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Pénurie d'eau : plus de 80 % de la surface agricole impactée

Le Maroc fait face à une crise hydrique d'une ampleur sans précédent qui touche plus de 80 % de la surface. Un constat alarmant qui nécessite des plans urgents pour sauver la production agricole.

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Le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, ne cesse d'alerter sur la situation critique de l'eau au Maroc. « Le Maroc est confronté à une situation hydrique alarmante et fait face à une crise sans précédent », a récemment indiqué M. Baraka. Le même tableau sombre est dessiné par le professeur de l'enseignement supérieur à l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II (IAV), Mohammed Taher Srairi, que nous avons contacter pour comprendre les impacts de 5 ans de sécheresse sur la production agricole au Maroc.

Un manque structurel d'eau

Selon le professeur Srairi, il est crucial de reconnaître que cette crise est relative aux changements climatiques qui a exacerbé un "manque structurel d'eau", affectant négativement toutes les facettes du secteur agricole. Cela inclut les cultures pluviales, les fourrages, le maraîchage, l'arboriculture et même l'élevage, impactant ainsi plus de 80 % de la surface agricole du pays, a-t-il souligné.

Et d’ajouter que « ce manque d’eau exacerbé révèle que même en zones avec des possibilités d’irrigation, ces dernières demeurent uniquement un appoint, l’eau pluviale devant être le pivot de toute réflexion aux stratégies de développement agricole ». Cela dit que l'irrigation ne peut plus être considérée comme une solution miracle en raison du manque d'eau, tant en surface qu'en profondeur.

Les réserves d'eau en chute libre, une menace pour l'agriculture

Nizar Baraka avait indiqué que le pays vivait un moment critique, se dirigeant vers une cinquième année consécutive de sécheresse, précisant que les barrages du Royaume n’ont reçu au cours des trois derniers mois que 519 millions de m³, contre 1,5 milliard de m³ au cours de la même période de l'année dernière, soit une baisse de deux tiers. Ce constat a été également affirmé par le professeur Srairi qui a indiqué que « avec un niveau de remplissage des barrages très limité, et aussi des nappes en très grande partie surexploitées, il n’y a presque plus de réserve hydrique stratégique facilement mobilisable ».

Et de poursuivre que « lorsqu’on entend que le service d’eau domestique (approvisionnement des centres urbains) est menacé, il faut bien comprendre que la satisfaction des besoins de l’agriculture est fortement compromise ». La menace de perturbation des services d'approvisionnement en eau domestique pour les centres urbains se traduit donc directement par des répercussions sur l'agriculture. L'impact est également direct sur l'emploi dans le secteur agricole. L'expert prévoit, à cet égard, une chute brutale des revenus qui va toucher près de 40 % de la population active travaillant dans le secteur.

Un changement de paradigme est inévitable

Le professeur Srairi appelle à un changement de paradigme, mettant en avant l'importance de concentrer les efforts sur « l'agriculture pluviale ». Il recommande également « une approche globale, incluant la sélection variétale adaptée au manque d'eau, la gestion de l'humidité des sols, et l'intégration des cultures et de l'élevage selon les principes d'une bio-économie circulaire ».

Les réponses du professeur Srairi sonnent comme un cri d'alarme, soulignant l'urgence d'adopter des stratégies réfléchies pour faire face à la crise hydrique qui sévit au Maroc.
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