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Transition énergétique bas carbone : un chantier titanesque aux nombreuses opportunités

L’engagement du Maroc dans la transition énergétique bas carbone ne se dément pas. De nombreux investissements sont consentis, le chantier est énorme avec ses défis, mais aussi ses opportunités. Un tour d’horizon a été effectué lors d’une rencontre de la Fédération de l’énergie et le groupe Engie, hier à Casablanca.

La vision du Maroc pour une transition énergétique effective est sur la bonne voie, grâce à l’action concertée de nombreux acteurs ainsi qu’une panoplie de stratégies et de moyens mis au service des objectifs tracés. Pour Rachid Idrissi Kaïtouni, président de la Fédération de l’énergie, les évolutions réalisées à ce jour, et celle qui se profilent, permettront au Royaume de jouer, dans un avenir proche, un rôle fondamental pour l’approvisionnement de l’Europe en énergie verte via l’électricité ou l’hydrogène, redessinant ainsi les équilibres géopolitiques de notre région.



«Le Maroc a réalisé des progrès significatifs dans le développement de parcs éoliens et solaires, contribuant ainsi à la diversification de son mix énergétique et à la réduction de sa dépendance aux combustibles fossiles», souligne-t-il en ouverture d’une conférence organisée, mardi, par la Fédération et Engie sur le thème «Accélération de la transition énergétique bas carbone au Maroc».

Le responsable a également mis en avant les efforts du pays pour le développement des projets de stockage d’énergie, de la production d’hydrogène vert et des infrastructures gazières, sans oublier la vision nationale pour un développement bas carbone.

«Présentée à la COP28 à Dubaï, cette stratégie revisitée vise notamment à accélérer la transition énergétique, le développement des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, ainsi que le renforcement des capacités gazières», rappelle-t-il. Cependant, ni les progrès indéniables, ni les opportunités avérées n’occultent les défis qui se présentent toujours et les efforts qui restent à fournir pour la transition énergétique

«Au niveau global, les premiers résultats sont loin d’être satisfaisants : à notre rythme actuel, nous n’atteindrons pas nos objectifs nationaux ou internationaux. Clairement pas», soutient Loïc Jaegert-Huber, directeur régional d’Engie pour l’Afrique du Nord. «Je veux donc l’affirmer avec force : réveillons-nous, abandonnons les demi-mesures et les attitudes timorées, pour enfin adopter des mesures fortes et de rupture !» lance-t-il.

Intervenant également en ouverture de la conférence, Loïc Jaegert-Huber a rappelé que son groupe, présent au Maroc depuis plus de 100 ans, collabore étroitement avec des partenaires locaux, tels que Nareva, sur des projets renouvelables emblématiques comme le parc éolien de Tarfaya ou l’usine de dessalement couplée à l’éolien de Dakhla.

Engie : fini le charbon au Maroc en 2027 ! Le groupe Engie, ajoute-t-il, s’engage pleinement pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2045 pour lui et ses clients. Pour ce faire, ce leader mondial de la transition énergétique s’appuie sur une feuille de route qui repose sur plusieurs piliers, dont le développement des énergies renouvelables, de l’hydrogène vert et du dessalement décarboné, en plus du développement de ses capacités de stockage. Engie vise en effet 10 GW de capacité de stockage d’ici 2030, afin de répondre à des besoins de plus en plus flexibles. L’entreprise a également pour objectif de sortir du charbon d’ici 2025 en Europe et d’ici 2027 dans le monde, y compris au Maroc. L’autre priorité d’Engie est de verdir son gaz au plus vite. «Nous ne croirons aux mégaprojets de type gazoduc Nigeria-Maroc que s’ils intègrent une vision renouvelable à court et moyen termes», affirme le responsable régional. «Le design du gazoduc Nigeria-Maroc prend en compte le facteur hydrogène et sera fait de façon à ce que le pipeline soit complètement converti à l’hydrogène une fois la maturité de ce marché confirmée», répond Firdaous El Ghazi, chef de projet responsable des études techniques à Midstream, filiale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) en charge du développement du réseau de transport et du stockage du gaz naturel. Le gaz naturel, poursuit la responsable, est essentiel dans la stratégie de transition énergétique et de décarbonation du Maroc, qui occupe une place à la fois stratégique et transitionnelle.

«C’est la capacité du gaz naturel à produire une source d’énergie stable et beaucoup moins émettrice en carbone, par rapport au charbon et aux dérivés du pétrole, qui le rend idéal pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables», relève-t-elle, soulignant que l’infrastructure gazière la plus stratégique actuellement opérationnelle à l’échelle nationale est le gazoduc Maghreb-Europe (GME). Ce projet, actuellement unidirectionnel, se prépare d’ailleurs à passer à un mode opérationnel bidirectionnel, avec une augmentation de capacité à 100 GW en 2024, annonce Firdaous El Ghazi lors de son intervention lors du panel sur les opportunités et programmes de la transition bas carbone au Maroc. «Le gaz va continuer à avoir une place importante dans le mix énergétique national, notamment pour les centrales électriques à cycle combiné, le chauffage résidentiel et certains segments industriels. Et il est important que cette consommation de gaz s’accompagne par des investissements dans les renouvelables dans le cadre des engagements du Maroc en termes de développement durable et d’émissions carbone», note la responsable.

Sur cette question d’investissements, Rachid Idrissi Kaïtouni a souligné que le Maroc a besoin de financements lourds pour s’ancrer solidement dans une trajectoire de résilience et bas carbone à l’horizon 2050. «Certes, la réalisation de ces investissements sera progressive, mais leur rentabilité considérable, faisant du Maroc un environnement attractif pour les investissements étrangers directs et un centre d’exportations, stimulant la croissance, permettant de créer de nouveaux emplois et transformant le pays en un pôle industriel “vert”», affirme-t-il.

Il indique aussi que les marchés financiers internationaux montrent également un intérêt croissant pour les investissements durables. «Les obligations vertes, les fonds d’investissement socialement responsables et d’autres instruments financiers axés sur l’impact environnemental attirent de plus en plus d’investisseur», signale-t-il, recommandant de maintenir des politiques prévisibles et stables de tarification du carbone pour consolider les investissements verts et neutres en carbone.

À noter que cette rencontre a accueilli plusieurs acteurs et experts nationaux et internationaux de la transition énergétique pour explorer les enjeux, les opportunités, les défis ainsi que les évolutions du cadre réglementaire et des financements de la transition bas carbone au Maroc.
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