Le Matin : Dans le cadre de l'évolution de ses réglementations, l'Union européenne a introduit plusieurs exigences visant à renforcer la transparence et à encourager des pratiques commerciales et organisationnelles durables. Pourriez-vous nous éclairer sur les dernières initiatives mises en place en lien avec ces domaines ?
Ayoub Makhloufi : L'Union européenne (UE) a effectivement mis en place plusieurs initiatives réglementaires visant à promouvoir la durabilité, la transparence et la responsabilité sociale des entreprises. Ces initiatives partagent un objectif commun : faire de la durabilité un pilier stratégique des entreprises, en alignant la création de valeur économique sur des pratiques respectueuses de l'environnement et des droits humains. Ce cadre réglementaire invite les entreprises à innover, à adopter des outils innovants de pilotage et à transformer ces exigences en opportunités pour créer un avantage compétitif durable.
La plus récente est la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui vise à transformer le reporting de durabilité en une norme incontournable pour les entreprises opérant dans l'Union européenne. Elle élargit l'éventail des entreprises concernées, impose des standards clairs basés sur les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) et insiste sur la double matérialité, c’est-à-dire l’impact de l’entreprise sur son environnement et inversement. Cette directive est entrée en vigueur en janvier 2024 mais les premiers rapports ne devront être publiés qu’en ce mois de janvier 2025.
Le devoir de vigilance, une autre directive entrée en vigueur en juillet dernier, impose aux entreprises de cartographier et de gérer les risques sociaux, environnementaux et de gouvernance dans leur chaîne de valeur. L’idée est de responsabiliser les entreprises sur leurs impacts globaux, au-delà de leurs propres opérations, en intégrant les droits humains et les pratiques durables dans leurs processus.
Quant au règlement sur l’écoconception, en vigueur depuis 2022, il encourage la fabrication de produits durables, réutilisables et recyclables, tout en intégrant des obligations d’affichage environnemental claires pour les consommateurs. Cela s'inscrit dans une logique d'économie circulaire et de réduction des déchets.
En quoi ces nouvelles normes européennes concernent-elles les entreprises marocaines et quelles sont celles qui sont spécifiquement concernées ?
Ces normes ont un impact direct certain sur les entreprises marocaines, car les partenaires européens exigeront désormais des données détaillées sur les pratiques sociales, environnementales et de gouvernance de leurs fournisseurs. De plus, les normes CSRD et les obligations du devoir de vigilance s’imposent désormais comme des conditions préalables pour attirer des financements ou conclure des partenariats. De ce fait, les entreprises marocaines souhaitant collaborer avec des investisseurs ou clients européens sont aujourd’hui confrontées à des attentes accrues en matière de reporting ESG (Environnement, Social, Gouvernance).
Les entreprises marocaines les plus directement touchées par ces nouvelles normes sont celles qui opèrent dans des secteurs fortement intégrés aux chaînes de valeur internationales ou qui ont des relations commerciales avec des partenaires européens. Cela inclut notamment les entreprises exportatrices opérant dans des industries comme le textile, l’agroalimentaire, l’automobile et les composants électroniques. Celles-ci sont en première ligne. Sont également concernés les sous-traitants et fournisseurs marocains de matières premières ou de services intermédiaires, mais aussi les entreprises opérant dans des secteurs à fort impact environnemental, telles que les industries extractives, énergétiques ou de transformation.
Quelles seraient les implications directes de ces changements sur nos entreprises ?
Il y a tout d’abord un risque principal et évident : une entreprise qui ne satisfait pas aux exigences des partenaires européens risque de perdre d’importants marchés. Les clients européens deviennent de plus en plus vigilants quant à la conformité de leurs fournisseurs, et l’absence de certification ou de données vérifiables peut entraîner des exclusions des chaînes de valeur.
Mais bien que ces nouvelles normes soient contraignantes, elles représentent avant tout des opportunités significatives pour les entreprises qui collaborent avec le marché européen. Pour commencer, les entreprises conformes aux normes de durabilité sont perçues comme moins risquées, ce qui les protège des sanctions réglementaires et des ruptures de contrats liées à des problèmes de non-conformité, renforçant ainsi leur position sur le marché. De plus, ces obligations réglementaires permettent aux entreprises d’effectuer des audits plus rigoureux et d’assurer une plus grande transparence, celles-ci devant désormais rendre compte précisément de leurs performances environnementales, sociales et de gouvernance.
Être aligné sur ces nouvelles normes offre également un avantage concurrentiel significatif. Une conformité à des normes comme la CSRD ou les standards ESG permet d’attirer davantage de partenaires internationaux, qui privilégient des acteurs responsables et transparents. Une entreprise qui adopte des principes d’écoconception et intègre des KPI environnementaux mesurables peut aussi anticiper de futures réglementations. Cela lui permet de se positionner comme pionnières dans son secteur, captant ainsi l’attention des acteurs sensibles aux enjeux de durabilité.
En outre, une mise en conformité ne peut qu’impacter positivement la réputation de l’entreprise. Une entreprise marocaine qui adopte ces normes peut, par exemple, promouvoir sa contribution aux Objectifs de développement durable (ODD), ce qui est un argument clé pour séduire des consommateurs et partenaires sensibles à ces valeurs. Par ailleurs, ces normes peuvent également servir pour un alignement avec les marchés locaux. Il faut garder à l’esprit que ces réglementations, bien qu’elles soient européennes, influencent aussi les politiques locales au Maroc, qui tendent à intégrer progressivement des normes similaires, notamment à travers des labels ou certifications locaux alignés sur les standards internationaux.
Cette démarche engage-t-elle des coûts pour nos entreprises ?
Absolument ! Se conformer à ces nouvelles exigences comporte indéniablement des coûts pour les entreprises marocaines. Ces coûts peuvent être répartis en plusieurs catégories. Il y a les coûts de mise en conformité qui comprennent les investissements dans des outils, des technologies ou des expertises pour répondre aux normes de durabilité. Il y a aussi les coûts d’audit et de reporting qui impliquent des frais pour engager des auditeurs externes, former le personnel interne et développer des rapports conformes aux normes internationales. On peut citer également les coûts de formation et d’accompagnement. Les équipes doivent être formées pour intégrer les nouveaux standards dans leurs pratiques quotidiennes. Cela représente un investissement en temps et en ressources, surtout dans les secteurs où les compétences en matière de durabilité ne sont pas encore bien maîtrisées. À ces coûts s’ajoutent ceux de la certification, une démarche qui peux s’avérer coûteuse, surtout pour les petites structures.
D’autres frais peuvent émerger pour financer les actions liées à l’innovation et la transformation. Car adopter des pratiques plus durables nécessite souvent de repenser entièrement certains modèles d’affaires. Par exemple, une entreprise opérant dans l’agroalimentaire pourrait devoir investir dans des systèmes d’irrigation plus économes en eau ou dans des emballages biodégradables, ce qui peut représenter une charge financière importante.
Cependant, ces coûts ne doivent pas être perçus uniquement comme des contraintes, mais plutôt comme des investissements à long terme. De plus, les économies générées à moyen et long terme par des pratiques plus efficaces, comme la réduction des consommations d’énergie ou des déchets, peuvent compenser une partie de ces coûts.
Par ailleurs, plusieurs mécanismes de soutien existent pour accompagner les entreprises dans cette transition. Cela inclut des subventions internationales, des programmes de coopération entre l’Union européenne et le Maroc, ou encore des financements spécifiques proposés par des institutions telles que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
Quelles stratégies les entreprises marocaines peuvent-elles adopter pour s'adapter à ces nouvelles exigences en matière de durabilité ?
Pour s'adapter efficacement aux nouvelles exigences en matière de durabilité, les entreprises marocaines peuvent adopter plusieurs stratégies structurées, à commencer par la réalisation d’un diagnostic initial. L’idée est de comprendre où se situe l’entreprise en termes de durabilité. Un audit interne ou externe peut permettre d’évaluer les pratiques actuelles, d’identifier les écarts par rapport aux normes (CSRD, ESG, ISO, etc.) et de prioriser les actions nécessaires.
L’autre étape clé est d’investir dans la formation et le renforcement des capacités. Former les employés aux principes de la durabilité, aux exigences réglementaires et à l’utilisation d’outils de reporting permet de garantir une mise en œuvre efficace des stratégies de conformité. Les entreprises sont également appelées à intégrer la durabilité dans la stratégie globale. Elles doivent considérer ce concept comme un pilier stratégique, et non comme une simple contrainte. La mise en place des systèmes de suivi et de reporting est un autre atout stratégique pour ces entreprises. Pour le mettre à profit, elles doivent adopter des outils ou des logiciels permettant de collecter, analyser et publier des données fiables sur leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Dans tout ce processus, il serait judicieux de s’appuyer sur les financements verts et les subventions, mais aussi de se faire accompagner par des experts locaux ou internationaux, tels que des consultants en durabilité ou des organismes de certification. Établir des partenariats avec d’autres entreprises ou des ONG peut aussi accélérer la transition. Pour couronner le tout, il est crucial communiquer sur les efforts et les résultats. Une communication claire et transparente sur les progrès réalisés en matière de durabilité renforce la confiance des parties prenantes (clients, investisseurs, partenaires) et améliore l’image de marque de l’entreprise.
Vous développez une application destinée à aider les entreprises à optimiser leurs actions et à suivre leurs indicateurs clés de performance (KPI) en lien avec les réglementations internationales. Pourriez-vous nous en dire davantage sur cet outil ?
Depuis mon arrivée au Maroc en 2016, j’ai été témoin des défis et opportunités auxquels font face les entreprises pour intégrer les enjeux de durabilité dans leurs stratégies. À travers diverses initiatives, j’ai essayé, à ma juste mesure, de contribuer à un changement de mentalités, que ce soit au niveau des citoyens ou des entreprises. C’est dans cet esprit qu’est né ce projet qui réunit mes compétences et celles de mon associée, Fatima Ezzahra Katiba.
Pour le réaliser, nous avons bénéficié du soutien financier d’institutions marocaines qui ont vu dans cette initiative un fort potentiel de croissance et d’impact. Grâce à ces fonds, nous avons pu établir une base solide pour notre application. De plus, plusieurs entreprises marocaines nous ont accordé leur confiance en acceptant de nous accompagner dans la réalisation de notre MVP (produit minimum viable) et en devenant nos premiers clients. Ce double appui, à la fois financier et entrepreneurial, souligne la pertinence de notre démarche et le potentiel de ce projet pour transformer durablement le paysage économique marocain.
Notre application vise à aider les entreprises à piloter leurs indicateurs clés de performance (KPI) en lien avec des normes internationales comme la CSRD, les critères ESG, les standards ISO, ou encore les labels locaux. Ses fonctionnalités principales incluent le suivi des performances, la gestion des obligations réglementaires, la création de rapports automatisés et l’accompagnement stratégique. Comme toutes nos applications, elle intègre l'intelligence artificielle grâce à laquelle nous conseillons et orientons nos clients en temps réel, leur permettant ainsi d'accélérer leur transition vers des modèles durables. Par ailleurs, nous enrichissons notre IA avec une multitude de «business cases» réels, ce qui contribue à améliorer en continu sa performance et sa pertinence.
Ayoub Makhloufi : L'Union européenne (UE) a effectivement mis en place plusieurs initiatives réglementaires visant à promouvoir la durabilité, la transparence et la responsabilité sociale des entreprises. Ces initiatives partagent un objectif commun : faire de la durabilité un pilier stratégique des entreprises, en alignant la création de valeur économique sur des pratiques respectueuses de l'environnement et des droits humains. Ce cadre réglementaire invite les entreprises à innover, à adopter des outils innovants de pilotage et à transformer ces exigences en opportunités pour créer un avantage compétitif durable.
La plus récente est la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui vise à transformer le reporting de durabilité en une norme incontournable pour les entreprises opérant dans l'Union européenne. Elle élargit l'éventail des entreprises concernées, impose des standards clairs basés sur les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) et insiste sur la double matérialité, c’est-à-dire l’impact de l’entreprise sur son environnement et inversement. Cette directive est entrée en vigueur en janvier 2024 mais les premiers rapports ne devront être publiés qu’en ce mois de janvier 2025.
Le devoir de vigilance, une autre directive entrée en vigueur en juillet dernier, impose aux entreprises de cartographier et de gérer les risques sociaux, environnementaux et de gouvernance dans leur chaîne de valeur. L’idée est de responsabiliser les entreprises sur leurs impacts globaux, au-delà de leurs propres opérations, en intégrant les droits humains et les pratiques durables dans leurs processus.
Quant au règlement sur l’écoconception, en vigueur depuis 2022, il encourage la fabrication de produits durables, réutilisables et recyclables, tout en intégrant des obligations d’affichage environnemental claires pour les consommateurs. Cela s'inscrit dans une logique d'économie circulaire et de réduction des déchets.
En quoi ces nouvelles normes européennes concernent-elles les entreprises marocaines et quelles sont celles qui sont spécifiquement concernées ?
Ces normes ont un impact direct certain sur les entreprises marocaines, car les partenaires européens exigeront désormais des données détaillées sur les pratiques sociales, environnementales et de gouvernance de leurs fournisseurs. De plus, les normes CSRD et les obligations du devoir de vigilance s’imposent désormais comme des conditions préalables pour attirer des financements ou conclure des partenariats. De ce fait, les entreprises marocaines souhaitant collaborer avec des investisseurs ou clients européens sont aujourd’hui confrontées à des attentes accrues en matière de reporting ESG (Environnement, Social, Gouvernance).
Les entreprises marocaines les plus directement touchées par ces nouvelles normes sont celles qui opèrent dans des secteurs fortement intégrés aux chaînes de valeur internationales ou qui ont des relations commerciales avec des partenaires européens. Cela inclut notamment les entreprises exportatrices opérant dans des industries comme le textile, l’agroalimentaire, l’automobile et les composants électroniques. Celles-ci sont en première ligne. Sont également concernés les sous-traitants et fournisseurs marocains de matières premières ou de services intermédiaires, mais aussi les entreprises opérant dans des secteurs à fort impact environnemental, telles que les industries extractives, énergétiques ou de transformation.
Quelles seraient les implications directes de ces changements sur nos entreprises ?
Il y a tout d’abord un risque principal et évident : une entreprise qui ne satisfait pas aux exigences des partenaires européens risque de perdre d’importants marchés. Les clients européens deviennent de plus en plus vigilants quant à la conformité de leurs fournisseurs, et l’absence de certification ou de données vérifiables peut entraîner des exclusions des chaînes de valeur.
Mais bien que ces nouvelles normes soient contraignantes, elles représentent avant tout des opportunités significatives pour les entreprises qui collaborent avec le marché européen. Pour commencer, les entreprises conformes aux normes de durabilité sont perçues comme moins risquées, ce qui les protège des sanctions réglementaires et des ruptures de contrats liées à des problèmes de non-conformité, renforçant ainsi leur position sur le marché. De plus, ces obligations réglementaires permettent aux entreprises d’effectuer des audits plus rigoureux et d’assurer une plus grande transparence, celles-ci devant désormais rendre compte précisément de leurs performances environnementales, sociales et de gouvernance.
Être aligné sur ces nouvelles normes offre également un avantage concurrentiel significatif. Une conformité à des normes comme la CSRD ou les standards ESG permet d’attirer davantage de partenaires internationaux, qui privilégient des acteurs responsables et transparents. Une entreprise qui adopte des principes d’écoconception et intègre des KPI environnementaux mesurables peut aussi anticiper de futures réglementations. Cela lui permet de se positionner comme pionnières dans son secteur, captant ainsi l’attention des acteurs sensibles aux enjeux de durabilité.
En outre, une mise en conformité ne peut qu’impacter positivement la réputation de l’entreprise. Une entreprise marocaine qui adopte ces normes peut, par exemple, promouvoir sa contribution aux Objectifs de développement durable (ODD), ce qui est un argument clé pour séduire des consommateurs et partenaires sensibles à ces valeurs. Par ailleurs, ces normes peuvent également servir pour un alignement avec les marchés locaux. Il faut garder à l’esprit que ces réglementations, bien qu’elles soient européennes, influencent aussi les politiques locales au Maroc, qui tendent à intégrer progressivement des normes similaires, notamment à travers des labels ou certifications locaux alignés sur les standards internationaux.
Cette démarche engage-t-elle des coûts pour nos entreprises ?
Absolument ! Se conformer à ces nouvelles exigences comporte indéniablement des coûts pour les entreprises marocaines. Ces coûts peuvent être répartis en plusieurs catégories. Il y a les coûts de mise en conformité qui comprennent les investissements dans des outils, des technologies ou des expertises pour répondre aux normes de durabilité. Il y a aussi les coûts d’audit et de reporting qui impliquent des frais pour engager des auditeurs externes, former le personnel interne et développer des rapports conformes aux normes internationales. On peut citer également les coûts de formation et d’accompagnement. Les équipes doivent être formées pour intégrer les nouveaux standards dans leurs pratiques quotidiennes. Cela représente un investissement en temps et en ressources, surtout dans les secteurs où les compétences en matière de durabilité ne sont pas encore bien maîtrisées. À ces coûts s’ajoutent ceux de la certification, une démarche qui peux s’avérer coûteuse, surtout pour les petites structures.
D’autres frais peuvent émerger pour financer les actions liées à l’innovation et la transformation. Car adopter des pratiques plus durables nécessite souvent de repenser entièrement certains modèles d’affaires. Par exemple, une entreprise opérant dans l’agroalimentaire pourrait devoir investir dans des systèmes d’irrigation plus économes en eau ou dans des emballages biodégradables, ce qui peut représenter une charge financière importante.
Cependant, ces coûts ne doivent pas être perçus uniquement comme des contraintes, mais plutôt comme des investissements à long terme. De plus, les économies générées à moyen et long terme par des pratiques plus efficaces, comme la réduction des consommations d’énergie ou des déchets, peuvent compenser une partie de ces coûts.
Par ailleurs, plusieurs mécanismes de soutien existent pour accompagner les entreprises dans cette transition. Cela inclut des subventions internationales, des programmes de coopération entre l’Union européenne et le Maroc, ou encore des financements spécifiques proposés par des institutions telles que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
Quelles stratégies les entreprises marocaines peuvent-elles adopter pour s'adapter à ces nouvelles exigences en matière de durabilité ?
Pour s'adapter efficacement aux nouvelles exigences en matière de durabilité, les entreprises marocaines peuvent adopter plusieurs stratégies structurées, à commencer par la réalisation d’un diagnostic initial. L’idée est de comprendre où se situe l’entreprise en termes de durabilité. Un audit interne ou externe peut permettre d’évaluer les pratiques actuelles, d’identifier les écarts par rapport aux normes (CSRD, ESG, ISO, etc.) et de prioriser les actions nécessaires.
L’autre étape clé est d’investir dans la formation et le renforcement des capacités. Former les employés aux principes de la durabilité, aux exigences réglementaires et à l’utilisation d’outils de reporting permet de garantir une mise en œuvre efficace des stratégies de conformité. Les entreprises sont également appelées à intégrer la durabilité dans la stratégie globale. Elles doivent considérer ce concept comme un pilier stratégique, et non comme une simple contrainte. La mise en place des systèmes de suivi et de reporting est un autre atout stratégique pour ces entreprises. Pour le mettre à profit, elles doivent adopter des outils ou des logiciels permettant de collecter, analyser et publier des données fiables sur leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Dans tout ce processus, il serait judicieux de s’appuyer sur les financements verts et les subventions, mais aussi de se faire accompagner par des experts locaux ou internationaux, tels que des consultants en durabilité ou des organismes de certification. Établir des partenariats avec d’autres entreprises ou des ONG peut aussi accélérer la transition. Pour couronner le tout, il est crucial communiquer sur les efforts et les résultats. Une communication claire et transparente sur les progrès réalisés en matière de durabilité renforce la confiance des parties prenantes (clients, investisseurs, partenaires) et améliore l’image de marque de l’entreprise.
Vous développez une application destinée à aider les entreprises à optimiser leurs actions et à suivre leurs indicateurs clés de performance (KPI) en lien avec les réglementations internationales. Pourriez-vous nous en dire davantage sur cet outil ?
Depuis mon arrivée au Maroc en 2016, j’ai été témoin des défis et opportunités auxquels font face les entreprises pour intégrer les enjeux de durabilité dans leurs stratégies. À travers diverses initiatives, j’ai essayé, à ma juste mesure, de contribuer à un changement de mentalités, que ce soit au niveau des citoyens ou des entreprises. C’est dans cet esprit qu’est né ce projet qui réunit mes compétences et celles de mon associée, Fatima Ezzahra Katiba.
Pour le réaliser, nous avons bénéficié du soutien financier d’institutions marocaines qui ont vu dans cette initiative un fort potentiel de croissance et d’impact. Grâce à ces fonds, nous avons pu établir une base solide pour notre application. De plus, plusieurs entreprises marocaines nous ont accordé leur confiance en acceptant de nous accompagner dans la réalisation de notre MVP (produit minimum viable) et en devenant nos premiers clients. Ce double appui, à la fois financier et entrepreneurial, souligne la pertinence de notre démarche et le potentiel de ce projet pour transformer durablement le paysage économique marocain.
Notre application vise à aider les entreprises à piloter leurs indicateurs clés de performance (KPI) en lien avec des normes internationales comme la CSRD, les critères ESG, les standards ISO, ou encore les labels locaux. Ses fonctionnalités principales incluent le suivi des performances, la gestion des obligations réglementaires, la création de rapports automatisés et l’accompagnement stratégique. Comme toutes nos applications, elle intègre l'intelligence artificielle grâce à laquelle nous conseillons et orientons nos clients en temps réel, leur permettant ainsi d'accélérer leur transition vers des modèles durables. Par ailleurs, nous enrichissons notre IA avec une multitude de «business cases» réels, ce qui contribue à améliorer en continu sa performance et sa pertinence.