoniser les normes pour les technologies complexes comme l’IA, le Cloud et l’informatique quantique. L’interopérabilité transfrontalière et des mécanismes de gouvernance communs sont essentiels, surtout face à l’imbrication croissante des technologies et des dynamiques géopolitiques.
2. Élargir les avantages pour tous
Cela passe par l’instauration de flux fluides pour les biens numériques, les services, les données et les talents, afin de réduire les fractures en matière d’IA et de compétences. Des actions concrètes incluent la coopération sur les cadres de commerce numérique et l’établissement de systèmes de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les talents
numériques.
3. Bâtir des écosystèmes d’innovation résilients
Les pays doivent renforcer leurs capacités d’innovation en élargissant l’accès aux capitaux transfrontaliers, en soutenant la Recherche & le Développement (R&D) et en veillant à ce que les petites et moyennes entreprises (PME) adoptent les outils numériques pour accroître leur productivité, même dans les communautés mal
desservies.
4. Promouvoir une économie numérique durable
Cela nécessite d’adopter des principes de conception durable, d’améliorer l’efficacité énergétique des infrastructures (un défi majeur pour l’expansion de l’IA) et de renforcer la cyber-résilience pour se prémunir contre les risques systémiques. n
• La montée de l’IA verticale, qui propose des solutions spécialisées par secteur, pourrait générer 5.070 milliards de dollars avec une croissance de 5,7%.
• La transformation de la main-d’œuvre accélérée par l’IA devrait créer 4. 910 milliards de dollars (5,5%), surtout dans les services et les industries extractives.
• L’aube de l’intelligence ambiante, alimentée par capteurs et calcul en périphérie, représente 4.210 milliards de dollars (4,7%).
• Les expériences hybrides immersives, fusionnant monde physique et virtuel, pourraient générer 4.140 milliards de dollars (4,7%).
• Le commerce numérique holistique est un autre levier clé, avec 3.630 milliards de dollars de potentiel (4,1%).
D’autres tendances structurantes incluent la collaboration de données via API (3.530 milliards ; 4,0%), le renforcement de la cybersécurité de bout en bout (3.130 milliards ; 3,5%), l’hyperpersonnalisation (2.970 milliards ; 3,3%), l’émergence de blocs technologiques concurrents (2.920 milliards ; 3,3%), l’économie numérique durable (2.860 milliards ; 3,2%) et les stratégies de souveraineté numérique (2.780 milliards, 3,1%). Enfin, la tendance «Sauvegarder le bien-être numérique» représente 2.630 milliards de dollars (3%), illustrant l’importance d’un développement technologique plus humain et inclusif.
Ces projections doivent toutefois être nuancées. Une partie croissante des acteurs financiers s’inquiète d’une «bulle» autour de l’IA. Une grande partie des investissements circule en boucle : les fabricants de puces financent des laboratoires d’IA, qui achètent des services Cloud, eux-mêmes réinjectés pour acheter plus de puces. Ce cycle peut créer une illusion de demande, alors que les gains réels de productivité restent limités.
Les hyperscalers utilisent également des structures financières complexes, filiales et coentreprises, pour financer l’expansion des centres de données et des unités graphiques, sans que la dette apparaisse clairement dans leurs bilans. Cette opacité rappelle certaines pratiques lors de la crise de 2008-2009 ou de la bulle Internet de 2000.
Par ailleurs, l’essor des modèles d’IA open weight, plus économiques et exécutables localement, renforce la concurrence et pourrait réduire les marges des principaux fournisseurs. Si leurs revenus ne répondent pas aux attentes, le boom de l’IA pourrait se dégonfler rapidement, tempérant ainsi les projections de création de valeur.
Atteindre ce potentiel exige toutefois une compréhension claire des 18 forces qui façonnent cette déferlante, forces qui peuvent à la fois générer des opportunités sans précédent et exacerber les inégalités.
Les 18 tendances qui redéfinissent le secteur
Le Rapport dresse un panorama complet des 18 grandes tendances qui redéfiniront l’économie numérique mondiale d’ici 2026. Structuré autour de trois axes, le document liste douze tendances déjà à l’œuvre, appelées à s’accélérer dans les dix huit prochains mois, et six autres émergentes susceptibles de bouleverser les équilibres au cours des trois à cinq années à venir.• Premier axe : les écosystèmes intelligents durables
Il met en évidence la manière dont l’intelligence artificielle (IA) et les données créent de la valeur tout en posant des défis en matière d’énergie et d’accès équitable aux technologies. L’IA devient ainsi plus spécialisée, orientée vers des usages sectoriels précis, tandis que les interfaces de programmation (API) favorisent un partage de données plus sûr et transparent. Cette évolution ouvre la voie à une «intelligence ambiante» où capteurs et calcul en périphérie créent une couche invisible d’automatisation. Mais la dépendance énergétique de ces systèmes impose de repenser la durabilité de l’économie numérique.
Deux tendances émergentes pourraient transformer profondément ce domaine : l’essor d’une IA «agentique», capable d’exécuter seule des tâches complexes, et l’arrivée de robots généralistes plus flexibles et abordables, susceptibles de révolutionner plusieurs industries.
• Deuxième axe : les communautés autonomisées
Il s’intéresse à l’impact social et humain de la transformation numérique. L’IA rend possible une hyperpersonnalisation des services, notamment dans la santé et l’éducation, mais bouleverse aussi le monde du travail, créant une urgence en matière de requalification et de compétences numériques. La protection du bien-être numérique devient une priorité face à la désinformation et à l’hyperconnexion, tandis que les expériences hybrides, mêlant réel et virtuel, gagnent du terrain.
À plus long terme, deux défis majeurs se profilent : la fracture de l’IA, qui risque d’accentuer les inégalités entre ceux qui maîtrisent la technologie et les autres, et le développement des interfaces cerveau machine, à la frontière entre le biologique et le numérique, soulevant d’importantes questions éthiques et sociales.
• Troisième axe : confiance et sécurité
Ces piliers sont essentiels à toute économie numérique prospère. La cybersécurité de bout en bout devient une nécessité collective face à des écosystèmes toujours plus interconnectés. Les pays cherchent à renforcer leur souveraineté numérique, bâtissant leurs propres infrastructures et normes, au risque de fragmenter le paysage technologique mondial en blocs concurrents. Dans le même temps, le commerce numérique connaît une accélération sans précédent, nécessitant de nouvelles règles pour encadrer les échanges de données et de services.
Deux tendances émergentes appellent une vigilance particulière : la préparation à l’ère quantique, dont les avancées pourraient rendre obsolètes les systèmes de sécurité actuels, et la convergence des technologies de pointe (IA, robotique, biotechnologie), qui promet des innovations majeures, mais impose aussi de repenser les cadres de confiance et de gouvernance.
La préparation inégale des nations
Après avoir passé en revue les grandes tendances du secteur, le Rapport s’interroge sur la capacité des nations à tirer pleinement parti de ce potentiel. En réponse, le document constate que la préparation varie fortement selon les régions et dépend de trois piliers fondamentaux : l’infrastructure numérique, l’innovation et les capacités humaines.La bonne nouvelle est que la perception de cette préparation a fortement augmenté. Alors que l’an dernier seulement 49% des répondants jugeaient le secteur privé prêt, ce chiffre atteint aujourd’hui 94%. Le secteur public a également progressé, passant de 37 à 70%.
Cependant, cette préparation reste hétérogène. L’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie centrale se positionnent généralement en tête, souvent en catégorie «pionnier» ou «avancé», notamment pour la cybersécurité, l’innovation et l’IA. L’Amérique du Nord affiche par exemple le niveau le plus élevé pour le renforcement de la cybersécurité de bout en bout.
En revanche, certaines régions comme le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine se situent encore dans les catégories «fonctionnelle» ou «fondamentale» pour plusieurs tendances. Elles font face à des obstacles persistants, notamment en termes d’infrastructures de calcul et de talents spécialisés. Malgré ces défis, elles restent optimistes quant au potentiel de croissance, notamment pour la collaboration de données via API et pour alimenter une économie numérique durable, grâce à des investissements stratégiques comme l’énergie solaire.
Recommandations : quatre priorités pour un avenir partagé
Pour exploiter pleinement les 28 billions de dollars de l’économie numérique, le Rapport souligne que des efforts coordonnés sont indispensables, avec quatre priorités transversales :1. Renforcer la gouvernance et la confiance
Les gouvernements et les organismes multilatéraux doivent réduire la fragmentation réglementaire et harmoniser les normes pour les technologies complexes comme l’IA, le Cloud et l’informatique quantique. L’interopérabilité transfrontalière et des mécanismes de gouvernance communs sont essentiels, surtout face à l’imbrication croissante des technologies et des dynamiques géopolitiques.
2. Élargir les avantages pour tous
Cela passe par l’instauration de flux fluides pour les biens numériques, les services, les données et les talents, afin de réduire les fractures en matière d’IA et de compétences. Des actions concrètes incluent la coopération sur les cadres de commerce numérique et l’établissement de systèmes de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les talents
numériques.
3. Bâtir des écosystèmes d’innovation résilients
Les pays doivent renforcer leurs capacités d’innovation en élargissant l’accès aux capitaux transfrontaliers, en soutenant la Recherche & le Développement (R&D) et en veillant à ce que les petites et moyennes entreprises (PME) adoptent les outils numériques pour accroître leur productivité, même dans les communautés mal
desservies.
4. Promouvoir une économie numérique durable
Cela nécessite d’adopter des principes de conception durable, d’améliorer l’efficacité énergétique des infrastructures (un défi majeur pour l’expansion de l’IA) et de renforcer la cyber-résilience pour se prémunir contre les risques systémiques. n
Intelligence artificielle : boom spectaculaire ou bulle imminente ?
Le potentiel de création de valeur de l’économie numérique mondiale, estimé à 28.000 milliards de dollars d’ici 2026, est porté par une douzaine de tendances clés.• La montée de l’IA verticale, qui propose des solutions spécialisées par secteur, pourrait générer 5.070 milliards de dollars avec une croissance de 5,7%.
• La transformation de la main-d’œuvre accélérée par l’IA devrait créer 4. 910 milliards de dollars (5,5%), surtout dans les services et les industries extractives.
• L’aube de l’intelligence ambiante, alimentée par capteurs et calcul en périphérie, représente 4.210 milliards de dollars (4,7%).
• Les expériences hybrides immersives, fusionnant monde physique et virtuel, pourraient générer 4.140 milliards de dollars (4,7%).
• Le commerce numérique holistique est un autre levier clé, avec 3.630 milliards de dollars de potentiel (4,1%).
D’autres tendances structurantes incluent la collaboration de données via API (3.530 milliards ; 4,0%), le renforcement de la cybersécurité de bout en bout (3.130 milliards ; 3,5%), l’hyperpersonnalisation (2.970 milliards ; 3,3%), l’émergence de blocs technologiques concurrents (2.920 milliards ; 3,3%), l’économie numérique durable (2.860 milliards ; 3,2%) et les stratégies de souveraineté numérique (2.780 milliards, 3,1%). Enfin, la tendance «Sauvegarder le bien-être numérique» représente 2.630 milliards de dollars (3%), illustrant l’importance d’un développement technologique plus humain et inclusif.
Ces projections doivent toutefois être nuancées. Une partie croissante des acteurs financiers s’inquiète d’une «bulle» autour de l’IA. Une grande partie des investissements circule en boucle : les fabricants de puces financent des laboratoires d’IA, qui achètent des services Cloud, eux-mêmes réinjectés pour acheter plus de puces. Ce cycle peut créer une illusion de demande, alors que les gains réels de productivité restent limités.
Les hyperscalers utilisent également des structures financières complexes, filiales et coentreprises, pour financer l’expansion des centres de données et des unités graphiques, sans que la dette apparaisse clairement dans leurs bilans. Cette opacité rappelle certaines pratiques lors de la crise de 2008-2009 ou de la bulle Internet de 2000.
Par ailleurs, l’essor des modèles d’IA open weight, plus économiques et exécutables localement, renforce la concurrence et pourrait réduire les marges des principaux fournisseurs. Si leurs revenus ne répondent pas aux attentes, le boom de l’IA pourrait se dégonfler rapidement, tempérant ainsi les projections de création de valeur.
