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Pourquoi le PIB du Maroc devrait dépasser les 150 milliards de dollars en 2025

Grâce à une gestion macroéconomique solide et des réformes structurelles ambitieuses, le Maroc devrait maintenir sa croissance économique, avec un PIB atteignant environ 148,6 milliards de dollars en 2024 (+2,9%) et plus de 154 milliards en 2025 (+3,9%). Soutenu par la reprise des secteurs non agricoles et de grands projets d'infrastructures, le pays continue d'afficher des signes de résilience face aux défis climatiques et économiques, indique un nouveau rapport de la Banque mondiale.

La Banque mondiale vient de publier son dernier rapport semestriel sur la situation économique dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Dans un contexte d’incertitudes exacerbées par le conflit régional, le rapport prévoit une croissance modeste du produit intérieur brut (PIB) de la région, avec une augmentation en termes réels prévue à 2,2% en 2024, contre 1,8% en 2023. Cette légère hausse est principalement due aux pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), où la croissance devrait passer de 0,5% en 2023 à 1,9% en 2024. En revanche, dans le reste de la région MENA, un ralentissement est attendu. La croissance des pays importateurs de pétrole devrait passer de 3,2% en 2023 à 2,1% en 2024, tandis que celle des pays exportateurs de pétrole hors CCG devrait reculer de 3,2% à 2,7%.

Pour le Maroc, le rapport souligne que malgré une série de chocs sévères (pandémie de la Covid-19, sécheresse prolongée, flambée des prix des matières premières et un tremblement de terre dévastateur), le pays a montré une résilience économique remarquable grâce à un cadre de politique macroéconomique solide et une réponse proactive du gouvernement. Les autorités marocaines ont également profité de cette période turbulente pour avancer des réformes qui pourraient mettre l'économie sur une trajectoire de développement à long terme plus solide et inclusive.

Les principales prévisions pour le Maroc

Selon les données de la Banque mondiale, le PIB du Maroc est estimé à 144,4 milliards de dollars américains et devrait atteindre environ 148,6 milliards de dollars cette année et 154,4 milliards de dollars en 2025.

Dans le détail, après une performance de 3,4% en 2023, la croissance du PIB réel devrait ralentir à 2,9% en 2024 avant de rebondir à 3,9% en 2025. Cette fluctuation découle principalement du secteur agricole, qui devrait se contracter de 4,6% en 2024 avant de rebondir de 8,2% en 2025, sous réserve d’une normalisation des conditions climatiques. La croissance hors agriculture devrait s'accélérer modérément à 3,7% en 2024, soutenue par la bonne performance des phosphates, des secteurs manufacturiers orientés vers l'exportation, et par une reprise du secteur de la construction, stimulée par un programme d’aide à l'acquisition de logements. S’ajoutent la baisse des taux d’intérêt, les efforts de reconstruction post-séisme et la préparation de grands événements sportifs (la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030).

Le rapport souligne que la demande intérieure reprend de l'élan, avec une consommation privée et une formation brute de capital qui ont augmenté respectivement de 3% et 3,6% au premier trimestre 2024. Cela a été facilité par une baisse importante de l'inflation, qui est passée d'un pic de 10,1% début 2023 à 1,3% en juillet 2024. La demande intérieure devrait encore se renforcer, les investissements directs étrangers (IDE) et les projets d'infrastructures publics apportant un élan supplémentaire aux investissements, tandis que la consommation privée continue de se redresser malgré une hausse temporaire de l'inflation due à la réforme des subventions au gaz butane.

Par ailleurs, la position extérieure du Maroc continue de se renforcer. Le déficit du compte courant est passé de 3,5 à 0,6% du PIB en 2023 et un excédent a été enregistré au premier trimestre 2024, soutenu par la baisse des prix de l’énergie, la croissance robuste des exportations de phosphates et de produits manufacturés, la reprise du tourisme et les envois de fonds. Les flux nets d'IDE ont plus que doublé dans les cinq premiers mois de 2024, avec l’annonce de grands projets, notamment dans l’hydrogène vert et la production de composants de batteries pour véhicules électriques. Le taux de change est resté globalement stable et la valeur en dollars des réserves a augmenté de 3% en 2024, couvrant plus de cinq mois d’importations.

Néanmoins, ajoute le rapport, la reprise de la demande intérieure et l'augmentation des importations agricoles devraient élargir le déficit du compte courant à 1% du PIB en 2024 et à 1,4% en 2025, tout en restant bien en deçà des moyennes historiques. Les flux d'IDE devraient, eux, s'accélérer à mesure que les projets annoncés se concrétisent.

En outre, le Maroc a fait des progrès graduels dans l’amélioration de sa situation budgétaire depuis la pandémie, avec une réduction du déficit de 5,4 à 4,4% du PIB entre 2022 et 2023. Cependant, malgré des recettes fiscales robustes, les pressions sur les dépenses ont augmenté le déficit budgétaire au cours des sept premiers mois de 2024. Le gouvernement a adopté une Loi de Finances rectificative représentant 0,9% du PIB pour financer une augmentation des salaires des fonctionnaires et soutenir les entreprises publiques. Les pressions sur les dépenses devraient ainsi ralentir le processus de consolidation budgétaire en 2024, mais le déficit budgétaire devrait diminuer à moyen terme (à -4,2% du PIB en 2024 et -3,8% en 2025) entraînant une réduction modérée du ratio dette/PIB d'ici 2026.

Au plan socioéconomique, la pauvreté devrait continuer de diminuer entre 2024 et 2026 à mesure que l'économie retrouve son dynamisme, que l'inflation se stabilise et que le gouvernement déploie un nouveau programme de transferts monétaires, qui pourrait atténuer l'impact de la sécheresse dans les zones rurales. La capacité du Maroc à réduire la pauvreté et les inégalités à long terme dépendra largement de la capacité à lever les contraintes structurelles au dynamisme du secteur privé et à la création d'emplois.

À ce sujet, le rapport indique que le gouvernement a récemment promis de donner la priorité à la création d'emplois dans les années à venir, car le marché du travail reste faible. Le taux d'inactivité a augmenté de plus de 8 points de pourcentage au cours des deux dernières décennies et le taux de chômage reste supérieur de 4 points à son niveau d'avant la pandémie. «Résoudre durablement ce problème nécessiterait une stratégie globale visant à améliorer le dynamisme du secteur privé et à stimuler la productivité, à lutter contre l'informalité, à accroître la participation des femmes au marché du travail (19% en 2023) et à renforcer les compétences de la main-d'œuvre.» Préconise la Banque mondiale.

Enfin, sur le plan de l’adaptation et de la lutte contre le changement climatique, le rapport souligne que le Maroc investit massivement dans des infrastructures pour faire face à la pénurie d’eau et s’engage à atteindre des objectifs ambitieux de décarbonisation dans la production d’énergie.
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