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Casablanca et Toulouse relancent leur coopération autour de l’enseignement supérieur et de la mobilité des talents

La coopération entre Casablanca et Toulouse a pris un nouvel essor à la suite de la visite de Jean-Luc Moudenc, maire de la capitale du sud-ouest de la France. Souhaitant relancer un partenariat quelque peu essoufflé, il a profité de son passage à la métropole pour visiter l’école toulousaine TBS Education, récemment installée dans un campus flambant neuf à Casa Anfa. Cette visite, couronnée par la signature d’un partenariat entre les deux mairies, a permis de positionner l’institution comme un témoin clé de la relance de la coopération entre les deux villes.

Lors d’une visite marquante de son tout nouveau campus, TBS Education a accueilli jeudi dernier le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. À ses côtés, une délégation du Conseil communal de Casablanca, conduite par son vice-président Abderrahim Outass, a donné le «La» pour le renforcement des liens entre les deux villes dans un esprit de coopération et d’échange.

À cette occasion, Stéphanie Lavigne, directrice générale de TBS Éducation, a souligné le rôle de l’institution dans le renforcement des liens franco-marocains, notamment dans l’enseignement supérieur. Elle a rappelé la longue histoire de la business school dans notre pays, qui a débuté à Marrakech en 1987 avant de mettre le cap sur Casablanca en 2001. En 2025, TBS a décidé d’écrire une nouvelle page de son histoire au Maroc en quittant le quartier des affaires de Sidi Maârouf qu’elle avait investi en 2017 pour s’installer dans un campus de 3.429 m² situé dans le quartier de Casablanca Finance City (CFC).

«Aujourd’hui, notre enjeu principal consiste à attirer les étudiants marocains en France, tout en veillant à retenir les talents marocains déjà présents sur le territoire, car il existe de nombreuses opportunités professionnelles en France. Dans l’autre sens, notre objectif est d’inciter les étudiants français à venir étudier au Maroc, voire à s’y installer, afin de renforcer les échanges et les collaborations. Notre objectif est véritablement de développer et de consolider le lien franco-marocain dans les deux sens», déclare Mme Lavigne.

De son côté, le maire de Toulouse s’est félicité du réchauffement des relations diplomatiques entre la France et le Maroc, ayant permis de relancer la collaboration entre les municipalités de Toulouse et de Casablanca à travers un accord centrée sur des échanges universitaires, économiques, culturels et climatiques, visant à dynamiser l’écosystème Maroc et à encourager la mobilité des talents dans les deux sens. «Je suis particulièrement heureux d’être ici, dans ce campus et ce quartier qui symbolise bien cette période dans laquelle le Maroc est entré. Une période d’expansion, de développement et de rayonnement accru», déclare M. Moudenc. «Lorsqu’on voit un pays ami qui est tourné vers l’avenir, qui se développe et qui grandit, on est à la fois heureux et admiratif. Ce sont ces sentiments de joie et d’admiration à votre égards chers amis marocains que je souhaite exprimer ici», ajoute-t-il.

Pour Arnaud Thersiquel, directeur Marketing et Communication de TBS Education, l’institution est un «témoin» de ce partenariat entre les deux villes et une «pionnière» dans sa concrétisation. Elle exerce ce rôle en étant active dans des domaines clés qui sont au cœur de la coopération bilatérale : l’économie, l’éducation et les échanges culturels. La présence historique de TBS à Casablanca et son origine à Toulouse, qui remonte à 120 ans, lui confèrent également une légitimité dans ce rôle, estime le responsable. «Recevoir les deux délégations permet à TBS de témoigner de ces liens là et sont une preuve concrète et vivante de la relation durable et des échanges qui ont déjà lieu entre les deux villes et les deux pays», conclut-il.

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole : «L’environnement politique nouveau a permis de relancer et de faciliter la coopération entre Casablanca et Toulouse»

Le Matin : Votre visite au Maroc vise à renforcer et formaliser le partenariat stratégique entre Toulouse et Casablanca. Pourriez-vous nous expliquer le contexte qui a mené à cette collaboration et nous donner plus de détails sur ce partenariat ?

Jean-Luc Moudenc :
En fait, nous avons relancé un partenariat qui avait été scellé il y a quelques années par une première convention qui n’a pas eu beaucoup de suite. Nous avons profité de la dynamique de la relance des relations franco-marocaines pour nous rapprocher des autorités municipales de Casablanca, qui ont réagi très positivement. Cet accord s’articule autour de quatre axes principaux dont le premier porte sur la promotion des échanges universitaires. D’ailleurs, la visite à TBS Education est très représentative de cette volonté. Le deuxième axe vise à encourager les échanges économiques, surtout dans le contexte d’expansion du Maroc, alors que le troisième volet s’intéresse au renforcement des échanges culturels. Le dernier pilier de ce partenariat est en fait un sujet plus complexe mais essentiel : collaborer sur les solutions face au réchauffement climatique. Casablanca a déjà mis en place des initiatives intéressantes pour gérer ce phénomène et qui pourraient nous fournir des pistes d’adaptation pour notre propre gestion urbaine. C’est pourquoi ce point figure dans l’accord de coopération que nous avons signé avec la mairie de Casablanca.

Dans le cadre de cet accord, quelles sont les actions concrètes que vous allez entreprendre ?

Notre priorité est de rétablir la relation et de favoriser les échanges. Sur le plan économique, nous avons déjà tenu une réunion de travail avec la consule générale de France à Casablanca et son équipe économique. L’objectif est d’identifier les opportunités d’investissement pour les entreprises toulousaines, notamment dans des secteurs clés pour le Maroc tels que les déplacements, l’énergie et les infrastructures. Nous facilitons ainsi la mise en relation grâce aux contacts établis. Sur le plan culturel, nous souhaitons intensifier les échanges, qui sont actuellement plus importants entre Casablanca et Montpellier qu’avec Toulouse. Toulouse, ville riche d’une scène culturelle dynamique, accueillera des acteurs culturels marocains, et réciproquement. Dans cette réunion, nous avons notamment évoqué l’exemple de l’Aéropostale, un moment d’histoire commun à Casablanca et Toulouse. Nous avons récemment inauguré une avenue à Toulouse portant le nom de Casablanca, mais nous pourrions aussi proposer des expositions liées au musée de l’Aéropostale de Toulouse par exemple. Enfin, concernant la transition, nous pourrons nous inspirer des pratiques marocaines, qui ont souvent été confrontées à ces problématiques avant nous, pour identifier les solutions efficaces et éviter les erreurs.

Qu’en est-il du volet politique ? Cette coopération s’inscrit-elle dans une démarche politique plus large ?

Oui, l’aspect politique est indissociable de cette coopération. Elle est relancée suite aux événements survenus il y a moins d’un an, le 30 juillet 2024, lors de l’anniversaire d’intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le Chef de l’État français, Emmanuel Macron, a alors franchi une étape décisive concernant le Sahara marocain, une étape que la France aurait dû franchir depuis longtemps. Cet acte politique fort a indéniablement facilité la reprise des relations. C’est donc l’environnement politique nouveau, créé par cette prise de position entre les deux Chefs d’État à cette date, qui a permis de relancer et de faciliter cette coopération entre Casablanca et Toulouse.

En parlant d’avenir, comment envisagez-vous le futur de TBS dans le contexte de cette nouvelle dynamique entre nos deux pays ? L’école est installée dans ses nouveaux locaux, depuis seulement quelques mois, début 2025. Cela ouvre naturellement des perspectives d’avenir et de développement. Concrètement, je souhaite voir un nombre croissant d’étudiants marocains venir ici et, pourquoi pas, que certains soient ensuite attirés par Toulouse. J’espère également que des Toulousains feront le voyage ici, pour s’immerger dans l’univers marocain, découvrir le nouveau Maroc, dynamique et innovant sous tous ses aspects, comme ce quartier d’Anfa en est l’illustration. Ce qui est certain, c’est que TBS Education forme les futurs dirigeants, notamment dans le domaine économique, tant du côté marocain que français. Pour nous, acteurs politiques soucieux de la coopération entre nos deux pays, c’est un outil précieux pour favoriser cette coopération, non seulement sur le plan politique, mais surtout sur le plan économique, des échanges et des relations humaines, tout simplement. n
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