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Les banques marocaines sous pression à cause du modèle de prêts à taux fixe (McKinsey)

Le modèle de prêts à taux fixe met les bénéfices des banques marocaines sous pression, avec un rendement des capitaux propres en dessous des niveaux observés en Afrique et dans le monde. C’est ce qu’indique la revue annuelle du secteur bancaire mondial 2023 élaborée par McKinsey qui recommande aux banques marocaines de poursuivre la consolidation de leurs positions. Et ce notamment en améliorant le ratio coûts/revenus qui reste élevé, en accélérant l’adoption digitale et l’utilisation de la data, et en rendant leur modèle plus agile.

Pour McKinsey, les banques marocaines doivent s’adapter aux risques changeants, notamment l’incertitude sur l'inflation et la croissance, les défis dans certains secteurs spécifiques, tels que l’immobilier commercial.
Pour McKinsey, les banques marocaines doivent s’adapter aux risques changeants, notamment l’incertitude sur l'inflation et la croissance, les défis dans certains secteurs spécifiques, tels que l’immobilier commercial.
Les banques marocaines devront consentir davantage d’efforts pour poursuivre la consolidation de leurs positions et améliorer leurs performances. C’est ce qui ressort de la revue annuelle du secteur bancaire mondial 2023 élaborée par McKinsey. Les analystes du cabinet international relèvent, en effet, que le modèle de prêts à taux fixe met les bénéfices des banques marocaines sous pression et le rendement des capitaux propres (ROE) n’est que 8% en moyenne, en dessous des niveaux observés en Afrique et dans le monde.



À rappeler que le secteur bancaire marocain a connu une baisse de rentabilité en 2022, le résultat agrégé des banques sur base sociale s’étant déprécié de près de 13%, contre une hausse de 76,4% en 2021. Cette évolution est attribuée principalement à la contraction de 52% du résultat des opérations de marché sous l’effet de l’augmentation des taux monétaires et obligataires, explique le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques.

La note de McKinsey indique le secteur bancaire africain a généré, quant à lui, 22,3 milliards de dollars de résultats avant impôts en 2022, avec une croissance moyenne d'environ 8% par an depuis 2021. Les ROE demeurent supérieurs à la moyenne mondiale avec 15% en 2022 et de 16% prévu en 2023, «certaines banques africaines étant parmi les plus rentables au monde». L'augmentation des taux d'intérêt sur une grande partie du continent a inversé une tendance de compression des marges qui durait depuis plusieurs années, explique le cabinet international.

À l’échelle mondiale, relève McKinsey dans la «Global Banking Annual Review», les banques viennent d’achever leurs 18 meilleurs mois depuis 15 ans en matière de performance. Tirés par la hausse des taux d’intérêt, les profits des grandes institutions financières mondiales se sont chiffrés à 1.300 milliards de dollars et devraient atteindre 1.400 milliards en 2023, tandis que le ROE a connu une hausse à deux chiffres (12%) en 2022 et devrait culminer à 13% en 2023, contre une moyenne de 9% depuis 2010.

Des défis à relever par les banques marocaines

François Jurd de Girancourt, directeur associé au bureau McKinsey & Company de Casablanca, souligne que «face à la grande transition du secteur, qui se caractérise par le déplacement de trois composantes essentielles de l’activité bancaire (le bilan, les transactions et la distribution) des banques historiques vers les acteurs non traditionnels, le Maroc fait figure d’exception en concentrant la plupart des activités dans les banques universelles». Dans les prochaines années, recommande McKinsey, celles-ci devront poursuivre la consolidation de leurs positions, notamment en améliorant le ratio coûts/revenus qui reste élevé, en accélérant l’adoption digitale et l’utilisation de la data, et en rendant leur modèle plus agile, par exemple à travers des joint-ventures et des partenariats avec d’autres acteurs. Il insiste aussi sur l’adaptation aux risques changeants, notamment l’incertitude sur l'inflation et la croissance, les défis dans certains secteurs spécifiques, tels que l’immobilier commercial. Il prévient aussi contre d'autres risques qui sont liés aux exigences réglementaires fluctuantes, à la cybercriminalité et à la fraude, ainsi qu'à l’utilisation de l'Intelligence artificielle (IA) dans le système bancaire. La capacité à gérer tous ces risques sera un facteur de différenciation pour les banques, note-t-il.

«Toutes ces priorités ont des implications cruciales pour les institutions financières qui se doivent d’être correctement positionnées si elles souhaitent générer des rendements adéquats. Les années à venir continueront à creuser l’écart croissant entre les leaders et les autres», a conclu Francois Jurd de Girancourt.
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