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Pourquoi les TPME marocaines doivent miser sur le paiement digital

Visa a présenté jeudi à Casablanca les principales conclusions de son étude «Value of Acceptance Study», qui analyse l'impact des paiements digitaux sur les TPME marocaines. Le constat est sans appel : face à un marché mature mais encore largement dominé par le cash, l'adoption du digital n'est plus une option mais un impératif stratégique de croissance. Alors que 1,2 million d'entreprises peuvent rapidement basculer vers le numérique, l'étude identifie freins et leviers pour accompagner cette transition cruciale, notamment à l'approche d’événement mondiaux organisés par le Royaume.

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TPME, misez sur les paiements digitaux : c'est un moteur de croissance avéré pour vos structures. Tel est le message principal qui ressort d'une nouvelle étude réalisée par Visa, dont les résultats détaillés seront dévoilés début novembre. En avant-première, lors d'une table ronde organisée le 23 octobre à Casablanca avec les médias, Sami Romdhane, directeur général de Visa Maroc, a présenté les grandes conclusions de ce rapport intitulé «Value of Acceptance Study».

Cette analyse approfondie du paysage des paiements digitaux au Maroc démontre leur impact concret sur les très petites, petites et moyennes entreprises. L'étude identifie également les leviers d'action pour accompagner les commerçants encore dépendants du cash dans leur transition numérique, un enjeu stratégique à l'approche d'événements mondiaux majeurs, où la réputation du Maroc sera jugée à l'aune de son niveau de digitalisation et de connectivité.

Un marché mature prêt pour la transformation digitale

L'étude, menée auprès de 260 entreprises réparties entre Casablanca, Rabat et Marrakech, révèle que le marché marocain est mature et prêt pour une transformation digitale approfondie. Parmi les entreprises interrogées, 20% sont des nano-entreprises, 59% des micro-entreprises et 21% des petites entreprises.

Les chiffres sont éloquents : 60% des entreprises utilisent déjà les paiements digitaux depuis plus de trois ans, et deux tiers d'entre elles préfèrent largement l'expérience digitale au cash, notamment en raison de son impact positif sur le revenu et la gestion de trésorerie. Plus impressionnant encore, 67% des commerçants estiment que les paiements digitaux soutiennent activement leur croissance.

Le cash reste dominant malgré l'adoption croissante

Paradoxalement, l'étude confirme que le cash demeure le mode de paiement dominant au Maroc, représentant 63% de l'ensemble des transactions. Actuellement, 42% des entreprises fonctionnent encore exclusivement en espèces ( cash-only). Toutefois, un signal encourageant émerge : 55% de ces entreprises déclarent prévoir d'acquérir un terminal de paiement électronique (TPE) dans les deux ans à venir.

Selon les données d’une autre étude «Commercial Cards Landscape» effectuée par Visa et le ministère de l'Industrie et du commerce, le Maroc compte plus de 2,5 millions de petites et microentreprises ; alors que le parc des terminaux de paiement électronique (TPE) reste très limité à environ 80.000 unités. Ainsi, environ 1,2 million d'entreprises et de commerces au Maroc peuvent être rapidement adressées pour accepter les paiements numériques.

Les risques du cash mieux perçus

D’ailleurs, l'un des enseignements majeurs de l'étude «Value of Acceptance Study» concerne la perception du risque pour le Cash. Si le digital offre une meilleure traçabilité et une sécurité accrue, 71% des commerçants considèrent que la gestion du cash est risquée, citant les vols, détournements et litiges. De plus, 56% affirment que leur crainte de la fraude par carte a diminué avec le temps, témoignant d'une confiance croissante dans les solutions digitales.

Néanmoins, plusieurs freins persistent dans l'écosystème. Les principaux obstacles identifiés sont les frais élevés (42%), le confort quotidien avec le cash dans un écosystème peu numérisé (38%) et les coûts d'installation et d'entretien des équipements (25%). S’ajoute la crainte de la traçabilité fiscale qui freine l'adoption des paiements électroniques par de nombreux commerçants.

Un impact micro et macro-économique considérable

Cependant, sur le terrain, l'acceptation des paiements digitaux n’engendre pas que des coûts. Elle est de plus en plus perçue par les entreprises comme un investissement rentable et à plus grande valeur ajoutée. Environ 70% des commerçants confirment l'augmentation de leur chiffre d'affaires après avoir commencé à accepter les paiements digitaux, tandis que 64% constatent une augmentation du trafic client. Le niveau de satisfaction est également élevé, avec 91% des commerçants satisfaits du processus de paiement par carte.

Au-delà des bénéfices pour les entreprises individuelles, la digitalisation des paiements peut avoir un impact macro-économique majeur. Selon les données de la Banque Mondiale citées dans l'étude, la digitalisation des paiements pourrait contribuer à augmenter le PIB de certains pays africains de 3% à 5% sur une période de cinq à dix ans, avec une augmentation de la productivité dans le secteur des services de 10% à 15%.

Plus significatif encore, une hausse de 5% par an des paiements digitaux sur cinq ans pourrait réduire l'économie informelle de 11% à 13%, favorisant ainsi l'inclusion financière et la formalisation de l'économie.

Les leviers de l'adoption

Pour accélérer l'adoption des paiements digitaux, l'étude identifie quatre leviers principaux : le coût, la formation et la sensibilisation, la transformation des pratiques et la sécurité.

Sami Romdhane a souligné que le moment est particulièrement propice, citant «This is the right moment !», en raison de la convergence de plusieurs facteurs : les nouvelles innovations technologiques, l'évolution de l'écosystème local, le momentum touristique et l'accueil d'événements majeurs au Maroc, comme la Coupe d'Afrique (CAN 2025) et la Coupe du monde (CDM 2030). Le directeur général a également insisté sur l'importance des partenariats, pour accélérer l'adoption des paiements digitaux.

Plus de 20 ans de présence et d'innovation au Maroc

La table ronde avec les médias a également été l'occasion de rappeler l'histoire de Visa au Maroc, qui remonte à 1982 lorsque BMCE est devenue la première banque marocaine à rejoindre Visa. La première carte Visa a été lancée au Maroc en 1984, année où Banque Populaire et Attijariwafa bank (Wafabank) ont également rejoint le réseau.

Parmi les jalons récents, on compte le lancement du paiement contactless en 2017 en partenariat avec le CMI, l'augmentation de la limite du paiement contactless sans PIN à 600 DH en 2021, et le lancement en 2024 de la première carte co-brandée au Maroc par Visa et RAM, ainsi qu'un partenariat avec Maroc Telecom.

À noter également qu’en 2023, l'ex-PDG de Visa, Al Kelly, avait visité le Maroc et annoncé à Marrakech la création de l'Africa Fintech Accelerator Program, témoignant de l'engagement de Visa envers le continent africain.
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