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Un plan ambitieux pour la construction métallique et la chaudronnerie à l’horizon 2030

Dans un contexte de dynamisme économique sans précédent, la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME) du Maroc a organisé une journée stratégique le 17 juillet 2024 à Casablanca. Cet événement, s’inscrivant dans le cadre des «Mardis des Branches», a réuni industriels clés de l’Industrie de la construction métallique et de la chaudronnerie (ICMC), donneurs d’ordres publics et partenaires institutionnels autour d’une vision commune : propulser l’industrie de ce secteur vers de nouveaux sommets. En effet, face aux défis et opportunités liés aux grands chantiers nationaux, notamment la Coupe d’Afrique 2025 et la co-organisation de la Coupe du monde 2030, cette initiative vise à élaborer une feuille de route collaborative pour la renaissance et la croissance.

Des opérateurs et décideurs économiques se sont donné rendez-vous le 17 juillet 2024 à Casablanca. Une rencontre dont l’objectif est de réfléchir ensemble à une «révolution silencieuse» dans l’industrie marocaine, plus précisément dans le secteur de la construction métallique et de la chaudronnerie. À cette occasion, Abdelhamid Souiri, président de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME), a donné le la : «Nous sommes réunis aujourd’hui pour marquer une étape importante du projet stratégique que porte notre fédération».

Une industrie en pleine effervescence face aux défis de demain

La souveraineté industrielle émerge comme un pilier central de la stratégie marocaine. Taoufik Rabia, directeur des Activités industrielles diverses au ministère de l’Industrie et du commerce, a souligné à cette occasion l’importance de «la souveraineté industrielle marocaine» et le soutien actif du ministère au secteur métallurgique. Cette vision est partagée par Abdelhamid Souiri, président de la FIMME, qui appelle à «rompre avec la fatalité marocaine du déficit structurel de compétitivité et de compétences». Il envisage une «FIMME offensive» capable de «soutenir la politique de la souveraineté industrielle» et d’être «un acteur incontournable dans la réussite du projet de la réindustrialisation que notre pays ambitionne de mener». Cette ambition se concrétise à travers des projets d’envergure, comme le transfert du Gazoduc Maghreb-Europe à l’ONHYM, illustrant la volonté du Maroc de maîtriser ses infrastructures stratégiques. Comme le résume M. Souiri, l’objectif est clair : «rehausser la place des IMME et suivre les orientations industrielles voulues par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste», plaçant ainsi la souveraineté industrielle au cœur du développement économique du Royaume.

En effet, le Maroc est à l’aube d’une période charnière. La Coupe d’Afrique 2025 et la co-organisation de la Coupe du monde 2030 se profilent à l’horizon, promettant une manne de projets d’infrastructure sans précédent. M. Rabia a souligné à cet égard l’ampleur de ces opportunités : «Nous parlons de renaissance industrielle à l’horizon 2030, avec des investissements massifs dans l’infrastructure technologique et classique». Cette dynamique se traduit concrètement par la construction de routes, d’autoroutes, de ports et d’aéroports. Mais le joyau de la couronne reste sans conteste le Grand Stade Hassan II, un projet titanesque présenté par Ikram Sehhar, architecte à la Société nationale de réalisation et de gestion des équipements sportifs (SONARGES) : «Bâti sur une surface de 100 ha, avec une capacité de 115.000 spectateurs, ce stade sera l’un des plus grands et des plus modernes au monde». La fin de sa construction est prévue pour 2028, juste à temps pour accueillir les plus grands événements sportifs mondiaux.

Cependant, malgré cette effervescence, Abdelhamid Souiri pointe du doigt un paradoxe inquiétant : «Oui, le marché national est en pleine effervescence, mais sans pour autant permettre à toutes les entreprises de changer d’échelle et d’accélérer leur croissance». Cette discordance entre la dynamique du marché et l’activité des entreprises est au cœur des préoccupations de la FIMME.

La révolution ferroviaire : un tremplin pour l’industrie métallurgique

Au cœur de cette transformation industrielle, le secteur ferroviaire occupe une place de choix. Luciano Borges, directeur du pôle Matériel ONCF, a dressé un tableau impressionnant du réseau ferré marocain, qui indique aussi les opportunités à saisir par les opérateurs de l’industrie métallurgique : «Avec 70 milliards d’investissements depuis l’année 2000, nous sommes classés 33es sur le plan mondial et premiers en Afrique». Les chiffres qu’il avance donnent le vertige : 3.350 km de voies, 53 millions de voyageurs, un chiffre d’affaires de 4,5 milliards de dirhams, selon les données de 2023.

Mais l’ONCF ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. M. Borges dévoile un plan ambitieux : «Nous prévoyons d’étendre notre réseau à grande vitesse avec des lignes à grande vitesse supplémentaires». L’impact de ce développement ferroviaire va bien au-delà du simple transport. Il ouvre des perspectives alléchantes pour l’industrie métallurgique. «Nous lançons un ambitieux programme d’acquisition de matériel roulant et de développement d’un écosystème ferroviaire national», annonce M. Borges. Ce programme, s’étalant sur 10 ans, prévoit la mise en place d’une unité industrielle locale pour la fabrication de trains, avec une intégration locale de plus de 60% et la création de plus de 10.000 emplois.

Le gaz, vecteur de croissance et d’indépendance énergétique

Parallèlement au développement ferroviaire, le Maroc mise sur le gaz pour assurer son indépendance énergétique. Tarek Oubaïh, responsable du GME (Gazoduc Maghreb-Europe) pôle midstream, présente le projet de gazoduc qui traverse le pays : «Notre tronçon terrestre s’étend sur 539 km, avec un diamètre de 48 pouces et une pression de service de 80 bar». Ce projet colossal, dont l’histoire remonte à 1991, a connu de nombreuses évolutions, passant d’une coopération régionale à une gestion entièrement marocaine en 2022. L’importance de ce réseau gazier pour l’industrie métallurgique est évidente. Les infrastructures nécessaires, des stations de compression aux centres de commande, offrent de nombreuses opportunités pour les entreprises du secteur. «Ce projet témoigne de notre engagement à fournir une distribution de gaz fiable et efficace, en intégrant des technologies avancées et des mesures de sécurité rigoureuses», souligne M. Oubaïh, tout en invitant les opérateurs à soumissionner pour les prochains appels d’offres à lancer à partir du mois de septembre prochain.

Une stratégie collaborative pour un avenir industriel prometteur

Face à ces défis et opportunités, la FIMME a opté pour une approche collaborative. «Notre constat est basé sur des éléments concrets de la réalité de cette branche de l’ICMC, indispensable à l’industrie nationale», explique Abdelhamid Souiri. La Fédération a ainsi élaboré une feuille de route stratégique, incluant des actions de renaissance pour une croissance durable.

Cette stratégie se décline en plusieurs axes. Tout d’abord, le financement, un enjeu crucial pour les entreprises du secteur. Mohammed Fikrat, président-directeur général du Crédit Agricole, a annoncé : «Nous sommes pour le soutien des entreprises industrielles, un soutien financier. C’est dans ce sens qu’intervient la convention signée entre le Crédit Agricole du Maroc, la FIMME et le GIPSI». Cette convention, signée le 17 juillet, promet des relations préférentielles avec les entreprises des IMME. Ensuite, la sécurité, un aspect fondamental dans l’industrie métallurgique. M. Fikrat a souligné l’importance de «la promotion de la sécurité et la santé dans le milieu du travail», un engagement qui se traduira par la mise en place d’un label sécurité. Ce volet a d’ailleurs fait l’objet de la signature d’une autre convention avec le Groupement interprofessionnel de prévention et de sécurité industrielle (GIPSI), structure également présidée par Mohammed Fikrat. Sur un autre volet, Tarik Tougui, chef du service des grands projets et projets administratifs à l’ANEP (Agence nationale des équipements publics), a insisté sur un état d’esprit général : «Le découpage des projets à travers les marchés publics est notre vie quotidienne. Nous cherchons à avoir des entreprises spécialisées pour chaque volet». Cette approche promet de créer de nombreuses opportunités pour les entreprises de l’ICMC, que ce soit dans la construction de stades, de Centres hospitaliers universitaires ou de gares...

Le Maroc forge ainsi son avenir industriel, pièce par pièce, projet par projet, avec la détermination d’un pays qui sait que son destin est entre ses mains. L’industrie de la construction métallique et de la chaudronnerie, loin d’être un simple rouage dans cette grande machine, s’affirme comme un pilier essentiel de cette renaissance industrielle. Les «Mardis des Branches», selon les organisateurs de cette journée, se poursuivront en vue d’agir pour transformer le paysage industriel marocain, projetant le Royaume vers un avenir où l’excellence et l’innovation seront les maîtres mots. n
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