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Souveraineté industrielle : les défis à surmonter pour le Maroc

Que de chemin parcouru par notre industrie au cours des 25 dernières années ! Mais même si les avancées sont très importantes et impactantes, il reste encore des défis à relever. Pour le patronat, le financement, les synergies entre PME, l’implication d’autres régions font partie des défis. Pour le CESE, une suppression des autorisations n’est plus à débattre, une baisse massive des coûts de l’énergie et de la logistique n’est plus à attendre. La deuxième édition de la Journée nationale de l’industrie, placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi, a le mérite d’avoir permis de soulever ces questions en toute transparence. L’Objectif escompté l’impose : la souveraineté prime !

«Le tissu industriel est passé de 4.500 entreprises en 1999 à 13.000 en 2023.» Ce rappel a été fait, mercredi à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguérir, par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, lors de la deuxième édition de la Journée nationale de l’industrie. Un événement placé sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI.

Au cours de son intervention, le Chef du gouvernement a, en effet, souligné les différentes avancées réalisées par le secteur au cours des 25 années de règne de Notre Souverain. Création de zones industrielles, amélioration du climat des affaires... Résultat : en 25 ans, le nombre de personnes employées par ce secteur est passé de 477.000 en 1999 à près de 1 million l’année dernière. Au passage, le nombre de femmes travaillant dans le secteur, postes de décision y compris, a remarquablement augmenté.

Banque de projets, fonds d’appui à l’innovation, Charte de l’investissement, Stratégie Digital Morocco 2030 ou encore le versement de plus de 20 milliards de DH d’arriérés de TVA aux entreprises font partie aujourd’hui des mécanismes, outils et incitations mis en place au cours des dernières années, rappelle le Chef du gouvernement. L’objectif est de favoriser l’investissement et de renforcer la Souveraineté industrielle. Le tout est boosté par la stabilité politique dont jouit le Maroc et qui en fait une destination mondiale. C’est grâce d’ailleurs à cette combinaison que le Maroc est aujourd’hui le 1er constructeur automobile africain, avec 570.000 unités, soit une voiture construite par minute.



Le développement du secteur au cours du Règne de Sa Majesté le Roi a également été au cœur de l’intervention de Ryad Mezzour. Le nombre d’emplois a été multiplié par deux, celui des entreprises du secteur par 3, le chiffre d’affaires par 4 (185 milliards de DH) et celui à l’export par 6,2 (377 milliards). «Chaque jour, le secteur génère un chiffre d’affaires de 2 milliards de DH et un milliard de DH de chiffre d’affaires à l’export !», a-t-il précisé. Autre chiffre important : 88% de la valeur des biens exportés sont des produits manufacturés.

Par ailleurs, le secteur est également le premier pourvoyeur d’Investissements directs étrangers (IDE) au Maroc. Une précision de taille s’impose cependant : 71% des capitaux du secteur sont marocains. Et à travers sa capacité à exporter, l’industrie participe au renforcement de la stabilité de notre monnaie, explique pour sa part Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Elle renforce également l’employabilité, puisque chaque emploi créé directement permet la création de 2 à 4 emplois indirects, révèle Alj.

Les défis de l’industrie marocaine vus par les patrons et le CESE

Malgré son évolution et sa participation à l’économie du pays, le secteur continuera à faire face à des défis à moyen terme, partage le président de la CGEM. À commencer par celui de la Souveraineté industrielle. Une offre locale très développée et un label «Made in Morocco» fort sont essentiels dans ce contexte.

Autres défis de taille, selon Alj, dupliquer les réussites réalisées dans l’automobile dans d’autres secteurs comme le textile et renforcer l’accès au financement. «Nous appelons à l’instauration de plus de mécanismes de financement», annonce Alj. L’accès aux marchés publics reste également un obstacle au développement des PME industrielles marocaines qu’il serait opportun de «fluidifier», espère-t-il.

En outre, créer des synergies entre les PME industrielles du secteur leur permettrait d’augmenter leur productivité et d’accélérer leur développement. À ce propos, annonce Alj, une étude de complémentarités a été menée par la CGEM. Elle révèle les pistes à exploiter pour relever ce défi. Enfin, si 80% de l’investissement industriel se fait sur l’axe El Jadida-Tanger, «d’autres régions sont à développer», espère le président de la CGEM.

Qu’en pense le Conseil économique, social et environnemental ?

Son président, Ahmed Réda Chami, classe les défis du secteur en 5 grandes catégories. Ainsi, explique-t-il, «si l’on veut aller plus haut et plus loin, des défis restent à relever :

1. Sécuriser l’initiative entrepreneuriale en levant les barrières réglementaires et administratives. “Il faut supprimer les autorisations, sauf pour les secteurs vitaux, et les remplacer par des cahiers des charges vérifiables a posteriori”, appelle le président du CESE. Et d’ajouter, “la réforme de la justice doit continuer et une instance de régulation est nécessaire”.

2. Un choc de compétitivité doit être réalisé à travers :

• Une baisse massive des coûts de l’énergie et de la logistique.

• Des zones industrielles accessibles à toutes les entreprises, pas seulement les grandes et les multinationales.

• La transformation numérique.

• Le maintien de l’implication des entreprises dans la formation.

3. Développer le capital humain :

• La disponibilité de profils qualifiés est importante. “Malheureusement, il y a encore une grande inadéquation entre formation et marché du travail.

• L’adoption de la formation, notamment continue, est encore faible dans les entreprises.

• La formation des dirigeants est encore à développer.

4. Augmenter la capacité d’innovation:

• Investir dans la Recherche & Développement (R&D) augmentera la capacité de nos industriels à innover. Malheureusement, l’effort R&D au Maroc représente 0,8% du PIB. Dans les pays de l’OCDE, il est de 2,4%, alors qu’en Corée du Sud, il atteint 4,5% !”, fait remarquer Chami.

5. Créer une synergie entre grandes entreprises et TPE/PME :

• Une synergie permettrait un transfert technologique à même de faire évoluer les PME et de les maintenir à la pointe de la technologie».

Relever ces défis, c’est permettre à nos entreprises une croissance soutenue. C’est là d’ailleurs aussi que le bât blesse : “Nous créons assez d’entreprises, mais celles-ci ne sont pas toutes capables de croissance», pointe le président du CESE.

Son intervention n’a cependant pas porté que sur les défis du tissu industriel marocain. Il s’est également penché sur ses opportunités. Montée en gamme, avec des produits et composants plus complexes, exploration des secteurs émergents, intégration du Maroc dans les chaînes de valeurs internationales ou encore la décarbonation de l’industrie sont autant de pistes à explorer.

Les régions : Premiers acteurs de leur propre développement territorial

Si le patron de la CGEM souhaite voir d’autres régions (hors axe El Jadida-Tanger) enregistrer une hausse des investissements industriels, celle de Marrakech-Safi cherche justement à se positionner davantage sur ce secteur. Lors de son intervention, Farid Chourak, wali de la région de Marrakech-Safi, a indiqué que la région, connue pour sa vocation touristique, porte aujourd’hui l’ambition de la diversification.

Il a, à ce propos, assuré les participants de l’accompagnement de la région, de son encadrement et toute la facilitation administrative possible pour rendre le parcours entrepreneurial dans la région plus «investor-friendly».

Organisée conjointement par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Ministère de l’Industrie et du Commerce, cette deuxième édition s’est tenue autour du thème «L'industrie, catalyseur de transformation des territoires à l'aune des chantiers structurants du Royaume». Au total, 5 panels étaient au programme autour des défis technologiques, d’innovation, de compétitivité, de transition énergétique, d’intégration en profondeur dans les écosystèmes, exploitation des potentialités des régions...

Trois conventions pour le développement industriel

À l'issue de la cérémonie d'ouverture de cette journée, trois conventions ont été signées. Il s'agit d'une convention de mise en valeur pour l'aménagement et le développement du parc industriel de Benguerir, s'étendant sur 213 hectares (ha) avec un investissement de 900 millions de dirhams. Ce projet stratégique vise plusieurs secteurs, notamment l'énergie verte, les industries métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques, ainsi que l'automobile, l'agroalimentaire et les batteries électriques.

La deuxième convention porte sur l'aménagement et le développement du parc industriel de Jorf qui couvrira 308 hectares avec un investissement de 1,4 milliard de DH.

En outre, une convention-cadre a été signée pour renforcer le partenariat entre la recherche et l'industrie. Elle vise une meilleure synergie entre le ministère de l'Industrie et du Commerce et le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, pour encourager la Recherche & Développement (R&D) orientée vers les besoins industriels du Royaume.
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