Le Matin : Le Sommet annuel de l’Africa Financial Summit (AFIS), dont la Société financière internationale est co-hôte, s’impose désormais comme un carrefour majeur de la transformation financière du continent, favorisant les partenariats et les projets innovants à l’échelle africaine. Quel regard portez-vous sur la dernière édition organisée à Casablanca ?
David Tinel :Coorganisé par la Société financière internationale (SFI, ou IFC en anglais), du Groupe de la Banque mondiale, et «Jeune Afrique», et conçu comme une plateforme d’expertise et de développement des affaires, l’AFIS est l’un des forums financiers incontournables en Afrique. Ce rendez-vous annuel de la finance a pour objectif de faire avancer le développement du secteur financier et a, cette année encore, réuni plus de 1.200 leaders africains et mondiaux venus de plus de 70 pays, pour tracer la voie du financement du futur de l’Afrique.
Les capitaux mondiaux sont devenus aujourd’hui plus sélectifs, alors que nos besoins d’investissement continuent de croître. C’est dans ce contexte exigeant que l’AFIS s’est tenu, notamment pour y apporter des réponses. L’une d’elles réside dans la mobilisation de la puissance financière africaine et des partenariats mondiaux : il s’agit de connecter des pools d’épargne robustes à des actifs de qualité, via des marchés de capitaux profonds et fiables.
En réunissant les dirigeants du continent autour d’une même ambition, à savoir aligner l’épargne africaine, les marchés régionaux et les capitaux internationaux, l’AFIS 2025 a incarné la volonté collective de transformer les ressources du continent en force, et cette force en prospérité durable. Cette édition, en particulier, aura permis de réaffirmer un message clair : la transformation de l’Afrique viendra d’abord d’elle-même, grâce à la mobilisation de sa propre puissance financière.
Pour le Maroc, accueillir à nouveau l’AFIS sur son sol a été une excellente occasion de réaffirmer son rôle de hub financier pour le continent – ancré dans une gouvernance solide, une réglementation moderne et un leadership régional reconnus.
Quels messages clés l’IFC a-t-elle souhaité faire passer à travers sa participation à cette édition, et quelles priorités ont émergé des échanges avec les acteurs financiers africains ?
La participation de l’IFC a reflété les priorités exprimées par les acteurs financiers africains eux-mêmes, à savoir que l’Afrique représente une opportunité majeure pour les investisseurs, portée par des réformes financières et une hausse des investissements directs, y compris dans les projets d’énergies renouvelables et d’infrastructures durables. Pour transformer cette dynamique en croissance inclusive, l’IFC et ses partenaires ont souligné la nécessité de mobiliser davantage de capitaux africains.
En réponse à ces priorités communes, l’IFC agit sur plusieurs fronts, tels que l’accélération de l’inclusion financière. En effet, la digitalisation et des produits adaptés pour les petites entreprises permettent d’intégrer des millions de petites et moyennes entreprises (PME) et de femmes entrepreneures dans les circuits financiers formels. Le développement d’infrastructures de crédit solides, incluant les bureaux de crédit, les registres de garanties et les systèmes de paiement numériques, est essentiel pour promouvoir l’accès au financement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) et faire progresser l’inclusion financière sur le continent.
Nous intervenons par ailleurs sur le renforcement des chaînes de valeur agricoles. Faisant partie de la nouvelle initiative AgriConnect du Groupe de la Banque mondiale, l’IFC promeut le modèle AgTech en appuyant des partenariats innovants entre AgTechs et institutions financières. Cette initiative a pour objectif l’amélioration de la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la résilience climatique en Afrique. Elle vise à mobiliser 5 milliards de dollars d’ici 2030, et illustre comment la technologie peut transformer l’agriculture en connectant les agriculteurs aux financements, aux marchés et aux solutions AgTech, répondant ainsi directement au sous-investissement chronique souligné par les parties prenantes. Au Maroc, le programme a démarré il y a deux ans et est en phase de mise à l’échelle avec nos partenaires privés et publics.
Afin de réduire les retards de paiement et d’offrir des liquidités aux PME, nous travaillons à adopter des solutions de financement de la chaîne logistique (Supply Chain Finance – SCF). L’approche programmatique de l’IFC en matière de SCF joue un rôle catalyseur pour élargir l’accès au financement des PME, tout en tirant parti du potentiel de marché important des programmes SCF, estimé à 7-8% du PIB régional. Cette intervention ciblée contribue à stabiliser et renforcer les écosystèmes, et stimule une croissance économique inclusive.
Ces initiatives traduisent l’engagement de l’IFC à faire progresser les priorités des acteurs financiers africains, qui sont de créer des marchés plus matures, stimuler l’investissement privé et bâtir des économies africaines résilientes.
Lors du sommet, plusieurs partenariats stratégiques ont été signés entre l’IFC et des institutions africaines, notamment avec Saham Bank pour faciliter l’accès au financement des entreprises marocaines. Quels impacts concrets attendez-vous de cette collaboration ?
Dans le cadre de cet accord majeur, l’IFC prendra en charge jusqu’à 50% du risque de crédit sur un portefeuille de prêts octroyés par Saham Bank à des entreprises marocaines, d’un montant équivalent à 500 millions de dollars.
Les principaux objectifs de cette opération sont d’élargir l’accès au financement des entreprises marocaines, en particulier des PME, mais aussi de soutenir la création d’emplois et de renforcer la résilience du secteur financier marocain. Ceux-ci sont alignés avec la stratégie pays du Groupe de la Banque mondiale pour le Maroc, et en particulier avec la stratégie de l’IFC, qui fait de l’inclusion financière un levier clé de croissance et de création d’emplois.
L’IFC soutient depuis plusieurs années la modernisation et le renforcement de la résilience du secteur financier marocain. Quels ont été vos principaux axes d’intervention et comment évaluez-vous aujourd’hui l’évolution de ce secteur ?
Le Maroc est un partenaire de grande importance pour l’IFC. Les pays à revenu intermédiaire, dont le Maroc fait partie, sont des portes d’entrée pour l’intégration régionale et peuvent stimuler la croissance économique des pays voisins, en créant d’une part des champions régionaux, mais aussi du commerce et des opportunités de bonnes pratiques à reproduire.
Dans le cadre de son mandat de soutien à la croissance du secteur privé et au développement des affaires transrégionales en Afrique, l’IFC a soutenu de nombreuses entreprises marocaines afin de renforcer leur empreinte dans la région.
Depuis le début des années 2000, nous avons ainsi appuyé l’expansion vers le reste de l’Afrique de grands groupes bancaires et d’assurance marocains tels que la Banque Centrale Populaire (BCP), Attijariwafa bank, Bank Of Africa (BOA), Saham Group et Holmarcom. L’IFC agit également pour renforcer l’inclusion financière et la durabilité du secteur. Nous avons ainsi accordé un prêt de 100 millions de dollars au Crédit du Maroc pour financer des PME, des femmes entrepreneures et des projets verts. Nous avons également investi 135 millions de dollars en fonds propres dans Holmarcom Finance Company pour élargir l’accès au crédit et à l’assurance.
Par ailleurs, l’IFC soutient l’agri-finance et la sécurité alimentaire, notamment via son partenariat avec SOWIT, qui a déjà permis de financer 3.000 hectares de blé, avec un objectif de 87.000 hectares d’ici 2030. Nous contribuons aussi au développement des marchés de capitaux et des financements climatiques, en appuyant l’émission d’obligations vertes et en mobilisant des capitaux pour des projets d’énergie propre. Ces actions positionnent le Maroc comme un acteur clé de la finance durable et inclusive en Afrique.
Au-delà du secteur financier, l’IFC a également collaboré avec Ciments de l’Afrique (CIMAF), OCP Africa, Retail Holding et Maroc Telecom pour soutenir la production, la sécurité alimentaire, la distribution et les investissements verts dans plusieurs pays africains.
Ces initiatives s’inscrivent dans un engagement global de plus de deux milliards de dollars investis par l’IFC au Maroc ces deux dernières années. Nous comptons poursuivre sur cette lancée, notamment en soutenant les projets d’investissements régionaux de nos clients, mais aussi en développant de nouveaux partenariats avec des institutions financières africaines.
Au-delà des institutions bancaires, quelles sont les autres priorités d’intervention de l’IFC au Maroc ?
L’IFC est un partenaire du Maroc depuis plus de 60 ans. Notre objectif est clair : mobiliser des capitaux privés pour libérer le potentiel des entreprises, en particulier des PME, qui sont des moteurs clés de l’emploi et de la croissance inclusive. Cela signifie soutenir les banques pour améliorer l’accès au crédit des PME, mais également investir dans les infrastructures pour renforcer la compétitivité et développer des solutions de financement innovantes.
Ainsi, nous avons récemment collaboré avec Tanger Med pour financer l’expansion de leur terminal de camions et de passagers afin de renforcer la position stratégique du Maroc comme hub du commerce régional et mondial. Notre prêt de 197 millions d’euros, lié à la durabilité, a également permis de mobiliser un prêt commercial de 203 millions d’euros, et vise à doubler la capacité du terminal roulier pour la porter à plus d’un million de camions par an.
Notre travail sur l’accès au financement s’étend à la promotion de l’inclusion financière dans les zones rurales, notamment pour les agriculteurs, via des solutions AgTech. Nous avons récemment collaboré avec Bank Al-Maghrib pour améliorer la résilience agricole et l’inclusion financière, en rendant les outils numériques et les services financiers adaptés plus accessibles aux petits exploitants agricoles.
Nous soutenons aussi activement le développement des secteurs de l’énergie solaire, de l’eau et de l’hydrogène vert, qui sont des priorités stratégiques communes, ainsi que les secteurs textile et pharmaceutique. En parallèle, l’IFC soutient des réformes clés du secteur privé, notamment pour améliorer le climat des affaires, et des projets de partenariats public-privé (PPP) stratégiques, par exemple le terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) qui sera développé à Nador.
Notre institution appuie également le programme de développement régional du Maroc à travers son engagement avec les régions. Ces dernières années, nous avons étroitement collaboré avec les Centres régionaux d’investissement (CRI), notamment le CRI Marrakech-Safi et le CRI Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, pour améliorer le climat des affaires régional et attirer davantage l’investissement privé. Ces partenariats aident les autorités régionales à renforcer leur capacité à promouvoir l’investissement et à soutenir le développement local durable. Par ailleurs, nous explorons actuellement l’opportunité d’étendre notre soutien à la région de l’Oriental.
Notre soutien au développement territorial s’illustre aussi par notre travail dans le financement municipal et régional, un domaine où le capital commercial a traditionnellement été rare. L’IFC a accordé à la région de Casablanca-Settat le premier prêt commercial à une collectivité territoriale du Maroc. Ce prêt a permis de financer l’extension du tramway de Casablanca, démontrant comment un financement structuré peut débloquer des investissements d’infrastructure essentiels.
Avec l’ensemble de ces engagements et actions, l’an dernier, nous avons atteint un niveau d’investissement sans précédent au Maroc, représentant près de 1,3 milliard de dollars investis dans divers secteurs, dont la finance, l’infrastructure, la logistique, l’eau et le soutien aux entrepreneurs marocains. Il est important de souligner que quatre de ces investissements étaient en fonds propres, un axe de développement stratégique pour nous au Maroc.
L’an dernier, l’IFC a donc atteint un niveau d’investissement record au Maroc. Quelles perspectives et quels projets majeurs envisagez-vous pour les prochaines années ?
Nous sommes actuellement engagés, aux côtés de nos collègues de la Banque mondiale et de la Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA), dans la préparation d’un nouveau Cadre de Partenariat Pays pour le Maroc (Country Partnership Framework – CPF), qui vise à accompagner les priorités nationales de développement pour les dix années à venir, en s’appuyant sur une analyse approfondie des défis et des opportunités du pays, notamment en matière de cohésion sociale, de création d’emplois et de réduction des disparités territoriales. Ce processus, fondé sur une large concertation avec diverses parties prenantes, dont nos partenaires du gouvernement, permettra de définir le nouveau cadre, adapté aux besoins du Royaume.
De plus, l’approche «One World Bank Group», qui réunit la Banque mondiale, l’IFC et la MIGA autour d’une vision et d’une stratégie communes, est au cœur de cette nouvelle dynamique. Cette approche permet de mobiliser l’ensemble des expertises et des instruments du Groupe de la Banque mondiale pour maximiser l’impact des interventions, renforcer la coordination entre les secteurs public et privé, et offrir au Maroc un accompagnement intégré et innovant pour relever ses défis de développement.
La création d’emplois de qualité, en particulier pour les jeunes et les femmes, ainsi que l’accompagnement des autorités marocaines dans la mise en œuvre du Nouveau Modèle de Développement, notamment au travers d’une mobilisation accrue des investissements du secteur privé, sont et resteront naturellement au cœur de nos préoccupations.
David Tinel :Coorganisé par la Société financière internationale (SFI, ou IFC en anglais), du Groupe de la Banque mondiale, et «Jeune Afrique», et conçu comme une plateforme d’expertise et de développement des affaires, l’AFIS est l’un des forums financiers incontournables en Afrique. Ce rendez-vous annuel de la finance a pour objectif de faire avancer le développement du secteur financier et a, cette année encore, réuni plus de 1.200 leaders africains et mondiaux venus de plus de 70 pays, pour tracer la voie du financement du futur de l’Afrique.
Les capitaux mondiaux sont devenus aujourd’hui plus sélectifs, alors que nos besoins d’investissement continuent de croître. C’est dans ce contexte exigeant que l’AFIS s’est tenu, notamment pour y apporter des réponses. L’une d’elles réside dans la mobilisation de la puissance financière africaine et des partenariats mondiaux : il s’agit de connecter des pools d’épargne robustes à des actifs de qualité, via des marchés de capitaux profonds et fiables.
En réunissant les dirigeants du continent autour d’une même ambition, à savoir aligner l’épargne africaine, les marchés régionaux et les capitaux internationaux, l’AFIS 2025 a incarné la volonté collective de transformer les ressources du continent en force, et cette force en prospérité durable. Cette édition, en particulier, aura permis de réaffirmer un message clair : la transformation de l’Afrique viendra d’abord d’elle-même, grâce à la mobilisation de sa propre puissance financière.
Pour le Maroc, accueillir à nouveau l’AFIS sur son sol a été une excellente occasion de réaffirmer son rôle de hub financier pour le continent – ancré dans une gouvernance solide, une réglementation moderne et un leadership régional reconnus.
Quels messages clés l’IFC a-t-elle souhaité faire passer à travers sa participation à cette édition, et quelles priorités ont émergé des échanges avec les acteurs financiers africains ?
La participation de l’IFC a reflété les priorités exprimées par les acteurs financiers africains eux-mêmes, à savoir que l’Afrique représente une opportunité majeure pour les investisseurs, portée par des réformes financières et une hausse des investissements directs, y compris dans les projets d’énergies renouvelables et d’infrastructures durables. Pour transformer cette dynamique en croissance inclusive, l’IFC et ses partenaires ont souligné la nécessité de mobiliser davantage de capitaux africains.
En réponse à ces priorités communes, l’IFC agit sur plusieurs fronts, tels que l’accélération de l’inclusion financière. En effet, la digitalisation et des produits adaptés pour les petites entreprises permettent d’intégrer des millions de petites et moyennes entreprises (PME) et de femmes entrepreneures dans les circuits financiers formels. Le développement d’infrastructures de crédit solides, incluant les bureaux de crédit, les registres de garanties et les systèmes de paiement numériques, est essentiel pour promouvoir l’accès au financement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) et faire progresser l’inclusion financière sur le continent.
Nous intervenons par ailleurs sur le renforcement des chaînes de valeur agricoles. Faisant partie de la nouvelle initiative AgriConnect du Groupe de la Banque mondiale, l’IFC promeut le modèle AgTech en appuyant des partenariats innovants entre AgTechs et institutions financières. Cette initiative a pour objectif l’amélioration de la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la résilience climatique en Afrique. Elle vise à mobiliser 5 milliards de dollars d’ici 2030, et illustre comment la technologie peut transformer l’agriculture en connectant les agriculteurs aux financements, aux marchés et aux solutions AgTech, répondant ainsi directement au sous-investissement chronique souligné par les parties prenantes. Au Maroc, le programme a démarré il y a deux ans et est en phase de mise à l’échelle avec nos partenaires privés et publics.
Afin de réduire les retards de paiement et d’offrir des liquidités aux PME, nous travaillons à adopter des solutions de financement de la chaîne logistique (Supply Chain Finance – SCF). L’approche programmatique de l’IFC en matière de SCF joue un rôle catalyseur pour élargir l’accès au financement des PME, tout en tirant parti du potentiel de marché important des programmes SCF, estimé à 7-8% du PIB régional. Cette intervention ciblée contribue à stabiliser et renforcer les écosystèmes, et stimule une croissance économique inclusive.
Ces initiatives traduisent l’engagement de l’IFC à faire progresser les priorités des acteurs financiers africains, qui sont de créer des marchés plus matures, stimuler l’investissement privé et bâtir des économies africaines résilientes.
Lors du sommet, plusieurs partenariats stratégiques ont été signés entre l’IFC et des institutions africaines, notamment avec Saham Bank pour faciliter l’accès au financement des entreprises marocaines. Quels impacts concrets attendez-vous de cette collaboration ?
Dans le cadre de cet accord majeur, l’IFC prendra en charge jusqu’à 50% du risque de crédit sur un portefeuille de prêts octroyés par Saham Bank à des entreprises marocaines, d’un montant équivalent à 500 millions de dollars.
Les principaux objectifs de cette opération sont d’élargir l’accès au financement des entreprises marocaines, en particulier des PME, mais aussi de soutenir la création d’emplois et de renforcer la résilience du secteur financier marocain. Ceux-ci sont alignés avec la stratégie pays du Groupe de la Banque mondiale pour le Maroc, et en particulier avec la stratégie de l’IFC, qui fait de l’inclusion financière un levier clé de croissance et de création d’emplois.
L’IFC soutient depuis plusieurs années la modernisation et le renforcement de la résilience du secteur financier marocain. Quels ont été vos principaux axes d’intervention et comment évaluez-vous aujourd’hui l’évolution de ce secteur ?
Le Maroc est un partenaire de grande importance pour l’IFC. Les pays à revenu intermédiaire, dont le Maroc fait partie, sont des portes d’entrée pour l’intégration régionale et peuvent stimuler la croissance économique des pays voisins, en créant d’une part des champions régionaux, mais aussi du commerce et des opportunités de bonnes pratiques à reproduire.
Dans le cadre de son mandat de soutien à la croissance du secteur privé et au développement des affaires transrégionales en Afrique, l’IFC a soutenu de nombreuses entreprises marocaines afin de renforcer leur empreinte dans la région.
Depuis le début des années 2000, nous avons ainsi appuyé l’expansion vers le reste de l’Afrique de grands groupes bancaires et d’assurance marocains tels que la Banque Centrale Populaire (BCP), Attijariwafa bank, Bank Of Africa (BOA), Saham Group et Holmarcom. L’IFC agit également pour renforcer l’inclusion financière et la durabilité du secteur. Nous avons ainsi accordé un prêt de 100 millions de dollars au Crédit du Maroc pour financer des PME, des femmes entrepreneures et des projets verts. Nous avons également investi 135 millions de dollars en fonds propres dans Holmarcom Finance Company pour élargir l’accès au crédit et à l’assurance.
Par ailleurs, l’IFC soutient l’agri-finance et la sécurité alimentaire, notamment via son partenariat avec SOWIT, qui a déjà permis de financer 3.000 hectares de blé, avec un objectif de 87.000 hectares d’ici 2030. Nous contribuons aussi au développement des marchés de capitaux et des financements climatiques, en appuyant l’émission d’obligations vertes et en mobilisant des capitaux pour des projets d’énergie propre. Ces actions positionnent le Maroc comme un acteur clé de la finance durable et inclusive en Afrique.
Au-delà du secteur financier, l’IFC a également collaboré avec Ciments de l’Afrique (CIMAF), OCP Africa, Retail Holding et Maroc Telecom pour soutenir la production, la sécurité alimentaire, la distribution et les investissements verts dans plusieurs pays africains.
Ces initiatives s’inscrivent dans un engagement global de plus de deux milliards de dollars investis par l’IFC au Maroc ces deux dernières années. Nous comptons poursuivre sur cette lancée, notamment en soutenant les projets d’investissements régionaux de nos clients, mais aussi en développant de nouveaux partenariats avec des institutions financières africaines.
Au-delà des institutions bancaires, quelles sont les autres priorités d’intervention de l’IFC au Maroc ?
L’IFC est un partenaire du Maroc depuis plus de 60 ans. Notre objectif est clair : mobiliser des capitaux privés pour libérer le potentiel des entreprises, en particulier des PME, qui sont des moteurs clés de l’emploi et de la croissance inclusive. Cela signifie soutenir les banques pour améliorer l’accès au crédit des PME, mais également investir dans les infrastructures pour renforcer la compétitivité et développer des solutions de financement innovantes.
Ainsi, nous avons récemment collaboré avec Tanger Med pour financer l’expansion de leur terminal de camions et de passagers afin de renforcer la position stratégique du Maroc comme hub du commerce régional et mondial. Notre prêt de 197 millions d’euros, lié à la durabilité, a également permis de mobiliser un prêt commercial de 203 millions d’euros, et vise à doubler la capacité du terminal roulier pour la porter à plus d’un million de camions par an.
Notre travail sur l’accès au financement s’étend à la promotion de l’inclusion financière dans les zones rurales, notamment pour les agriculteurs, via des solutions AgTech. Nous avons récemment collaboré avec Bank Al-Maghrib pour améliorer la résilience agricole et l’inclusion financière, en rendant les outils numériques et les services financiers adaptés plus accessibles aux petits exploitants agricoles.
Nous soutenons aussi activement le développement des secteurs de l’énergie solaire, de l’eau et de l’hydrogène vert, qui sont des priorités stratégiques communes, ainsi que les secteurs textile et pharmaceutique. En parallèle, l’IFC soutient des réformes clés du secteur privé, notamment pour améliorer le climat des affaires, et des projets de partenariats public-privé (PPP) stratégiques, par exemple le terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) qui sera développé à Nador.
Notre institution appuie également le programme de développement régional du Maroc à travers son engagement avec les régions. Ces dernières années, nous avons étroitement collaboré avec les Centres régionaux d’investissement (CRI), notamment le CRI Marrakech-Safi et le CRI Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, pour améliorer le climat des affaires régional et attirer davantage l’investissement privé. Ces partenariats aident les autorités régionales à renforcer leur capacité à promouvoir l’investissement et à soutenir le développement local durable. Par ailleurs, nous explorons actuellement l’opportunité d’étendre notre soutien à la région de l’Oriental.
Notre soutien au développement territorial s’illustre aussi par notre travail dans le financement municipal et régional, un domaine où le capital commercial a traditionnellement été rare. L’IFC a accordé à la région de Casablanca-Settat le premier prêt commercial à une collectivité territoriale du Maroc. Ce prêt a permis de financer l’extension du tramway de Casablanca, démontrant comment un financement structuré peut débloquer des investissements d’infrastructure essentiels.
Avec l’ensemble de ces engagements et actions, l’an dernier, nous avons atteint un niveau d’investissement sans précédent au Maroc, représentant près de 1,3 milliard de dollars investis dans divers secteurs, dont la finance, l’infrastructure, la logistique, l’eau et le soutien aux entrepreneurs marocains. Il est important de souligner que quatre de ces investissements étaient en fonds propres, un axe de développement stratégique pour nous au Maroc.
L’an dernier, l’IFC a donc atteint un niveau d’investissement record au Maroc. Quelles perspectives et quels projets majeurs envisagez-vous pour les prochaines années ?
Nous sommes actuellement engagés, aux côtés de nos collègues de la Banque mondiale et de la Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA), dans la préparation d’un nouveau Cadre de Partenariat Pays pour le Maroc (Country Partnership Framework – CPF), qui vise à accompagner les priorités nationales de développement pour les dix années à venir, en s’appuyant sur une analyse approfondie des défis et des opportunités du pays, notamment en matière de cohésion sociale, de création d’emplois et de réduction des disparités territoriales. Ce processus, fondé sur une large concertation avec diverses parties prenantes, dont nos partenaires du gouvernement, permettra de définir le nouveau cadre, adapté aux besoins du Royaume.
De plus, l’approche «One World Bank Group», qui réunit la Banque mondiale, l’IFC et la MIGA autour d’une vision et d’une stratégie communes, est au cœur de cette nouvelle dynamique. Cette approche permet de mobiliser l’ensemble des expertises et des instruments du Groupe de la Banque mondiale pour maximiser l’impact des interventions, renforcer la coordination entre les secteurs public et privé, et offrir au Maroc un accompagnement intégré et innovant pour relever ses défis de développement.
La création d’emplois de qualité, en particulier pour les jeunes et les femmes, ainsi que l’accompagnement des autorités marocaines dans la mise en œuvre du Nouveau Modèle de Développement, notamment au travers d’une mobilisation accrue des investissements du secteur privé, sont et resteront naturellement au cœur de nos préoccupations.
