Alors que la lutte contre le réchauffement climatique s’intensifie, le Maroc se prépare à faire face aux impacts d’une nouvelle réglementation européenne, le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF). Introduit en octobre 2023 et pleinement opérationnel à partir de 2026, ce dispositif vise à réduire les émissions de carbone liées aux produits importés par l’Union européenne. Les exportations marocaines, dont 65% sont destinées au marché européen, se trouvent en première ligne des conséquences de ce mécanisme.
Les phosphates, qui représentent un pilier des exportations marocaines, sont d’ores et déjà impactés. Cependant, grâce à une empreinte carbone relativement faible comparée à celle de leurs concurrents internationaux, les phosphates marocains pourraient conserver un avantage compétitif. En revanche, la dépendance du pays aux énergies fossiles pour produire de l’électricité risque de fragiliser la compétitivité de secteurs comme la métallurgie et le ciment, malgré les investissements réalisés pour verdir leur production.
Malgré ces défis, les performances récentes de l’agro-industrie marocaine sur le marché européen offrent une base solide : certains produits marocains y sont devenus des références, renforçant la position du Royaume comme fournisseur clé.
Les activités de services ne sont pas épargnées : Tanger Med, avec un trafic record de 8,6 millions de conteneurs en 2023, devra s’adapter aux nouvelles exigences pour maintenir son statut de hub international.
Si le MACF représente un défi de taille pour les exportations marocaines, il offre également une opportunité unique de transformer l’économie nationale vers un modèle plus durable, capable de répondre aux exigences environnementales internationales tout en renforçant sa compétitivité sur les marchés mondiaux.
Une taxe carbone ciblant des secteurs clés
Le MACF s’applique dans un premier temps à cinq secteurs : fer et acier, aluminium, ciment, engrais, électricité et hydrogène. Ces secteurs devront payer une taxe carbone à l’importation, estimée entre 60 et 100 euros par tonne de CO₂ émise. Si la production marocaine de fer, d’acier, d’aluminium et de ciment est pour l’instant peu concernée, car majoritairement destinée au marché local, l’impact pourrait être significatif à moyen terme si le mécanisme s’étend à d’autres industries.Les phosphates, qui représentent un pilier des exportations marocaines, sont d’ores et déjà impactés. Cependant, grâce à une empreinte carbone relativement faible comparée à celle de leurs concurrents internationaux, les phosphates marocains pourraient conserver un avantage compétitif. En revanche, la dépendance du pays aux énergies fossiles pour produire de l’électricité risque de fragiliser la compétitivité de secteurs comme la métallurgie et le ciment, malgré les investissements réalisés pour verdir leur production.
Une extension attendue à d’autres industries stratégiques
À partir de 2027-2028, les secteurs du textile et de l’agro-industrie, essentiels aux exportations marocaines, seront également concernés par le MACF. Les industriels du textile, notamment dans le nord du Royaume, s’engagent déjà dans la décarbonation, souvent encouragés par leurs partenaires européens comme Inditex. Du côté de l’agro-industrie, des efforts restent nécessaires, en particulier pour limiter l’usage de pesticides et d’herbicides dans la production agricole.Malgré ces défis, les performances récentes de l’agro-industrie marocaine sur le marché européen offrent une base solide : certains produits marocains y sont devenus des références, renforçant la position du Royaume comme fournisseur clé.
Un impact économique régional et national
Les premières estimations suggèrent que le MACF entraînera une diminution des exportations marocaines de plus de 10% si son champ d’application s’élargit. À l’échelle africaine, une baisse globale de 5,72% des exportations est prévue, avec des secteurs comme l’aluminium (-13,9%), le fer et l’acier (-8,2%), et les engrais (-3,9%) particulièrement touchés. Cette contraction pourrait réduire le PIB du continent de 1,12%, soit environ 31 milliards d’euros, selon les données de 2021.Les activités de services ne sont pas épargnées : Tanger Med, avec un trafic record de 8,6 millions de conteneurs en 2023, devra s’adapter aux nouvelles exigences pour maintenir son statut de hub international.
Une opportunité de transition énergétique
Face à ces enjeux, le Maroc adopte une approche proactive avec une stratégie nationale de FINANCE CLIMAT à l’horizon 2030. Celle-ci repose sur trois axes :- La création d’un marché financier intégré.
- La promotion d’investissements verts avec des projets attractifs.
- L’exploration d’innovations financières, comme les Fintechs et les marchés de carbone.
Si le MACF représente un défi de taille pour les exportations marocaines, il offre également une opportunité unique de transformer l’économie nationale vers un modèle plus durable, capable de répondre aux exigences environnementales internationales tout en renforçant sa compétitivité sur les marchés mondiaux.