Menu
Search
Vendredi 22 Novembre 2024
S'abonner
close
Vendredi 22 Novembre 2024
Menu
Search
lock image Réservé aux abonnés

Quand les startups se mettent au service de l’agriculture durable

Face aux effets du changement climatique, la mutation vers une agriculture durable passe par la mobilisation des différents acteurs dont les startups. Hamza Bendahou nous révèle comment la startup «Sowit», co-fondée avec Hamza Rkha, accompagne l’agriculteur dans son activité en lui proposant des solutions clé en main, notamment en matière d’irrigation de précision.

No Image
Il est indéniable que la raréfaction des ressources en eau exige des mesures de sobriété dans chaque secteur, y compris celui de l’agriculture. Un enjeu national, qui a poussé des startups marocaines à se mettre au service de l’irrigation de précision. C’est dans ce sens que Sowit, une success story marocaine dans l’agriculture de précision, a fait de la transition vers une gestion plus responsable de l’eau son cheval de bataille.

«Depuis 2018, nous accompagnons les agriculteurs dans l’optimisation de leur conduite technique sur plusieurs aspects et en particulier sur l’irrigation», souligne au Matin, Hamza Bendahou, co-fondateur de Sowit.

Consciente de la nécessité de favoriser une exploitation responsable, la jeune entreprise a développé des techniques innovantes pour économiser l’eau d’irrigation.

SOWIT donne, ainsi, aux professionnels accès à des renseignements d’aide à la décision qui leur permettent d’optimiser la qualité de leurs produits et leurs performances, tout en atténuant les risques. Pour ce faire, la startup utilise des algorithmes basés sur l’imagerie satellitaire et l’intelligence artificielle. Une performance qui lui a valu sa position de leaders en matière d’agriculture de précision.

Rappelons qu’en marge de l’édition du Salon international de l’agriculture 2023 (SIAM), une convention a été signée entre le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts à travers son Pôle Digital de l’Agriculture, de la Forêt et SOWIT. Elle avait pour objet de développer un partenariat sur l’exploitation des technologies digitales en agriculture de précision à travers deux axes principaux : l’exploitation des drones de pulvérisation Ultra Bas Volume et la production de fiches techniques normées, ainsi que le développement de e-services agricoles basés sur l’utilisation des drones, des satellites, de l’internet des objets (IoT) et de l’intelligence artificielle.

Questions au co-fondateur de SOWIT

Hamza Bendahou : «Nous accompagnons les agriculteurs dans l’optimisation de leur conduite technique sur plusieurs aspects»

Quand les startups se mettent au service de l’agriculture durable
Hamza Bendahou



Le Matin : Comment vous est venue l’idée de créer Sowit ?

Hamza Bendahou :
L’idée de créer SOWIT est né du constat que mon associé Hamza Rkha Chaham et moi-même avons fait, notamment sur le rendement moyen des agriculteurs, qui est inférieur à celui observé ailleurs dans le monde.

Par exemple, un agriculteur qui cultive des céréales en Afrique aura un rendement de 2,5t/ha en moyenne alors qu’ailleurs dans le monde on sera plus aux alentours de 6 ou 7 t/ha. Nous pensons que ce gap de rendement vient d’un manque d’information de l’agriculteur, et à SOWIT notre objectif est d’apporter ces informations à l’agriculteur de manière simple pour combler ce gap de productivité.

Comment ça marche concrètement ?Depuis 2018, nous accompagnons les agriculteurs dans l’optimisation de leur conduite technique sur plusieurs aspects et en particulier sur l’irrigation. Nous offrons un écosystème complet de solutions et travaillons avec des agriculteurs de différentes tailles au Maroc et en Afrique, avec 80.000 ha sous service dont 70% sont au Maroc.

Pourriez-vous nous présenter brièvement vos solutions ?

Nous avons développé trois niveaux de solutions pour répondre aux besoins des agriculteurs en Afrique.

- Le premier niveau est une application mobile gratuite permettant à l’agriculteur d’avoir des informations simples telles qu’une météo précise ou encore l’hétérogénéité de sa parcelle grâce à l’imagerie satellitaire.

- Le deuxième niveau correspond à des solutions qui répondent à des problématiques spécifiques telles que FERTISAT qui optimise la fertilisation azotée ou encore SOWATER qui permet d’apporter la bonne dose d’irrigation au bon moment et au bon endroit.

- Le 3e niveau correspond à l’installation de capteurs connectés permettant de suivre en temps réel les paramètres de la ferme tels que l’humidité du sol, ou d’agir dessus en déclenchant automatiquement l’irrigation en fonction de paramètres bien définis.

Entretien avec l'enseignant-chercheur au département d’Économie rurale, École nationale d’agriculture de Meknès

Taoufik Yatribi : «L’entrepreneuriat agricole peut être un puissant moyen pour développer l’innovation dans le secteur agricole»

Quand les startups se mettent au service de l’agriculture durable
Taoufik Yatribi.



Le Matin: Comment évaluez-vous l’innovation technologique dans le secteur agricole marocain ?

Taoufik Yatribi :
Au Maroc, le niveau d’adoption des innovations technologiques dans l’agriculture varie en fonction de plusieurs facteurs, tels que la disponibilité des technologies, les ressources financières des agriculteurs, l’accès à l’information et à la formation, ainsi que les politiques gouvernementales de soutien. Si l’on prend l’exemple des technologies de l’agriculture de précision, telles que les GPS, les capteurs de sol et les logiciels de gestion agricole, leur adoption est limitée par le manque de sensibilisation et de formation des agriculteurs. Concernant les drones agricoles, leur adoption progresse lentement, en particulier dans les grandes exploitations et les cultures de grande valeur. Pour les applications mobiles, leur adoption est en croissance, en particulier parmi les jeunes agriculteurs qui sont plus à l’aise avec la technologie mobile.

Quels sont les enjeux ou les défis et les obstacles auxquels les innovations technologiques dans le secteur agricole font ?

Les innovations technologiques dans le secteur agricole sont confrontées à plusieurs enjeux et défis. On peut citer le coût d’acquisition élevé qui peut limiter l’accessibilité pour les petits exploitants agricoles ou ceux situés dans des régions à faible revenu. Le taux élevé d’analphabétisme en milieu rural est une contrainte dans la mesure où l’utilisation efficace des technologies agricoles nécessite souvent une alphabétisation numérique adéquate. Un autre défi est la dominance de la génération X (individus nés entre 1965 et 1980) et des baby-boomers (individus nés entre 1946 et 1964) parmi les agriculteurs. Cette génération serait réticente aux changements parce que derrière eux, il y a une éducation et des habitudes de pensée difficilement conciliables avec l’esprit d’innovation.

Est-ce que le cadre juridique actuel permet d’introduire facilement l’innovation technologique dans l’agriculture au Maroc ? Qu’en est-il du volet fiscal et celui relatif au foncier ?

Prenant l’exemple des drones, leur manipulation est extrêmement contrôlée. Le cadre juridique marocain actuel interdit leur importation, il nécessite l’obtention préalable d’une licence d’importation. Des exploitants agricoles désireux utiliser les drones pour l’épandage auront beaucoup de mal à utiliser directement cette technologie. Si les réglementations sont trop rigides ou obsolètes, elles pourraient entraver l’adoption des technologies. Il y a aussi la question relative à l’accès aux données. Les lois sur la protection des données et la confidentialité peuvent avoir un impact sur la collecte et l’utilisation des données agricoles, qui sont souvent nécessaires pour développer et mettre en œuvre des technologies agricoles innovantes.

Concernant le volet fiscal, le gouvernement marocain peut mettre en place des incitations fiscales pour encourager l’investissement dans les technologies agricoles. Par contre, pour le volet foncier, c’est-à-dire les structures foncières, les statuts fonciers et le mode d’accès à la terre sont pris pour être la contrainte majeure et le facteur de blocage le plus important à l’investissement privé agricole.

Que doit-on faire pour que le secteur puisse profiter pleinement des innovations technologiques ?

Personnellement, et vu le contexte actuel, je pense que le principal atout dont dispose le Maroc est son capital humain. Les jeunes aujourd’hui sont de plus en plus attirés par la technologie et la digitalisation. L’entrepreneuriat agricole peut être un puissant moyen pour développer l’innovation dans le secteur agricole, mais aussi un moyen pour créer l’emploi, de la valeur ajoutée, et surtout pousser les jeunes à aller à la campagne au lieu de chercher un travail dans les villes. L’arrivée sur le marché de travail de la génération Z (individus nés à partir de l’année 2000) considérée plus entrepreneuriale que les générations précédentes est un atout qui devrait être mobilisé.

Peut-on dire que le programme Generation Green permet au secteur agricole de profiter des innovations technologiques ?

La stratégie Generation Green ne se concentre pas uniquement sur les innovations technologiques, elle comprend des initiatives qui peuvent faciliter l’introduction des technologies agricoles avancées. Par exemple, le programme fournit une formation aux jeunes agriculteurs sur les pratiques agricoles durables, y compris l’utilisation de technologies agricoles innovantes. Le programme offre également des incitations financières pour soutenir les jeunes entrepreneurs agricoles dans l’adoption de technologies innovantes. Il facilite aussi les partenariats entre les différentes parties prenantes. Dans l’ensemble, bien que Generation Green ne soit pas exclusivement axé sur les innovations technologiques, il offre un cadre propice au développement et à la diffusion des technologies

agricoles.

Lisez nos e-Papers
Nous utilisons des cookies pour nous assurer que vous bénéficiez de la meilleure expérience sur notre site. En continuant, vous acceptez notre utilisation des cookies.