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Santé, éducation, investissement... , où en est la digitalisation au Maroc ?

La Covid-19 a favorisé une autre pandémie : la santé, l’éducation et l’investissement ont été contaminés par le digital. Le virus, qui a mis le monde à l’arrêt, a aussi mis à nu la faiblesse des infrastructures et de l’éducation numérique. Si des initiatives ont rapidement vu le jour avec une agilité certaine et que la télémédecine, l’école à distance et le télétravail ont été mis en place de manière relativement efficace, personne n’était préparé à ces transformations qui revêtent désormais et depuis un certain temps un caractère obligatoire. Quid des dernières dispositions prises pour accélérer la transition digitale de ces trois secteurs ?

L’e-santé en marche

Un pas de plus vers la promotion de la santé numérique au Maroc. Le livre blanc sur la digitalisation et le partage des données de santé au Maroc, présenté fin mars à Rabat, est le prolongement de la première mouture sur la santé digitale publiée en avril 2022. Une initiative du Centre d’innovation en e-santé (CleS) de l’Université Mohammed V de Rabat, en collaboration avec le ministère de tutelle et la Caisse nationale de sécurité Sociale (CNSS). Tour à tour, lors de la présentation de ce guide, les participants ont plaidé pour une stratégie nationale de partage de données efficiente et sécurisée. Objectif : améliorer la prise en charge des patients tout en promouvant la qualité des soins. Le Livre blanc, qui explore les opportunités et les défis relatifs à la digitalisation du secteur, se veut une réflexion sur une gouvernance efficace des données de santé.

Le cadre réglementaire en gestation doit pour sa part assurer une protection rigoureuse de la vie privée, mais aussi des investissements adéquats «tant au niveau des infrastructures numériques que de la formation des professionnels de santé et de l’éducation», détaillait le président du CIeS, Anass Doukkali. Dans une allocution lue en son nom, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, notait que «la transformation numérique joue un rôle crucial dans la modernisation du système de santé et constitue l’un de ses piliers fondamentaux».



Cette réforme à venir nécessite, par ailleurs, un engagement certain «en faveur de la simplification et la dématérialisation des processus de facturation des hôpitaux publics et de remboursement de soins avec la feuille de soins électronique, l’amélioration du suivi médical avec le Dossier médical partagé, et la conduite du changement pour l’adoption et l’utilisation des systèmes d’information hospitaliers dans les hôpitaux», soulignait pour sa part Ghita Mezzour, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la réforme de l’administration.

La CNSS, en tant que principal assureur maladie, se dit totalement investie dans la digitalisation. 1,2 milliard de dirhams, c’est le montant que l’organisme a engagé sur le chantier digital pour la période 2023-2027, selon les indications apportées par son directeur général, Hassan Boubrik. «La contribution de la Caisse à l’élaboration de ce Livre blanc procède d’une profonde conviction quant au potentiel de la digitalisation et de la Data dans le secteur de la santé qui sera le plus touché par la révolution numérique en marche depuis une décennie». Prochaine étape : la dématérialisation d’une grande partie des services de la CNSS.

Un laboratoire numérique pour l’éducation

Il est le premier de son genre au Maroc : le Digital Lab du ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports «permettra de développer des solutions numériques répondant aux exigences de la mise en œuvre de la réforme de l’éducation», arguait Ghita Mezzour lors de son dévoilement en février dernier. Sa mise en place s’inscrit en droite ligne avec les dispositions de la Stratégie nationale de transition numérique, et ce afin d’accélérer la transformation numérique du système éducatif.

Fournir des contenus pour les élèves pour usages à domicile ou au sein de l’école relatifs à la remédiation personnelle, à la révision, au renforcement des capacités linguistiques et l’acquisition d’une culture digitale figurent parmi les objectifs de ce laboratoire. Il s’agira aussi d’aider les enseignants «dans le processus d’enseignement en leur permettant d’assurer le suivi des progrès individuels de chaque élève». Dans le viseur : «La facilitation de la gestion des établissements, la simplification de l’administration et l’amélioration de la qualité et la communication avec les familles et les partenaires de l’école publique». Autre but escompté à travers la création de ce Digital Lab : encourager les startups et contribuer à la création d’un système éducatif numérique offrant d’une part les solutions adéquates et assurant la mise en place d’une dynamique économique chez les jeunes entrepreneurs. Du côté du privé justement, les initiatives ne manquent pas en matière de cours à distance.

Digital, condition sine qua non pour attirer l’investissement

L’exécutif se lance plusieurs paris dans la jungle des chantiers digitaux. Parmi eux, celui du renforcement de la digitalisation de l’Administration publique et le développement de l’économie numérique. Le mois dernier, la deuxième réunion de la Commission nationale pour le développement numérique se tenait sous la présidence du chef du gouvernement. La transition numérique joue un rôle important dans l’amélioration de la qualité des prestations des services publics et dans la création de richesses et dans le développement économique. C’est en substance le message délivré par Aziz Akhannouch à l’ouverture des travaux. L’occasion pour Ghita Mezzour d’exposer les orientations générales de la Stratégie Maroc Digital 2030 suite aux rencontres organisées avec les membres de la commission en vue de collecter leurs propositions. Une stratégie qui «vise également à ériger le Royaume en pays producteur de solutions numériques, à créer des opportunités d’emploi à travers l’attraction des investissements et à accompagner les jeunes talents dans le domaine du digital».

L’un des deux axes fondamentaux de cette feuille de route porte sur l’injection d’une nouvelle dynamique dans l’économie numérique. Axe qui s’articule lui-même autour de trois grands principes : le développement du secteur de l’offshoring, l’édification d’un écosystème dédié aux entreprises en développement et, enfin, l’accompagnement de la digitalisation des petites et moyennes entreprises.

L’Agence de développement du digital (ADD), dans sa Note d’orientations générales pour le développement du digital au Maroc à l’horizon 2025, expliquait en quoi la transformation digitale permet «une réduction des coûts pour l’État, une amélioration de l’attractivité pour les investisseurs et l’instauration d’échanges coordonnés, fluides et sécurisés entre administrations». Selon les données recueillies par l’ADD, les entreprises marocaines passent en moyenne 200 heures par an en contact avec les services publics avec un taux d’insatisfaction avoisinant les 70%. Si de nombreuses initiatives de l’E-gov ont été mises en œuvre durant cette dernière décennie, «les e-services déployés ne sont pas encore à la hauteur des attentes des citoyens et des entreprises» avec des taux d’insatisfaction respectifs de 92 et 87%. En cause : «L’absence de digitalisation de bout-en-bout des parcours et le manque d’ergonomie des sites».

Autre point soulevé par l’Agence : «L’économie marocaine fait face à des gains de productivité structurellement faibles depuis le début des années 2000». D’une part, le taux d’investissement ne peut croître indéfiniment et d’autre part, la croissance du Maroc risque de décélérer sans augmentation des gains de productivité. «Dans cette perspective, la transformation digitale peut constituer un accélérateur de la croissance économique et de la compétitivité économique du Maroc notamment chez les PME et TPE». L’ADD cite le commerce électronique en exemple, qualifié de «l’un des principaux moteurs de l’économie numérique». Un secteur qui a connu une progression importante ces dernières années. Un dynamisme imputable à «l’évolution de l’usage des TIC, l’augmentation du nombre d’internautes et des cyberconsommateurs». Selon l’Agence, «le renforcement des conditions nécessaires pour le développement du commerce électronique permettrait au Maroc de profiter des potentialités qu’offre ce secteur pour l’économie nationale».

Les pistes de réflexion ne manquent pas. La transformation digitale offre au Maroc «l’opportunité de se positionner en tant que Hub digital africain, à même d’attirer des entreprises digitales innovantes et des talents de tout le continent, des investissements et ainsi fédérer les offres technologiques, et l’écosystème entrepreneurial national». Ainsi, selon la même source, le Maroc devrait créer «une vraie dynamique en comparaison avec les pays de la région, mais aussi se positionner sur un ou plusieurs domaines sur lesquels il pourra occuper la position de leader régional».
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