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PLF 2024 : La réforme de la TVA sera douloureuse, mais elle doit être entamée (Mehdi El Fakir)

Le projet de loi de Finances, actuellement dans le circuit législatif, soulève encore le débat quant à sa vocation, sa finalité et surtout sa capacité à répondre aux défis sociaux et économiques du pays. Invité de «L’Info en Face» pour apporter son éclairage sur ces questions, Mehdi El Fakir, expertcomptable et analyste économique, explique également les enjeux de la réforme fiscale qui intervient dans un contexte inflationniste.

Très pragmatique dans son raisonnement, Mehdi El Fakir souligne que tout projet de loi de Finances est établi selon des hypothèses dont la majorité est difficilement maîtrisable. En parallèle, il y a l’effort financier de l’État ou encore les impératifs financiers de l’État. Le Budget 2024 doit en plus répondre à

une autre exigence qui est celle de financer les chantiers sociaux en cours et à venir. L’équation comprend donc plusieurs variables que le PLF essaye

d’intégrer pour garantir un équilibre économique et social.

Financer les chantiers sociaux est la première finalité du PLF 2024

Avec un budget qui table sur une prévision de croissance assez faible et fragile et un déficit budgétaire autour de 4,5% du PIB, certains économistes

considèrent que c’est une mission impossible de financer tout ce qui est prévu, notamment le chantier de la protection sociale et les aides directes

qui représentent un coût annuel de 25 milliards de dirhams. Pour l’invité de «L’Info en Face», la difficulté réside aujourd’hui dans le maintien du déficit budgétaire dans la limite de 4,5% du PIB. «C’est vraiment très audacieux et très volontariste de la part du gouvernement. Toutefois, si l’on raisonne d’un point de vue arithmétique, on va dire c’est compliqué, mais si on raisonne du point de vue qualitatif, c’est-à-dire améliorer l’efficacité budgétaire des dépenses et du recouvrement, ceci permettrait d’arriver à des niveaux de déficit qui dépassent les 4%, mais qui sont maîtrisables. De ce déficit d’ailleurs dépendra la réalisation des chantiers d’État» souligne l’économiste. Selon lui, le Royaume est dans une phase où il doit faire aboutir un certain nombre de chantiers prioritaires et donc garantir les ressources pour financer cette ambition devient stratégique. «Le Maroc a décidé aujourd’hui de ne pas faire marche arrière. Nous avons des chantiers dont la destinée et le devenir de notre pays dépendent.

Donc il faut absolument accélérer les chantiers sociaux», indique l’invité. Il estime même que le fait d’améliorer les conditions de vie des Marocains se répercutera sur leur niveau de vie et de facto sur l’amélioration de leur pouvoir d’achat et de la demande intérieure, ce qui dynamisera donc l’économie.

La réforme fiscale passera dans la douleur

La réforme fiscale qui va concerner la TVA est le gros chantier du PLF 2024. Il s’inscrit dans la continuité de la réforme lancée en 2023 au niveau de l’IS et l’IR professionnel. À ce niveau, «le nécessaire a été fait !» estime l’économiste. Maintenant, c’est au tour de la TVA. Mais ne sommes-nous pas face à un matraquage fiscal, notamment pour la classe moyenne, s’interroge Rachid Hallaouy ? Pour l’expert-comptable, la TVA représente la première ressource fiscale et parafiscale de l’État. «L’année dernière, c’était 97 milliards de DH de recettes. Cette année, ça va être quand même le cas. Donc là, il faut réformer la fiscalité pour la rendre plus efficace. Il ne faut certes pas le faire au détriment du pouvoir d’achat et c’est la grande question et le grand défi à relever», note l’analyste qui reconnaît que les réforme se font généralement dans la douleur. Mais cette réforme doit être entamée selon lui. Il note également que le gouvernement a rectifié le tir en exonérant certains produits, comme le beurre, les conserves, le savon domestique, les fournitures scolaires et les médicaments.

Est-ce le bon moment pour augmenter la TVA sur l’eau et l’électricité ?

Le gouvernement a décidé de supprimer la TVA sur les médicaments, les produits scolaires et le beurre, mais l’a augmenté pour l’eau et l’électricité, deux produits pourtant massivement consommés. Mais dans un contexte inflationniste où le pouvoir d’achat des ménages est fragilisé, est-ce le moment de procéder à cette réforme, même progressive ? Pour Mehdi El Fakir, il y a deux niveaux de raisonnement à retenir à ce sujet : Il y a un niveau technique, dans le sens où cette hausse intervient dans le cadre d’une réforme fiscale que le Maroc devait faire. Son déploiement se fait de manière progressive «pour donner du temps aux structures économiques et sociétales de s'adapter graduellement en attendant des jours meilleurs». Et puis il y a le deuxième niveau qui est politique. «C'est le débat politique autour de cette question qu’il faut attendre maintenant. On verra ce qui va se passer au niveau du Parlement», lance l’économiste.
Toutefois, M. El Fakir note que certes la TVA passera de 7 à 10% pour la location des compteurs et de 14 à 20% pour la consommation, cependant on descend de 14 à 10% si l'énergie électrique est produite à base d'énergie renouvelable. «La décision du gouvernement concernant l'électricité spécifiquement a du sens à mon avis. Il vous dit écoutez, si vous utilisez l'électricité à base thermique ou conventionnelle, ça vous coûte plus cher. Mais il y a une mesure d'encouragement des énergies propres», souligne l’invité.
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