TPME industrielles : Tamwilcom mène le débat sur l’accès au financement
Un meilleur accès au financement pour les TPME, notamment celles industrielles, est un préalable absolu à l'émergence d'un solide secteur industriel national, en mesure de soutenir la dynamique de développement économique du Maroc. C’est le thème retenu par Tamwilcom pour ses Assises régionales qui ont démarré jeudi dernier à Tanger et se poursuivront dans trois autres régions. Avec les acteurs régionaux, le principe de ces rencontres consiste à mesurer les progrès réalisés grâce au partenariat public-privé porté par cette société anonyme détenue par l'État marocain et le secteur bancaire en matière d'accès au financement, notamment en faveur des TPME, et à recueillir les propositions et les réflexions de ces acteurs pour concevoir des outils de financement à la hauteur des exigences du pari d'asseoir la souveraineté industrielle.
Le coup d'envoi du roadshow «Les Assises régionales du financement par Tamwilcom» a été donné jeudi dernier dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (TTA). Axée sur le thème crucial de l'accès au financement, cette première étape à Tanger a été riche en débats sur ce qui a été fait et ce qui doit être fait à l'avenir pour favoriser la croissance d'un tissu industriel adossé à des capitaux nationaux.
Région TTA : un modèle de croissance de l'investissement industriel
En ouverture de cette rencontre, les intervenants ont mis en avant la dynamique de l'investissement industriel dans la région TTA. Adil Raïs, président de la CGEM pour cette région, a commencé par souligner que la région TTA, bien que troisième en termes de contribution au PIB national, se trouve en tête du classement régional du point de vue de la croissance de l'investissement industriel. Pour sa part, Siham Benabdennbi, chef de division «Accompagnement des investisseurs» au Centre régional d'investissement de TTA, a souligné que la région, qui enregistre l'un des taux de chômage les plus bas à l'échelle nationale, dispose d'infrastructures de classe mondiale et est classée au 17e rang mondial en matière de connectivité. Le directeur général de Tamwilcom, Hicham Zanati Serghini, a abondé dans le même sens précisant que la région TTA se place désormais en deuxième position dans le portefeuille de Tamwilcom, après Casablanca-Settat.
Cet élan vaut à Tanger d'être un modèle pour les autres régions du Royaume en matière d'attraction des investissements, notamment industriels, sans pour autant occulter le fait que, comme le rappelle Mohamed Affane, président du directoire de la Banque Populaire de Tanger-Tétouan, qui s'exprimait également au nom du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), la zone offshore tient une place importante dans cette dynamique, et que l'enjeu est à présent d'inscrire l'onshore dans cette remarquable évolution positive que connaît la région.
Industrie automobile : la nécessité d'ancrer le capital national
Les discussions ont ensuite tourné autour de l'industrie automobile, dont TTA est le fief par excellence puisqu’elle se positionne aujourd'hui comme un vecteur majeur des exportations nationales. À ce sujet, Hakim Abdelmoumen, président de l'Association marocaine pour l’industrie et la construction automobile (AMICA), est d'avis que dans les cinq à dix prochaines années, il n'y aura pas plus de production automobile dans le monde. Le défi pour cette industrie au cours de la prochaine décennie est tout autre. Tout d'abord, il y a toute la partie relative au processus industriel qui devra s’adapter aux changements qui vont être opérés sur le véhicule (celui-là va devenir électrique, connecté avec une conduite autonome, etc.) et donc c’est tout une partie de la voiture va changer (carrosserie, suspension, etc.), alors qu’une partie des équipements ne sera plus d'actualité.
Par ailleurs, le président de l'AMICA souligne que le secteur automobile est intrinsèquement très capitalistique, de par sa construction même. Il requiert d'importants investissements, mais aussi des fonds de roulement. Les technologies, dit-il, évoluent beaucoup plus rapidement. «Avant, nous devions réinvestir tous les dix ans, mais aujourd'hui ce n'est plus possible car de nouvelles technologies apparaissent tous les trois ou quatre ans, et nous devons donc nous adapter». Et de souligner que le chiffre d'affaires de ce secteur, qui s'élève actuellement à 140 milliards de dirhams, est principalement constitué de ventes réalisées par des «big players internationaux». Cela représente à la fois une contrainte et une opportunité pour les industries qui vont compléter la chaîne de valeur et ainsi intégrer l'industrie marocaine dans ce secteur. «Mais cela nécessite un prérequis en termes de besoins de financement», a-t-il insisté.
M. Abdelmoumen perçoit dans la croissance de ce secteur une opportunité d'ancrer une partie de la technologie au Maroc par une forte présence de capitaux marocains. «Quand on regarde le tour de table des groupes qui s'installent au Maroc, ils sont presque tous institutionnels. L'outil de l’equity (actions - parts) est là», fait-il remarquer. Et de poursuivre qu’«il existe une communauté de financement qui opère très bien entre Tamwilcom, GPBM, l'administration et le ministère des Finances. Nous avons l'opportunité de faire passer Tamwilcom en société anonyme, et je pense que c'est l'occasion d'introduire un autre modèle de financement, parce que le modèle de financement uniquement bancaire n'est plus possible».
«Les banques font des efforts, elles apportent leur soutien, mais nous avons besoin d'un soutien en termes de capital ou de quasi-capital ou de ce que nous appelons le haut de bilan, et cela ne relève pas du rôle des banques. Nous devons construire des outils dans lesquels les banques sont des partenaires», suggère-t-il. Et d'affirmer que «l'equity est l'outil nécessaire dans un secteur comme celui de l’automobile. On ne peut pas monter des entreprises en s'appuyant uniquement sur le capital familial. Si nous n'entamons pas le processus d'intégration des capitaux marocains dans ce secteur et si nous ne commençons pas à nous approprier la technologie, il sera difficile d'avoir à l'avenir un secteur automobile à fort ancrage national, avec des exportations d'une valeur de 20 à 25 milliards d'euros, qui pourraient représenter 50% de nos recettes en devises».
Tamwilcom et ses partenaires du secteur bancaire : une relation parfaite
Quant à la capacité de Tamwilcom et du GPBM à donner des réponses aux besoins des entrepreneurs nationaux, l'optimisme est de mise. À cet égard, le directeur régional d'Attijariwafa bank à TTA, Rachid Magane, confirme que le GPBM entretient une relation parfaite avec Tamwilcom. «Nous avons fait beaucoup de choses ensemble et il y a encore beaucoup à faire. Des exemples ont été donnés de ce qui a été accompli durant la période Covid. Nous avons tous fait preuve d'une parfaite agilité et d'une capacité de réaction, non pas au jour le jour, mais parfois à l'heure près, pour prendre des décisions extrêmement importantes pour que l'économie nationale continue à aller de l'avant». «Aujourd’hui, nous pouvons nous réjouir du bilan. Peut-être qu’on est à mi-chemin, mais ce qui a été réalisé est totalement extraordinaire», se félicite-t-il. Pour sa part, Mohamed Affane atteste que «l'économie marocaine a fait preuve de résilience, et le système bancaire a joué son rôle sur ce plan. Les banques marocaines sont aujourd'hui prêtes et bien outillées pour faire face à ce type de situation, où les crises sont désormais récurrentes».
Financement des TPME industrielle : qu'est-ce qu'il faut faire ?
À propos du problème du financement des TPME, notamment industrielles, Rachid Magane révèle que toutes les banques confondues de la région TTA ont franchi la barre des 100 milliards de dirhams de dépôts en avril dernier. Cependant, en termes d'encours de crédit, le chiffre ne dépasse pas les 40 milliards de dirhams. «Il y a donc de la marge», dit-il, en se demandant «si ce sont les banques qui ne distribuent pas suffisamment de crédits ?» «Je ne pense pas !» rétorque-t-il. «Est-ce que c'est faute de projets présentés aux banques ? C'est à débattre».
Selon ce responsable bancaire, l’octroi de crédits aujourd’hui aux entrepreneurs est conditionné par la soumission de projets «bancables». «Le GPBM a travaillé avec les plus grands groupes marocains, notamment les groupes familiaux que l'on voit aujourd'hui, alors que ceux-ci n'étaient que de toutes petites entreprises naissantes. Mais aujourd'hui, les choses ont changé. Si, il y a cinquante ans, l'octroi d'un crédit était surtout déterminé par la réputation, aujourd'hui, il faut que le projet soit viable et que l'entrepreneur apporte des documents valables, dont en premier lieu le bilan», souligne M. Magane, ajoutant que «s’il n’y a pas le minimum sur la partie documentation, ce sera compliqué». Que faut-il faire alors ? «Il faut assurer aux entrepreneurs, surtout les jeunes, un accompagnement non financier». «Il faut aider les TPME pour qu'elles soient éligibles aux crédits et leur procurer un accompagnement non financier, en plus du financement stricto sensu. Si vous donnez par exemple 150.000 dirhams à une petite entreprise, mais que vous ne la renseignez pas sur la manière dont elle doit les exploiter et sur le résultat final, alors ce sera un contentieux au bout de deux mois».
Abondant dans le même sens, Mohamed Affane affirme que «les banques ont compris depuis longtemps que le financement d’une entreprise ne commence pas par le dossier. C’est pour cela qu’elles ont mis en place tout un dispositif sur le volet accompagnement». «Aujourd’hui, le système bancaire propose plusieurs formules pour favoriser l’accompagnement parce qu’on sait pertinemment que c’est l’accompagnement qui fait émerger de bons dossiers. Et pour les TPE particulièrement, il y a tout un arsenal de dispositifs pour accompagner les porteurs de projets depuis l’élaboration du business plan», assure-t-il.
Le système de garanties a permis de réduire les exigences du secteur bancaire
Toujours au sujet de la question du financement des PME, Hicham Zanati Serghini, citant une étude réalisée par la Banque mondiale, rapporte que le collatéral exigé en 2013 par les banques marocaines pour les prêts accordés aux PME, principalement industrielles, s'élevait en moyenne à 160% pour un prêt de 100. En 2019, ce pourcentage est passé à 65%. «C'est l'introduction du système de garantie qui a permis de réduire les exigences du secteur bancaire et d'ouvrir la porte au financement», fait-il observer.
Le partenariat public-privé sur le financement, affirme-t-il, a réellement permis de faire beaucoup d’avance en termes d’accès au financement. «Après, il y aura toujours des questions sur les relations entreprises-banques, sur la qualité du service, sur la tarification... Ce sont des choses qui sont récurrentes sur le marché entre demandeurs et pourvoyeurs».
Et Zanati Serghini de faire savoir que l’industrie, après le commerce et la distribution, accapare aujourd’hui 25 à 33% des engagements de Tamwilcom qui inscrit certains secteurs ou des objectifs stratégiques dans ses produits. «Tamwilcom prévoit un plafond par engagement ou par ligne de 15 et 30 millions de dirhams, mais il y a la possibilité de lever ce plafond à 20 et 40 millions de dirhams pour un projet industriel, exportateur ou de l’économie verte. Un plus qui est donné en raison de l’importance déjà des besoins capitalistiques du secteur industriel, mais également pour pouvoir promouvoir ce secteur», souligne le DG de Tamwilcom.
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Hicham Zanati Serghini, DG de Tamwilcom : «L’occasion pour présenter des produits qui seront lancés très prochainement»
«Cette première escale à Tanger a été l'occasion de discuter des réalisations qui ont été faites en faveur des PME, mais également des difficultés pour l’investissement, notamment industriel. Cette étape a été aussi une occasion pour présenter des produits qui seront lancés très prochainement par Tamwilcom. Il s'agit notamment de «Damane Tassdir», destiné aux PME marocaines ayant des marchés internationaux, afin qu'elles puissent obtenir des cautions auprès de leurs banques, avec le concours de Tamwilcom, et d'un autre nouveau produit destiné à promouvoir l'entreprenariat féminin.»
Adil Raïs, président de la CGEM-TTA : «Le rôle de Tamwilcom sera primordial pour le développement industriel»
«Pendant la période Covid, Tamwilcom a fait un travail extraordinaire, qui a permis de maintenir en activité des centaines d'entreprises marocaines. Aujourd'hui, nous sommes confrontés au défi consistant à accompagner le secteur automobile dans sa transformation ou à construire les entreprises opérant à l'aval du secteur textile, et là encore, le rôle de Tamwilcom sera primordial. Nous espérons également que les banques se mobiliseront et sauront répondre aux demandes d'investissement, notamment celles émanant des PME-PMI.»
Mohamed Affane, GPBM : «Le financement de l'investissement est une priorité stratégique pour le système bancaire»
«Le système bancaire a fait du financement de l'investissement, notamment industriel, une priorité stratégique. Cette vision stratégique se traduit par une série de mesures et de dispositions, à commencer par une offre dédiée à toutes les phases de l'activité de l'entreprise. Un autre axe, et non des moindres sur lequel nous travaillons, a trait au partenariat avec les acteurs impliqués dans le financement de l'investissement, notamment Tamwilcom, avec laquelle nous avons un partenariat tourné vers le terrain.»
Hakim Abdelmoumen, président de l’AMICA : «La réflexion a concerné l'accompagnement et la garantie de plusieurs types de financement liés aux capitaux propres»
«Nous avons discuté de tous les leviers liés au financement qui pourraient accompagner le développement de l'industrie en général, et de l'industrie automobile en particulier, qui est en plein essor au Maroc. À l'issue de ce débat, il en est ressorti un certain nombre de pistes de réflexion concernant l'accompagnement et la garantie de plusieurs types de financement liés aux capitaux propres, à l'investissement, au fonds de roulement, mais aussi à tout ce qui concerne
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