Le Matin : Comment évaluez-vous l’évolution de la e-logistique au Maroc ?
Laurent Majerus : La e-logistique au Maroc est en pleine expansion, stimulée par le développement rapide du e-commerce et les changements dans les habitudes de consommation. Il y a pléthore projets de start-up chaque mois plus ou moins solides financièrement. C’est la problématique majeure. La e-logistique reste une économie de marché. Quel est-il ? Qui sont les clients ? Commander en 1 clic et se faire livrer, le rêve de cette nouvelle génération. La digitalisation et l’innovation technologique jouent un rôle clé dans cette évolution. Cela permettra au secteur de répondre efficacement aux défis actuels et futurs.
Quels en sont les avantages pour le e-commerce ?
Lancer une boutique en ligne est moins coûteux qu’un magasin physique et génère de fait des ventes à toute heure, sans les contraintes horaires d’un magasin physique. Le e-commerce permet en fait d’atteindre une clientèle mondiale, et ce sans les limites géographiques des magasins traditionnels. Il permet aussi de personnaliser l’expérience client, en mettant en ligne par exemple les produits les plus populaires et ainsi stimuler les ventes. Enfin, le e-commerce facilite la collecte et l’analyse des données clients pour améliorer l’offre et le marketing.
Quelles sont aujourd’hui les contraintes de la e-logistique au Maroc ?
Je dirais plutôt des défis spécifiques liés à la technologie, à la logistique et à la gestion de la relation client comme la dépendance technologique, car un plantage de site entraîne de fait une interruption totale des ventes, l’absence d’essai avant achat qui augmente de fait les taux de retour. Il peut y avoir aussi l’impatience des clients liée aux délais de livraison et du service client. Les frais et les délais de livraison peuvent être élevés et ainsi affecter la satisfaction client. Sans oublier la confiance du consommateur envers le e-commerçant qui doit être renforcé au travers différentes stratégies comme des procédures clairement définies en termes de moyens de paiements et de reverse logistique. Et, enfin, une réglementation protégeant les deux parties dans les règles de l’art.
Le Maroc peut devenir une base de la e-logistique pour les marketplaces au niveau mondial. Comment peut-on y parvenir ?
Je pense que le défi majeur pour le Maroc serait d’attirer des géants mondiaux du secteur, Américain ou Chinois, pour s’installer dans le pays. Sur la base d’investissements stratégiques et de développement continu de ses capacités logistiques et digitales, le Maroc pourrait se positionner comme un hub de la e-logistique pour les marketplaces internationales. Pour y parvenir, je vois 3 points essentiels. Il faut une ressource humaine qualifiée. Un niveau de digitalisation des processus de gestion et de prise de décision, et enfin la disponibilité d’entrepôts logistiques de nouvelle génération, intelligents et capables de traiter des milliers de commandes en simultanée.
Le développement de la e-logistique est tributaire des facteurs suivants : transport, infrastructure, digitalisation et ressources humaines. Peut-on dire que ces facteurs sont bien maîtrisés au Maroc, et ce en comparaison avec la logistique traditionnelle ou il y a toujours des obstacles à ces niveaux ?
Il me semble que si nous comparons la maîtrise des éléments clés du e-commerce et de la logistique traditionnelle au Maroc, qu’il reste des défis persistants comme, le secteur du transport qui a connu une digitalisation progressive, mais essentielle afin de répondre aux attentes de rapidité et de réduction des coûts de transport dans le e-commerce. Cependant, le transport traditionnel peut encore présenter des avantages en termes de fiabilité et de couverture géographique étendue. Les infrastructures logistiques qui se sont développées pour soutenir l’augmentation des transactions e-commerce, mais qui doivent continuer à évoluer pour gérer efficacement les flux de produits et répondre aux exigences du marché en ligne. La digitalisation est un moteur clé de l’efficacité en e-commerce. Le Maroc a progressé dans l’adoption des technologies numériques, mais la transformation digitale reste un processus en cours qui doit être constamment mis à jour pour rester compétitif. Et, enfin, les ressources humaines, qui pour le développement des compétences et de formation continue, sont cruciales pour gérer les systèmes logistiques complexes du e-commerce. Il me semble qu’il existe une prise de conscience croissante, bien que le secteur puisse encore souffrir de pénuries de main-d’œuvre spécialisée.
En somme, bien que le Maroc ait réalisé des progrès significatifs dans la maîtrise des aspects clés du e-commerce, il reste des domaines à améliorer pour atteindre une maîtrise complète, en particulier lorsqu’on les compare aux standards de la logistique traditionnelle.
La majorité des opérations e-logistique sont réalisées dans des périmètres urbains. Et au Maroc, il est de notoriété que la logistique urbaine est très défaillante et évolue dans l’anarchie. Comment la e-logistique peut-elle évoluer dans ce cadre ? Va-t-on assister à l’amplification de l’anarchie et que faut-il faire ?
Pour que la e-logistique puisse évoluer dans des villes souvent congestionnées et mal structurées, il est essentiel d’adopter des solutions innovantes et durables. Par exemple, le programme «InTerLUD» travaille à repenser la logistique du dernier kilomètre avec des solutions qui seront bientôt disponibles pour les collectivités et les acteurs économiques au Maroc. De plus, des guides et des stratégies sont élaborés pour structurer la logistique urbaine au sein des villes marocaines, comme l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) qui le décline dans son Guide national de la logistique urbaine. Pour éviter l’amplification de l’anarchie, il est crucial d’intégrer ces solutions dans une stratégie globale qui inclut :
• L’optimisation des itinéraires pour réduire la congestion.
• L’utilisation de véhicules adaptés aux réalités urbaines, comme les véhicules électriques ou les vélos-cargos.
• La mise en place de hubs logistiques périurbains pour centraliser et optimiser la distribution.
• La collaboration entre les différents acteurs (publics et privés) pour une gestion plus harmonieuse de la chaîne d’approvisionnement.
• L’adoption de technologies comme les Systèmes d’information géographique (SIG) et les plateformes de gestion en temps réel.
En somme, pour que la e-logistique puisse se développer de manière efficace et durable dans les zones urbaines marocaines, il est nécessaire d’adopter une approche holistique qui combine innovation, collaboration et stratégie. Cela permettra non seulement de réduire l’anarchie actuelle, mais aussi de poser les bases d’un système logistique urbain plus résilient et efficient. Il est à noter que nous pouvons lire ici et là dans des revues à ce sujet que la stratégie du Maroc pour réguler le e-commerce informel inclut l’encouragement à la formalisation des activités, l’adoption de nouvelles réglementations financières et fiscales, et le soutien aux startups. Elle vise à intégrer le secteur informel dans l’économie formelle tout en luttant contre l’évasion fiscale. Ces mesures aspirent à créer un marché du e-commerce transparent, équitable et compétitif au Maroc.
Laurent Majerus : La e-logistique au Maroc est en pleine expansion, stimulée par le développement rapide du e-commerce et les changements dans les habitudes de consommation. Il y a pléthore projets de start-up chaque mois plus ou moins solides financièrement. C’est la problématique majeure. La e-logistique reste une économie de marché. Quel est-il ? Qui sont les clients ? Commander en 1 clic et se faire livrer, le rêve de cette nouvelle génération. La digitalisation et l’innovation technologique jouent un rôle clé dans cette évolution. Cela permettra au secteur de répondre efficacement aux défis actuels et futurs.
Quels en sont les avantages pour le e-commerce ?
Lancer une boutique en ligne est moins coûteux qu’un magasin physique et génère de fait des ventes à toute heure, sans les contraintes horaires d’un magasin physique. Le e-commerce permet en fait d’atteindre une clientèle mondiale, et ce sans les limites géographiques des magasins traditionnels. Il permet aussi de personnaliser l’expérience client, en mettant en ligne par exemple les produits les plus populaires et ainsi stimuler les ventes. Enfin, le e-commerce facilite la collecte et l’analyse des données clients pour améliorer l’offre et le marketing.
Quelles sont aujourd’hui les contraintes de la e-logistique au Maroc ?
Je dirais plutôt des défis spécifiques liés à la technologie, à la logistique et à la gestion de la relation client comme la dépendance technologique, car un plantage de site entraîne de fait une interruption totale des ventes, l’absence d’essai avant achat qui augmente de fait les taux de retour. Il peut y avoir aussi l’impatience des clients liée aux délais de livraison et du service client. Les frais et les délais de livraison peuvent être élevés et ainsi affecter la satisfaction client. Sans oublier la confiance du consommateur envers le e-commerçant qui doit être renforcé au travers différentes stratégies comme des procédures clairement définies en termes de moyens de paiements et de reverse logistique. Et, enfin, une réglementation protégeant les deux parties dans les règles de l’art.
Le Maroc peut devenir une base de la e-logistique pour les marketplaces au niveau mondial. Comment peut-on y parvenir ?
Je pense que le défi majeur pour le Maroc serait d’attirer des géants mondiaux du secteur, Américain ou Chinois, pour s’installer dans le pays. Sur la base d’investissements stratégiques et de développement continu de ses capacités logistiques et digitales, le Maroc pourrait se positionner comme un hub de la e-logistique pour les marketplaces internationales. Pour y parvenir, je vois 3 points essentiels. Il faut une ressource humaine qualifiée. Un niveau de digitalisation des processus de gestion et de prise de décision, et enfin la disponibilité d’entrepôts logistiques de nouvelle génération, intelligents et capables de traiter des milliers de commandes en simultanée.
Le développement de la e-logistique est tributaire des facteurs suivants : transport, infrastructure, digitalisation et ressources humaines. Peut-on dire que ces facteurs sont bien maîtrisés au Maroc, et ce en comparaison avec la logistique traditionnelle ou il y a toujours des obstacles à ces niveaux ?
Il me semble que si nous comparons la maîtrise des éléments clés du e-commerce et de la logistique traditionnelle au Maroc, qu’il reste des défis persistants comme, le secteur du transport qui a connu une digitalisation progressive, mais essentielle afin de répondre aux attentes de rapidité et de réduction des coûts de transport dans le e-commerce. Cependant, le transport traditionnel peut encore présenter des avantages en termes de fiabilité et de couverture géographique étendue. Les infrastructures logistiques qui se sont développées pour soutenir l’augmentation des transactions e-commerce, mais qui doivent continuer à évoluer pour gérer efficacement les flux de produits et répondre aux exigences du marché en ligne. La digitalisation est un moteur clé de l’efficacité en e-commerce. Le Maroc a progressé dans l’adoption des technologies numériques, mais la transformation digitale reste un processus en cours qui doit être constamment mis à jour pour rester compétitif. Et, enfin, les ressources humaines, qui pour le développement des compétences et de formation continue, sont cruciales pour gérer les systèmes logistiques complexes du e-commerce. Il me semble qu’il existe une prise de conscience croissante, bien que le secteur puisse encore souffrir de pénuries de main-d’œuvre spécialisée.
En somme, bien que le Maroc ait réalisé des progrès significatifs dans la maîtrise des aspects clés du e-commerce, il reste des domaines à améliorer pour atteindre une maîtrise complète, en particulier lorsqu’on les compare aux standards de la logistique traditionnelle.
La majorité des opérations e-logistique sont réalisées dans des périmètres urbains. Et au Maroc, il est de notoriété que la logistique urbaine est très défaillante et évolue dans l’anarchie. Comment la e-logistique peut-elle évoluer dans ce cadre ? Va-t-on assister à l’amplification de l’anarchie et que faut-il faire ?
Pour que la e-logistique puisse évoluer dans des villes souvent congestionnées et mal structurées, il est essentiel d’adopter des solutions innovantes et durables. Par exemple, le programme «InTerLUD» travaille à repenser la logistique du dernier kilomètre avec des solutions qui seront bientôt disponibles pour les collectivités et les acteurs économiques au Maroc. De plus, des guides et des stratégies sont élaborés pour structurer la logistique urbaine au sein des villes marocaines, comme l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) qui le décline dans son Guide national de la logistique urbaine. Pour éviter l’amplification de l’anarchie, il est crucial d’intégrer ces solutions dans une stratégie globale qui inclut :
• L’optimisation des itinéraires pour réduire la congestion.
• L’utilisation de véhicules adaptés aux réalités urbaines, comme les véhicules électriques ou les vélos-cargos.
• La mise en place de hubs logistiques périurbains pour centraliser et optimiser la distribution.
• La collaboration entre les différents acteurs (publics et privés) pour une gestion plus harmonieuse de la chaîne d’approvisionnement.
• L’adoption de technologies comme les Systèmes d’information géographique (SIG) et les plateformes de gestion en temps réel.
En somme, pour que la e-logistique puisse se développer de manière efficace et durable dans les zones urbaines marocaines, il est nécessaire d’adopter une approche holistique qui combine innovation, collaboration et stratégie. Cela permettra non seulement de réduire l’anarchie actuelle, mais aussi de poser les bases d’un système logistique urbain plus résilient et efficient. Il est à noter que nous pouvons lire ici et là dans des revues à ce sujet que la stratégie du Maroc pour réguler le e-commerce informel inclut l’encouragement à la formalisation des activités, l’adoption de nouvelles réglementations financières et fiscales, et le soutien aux startups. Elle vise à intégrer le secteur informel dans l’économie formelle tout en luttant contre l’évasion fiscale. Ces mesures aspirent à créer un marché du e-commerce transparent, équitable et compétitif au Maroc.