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Pourquoi le Maroc a le meilleur risque-pays en Afrique du Nord (Coface)

Coface vient de publier son dernier Baromètre Risques pays et sectoriels évaluant l'environnement des affaires dans 160 économies. Malgré un contexte mondial marqué par des défis économiques et géopolitiques, le Maroc se distingue dans sa région en conservant la meilleure notation en Afrique du Nord, grâce à sa résilience économique, sa stabilité politique et ses perspectives de croissance favorables.

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Coface vient de publier son dernier Baromètre Risques pays et sectoriels. Dans un contexte de redressement léger de l'économie mondiale, après les défis liés à la pandémie, à la guerre en Ukraine et aux préoccupations logistiques persistantes en mer Rouge, Coface ajuste les évaluations de 5 pays et 26 secteurs, indiquant des perspectives positives à court terme uniquement.

Ainsi, l’assureur crédit annonce 4 reclassements (amélioration de la notation) concernent 2 économies de la zone euro (Espagne et Portugal) et 2 émergents (Cap-Vert et Bahreïn). À l’inverse, il a procédé au déclassement d’un seul pays ce trimestre (Équateur). Le solde est également largement positif en ce qui concerne les changements d’évaluations sectorielles avec 20 reclassements, principalement dans les transports, le papier et l’énergie, pour seulement 6 déclassements

>> Lire aussi : Risque Pays : Le Maroc fait mieux que la moyenne mondiale et africaine

Coface table sur une croissance mondiale de 2,5% en 2024 et de 2,7% en 2025. La croissance modérée des États-Unis et de la Chine devrait être compensée par l’accélération de plusieurs pays émergents. D’ailleurs, de nombreuses régions vont connaître une dynamique positive. Les pays d’Asie du Sud-Est atteindront, pour certains, des taux de croissance supérieurs à 6% (Vietnam et Philippines). L’Inde, malgré un léger ralentissement, devrait enregistrer une croissance de 6,1%.

Une accélération de la croissance au Maroc et en Afrique

L’Afrique devrait également surperformer et dépasser les 4% de croissance avec une accélération dans toutes les principales économies (Maroc, Nigéria, Égypte, Éthiopie et, dans une moindre mesure, Afrique du Sud).

L'étude souligne que malgré un début d'année encourageant, les tensions géopolitiques et les défis économiques persistent, nécessitant une vigilance continue dans la gestion des risques pour les entreprises. Les évaluations de Coface (160 pays) se situent globalement sur une échelle de 8 niveaux de risque d’impayés pour les entreprises allant d’«A1» (risque très faible) à «E» (risque extrême), basées sur l’appréhension de l’environnement des affaires et des données microéconomiques, dont celles relatives au paiement.

En dépit d’une conjoncture difficile, le Maroc confirme à nouveau sa résilience, avec une note «B» pour le risque pays et «A4» pour son climat des affaires. Ainsi, en Afrique du Nord, le Maroc demeure le pays le moins risqué de la région avec une meilleure note que l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, l’Égypte (risque élevé) ou encore la Libye (risque extrême). Le Maroc se maintient également dans le Top 7 des pays les mieux notés en Afrique.

Le séisme n’a pas compromis la reprise

Selon les experts de Coface, le Maroc jouit de la stabilité politique, d’une économie résiliente avec une stratégie de montée en gamme et de diversification industrielle. Le Royaume bénéficie également de relations soutenues avec l’Europe, les États-Unis et les bailleurs internationaux.

Selon Coface, le séisme n’a pas compromis la reprise. L’impact économique a été très limité, notamment parce que le tourisme n’a pas été touché et le secteur a même enregistré des résultats records en 2023. Cette tendance devrait se poursuivre en 2024, ce qui devrait favoriser la croissance puisque le tourisme représente 7% du PIB. Les efforts de reconstruction soutiendront également la croissance, ainsi que l’expansion de la part marocaine du marché mondial de phosphate. Coface note par ailleurs qu’en juin 2023, le gouvernement a annoncé vouloir multiplier par trois les investissements dans les énergies renouvelables sur la période 2023-2027, comparé à 2009-2022, l’objectif est de développer le réseau électrique national (octroi de licences, production d’hydrogène vert, projets éoliens) et de garantir la ressource en eau (usines de désalinisation).

En 2024, le secteur manufacturier continuera de se développer et de soutenir la croissance, via des exportations à plus forte valeur ajoutée, dans l’automobile, l’aéronautique et le textile. Toutefois, le pays reste très vulnérable à la sécheresse. La saison agricole 2023-2024 a déjà été fortement affectée par les faibles précipitations et les pénuries d’eau, et la sécheresse pourrait se poursuivre en 2024. La consommation sera soutenue par les flux touristiques, les aides publiques et les envois de fonds des expatriés. Cependant, elle restera freinée par des prix alimentaires toujours très élevés et par les faibles performances agricoles, alors que le secteur emploie un tiers de la population. Alors que le pays s’engagera dans la reconstruction, Bank Al-Maghrib devrait suspendre son resserrement monétaire, appliqué en 2023 pour faire face à l’inflation, qui continuera de baisser.

La pression budgétaire atténuée par les aides internationales

Par ailleurs, les économistes de Coface estiment que l’objectif budgétaire de 2023 de ramener le déficit public aux niveaux d’avant la Covid (environ 3% du PIB), d’ici 2026, est compromis par le séisme. Néanmoins, les réformes fiscales mises en place en 2023 et 2024 permettront d’atténuer ses répercussions, avec notamment l’amélioration du système d’imposition des sociétés, grâce à la suppression progressive de la variabilité du taux normal à 20%, d’ici 2026. En outre, cette année les subventions alimentaires et énergétiques seront remplacées par des allocations familiales ciblées, pour une meilleure gestion des dépenses publiques.

Toutefois, ces efforts de consolidation fiscale ne suffiront pas à empêcher le déficit budgétaire de se creuser en 2024, par rapport à 2022 et 2023. D’ailleurs, le gouvernement a annoncé un plan de reconstruction, budgété à 11.7 milliards de dollars, soit 8.5% du PIB, qui s’étalera sur cinq ans. Il sera financé par une hausse des dépenses budgétaires et par une contribution de deux milliards de dirhams (194 millions de dollars) du Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Par ailleurs, l’aide internationale réduira la pression budgétaire, sous forme de fonds de solidarité, de prêts et de dons multilatéraux. Le Maroc peut compter sur la ligne de crédit flexible de 5 milliards de dollars accordée par le Fonds monétaire international (FMI) en avril 2023 pour aider à financer son déficit. À cela, s’ajoute un prêt de 1,3 milliard de dollars, accordé par le Fonds le 28 septembre 2023 pour une durée de 18 mois, afin d’aider le Maroc à faire face aux catastrophes climatiques. En conséquence, le poids de la dette publique augmentera très légèrement en 2024, avec une part extérieure à 42% du PIB.

D'autre part, Coface estime que le tremblement de terre n’a pas empêché le déficit courant de se réduire en 2023. L’augmentation des importations, liée aux efforts de reconstruction, a été contrebalancée par la hausse des envois de fonds de la Diaspora et par les aides internationales. En 2024, les recettes du tourisme continueront d’accroître l’excédent des services. Néanmoins, l’accroissement du déficit commercial creusera légèrement le déficit courant. Les exportations augmenteront avec la production de phosphate et du secteur automobile, ainsi que l’extension du port de Tanger. Cependant, la hausse des importations sera légèrement plus importante, du fait des projets d’infrastructures, des prix mondiaux des matières premières toujours élevés et de la reconstruction. «Ce déficit restera majoritairement financé par des emprunts extérieurs concessionnels et des investissements directs à l’étranger.», conclut l’analyse de Coface.
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